拍品專文
Un certificat d'authenticité de Madame Maya Widmaier-Picasso sera remis à l'acquéreur.
Un certificat d'authenticité de Monsieur Claude Picasso sera remis à l'acquéreur.
Le 24 juin 1901, au 6 rue Laffitte, la Galerie Ambroise Vollard présente la première exposition parisienne consacrée aux oeuvres de Pablo Picasso. Forte de l'engouement qu'elle suscite, la galerie prolonge l'exposition en juillet, et, plus important, le peintre catalan, reçoit de nombreux commentaires élogieux. Ainsi dans son article pour Le Journal, Gustave Coquiot écrit : "Ce très jeune peintre espagnol, récemment arrivé parmi nous, aime frénétiquement la vie moderne Le travail de P.R. Picasso est celui d'un peintre qui s'intéresse à chaque heure du jour, un artiste pour qui la journée ne se termine jamais, dans une ville où chaque minute offre une scène digne d'attention Le futur ne devrait pas manquer de reparler des oeuvres de P. R. Picasso" (cité in J.P. I Fabre, Picasso, The early years, 1881-1907, Barcelone, 1985, p. 514).
Le succès incite Picasso à prolonger son séjour dans la capitale. Coquiot l'encourage personnellement à mieux se faire connaître ainsi qu'à augmenter ses revenus d'artiste en réalisant des illustrations de magazines. Désireux de rester un artiste peintre sérieux, Picasso hésite. Coquiot finit néanmoins par le convaincre que les deux activités ne sont pas incompatibles. Après tout, Steinlen et Toulouse-Lautrec avaient chacun réussi dans les deux registres. Peut-être la disparition de ce dernier, pour lequel Picasso avait beaucoup d'admiration, contribua-t-elle à le convaincre de commencer à dessiner pour la presse.
Picasso exécute quatre dessins pour le journal satirique Frou Frou du 14 septembre 1901. Ces dessins à l'encre représentent quatre artistes de music hall : Polaire, Grille égout, La Derval et Jeanne Avril, tous regroupés sous le titre Appâts pour Hommes. Le présent dessin, Polaire, est sans nul doute le plus "lautrécien" des quatre, et peut-être une tentative délibérée de Picasso de ressusciter son artiste-héro par un hommage à son style vivant et joyeux. Polaire, nom de scène d'Emilie Marie Bouchaud (1877-1939), était une chanteuse populaire que Lautrec avait croquée pour une couverture de magazine en 1895.
D'abord signé 'Ruiz', cette mention rappelle l'obligation faite aux illustrateurs de l'époque de signer du nom de leur état civil. En effet, Picasso avait décidé de retirer le nom Ruiz de sa signature quelques mois plus tôt (après une première réduction à son initiale 'R'). Fait intéressant, Polaire porte une deuxième signature, 'Picasso', qui date d'une cinquantaine d'années après que le dessin ait été exécuté. La famille du propriétaire actuel rechercha Picasso et lui demanda cette signature plus célèbre, que l'artiste apposa avec beaucoup de plaisir. Selon le certificat de l'oeuvre fourni par Maya Widmaier-Picasso, le titre inscrit indistinctement dans la marge inférieure au crayon bleu est aussi de la main du peintre.
Ce dessin de Picasso a probablement été réalisé à partir d'un croquis esquissé en face de l'artiste pendant son numéro. C'est une image animée et amusante qui ouvre une fenêtre sur le monde de la Belle Epoque. Cette deuxième visite à Paris avait captivé l'imagination et l'énergie du peintre qui, fort de son succès croissant auprès de la critique et du public, allait choisir de vivre dans la capitale pour les quarante années suivantes.
On 24th June 1901, Pablo Picasso held his first Parisian show, comprising some 75 works, at the Ambroise Vollard Gallery at 6, Rue Laffitte. It was sufficiently successful for the gallerist to extend the show into the first week in July, and more importantly for the Catalan artist, received several positive reviews. In his article written for Le Journal,Gustave Coquiot stated: "This very young Spanish painter, who has been here for only a short time, is wildly enamored of modern life.This is P.R. Picasso's work to date: the work of a painter who takes an interest in every time of day, an artist for whom the day never ends in a city where each minute offers a scene worthy of attentionWe shall be hearing more of the work of P.R. Picasso' (quoted in J.P. I Fabre, Picasso, The early years, 1881-1907, Barcelone, 1985, p. 514).
