拍品专文
« Se nourrir des inscriptions, des tracés instinctifs. Respecter les impulsions, les spontanéités ancestrales de la main humaine quand elle trace ses signes ».
Le 20 octobre 1944, dans un Paris libéré depuis peu, Jean Dubuffet présente une cinquantaine d’huiles dans sa toute première exposition personnelle à la Galerie René Drouin, place Vendôme.
Parmi elles, une scène aux bleus et verts étonnants surprend par son apparence élémentaire voulue, et représentative du génie de l’artiste. Jean Dubuffet ne cherche pas à plaire aux nombreux critiques. Son refus des contraintes imposées par la perspective visuelle, et une aversion particulière pour toute atteinte à la liberté, le guident dans une recherche d’un geste instinctif et ancestral.
Chevaux à la lune, de la période des Marionnettes de la ville et de la campagne, est annonciatrice d’un désir de ruralité qui emmènera le peintre à passer des vacances bucoliques et marquantes à bicyclette en juillet 1943. Elle préfigure l’exploration systématique du paysage que Dubuffet entame, d’abord par des gouaches sur le vif puis des huiles sur toile dès son retour de voyage, comme dans Paysage champêtre de novembre 1943 ou Paysage cloisonné de décembre de la même année. Ce sont des spectacles mentaux, où les éléments du paysage apparaissent comme l’on s’en souviendrait dans un songe, se débarrassant de tous carcans picturaux.
Il écrit dans son Prospectus aux amateurs de tout genre (1946) qu’il veut ainsi faire comprendre « l’embarras où s’est trouvé là le peintre » dans la représentation de ces paysages, « et par quelle improvisation il a résolu le problème ».
Le catalogue de l’exposition à la Galerie René Drouin ajoute à Chevaux à la lune la mention « prêté » : l’œuvre appartient à ce moment-là au poète et éditeur Pierre Seghers, qui publie conjointement à l’exposition une monographie intitulée L’Homme du commun ou Jean Dubuffet. Jean Dubuffet sort en effet, en 1943, un peu de sa « clandestinité » : introduit et promu par Jean Paulhan auprès de cercles intellectuels et littéraires, il y rencontre des semblables qui remettent en question la culture et ses formes apprises.
Ce retour revendiqué aux impulsions de la main humaine garde dans Chevaux à la lune une apparente spontanéité ; mais recèle néanmoins une maîtrise indéniable de la peinture dans sa façon de convoquer une atmosphère à la fois onirique et nocturne inhabituelle.
“To be nourished by inscriptions, instinctive tracings. To respect the impulses, the ancestral spontaneity of the human hand when it traces its signs.”
On October 20, 1944, in a recently liberated Paris, Jean Dubuffet presented some fifty oil works in his very first solo exhibition at the Galerie René Drouin, Place Vendôme.
Among them, a scene with astonishing blues and greens surprises by its elementary appearance, representative of the artist's genius. Jean Dubuffet was not seeking to please the many critics. His refusal of the constraints imposed by visual perspective and a particular aversion to any constraint on freedom, guided him in a search for an instinctive and ancestral gesture.
Chevaux à la lune, from the period of Marionnettes de la ville et de la campagne, heralds a desire for rurality that led the painter to spend a bucolic and striking holiday on bicycle in July 1943. It prefigures the systematic exploration of the landscape that Dubuffet began, first with on the spot gouaches and then with oils on canvas after returning from his trip, as in Paysage champêtre of November 1943 or Paysage cloisonné of December during the same year. These are mental spectacles, where the elements of the landscape appear as one might remember them in a dream, ridding oneself of all pictorial yokes.
He writes in his Prospectus aux amateurs de tout genre (1946) that he wants to explain “the difficulties where the painter found himself” in the representation of these landscapes, “and by what improvisation he solved the problem.”
The catalogue of the exhibition at the Galerie René Drouin added the mention “loaned” to Chevaux à la lune: at that time, the work belonged to the poet and publisher Pierre Seghers, who simultaneously published the monograph entitled L'Homme du commun ou Jean Dubuffet.
In 1943, Jean Dubuffet came out of his “clandestinity”: introduced and promoted by Jean Paulhan within intellectual and literary circles, he met similar people who questioned culture and its learned forms.
This claimed return to the impulses of the human hand conveys to Chevaux à la lune an apparent spontaneity; however it nevertheless conceals an undeniable mastery of the painting in its manner of convening at the same time a dreamlike and unusual nocturnal atmosphere.
