拍品專文
En 1892, à l'âge de 67 ans, Eugène Boudin se rend à Venise pour la première fois. Alors couronné de succès, Pierre Puvis de Chavannes vient de lui remettre la Légion d'Honneur, le peintre vient à la recherche de nouveaux motifs en Italie. Boudin avait admiré les peintres vénitiens au Louvre et plus particulièrement Guardi dont il s'était plu à copier les oeuvres à la fin des années 1860. Il dira des oeuvres du célèbre peintre védutiste: "habileté prodigieuse des Guardi. Légèreté de leur exécution. Esprit de la touche jusque dans les moindres détails" (l'artiste cité in. Boudin, aquarelles et pastels, XXXVe Exposition du cabinet des dessins du musée du Louvre , paris, 1965, p. 78). La Sérénissime exerce une véritable fascination sur Boudin et lui permet d'approfondir ses recherches débutées dans le Midi de la France sur le traitement de l'intensité lumineuse. Ainsi, le peintre combine sa vision personnelle de la ville au rendu des effets atmosphériques chers à son coeur.
Inspiré par cette ville, l'artiste y retourne au cours de l'été 1894 puis durant l'été 1895. Dans une lettre à Paul Durand-Ruel datée du 20 juin 1895, quelques jours après l'exécution du présent tableau, Boudin écrit: "je suis pris par la peinture des vues de Venise, une ville superbe, nul besoin de vous le dire, mais j'ai quelque répulsion à l'encontre des peintres de cette contrée, qui l'ont, dans une certaine mesure, défigurée en la montrant comme une région éclairée par le plus chaud des soleils...Venise, néanmoins, comme tous les pays lumineux est d'un coloris gris et l'atmosphère en est douce et brumeuse...et le ciel s'y pare de nuages, tout comme un ciel de nos contrées normande ou hollandaise" (cité in J. Selz, Eugène Boudin, Naefels, 1982, p. 85).
La plupart des vues de Venise qu'il réalise à cette période sont panoramiques, intégrant monuments ou vues célèbres de la ville et de la lagune. Pour le présent tableau, l'artiste à placé son chevalet sur la rive nord de la Giudecca, une île située au sud de la ville, de l'autre côté du canal. De ce point de vue, on peut admirer la Basilique Santa Maria della Salute, dont les plans ont été conçus par l'architecte baroque Baldasare Longhena (1598-1682) ainsi que la Douane, décrite au centre de la composition. A l'arrière-plan, les bateaux sont au mouillage, au premier, les gondoles sillonnent la lagune, apportant du dynamisme à la composition. Dans Venise. L'entrée du Grand Canal, la Salute et la Douane, Boudin ponctue la scène par des touches de couleur qui suggèrent les personnages et les variations de surface des façades alignées au fil de l'eau. Ici, comme pour sa série de vues de Venise, ce n'est pas l'éclat de la lumière et du ciel qui l'enchante, mais la subtilité de l'atmosphère constamment changeante et le miroitement irisé de l'eau. Le peintre, particulièrement attaché à ses toiles représentant Venise, ne voudra pas s'en défaire à son retour à Paris.
In 1892, at the age of sixty-seven, Boudin traveled to Venice for the first time. Recently awarded the prestigious Légion d'Honneur by Pierre Puvis de Chavannes, his Venetian trip had for purpose the search for new motifs. Boudin was a great admirer of the Venetian artists he saw in the Louvre, particularly Guardi whose work he enjoyed copying in the late 1860s. Of the celebrated vedutista's works Boudin would comment: 'the prodigious capability of Guardi. The lightness of his execution. A gestural quality right down to the finest detail. (The artist quoted in Boudin, aquarelles et pastels, XXXVe Exposition du cabinet des dessins du musée du Louvre, Paris, 1965, p. 78). As a city, Venice exerted a profound fascination for Boudin, and his visit there allowed him to continue the research he had begun in the French Midi regarding the portrayal of the intensity of light. Boudin's images of Venice are uniquely personal visions of the city which illustrate the rendition of atmospheric effects which lay at the heart of his art. Inspired by the city, Boudin returned to Venice in the summer of 1894 and again in the summer of 1895. In a letter to Paul Durand-Ruel dated 20 June 1895, only a few days after the present painting was executed, Boudin writes: 'I am busy painting views of Venice, a superb town as I have no need to tell you, but I am somewhat dismayed by the district's regular painters who have, to some extent, disfigured it by making it appear as a region lit up by the hottest of suns...Venice however, like all luminous nations, is grey in color, the atmosphere is soft and misty and the sky is decked with clouds just like those over Normandy or Holland' (quoted in J. Selz, Eugene Boudin, Naefels, 1982, p. 85).