Success spurred Picasso on to consider a longer sojourn in the city, and it was Coquiot himself who encouraged the young artist to seek wider fame, as well as supplementing his artistic income, through illustrative contributions to magazines. Picasso at first hesitated at producing such work, conscious of his need to remain a serious artiste peintre. Coquiot, however, persuaded him that the two activities were not incompatible - after all Steinlen and Toulouse- Lautrec had each succeeded at both. Perhaps it was the death of the latter artist, greatly admired by Picasso, on September 9th which helped convince him to begin drawing for magazines.
Picasso produced four drawings for the satirical journal Frou Frou which appeared in the edition of September 14th, 1901. The ink drawings depicted four music hall performers: Polaire, Grille d'Egout, La Derval and Jeanne Avril and were grouped under the title Appats pour Hommes (Lures for Men). The present drawing, Polaire, is arguably the most 'Lautrecian' of the quartet, and perhaps a deliberate attempt by Picasso to bring his artistic hero back to being through an hommage to Lautrec's light-hearted and lively style. Polaire the stage name for Emilie Marie Bouchaud (1877-1939), was a popular singer who had been depicted previously by Lautrec in a magazine cover of 1895.
The present drawing is signed 'Ruiz', Picasso's legal name and as such an obligation at the time for a newspaper illustration. Picasso had in fact decided to drop the name Ruiz from his signature some months earlier (after first reducing it to its initial 'R'). Interestingly, Polaire bears a second signature, 'Picasso', which dates from some fifty years after the drawing was executed. The family of the present owner sought out Picasso to request this more celebrated signature, and the artist was happy to oblige. According to the certificate for the work delivered by Maya Widmaier-Picasso, the title of the work inscribed faintly in the lower margin in blue pencil is also in the hand of the artist.
Picasso's drawing was likely worked up from a sketch done in front of the performer during her act. It is a lively, amusing image which offers a window into the world of the Belle Epoque. This second visit to Paris had captivated Picasso's imagination and energy, and the increasing critical and popular acclaim which resulted ensured that Paris would remain his home for the next forty years.
Un certificat d'authenticité de Monsieur Claude Picasso sera remis à l'acquéreur.
Le 24 juin 1901, au 6 rue Laffitte, la Galerie Ambroise Vollard présente la première exposition parisienne consacrée aux oeuvres de Pablo Picasso. Forte de l'engouement qu'elle suscite, la galerie prolonge l'exposition en juillet, et, plus important, le peintre catalan, reçoit de nombreux commentaires élogieux. Ainsi dans son article pour Le Journal, Gustave Coquiot écrit : "Ce très jeune peintre espagnol, récemment arrivé parmi nous, aime frénétiquement la vie moderne Le travail de P.R. Picasso est celui d'un peintre qui s'intéresse à chaque heure du jour, un artiste pour qui la journée ne se termine jamais, dans une ville où chaque minute offre une scène digne d'attention Le futur ne devrait pas manquer de reparler des oeuvres de P. R. Picasso" (cité in J.P. I Fabre, Picasso, The early years, 1881-1907, Barcelone, 1985, p. 514).
Le succès incite Picasso à prolonger son séjour dans la capitale. Coquiot l'encourage personnellement à mieux se faire connaître ainsi qu'à augmenter ses revenus d'artiste en réalisant des illustrations de magazines. Désireux de rester un artiste peintre sérieux, Picasso hésite. Coquiot finit néanmoins par le convaincre que les deux activités ne sont pas incompatibles. Après tout, Steinlen et Toulouse-Lautrec avaient chacun réussi dans les deux registres. Peut-être la disparition de ce dernier, pour lequel Picasso avait beaucoup d'admiration, contribua-t-elle à le convaincre de commencer à dessiner pour la presse.
Picasso exécute quatre dessins pour le journal satirique Frou Frou du 14 septembre 1901. Ces dessins à l'encre représentent quatre artistes de music hall : Polaire, Grille égout, La Derval et Jeanne Avril, tous regroupés sous le titre Appâts pour Hommes. Le présent dessin, Polaire, est sans nul doute le plus "lautrécien" des quatre, et peut-être une tentative délibérée de Picasso de ressusciter son artiste-héro par un hommage à son style vivant et joyeux. Polaire, nom de scène d'Emilie Marie Bouchaud (1877-1939), était une chanteuse populaire que Lautrec avait croquée pour une couverture de magazine en 1895.
