拍品專文
Vieira da Silva a peint Paysage d'hiver en hiver 1954, pendant la période de l'après-guerre, durant laquelle elle a consolidé le style visuel qui allait devenir sa signature. Sa renommée était alors grandissante, et c'est en 1954 qu'elle et son mari Arpad Szenes, artiste également, demandèrent à Guy Weelen de documenter, administrer, organiser sa vie, ses expositions et son travail pour lui permettre de se consacrer entièrement à son oeuvre. Avec cette accumulation rythmique de formes, qui ponctue la toile avec densité, comme des notes de musique, ce tableau est un vivant témoignage de l'activité de l'artiste, et devient une trace de ses mouvements, de sa vie, un concept qui correspondait bien à l'ère de l'existentialisme, toile de fond de l'époque.
Dans ce tableau, l'artiste a réussi à créer une matrice complexe de coups de pinceau à l'aide d'une palette délibérément restreinte, afin de maîtriser l'impression d'espace et de perspective caractéristique de ses meilleurs oeuvres, et de créer un lieu fictif dans lequel le spectateur peut s'absorber. Dans les tableaux de Vieira da Silva, l'espace est souvent double: d'une part, les grilles complexes de couleurs créent une entité labyrinthique qui guide le regard du spectateur sur toute la surface de la toile. D'autre part, elle fabrique également une notion d'espace à travers la perspective, qui donne au spectateur une impression de profondeur dans la toile très éloignée des principes d'abstraction et de bidimensionnalité que nombre de ses contemporains européens et américains privilégiaient, comme l'exposent les écrits de Clément Greenberg. L'impression d'espace tangible, bien qu'abstrait en apparence, combinée à la composition labyrinthienne, exprime l'incertitude qui se trouve au coeur des tableaux de Vieira da Silva. En contemplant cet incroyable palimpseste composé de centaines de coups de pinceau irréguliers, le spectateur s'absorbe dans le déchiffrage des formes, qui s'obstinent à rester indéfinissables; dans ce refus délibéré de nous offrir une résolution, Vieira da Silva traduit parfaitement cette notion d'incertitude qui est au centre de sa vie et de son art.
Dans Paysage d'hiver, cette idée de l'espace est accentuée par le titre évocateur. Il rattache le tableau à la tradition du paysage, alors qu'aucun paysage spécifique n'y est identifiable. Vieira da Silva affirmait que ses tableaux étaient ancrés dans le monde figuratif; ici, l'accumulation de coups de pinceau nerveux évoque certaines de ses sources d'inspiration et d'influence, par exemple les 'azulejos', les fameux carreaux de faïence de son Portugal natal qui recouvrent toute la surface des maisons. En exploitant le concept d'architecture dans ses tableaux, Vieira da Silva y introduit une qualité poétique et paradoxale qui flotte entre la robustesse de la technologie - la solidité de la connaissance scientifique - et la fragilité et l'incertude de la vie elle-même.
Dans ce tableau, l'artiste a réussi à créer une matrice complexe de coups de pinceau à l'aide d'une palette délibérément restreinte, afin de maîtriser l'impression d'espace et de perspective caractéristique de ses meilleurs oeuvres, et de créer un lieu fictif dans lequel le spectateur peut s'absorber. Dans les tableaux de Vieira da Silva, l'espace est souvent double: d'une part, les grilles complexes de couleurs créent une entité labyrinthique qui guide le regard du spectateur sur toute la surface de la toile. D'autre part, elle fabrique également une notion d'espace à travers la perspective, qui donne au spectateur une impression de profondeur dans la toile très éloignée des principes d'abstraction et de bidimensionnalité que nombre de ses contemporains européens et américains privilégiaient, comme l'exposent les écrits de Clément Greenberg. L'impression d'espace tangible, bien qu'abstrait en apparence, combinée à la composition labyrinthienne, exprime l'incertitude qui se trouve au coeur des tableaux de Vieira da Silva. En contemplant cet incroyable palimpseste composé de centaines de coups de pinceau irréguliers, le spectateur s'absorbe dans le déchiffrage des formes, qui s'obstinent à rester indéfinissables; dans ce refus délibéré de nous offrir une résolution, Vieira da Silva traduit parfaitement cette notion d'incertitude qui est au centre de sa vie et de son art.
Dans Paysage d'hiver, cette idée de l'espace est accentuée par le titre évocateur. Il rattache le tableau à la tradition du paysage, alors qu'aucun paysage spécifique n'y est identifiable. Vieira da Silva affirmait que ses tableaux étaient ancrés dans le monde figuratif; ici, l'accumulation de coups de pinceau nerveux évoque certaines de ses sources d'inspiration et d'influence, par exemple les 'azulejos', les fameux carreaux de faïence de son Portugal natal qui recouvrent toute la surface des maisons. En exploitant le concept d'architecture dans ses tableaux, Vieira da Silva y introduit une qualité poétique et paradoxale qui flotte entre la robustesse de la technologie - la solidité de la connaissance scientifique - et la fragilité et l'incertude de la vie elle-même.