展览
New York, Carroll Galleries, Third Exhibition of Works by Contemporary French Artists, mars-avril 1915, no.
31.
New York, The Solomon R. Guggenheim Museum, Museum Collection, printemps 1963.
New York, The Solomon R. Guggenheim Museum; Paris, Musée national d’art moderne et Dortmund, Museum am Ostwall, Albert Gleizes, A Retrospective Exhibition, septembre 1964-avril 1965, p. 53, no. 58 (illustré en couleurs, p. 62).
Caracas, Museo de Bellas Artes, Las colecciones privadas en Venezuela, Obras cubistas y "Collages", Colección Pedro Vallenilla Echeverría, février 1966, no. 8 (illustré en couleurs).
Caracas, Sala de Exposiciones Fundacion Eugenio Mendoza, Pinturas Cubistas y Collages, 1968, no. 10. Caracas, Museo de Bellas Artes, Obras cubistas y "Collages" II, Colección Pedro Vallenilla Echeverría, 1970, pl. 16 (illustré en couleurs).
Rome, Galleria nazionale d'arte moderna, Il cubismo, décembre 1973-janvier 1974, p. 24, no. 37 (illustré, pl. 37).
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Femmes assises devant une fenêtre compte sans aucun doute parmi les chefs-d'œuvre du cubisme tardif de Gleizes, et réaffirme pleinement le rôle précurseur de l'artiste au sein de l'avant-garde parisienne. Gleizes n'a peint que très peu de ces grandes compositions cubistes pleines de couleurs. Rares et fort recherchées (l'une d'entre elles a notamment été vendue pour 900 000 euros en 2008, le deuxième prix le plus élevé pour Gleizes aux enchères), elles résident pour la plupart dans divers musées du monde : La Dame aux bêtes (194.5 x 114.1 cm; 1914) est aujourd'hui conservée au Solomon R. Guggenheim Museum de Venise, L’Homme au piano (146.5 x 115.5 cm; 1914) au Philadelphia Museum of Art, Femme cousant (185.5 x 126 cm ; 1913) au Rijksmuseum Kröller-Müller d'Otterlo, Portrait d'un médecin militaire (120 x 95 cm ; 1914) au Solomon R. Guggenheim Museum de New York, et Portrait de M. Eugène Figuière (143.5 x 101.5 cm ; 1913) au Musée des Beaux-Arts de Lyon.
Achetée aux enchères en 1981, la présente œuvre relève de la même collection particulière depuis près de quarante ans ; or l'histoire de sa provenance reflète bien sa qualité muséale et son caractère exceptionnel. Ce tableau a d'abord appartenu à l'Américain Walter Pach (1883-1958), artiste, écrivain, critique, historien d'art et grand défenseur de l'art moderne qui joua un rôle déterminant dans la mise en place de l'Armory Show en 1913, travaillant de près avec le directeur et fondateur de l'exposition. Pach était proche de l'avocat d'affaires américain John Quinn (1870-1924), l'un des plus éminents amateurs d'art d'avant-garde de sa génération. Sur les conseils de Walter Pach, entre autres, Pach assembla une collection de plus de 2 500 œuvres entre 1911 et 1924. Il comptait parmi ses trésors Femmes assises devant une fenêtre de Gleizes, qu'il avait très probablement acquis auprès des Carroll Galleries entre 1916 et 1924.
Quatre dessins préparatoires recensés dans le catalogue raisonné de Varichon (Varichon; nos. 441, 442, 443 et 444, p. 160) attestent toute la complexité de cette composition magistrale, et soulignent l'importance que Gleizes accorde à cette toile dans l'évolution de sa carrière. À la même époque, le peintre en produit d'ailleurs une autre version, très proche en termes de composition mais au format légèrement plus réduit (80 x 104.5 cm), vendue pour plus de 500 000 euros en juin 2011 par une maison française. Intitulée La Sœur et la mère d’Albert Gleizes (Varichon, no. 445), elle fournit de précieux renseignements quant à l'identité probable des deux personnages installés près de la fenêtre de l'appartement de Gleizes à Courbevoie, en banlieue parisienne, dans le présent tableau. Si l'artiste emploie une palette quasi-identique dans les deux toiles, Femmes assises devant une fenêtre se distingue par des effets de lumières plus spectaculaires, plus contrastés, obtenus par les nuances sombres que Gleizes applique autour des silhouettes, de manière à exalter la vivacité versicolore de la scène centrale.
