拍品专文
Créée en 1973, Ordine e disordine (‘Ordre et désordre’) est parfaitement emblématique des premiers Arazzi (ou ‘Tapisseries’) d’Alighiero Boetti. L’artiste fit don de cette œuvre très rare à son ami de longue date, le comédien italien Roberto Bisacco: demeurée dans sa collection jusqu’à ce jour, Ordine e disordine n’avait encore jamais fait d’apparition sur le marché. D’autres lots issus de la succession Bisacco seront très prochainement offerts à la vente 20th/21st Century: Milan Online Sale de Christie’s Milan. Pour l’anecdote: un soir, tandis qu’ils regardaient un film dans lequel jouait Bisacco, Boetti se mit à expliquer le fonctionnement du téléviseur à son assistant. Quelques jours plus tard, Bisacco rendait visite à Boetti dans son atelier; convaincu que l’acteur vivait à l’intérieur de la télévision, l’assistait fut médusé de voir débarquer cet homme fait de chair et d’os.
Boetti produit sa toute première grille de mots carrés contenant la formule ‘ordine e disordine’ en 1970. S’il en réalise par la suite une version au pochoir, ce n’est qu’à partir de 1973 qu’il transpose cet adage à des œuvres en tissu. Ces Arazzi sont le fruit d’un rapport très intime à l’Afghanistan. Fasciné par ce pays qu’il découvre en 1971 et où il multiplie bientôt les séjours, Boetti s’éprend du savoir-faire ancestral des brodeuses locales, avec lesquelles il s’associe pour créer des œuvres d’une grande finesse. C’est le début d’une collaboration extrêmement fructueuse, qui nourrira sa production artistique durant plus de vingt ans. Si, au départ, Boetti se charge de toutes les décisions liées à la forme et aux tonalités des Arazzi, il finira par accueillir de heureux hasards, en laissant de plus en plus de place aux goûts et aux couleurs des artisanes. Ordine e disordine reflète pleinement cette transition.
‘J’ai beaucoup travaillé sur la notion d’ordre et de désordre’.
Alighiero Boetti
Les petits formats brodés de Boetti voient le jour à la fin 1972: ‘ordine e disordine’ sera la toute première phrase à y figurer. Dans ces compositions initiales, chaque lettre se voit attribuer un code couleur; si bien qu’ici, par exemple, tous les ‘R’ sont bleu clair sur fond vert. Durant cette période, Boetti privilégie une palette de nuances sourdes, dont la douceur exalte les subtils reflets dorés du fil de soie. Dans le déroutant labyrinthe de formes géométriques que déploie la présente Ordine e disordine, les lettres de la maxime titulaire ont été brodées selon leur ordre exact, par colonnes verticales, mais de manière presque indéchiffrable. Cette tension entre clarté et illisibilité, harmonie et cacophonie, évoque tout l’intérêt de Boetti pour la dualité entre organisation et chaos, sujet auquel il revient tout au long de sa carrière. ‘J’ai beaucoup travaillé sur la notion d’ordre et de désordre, explique-t-il. Celui qui en ignore les règles ne pourra jamais connaître l’ordre qui régit quelque chose. C’est comme regarder les étoiles. Celui qui ignore l’ordre des étoiles ne verra que de la confusion là où l’astronome perçoit les choses avec clarté’ (Alighiero Boetti, in Alighiero Boetti, Un pozzo senza fine, cat. ex., Ben Brown Fine Arts, Londres, 2006, p. 11).
Created in 1973, Alighiero Boetti’s Ordine e disordine (Order and disorder) is a rare, iconic example of the artist’s early Arazzi. The work was a gift from the artist to his long-time friend, the actor Roberto Bisacco, and has been held in the same collection ever since; it has never before appeared on the market and other works from Bisacco’s collection will be sold in the upcoming 20th/21st Century: Milan Online Sale. Boetti later recounted how, one evening, while watching Bisacco in a movie, he explained the mechanics of television to his assistant. Several days later, Bisacco came to the studio to visit Boetti and the assistant was so surprised to find out he was a real person as he had thought the actor lived in the television screen.
Boetti first produced a word square with the phrase ‘ordine e disordine’ in 1970. This was followed by a stencil version of the text, but it wasn’t until 1973 that he began the woven works. These coincided with the artist’s initial trips to Afghanistan, which he first visited in 1971; shortly thereafter Boetti began to collaborate with local Afghan embroiders in what was to become a significant and enduring relationship lasting more than two decades. If at first Boetti determined much of the formal and chromatic qualities of these works, he quickly left more and more to chance and the preferences of his embroiderers; Ordine e disordine marks this transition.
‘I have done a lot of work on the concept of order and disorder’.
Alighiero Boetti
Boetti began his small embroideries at the close of 1972, and ‘ordine et disordine’ is the first sentence he used in such works. In these early compositions, each letter was ascribed a particular colour combination, so that all Rs, for example, are pale blue and set against a green ground as seen in the present work. Initially, Boetti used a softer, more muted colour palette, and the silk sewing thread casts a golden glow. Within this striking geometric tapestry that forms the present work, the titular words have been woven into strictly ordered albeit somewhat illegible columns. This tension - between clarity and illegibility, harmony and cacophony - underscores Boetti’s lifelong interest in the conflicting forces of order and disorder and he would return again and again to this universal theme. As the artist later reflected, ‘I have done a lot of work on the concept of order and disorder. Someone who doesn’t know them will never see the order that reigns in things. It’s like looking at a starry sky. Someone who does not know the order of the stars will see only confusion, whereas an astronomer will have a very clear vision of things’ (A. Boetti, quoted in Alighiero Boetti, Un pozzo senza fine, exh. cat., Ben Brown Fine Arts, London, 2006, p. 11).