Le 20 octobre 1944, dans un Paris libéré depuis peu, Jean Dubuffet présente une cinquantaine d’huiles dans sa toute première exposition personnelle à la Galerie René Drouin, place Vendôme.
Parmi elles, une scène aux bleus et verts étonnants surprend par son apparence élémentaire voulue, et représentative du génie de l’artiste. Jean Dubuffet ne cherche pas à plaire aux nombreux critiques. Son refus des contraintes imposées par la perspective visuelle, et une aversion particulière pour toute atteinte à la liberté, le guident dans une recherche d’un geste instinctif et ancestral.
Chevaux à la lune, de la période des Marionnettes de la ville et de la campagne, est annonciatrice d’un désir de ruralité qui emmènera le peintre à passer des vacances bucoliques et marquantes à bicyclette en juillet 1943. Elle préfigure l’exploration systématique du paysage que Dubuffet entame, d’abord par des gouaches sur le vif puis des huiles sur toile dès son retour de voyage, comme dans Paysage champêtre de novembre 1943 ou Paysage cloisonné de décembre de la même année. Ce sont des spectacles mentaux, où les éléments du paysage apparaissent comme l’on s’en souviendrait dans un songe, se débarrassant de tous carcans picturaux.
Il écrit dans son Prospectus aux amateurs de tout genre (1946) qu’il veut ainsi faire comprendre « l’embarras où s’est trouvé là le peintre » dans la représentation de ces paysages, « et par quelle improvisation il a résolu le problème ».
Le catalogue de l’exposition à la Galerie René Drouin ajoute à Chevaux à la lune la mention « prêté » : l’œuvre appartient à ce moment-là au poète et éditeur Pierre Seghers, qui publie conjointement à l’exposition une monographie intitulée L’Homme du commun ou Jean Dubuffet. Jean Dubuffet sort en effet, en 1943, un peu de sa « clandestinité » : introduit et promu par Jean Paulhan auprès de cercles intellectuels et littéraires, il y rencontre des semblables qui remettent en question la culture et ses formes apprises.
Ce retour revendiqué aux impulsions de la main humaine garde dans Chevaux à la lune une apparente spontanéité ; mais recèle néanmoins une maîtrise indéniable de la peinture dans sa façon de convoquer une atmosphère à la fois onirique et nocturne inhabituelle.
“To be nourished by inscriptions, instinctive tracings. To respect the impulses, the ancestral spontaneity of the human hand when it traces its signs.”
On October 20, 1944, in a recently liberated Paris, Jean Dubuffet presented some fifty oil works in his very first solo exhibition at the Galerie René Drouin, Place Vendôme.
Among them, a scene with astonishing blues and greens surprises by its elementary appearance, representative of the artist's genius. Jean Dubuffet was not seeking to please the many critics. His refusal of the constraints imposed by visual perspective and a particular aversion to any constraint on freedom, guided him in a search for an instinctive and ancestral gesture.
Chevaux à la lune, from the period of Marionnettes de la ville et de la campagne, heralds a desire for rurality that led the painter to spend a bucolic and striking holiday on bicycle in July 1943. It prefigures the systematic exploration of the landscape that Dubuffet began, first with on the spot gouaches and then with oils on canvas after returning from his trip, as in Paysage champêtre of November 1943 or Paysage cloisonné of December during the same year. These are mental spectacles, where the elements of the landscape appear as one might remember them in a dream, ridding oneself of all pictorial yokes.
He writes in his Prospectus aux amateurs de tout genre (1946) that he wants to explain “the difficulties where the painter found himself” in the representation of these landscapes, “and by what improvisation he solved the problem.”
The catalogue of the exhibition at the Galerie René Drouin added the mention “loaned” to Chevaux à la lune: at that time, the work belonged to the poet and publisher Pierre Seghers, who simultaneously published the monograph entitled L'Homme du commun ou Jean Dubuffet.
In 1943, Jean Dubuffet came out of his “clandestinity”: introduced and promoted by Jean Paulhan within intellectual and literary circles, he met similar people who questioned culture and its learned forms.
This claimed return to the impulses of the human hand conveys to Chevaux à la lune an apparent spontaneity; however it nevertheless conceals an undeniable mastery of the painting in its manner of convening at the same time a dreamlike and unusual nocturnal atmosphere.