拍品專文
Premier portrait féminin peint par Ingres identifié à ce jour, cette délicieuse effigie conjugue la fraîcheur des oeuvres de jeunesse et les qualités intrinsèques de celui qui fut peut-être le plus grand portraitiste du XIXème siècle. L'oeuvre appartient à 'l'impressionnante première série de portraits intimes', où Ingres atteint 'd'emblée une étonnante maîtrise de tous ses moyens artistiques' (G.Vigne, Ingres, Paris, 1995, p. 44). Elle fut exécutée en 1804, deux ans avant son départ pour l'Académie de France à Rome. Il ne faut sans doute pas y chercher l'influence, plus tard si marquante, des grands peintres de la Renaissance ou de l'art antique. On a souligné (E. Bertin, S. Guégan, V. Pomarède, L.-A. Prat, op. cit., p. 105) que ce portrait témoignait encore des qualités de miniaturiste du père d'Ingres, auprès duquel Jean-Auguste-Dominique avait suivi une première formation à Montauban puis Toulouse. Au contraire, on peut y voir en genèse plusieurs des caractéristiques principales d'Ingres, qui dialogue par ailleurs ici avec les grands portraitistes alors à la mode de sa génération.
Le Portrait de la comtesse de La Rue évoque par son élégante distinction l'art de David, dont Ingres avait quitté l'atelier quelques années auparavant; en dépit des dimensions réduites du tableau, le personnage possède une grande présence, qu'accroît son regard pénétrant. La beauté des gants en peau de chamois, véritable morceau de bravoure, pourrait constituer une réponse à ceux tenus par Monsieur Sériziat dans son portrait peint par David en 1795 et très admiré au Salon (Musée du Louvre). De même encore, Ingres place son modèle sur un fond de paysage, le visage se détachant sur un ciel clair, procédé qu'il abandonnera quelques années plus tard.
Ainsi qu'il le refera dans plusieurs de ses chefs d'oeuvre de jeunesse, tels Madame Rivière, Madame Pancoucke (Musée du Louvre) ou Madame Aymon dite La Belle Zélie (Rouen, Musée des Beaux- Arts), Ingres adopte ici un format ovale, qui lui permet de sublimer la sinuosité du corps féminin. La nuque, le cou et le bras droit de la comtesse, en particulier, subissent déjà une déformation, du type de celles qui vaudront à Ingres d'être d'abord décrié puis encensé pour les brêches qu'il ouvrait vers 'l'art moderne'. Ainsi que le souligne dès 1840 l'homme de lettres Louis de Loménie (Galerie des Contemporains illustres, Paris, 1840, p. 13), 'à vingt ans, il était aussi complétement lui qu'à soixante'. Un an plus tard, Ingres reprend de nombreux détails -le collier, le voile, la ceinture gris perle, les broderies du châle en cachemire- dans ses portraits de Madame et de Mademoiselle Rivière (Musée du Louvre). Malgré la différence de format, c'est bien au Portrait de Mademoiselle Rivière -où le modèle adopte une pose similaire- que peut faire penser cet exquis petit tableau.
Née à Reims en 1770, la comtesse de La Rue appartenait à la famille Solier de la Touche. Son frère était le baron royaliste Hyde de Neuville. Elle avait épousé en 1794 son cousin Isidore Etienne de La Rue, politicien et banquier qui avait toujours été fidèle à la cause des Bourbons, ce qui lui valut la méfiance de Napoléon Bonaparte. Le tableau resta vraisemblablement dans la famille du modèle jusqu'au milieu du XXème siècle, réapparaissant à New York chez Seligman en 1951.
Le Portrait de la comtesse de La Rue évoque par son élégante distinction l'art de David, dont Ingres avait quitté l'atelier quelques années auparavant; en dépit des dimensions réduites du tableau, le personnage possède une grande présence, qu'accroît son regard pénétrant. La beauté des gants en peau de chamois, véritable morceau de bravoure, pourrait constituer une réponse à ceux tenus par Monsieur Sériziat dans son portrait peint par David en 1795 et très admiré au Salon (Musée du Louvre). De même encore, Ingres place son modèle sur un fond de paysage, le visage se détachant sur un ciel clair, procédé qu'il abandonnera quelques années plus tard.
Ainsi qu'il le refera dans plusieurs de ses chefs d'oeuvre de jeunesse, tels Madame Rivière, Madame Pancoucke (Musée du Louvre) ou Madame Aymon dite La Belle Zélie (Rouen, Musée des Beaux- Arts), Ingres adopte ici un format ovale, qui lui permet de sublimer la sinuosité du corps féminin. La nuque, le cou et le bras droit de la comtesse, en particulier, subissent déjà une déformation, du type de celles qui vaudront à Ingres d'être d'abord décrié puis encensé pour les brêches qu'il ouvrait vers 'l'art moderne'. Ainsi que le souligne dès 1840 l'homme de lettres Louis de Loménie (Galerie des Contemporains illustres, Paris, 1840, p. 13), 'à vingt ans, il était aussi complétement lui qu'à soixante'. Un an plus tard, Ingres reprend de nombreux détails -le collier, le voile, la ceinture gris perle, les broderies du châle en cachemire- dans ses portraits de Madame et de Mademoiselle Rivière (Musée du Louvre). Malgré la différence de format, c'est bien au Portrait de Mademoiselle Rivière -où le modèle adopte une pose similaire- que peut faire penser cet exquis petit tableau.
Née à Reims en 1770, la comtesse de La Rue appartenait à la famille Solier de la Touche. Son frère était le baron royaliste Hyde de Neuville. Elle avait épousé en 1794 son cousin Isidore Etienne de La Rue, politicien et banquier qui avait toujours été fidèle à la cause des Bourbons, ce qui lui valut la méfiance de Napoléon Bonaparte. Le tableau resta vraisemblablement dans la famille du modèle jusqu'au milieu du XXème siècle, réapparaissant à New York chez Seligman en 1951.