Au lendemain du Salon des Indépendants de 1911 où il expose ses œuvres dans la fameuse « Salle 41 » aux côtés de Fernand Léger, Robert Delaunay, Jean Metzinger et Henri Le Fauconnier, Gleizes s'impose comme l'un des principaux acteurs d'un courant cubiste qui s'inscrit alors dans le sillage du mouvement initié en 1907 par Braque et Picasso. Le peintre parisien rejoint bientôt le groupe de Puteaux, piloté par Jacques Villon et Raymond Duchamp-Villon, repoussant toujours plus loin les limites de son style librement inspiré des principes cubistes de ses prédécesseurs. Cette interprétation personnelle du cubisme culmine en 1912, lorsque Gleizes rejoint le groupe de la Section d'Or et participe à son exposition inaugurale, tenue à la galerie de la Boétie, à Paris, en octobre de la même année. Ces expériences successives permettent à Gleizes d'approfondir sa propre interprétation du cubisme, pour se forger un style sans équivalent dont Femmes assises devant une fenêtre est un parfait exemple.
Au-delà de ses dimensions imposantes, cette composition frappe par sa palette vive, ses lignes dynamiques, son sens de la géométrie et, surtout, le jeu des rais de lumière qui se répandent en diagonales dans la pièce où sont représentés les personnages. En découle une œuvre charnière, débordante de vie, qui parle encore le langage du cubisme analytique tardif de Gleizes (marqué par une palette plus sourde et de complexes enchevêtrements de plans et de points de vue) en même temps qu'elle préfigure ses premières compositions abstraites gorgées de couleurs. Femmes assises devant une fenêtre témoigne en effet d'une schématisation des éléments figuratifs et d'une simplification de la structure d'ensemble, au profit d'une approche qui met davantage l'accent sur les formes et les contrastes de couleurs. Si Gleizes saisit ici les deux femmes en pleine discussion, la conversation semble d'autant plus animée qu'il accuse les contours du profil de sa sœur, assise sur le côté droit de la toile et tournée vers sa mère qui est représentée, quant à elle, de trois-quarts. Malgré cette interaction dynamique, les visages inexpressifs pareils à des masques, les yeux en amande au regard vide, et les corps à peine suggérés par quelques formes géométriques semblent paradoxalement dépouillés de leur humanité – en écho, peut-être, au malaise qui s'abat sur la France à l'aube de la Grande Guerre. Cette toile a d'ailleurs sans doute été réalisée juste avant que Gleizes soit mobilisé en août 1914, comme la plupart de ses amis cubistes. Il est envoyé à Toul, en Lorraine, tout près de la frontière allemande, où il travaille au service de santé et peut continuer à peindre et à dessiner. C'est là qu'il conçoit l'un de ses plus ambitieux portraits cubistes, Portrait d'un médecin militaire (120 x 95 cm ; 1914), une toile consacrée au docteur Lambert actuellement abritée par le Solomon R. Guggenheim Museum, à New York. Bien que Gleizes cherche à créer dans Femmes assises devant une fenêtre un portrait de famille réconfortant, plein d'allégresse et baigné de couleurs irisées, une tension plane sur la scène. Rendu palpable par les teintes plus sombres qui semblent se refermer lentement sur les figures depuis les quatre bords du tableau, le spectre de la guerre paraît déjà menacer l'harmonie du foyer.There is no doubt that
Femmes assises devant une fenêtre stands out as one of Gleizes’ masterpieces of his late Cubist works and reasserts his pioneering role on the Parisian avant-garde scene. Gleizes painted very few of these highly sought- after large colorful Cubist compositions – one of them is the second highest price ever achieved for Gleizes at auction (more than 900,000 EUROS in 2008) - most of which are in museums around the world: La dame aux bêtes (194.5 x 114.1cm; 1914) at the Solomon R. Guggenheim Museum, Venice; L’homme au piano (146.5 x 115.5cm; 1914) at the Philadelphia Museum of Art; Femme cousant (185.5 x 126cm.; 1913) at the Rijksmuseum Kröller-Müller, Otterlo; Portrait d'un médecin militaire (120 x 95cm.; 1914) ) at the Solomon R. Guggenheim Museum, New York, and Portrait de M. Eugène Figuière (143.5 x 101.5cm; 1913) at the Musée des Beaux-Arts of Lyon. The present work has been in the same private hands for almost forty years, since it was bought at auction in 1981, but its prestigious provenance highlights its museum quality and its rarity. It was first owned by Walter Pach (1883-1958), an American artist, author, critic and art historian who defended and promoted modern art, and who played a critical role in putting together the Armory Show, launched in 1913, alongside its director and founder. Pach was friends with American finance lawyer John Quinn (1870-1924), who was one of the most important collectors of modern and avant-garde art of his generation, assembling a collection of more than 2,500 artworks between 1911 and 1924, advised by Walter Pach amongst others. One of his treasures was Gleizes’ Femmes assises devant une fenêtre, which he most likely acquired from Carroll Galleries between 1916 and 1924.