D'abord signé 'Ruiz', cette mention rappelle l'obligation faite aux illustrateurs de l'époque de signer du nom de leur état civil. En effet, Picasso avait décidé de retirer le nom Ruiz de sa signature quelques mois plus tôt (après une première réduction à son initiale 'R'). Fait intéressant, Polaire porte une deuxième signature, 'Picasso', qui date d'une cinquantaine d'années après que le dessin ait été exécuté. La famille du propriétaire actuel rechercha Picasso et lui demanda cette signature plus célèbre, que l'artiste apposa avec beaucoup de plaisir. Selon le certificat de l'oeuvre fourni par Maya Widmaier-Picasso, le titre inscrit indistinctement dans la marge inférieure au crayon bleu est aussi de la main du peintre.
Ce dessin de Picasso a probablement été réalisé à partir d'un croquis esquissé en face de l'artiste pendant son numéro. C'est une image animée et amusante qui ouvre une fenêtre sur le monde de la Belle Epoque. Cette deuxième visite à Paris avait captivé l'imagination et l'énergie du peintre qui, fort de son succès croissant auprès de la critique et du public, allait choisir de vivre dans la capitale pour les quarante années suivantes.
On 24th June 1901, Pablo Picasso held his first Parisian show, comprising some 75 works, at the Ambroise Vollard Gallery at 6, Rue Laffitte. It was sufficiently successful for the gallerist to extend the show into the first week in July, and more importantly for the Catalan artist, received several positive reviews. In his article written for Le Journal,Gustave Coquiot stated: "This very young Spanish painter, who has been here for only a short time, is wildly enamored of modern life.This is P.R. Picasso's work to date: the work of a painter who takes an interest in every time of day, an artist for whom the day never ends in a city where each minute offers a scene worthy of attentionWe shall be hearing more of the work of P.R. Picasso' (quoted in J.P. I Fabre, Picasso, The early years, 1881-1907, Barcelone, 1985, p. 514).
Success spurred Picasso on to consider a longer sojourn in the city, and it was Coquiot himself who encouraged the young artist to seek wider fame, as well as supplementing his artistic income, through illustrative contributions to magazines. Picasso at first hesitated at producing such work, conscious of his need to remain a serious artiste peintre. Coquiot, however, persuaded him that the two activities were not incompatible - after all Steinlen and Toulouse- Lautrec had each succeeded at both. Perhaps it was the death of the latter artist, greatly admired by Picasso, on September 9th which helped convince him to begin drawing for magazines.
Picasso produced four drawings for the satirical journal Frou Frou which appeared in the edition of September 14th, 1901. The ink drawings depicted four music hall performers: Polaire, Grille d'Egout, La Derval and Jeanne Avril and were grouped under the title Appats pour Hommes (Lures for Men). The present drawing, Polaire, is arguably the most 'Lautrecian' of the quartet, and perhaps a deliberate attempt by Picasso to bring his artistic hero back to being through an hommage to Lautrec's light-hearted and lively style. Polaire the stage name for Emilie Marie Bouchaud (1877-1939), was a popular singer who had been depicted previously by Lautrec in a magazine cover of 1895.
The present drawing is signed 'Ruiz', Picasso's legal name and as such an obligation at the time for a newspaper illustration. Picasso had in fact decided to drop the name Ruiz from his signature some months earlier (after first reducing it to its initial 'R'). Interestingly, Polaire bears a second signature, 'Picasso', which dates from some fifty years after the drawing was executed. The family of the present owner sought out Picasso to request this more celebrated signature, and the artist was happy to oblige. According to the certificate for the work delivered by Maya Widmaier-Picasso, the title of the work inscribed faintly in the lower margin in blue pencil is also in the hand of the artist.
Picasso's drawing was likely worked up from a sketch done in front of the performer during her act. It is a lively, amusing image which offers a window into the world of the Belle Epoque. This second visit to Paris had captivated Picasso's imagination and energy, and the increasing critical and popular acclaim which resulted ensured that Paris would remain his home for the next forty years.