Boetti produit sa toute première grille de mots carrés contenant la formule ‘ordine e disordine’ en 1970. S’il en réalise par la suite une version au pochoir, ce n’est qu’à partir de 1973 qu’il transpose cet adage à des œuvres en tissu. Ces Arazzi sont le fruit d’un rapport très intime à l’Afghanistan. Fasciné par ce pays qu’il découvre en 1971 et où il multiplie bientôt les séjours, Boetti s’éprend du savoir-faire ancestral des brodeuses locales, avec lesquelles il s’associe pour créer des œuvres d’une grande finesse. C’est le début d’une collaboration extrêmement fructueuse, qui nourrira sa production artistique durant plus de vingt ans. Si, au départ, Boetti se charge de toutes les décisions liées à la forme et aux tonalités des Arazzi, il finira par accueillir de heureux hasards, en laissant de plus en plus de place aux goûts et aux couleurs des artisanes. Ordine e disordine reflète pleinement cette transition.
‘J’ai beaucoup travaillé sur la notion d’ordre et de désordre’.
Alighiero Boetti
Les petits formats brodés de Boetti voient le jour à la fin 1972: ‘ordine e disordine’ sera la toute première phrase à y figurer. Dans ces compositions initiales, chaque lettre se voit attribuer un code couleur; si bien qu’ici, par exemple, tous les ‘R’ sont bleu clair sur fond vert. Durant cette période, Boetti privilégie une palette de nuances sourdes, dont la douceur exalte les subtils reflets dorés du fil de soie. Dans le déroutant labyrinthe de formes géométriques que déploie la présente Ordine e disordine, les lettres de la maxime titulaire ont été brodées selon leur ordre exact, par colonnes verticales, mais de manière presque indéchiffrable. Cette tension entre clarté et illisibilité, harmonie et cacophonie, évoque tout l’intérêt de Boetti pour la dualité entre organisation et chaos, sujet auquel il revient tout au long de sa carrière. ‘J’ai beaucoup travaillé sur la notion d’ordre et de désordre, explique-t-il. Celui qui en ignore les règles ne pourra jamais connaître l’ordre qui régit quelque chose. C’est comme regarder les étoiles. Celui qui ignore l’ordre des étoiles ne verra que de la confusion là où l’astronome perçoit les choses avec clarté’ (Alighiero Boetti, in Alighiero Boetti, Un pozzo senza fine, cat. ex., Ben Brown Fine Arts, Londres, 2006, p. 11).
Created in 1973, Alighiero Boetti’s Ordine e disordine (Order and disorder) is a rare, iconic example of the artist’s early Arazzi. The work was a gift from the artist to his long-time friend, the actor Roberto Bisacco, and has been held in the same collection ever since; it has never before appeared on the market and other works from Bisacco’s collection will be sold in the upcoming 20th/21st Century: Milan Online Sale. Boetti later recounted how, one evening, while watching Bisacco in a movie, he explained the mechanics of television to his assistant. Several days later, Bisacco came to the studio to visit Boetti and the assistant was so surprised to find out he was a real person as he had thought the actor lived in the television screen.
Boetti first produced a word square with the phrase ‘ordine e disordine’ in 1970. This was followed by a stencil version of the text, but it wasn’t until 1973 that he began the woven works. These coincided with the artist’s initial trips to Afghanistan, which he first visited in 1971; shortly thereafter Boetti began to collaborate with local Afghan embroiders in what was to become a significant and enduring relationship lasting more than two decades. If at first Boetti determined much of the formal and chromatic qualities of these works, he quickly left more and more to chance and the preferences of his embroiderers; Ordine e disordine marks this transition.
‘I have done a lot of work on the concept of order and disorder’.
Alighiero Boetti
Boetti began his small embroideries at the close of 1972, and ‘ordine et disordine’ is the first sentence he used in such works. In these early compositions, each letter was ascribed a particular colour combination, so that all Rs, for example, are pale blue and set against a green ground as seen in the present work. Initially, Boetti used a softer, more muted colour palette, and the silk sewing thread casts a golden glow. Within this striking geometric tapestry that forms the present work, the titular words have been woven into strictly ordered albeit somewhat illegible columns. This tension - between clarity and illegibility, harmony and cacophony - underscores Boetti’s lifelong interest in the conflicting forces of order and disorder and he would return again and again to this universal theme. As the artist later reflected, ‘I have done a lot of work on the concept of order and disorder. Someone who doesn’t know them will never see the order that reigns in things. It’s like looking at a starry sky. Someone who does not know the order of the stars will see only confusion, whereas an astronomer will have a very clear vision of things’ (A. Boetti, quoted in Alighiero Boetti, Un pozzo senza fine, exh. cat., Ben Brown Fine Arts, London, 2006, p. 11).