The complexity of this painting’s composition and its importance for Gleizes within his oeuvre is revealed in the four preparatory drawings recorded by Varichon in the catalogue raisonné (Varichon; nos. 441, 442, 443 and 444, p. 160). Furthermore, there exists another slightly smaller version (80 x 104.5cm.) with a similar composition and dating from the same period, which was sold for over half a million euros by a local French auction house back in June 2011. That painting is titled La soeur et la mère d’Albert Gleizes (Varichon, no. 445), and could suggest that the characters in the present larger work are also the artist’s sister and mother, sitting in front of a window in Gleizes’ flat at Courbevoie, just outside Paris. Gleizes uses a similar range of colors in both paintings yet Femmes assises devant une fenêtre has a more dramatic lighting. This is rendered through the darkening of the colour tones of La soeur et la mère d’Albert Gleizes, used around the two figures, therefore creating more contrasts with the bright rainbow-like palette of the central scene.
After exhibiting works alongside Fernand Léger, Robert Delaunay, Jean Metzinger and Henri Le Fauconnier in the notorious ‘Room 41’ of the 1911 Salon des Indépendants, Gleizes was one of the prominent Cubist painters, following Braque and Picasso’s first Cubist steps dating back to 1907. Gleizes soon joined the so-called Puteaux group, spearheaded by Jacques Villon and Raymond Duchamp-Villon, and continued exploring a broader version of Picasso and Braque’s Cubism. Gleizes’ own interpretation of Cubism culminated in 1912, when he joined the Section d’Or group and exhibited at its inaugural exhibition held at the Galérie de la Boétie in Paris in October 1912. The succession of these artistic experiments and developments stemming from Cubism enabled Gleizes to shape his own personal Cubist style, epitomized in Femmes assises devant une fenêtre.
What is particularly striking in this painting’s composition – in addition to its impressive size- is the play with the diagonal rays of light flooding into the room where the sitters are portrayed, the dynamics of the lines and geometric shapes, and the vibrant palette, all of which infuses life to the scene. To some extent, Femmes assises devant une fenêtre stands at the crossroad between Gleizes’ late analytical Cubist paintings, characterized by a more muted palette and by a complex interlocking of plans and viewpoints, and introduces his early abstract colorful compositions. Indeed, this seminal painting bears witness to a simplification of composition and schematization of the figurative elements, whilst giving a more prominent role to contrasts of color and shapes. Gleizes here captured his mother and sister in the middle of a discussion, highlighting the liveliness of their dialogue in the contrast of his sister’s profile on the right facing his mother, who is represented with a three-quarter view. Despite this dynamism, the almost mask-like faces with their empty almond-shaped eyes, and their geometric bodies suggested by one or two schematized shy human features, ironically de-humanize the two figures – perhaps a reflection of the trauma of war falling upon France in 1914. In fact, this painting may have very well been painted right before Gleizes was conscripted into military service in August 1914, like most of his Cubist friends. Gleizes was sent to Toul, in Lorraine, very close to the Eastern front with Germany. He worked there in the health department, and was allowed to continue to paint and draw. This was where he produced one of his most ambitious Cubist portraits, that of Dr. Lambert, Portrait d'un médecin militaire (120 x 95cm.; 1914), today housed in the Solomon R. Guggenheim Museum, New York. Whilst seeking to convey a comforting and happy family portrait bathing in a wide array of bright colors in Femmes assises devant une fenêtre, Gleizes cannot hide the fact that war is looming over this family warmth, with the darker colour tones creeping upon the two figures towards the centre of the composition from all four edges.