Most of the views of Venice which he executed at this time are panoramic, incorporating the familiar landmarks of the city and its lagoon. In the present view, the artist has placed his easel on the northern bank of the Giudecca, an island south of the city across the Giudecca Canal. From there, one can see Santa Maria della Salute, designed by the Baroque architect Baldasare Longhena (1598-1682) and the Dogana, pictured in the center of the composition. In the background boats shelter at anchor, wheras those in the foreground crisscross the lagoon, thereby bringing dynamism to Boudin's composition. In Venise. L'entrée du Grand Canal, la Salute et la Douane, the artist punctuates the scene with touches of color to suggest the gondolas' passengers and the varied materials of the building facades lining the waterway. Here, as for his other Venice views, it is not the splash of the sun which enlivens the view, but rather the subtlety of the constantly changing atmosphere and the flickering iridescence of the water's surface. The artist, particularly fond of his views of Venice, continued to work on them following his return to Paris.
Inspiré par cette ville, l'artiste y retourne au cours de l'été 1894 puis durant l'été 1895. Dans une lettre à Paul Durand-Ruel datée du 20 juin 1895, quelques jours après l'exécution du présent tableau, Boudin écrit: "je suis pris par la peinture des vues de Venise, une ville superbe, nul besoin de vous le dire, mais j'ai quelque répulsion à l'encontre des peintres de cette contrée, qui l'ont, dans une certaine mesure, défigurée en la montrant comme une région éclairée par le plus chaud des soleils...Venise, néanmoins, comme tous les pays lumineux est d'un coloris gris et l'atmosphère en est douce et brumeuse...et le ciel s'y pare de nuages, tout comme un ciel de nos contrées normande ou hollandaise" (cité in J. Selz, Eugène Boudin, Naefels, 1982, p. 85).
La plupart des vues de Venise qu'il réalise à cette période sont panoramiques, intégrant monuments ou vues célèbres de la ville et de la lagune. Pour le présent tableau, l'artiste à placé son chevalet sur la rive nord de la Giudecca, une île située au sud de la ville, de l'autre côté du canal. De ce point de vue, on peut admirer la Basilique Santa Maria della Salute, dont les plans ont été conçus par l'architecte baroque Baldasare Longhena (1598-1682) ainsi que la Douane, décrite au centre de la composition. A l'arrière-plan, les bateaux sont au mouillage, au premier, les gondoles sillonnent la lagune, apportant du dynamisme à la composition. Dans Venise. L'entrée du Grand Canal, la Salute et la Douane, Boudin ponctue la scène par des touches de couleur qui suggèrent les personnages et les variations de surface des façades alignées au fil de l'eau. Ici, comme pour sa série de vues de Venise, ce n'est pas l'éclat de la lumière et du ciel qui l'enchante, mais la subtilité de l'atmosphère constamment changeante et le miroitement irisé de l'eau. Le peintre, particulièrement attaché à ses toiles représentant Venise, ne voudra pas s'en défaire à son retour à Paris.
In 1892, at the age of sixty-seven, Boudin traveled to Venice for the first time. Recently awarded the prestigious Légion d'Honneur by Pierre Puvis de Chavannes, his Venetian trip had for purpose the search for new motifs. Boudin was a great admirer of the Venetian artists he saw in the Louvre, particularly Guardi whose work he enjoyed copying in the late 1860s. Of the celebrated vedutista's works Boudin would comment: 'the prodigious capability of Guardi. The lightness of his execution. A gestural quality right down to the finest detail. (The artist quoted in Boudin, aquarelles et pastels, XXXVe Exposition du cabinet des dessins du musée du Louvre, Paris, 1965, p. 78). As a city, Venice exerted a profound fascination for Boudin, and his visit there allowed him to continue the research he had begun in the French Midi regarding the portrayal of the intensity of light. Boudin's images of Venice are uniquely personal visions of the city which illustrate the rendition of atmospheric effects which lay at the heart of his art. Inspired by the city, Boudin returned to Venice in the summer of 1894 and again in the summer of 1895. In a letter to Paul Durand-Ruel dated 20 June 1895, only a few days after the present painting was executed, Boudin writes: 'I am busy painting views of Venice, a superb town as I have no need to tell you, but I am somewhat dismayed by the district's regular painters who have, to some extent, disfigured it by making it appear as a region lit up by the hottest of suns...Venice however, like all luminous nations, is grey in color, the atmosphere is soft and misty and the sky is decked with clouds just like those over Normandy or Holland' (quoted in J. Selz, Eugene Boudin, Naefels, 1982, p. 85).
Most of the views of Venice which he executed at this time are panoramic, incorporating the familiar landmarks of the city and its lagoon. In the present view, the artist has placed his easel on the northern bank of the Giudecca, an island south of the city across the Giudecca Canal. From there, one can see Santa Maria della Salute, designed by the Baroque architect Baldasare Longhena (1598-1682) and the Dogana, pictured in the center of the composition. In the background boats shelter at anchor, wheras those in the foreground crisscross the lagoon, thereby bringing dynamism to Boudin's composition. In Venise. L'entrée du Grand Canal, la Salute et la Douane, the artist punctuates the scene with touches of color to suggest the gondolas' passengers and the varied materials of the building facades lining the waterway. Here, as for his other Venice views, it is not the splash of the sun which enlivens the view, but rather the subtlety of the constantly changing atmosphere and the flickering iridescence of the water's surface. The artist, particularly fond of his views of Venice, continued to work on them following his return to Paris.