拍品專文
Réalisée en 1974, Blanc s'offre au regard comme une constellation de couleurs vives surgissant de la toile nue. Magenta, jaune d'or, indigo, bleu profond, vert vif, vermeil, brun orangé; autant d'étincelles qui semblent jaillir du fond blanc, comme une nuée de formes bariolées dont les contours saillants rappellent les découpages matissiens auxquels l'artiste s'est souvent référé. Si la plupart des séries qui marquent les évolutions successives de l'oeuvre de Hantaï se caractérisent par leur déclinaison monochrome, les Blancs sont vraisemblablement ceux qui révèlent le mieux le talent de coloriste de l'artiste. Réparties çà et là, sans qu'il soit possible d'identifier ni le centre ni la périphérie de la toile, les couleurs sont au service de la volonté d'Hantaï d'en finir avec les limites physiques du tableau, suivant en cela la leçon du all-over de Pollock, autre figure tutélaire qui accompagne l'artiste depuis ses premiers pliages.
Depuis les Études qu'il entreprend à partir de 1969, Hantaï semble avoir posé comme principe la stricte équivalence entre le peint et le non-peint: fruits du hasard du pliage et du dépliage, les zones colorées revêtent une importance égale à celles restées en réserve. C'est avec la série des Blancs que l'artiste pousse cette exploration le plus loin, tant et si bien que le rapport entre les deux paraît parfois s'inverser : 'les éclats de couleur deviennent une tolérance de ce blanc non peint, quasiment un produit second, erratique et qui n'est là que pour faire le match' (D. Fourcade, Hantaï, catalogue d'exposition, Paris, Centre Pompidou, mai-septembre 2013, p. 160). En réduisant la couleur à la portion congrue, l'artiste poursuit son entreprise d'effacement derrière son oeuvre. Son intervention est minimale à un double égard: du fait de la méthode même du pliage qu'il a développée depuis le tournant des années 1960 (l'artiste agit sans but prédéfini, l'oeuvre ne résulte que des torsions aléatoires subie par la toile), mais, avec les Blancs plus encore que dans les séries précédentes, parce qu'ici l'application de la couleur atteint son plus haut degré de dépouillement.
Automatisme de la méthode et pauvreté maximale du geste: les Blancs sont en ce sens peut-être la série la plus en phase avec l'ambition de Hantaï, 'peintre qui ne voudrait pas être artiste.' (D. Fourcade, ibid.) 'Il m'a fallu plusieurs années pour digérer la 'tactilité'. Maintenant, ce n'est pas ce que je peins qui compte mais ce que je ne peins pas - c'est le blanc.' explique-t-il à Geneviève Bonnefoi (Hantaï, catalogue d'exposition, Beaulieu-en-Rouergue, 1973, p. 24). L'utilisation quasi systématique de l'acrylique - beaucoup plus lisse et mate que ne l'est l'huile - à partir de la série des Blancs marque en ce sens un pas de plus vers la dématérialisation du tableau. A présent, il n'y a plus d'épaisseurs liées au pliage, plus d'empâtements ni de reflets brillants comme ceux que l'on trouvait dans les Mariales ou les Catamurons, plus de coups de pinceau ni de coulures comme on les voyait dans les Meuns : les Blancs sont une aire parfaitement plane où seule scintille la couleur pure; un monde d'où l'artiste semble s'être entièrement retiré.
Produced in 1974, Blanc presents a constellation of vibrant colours leaping off the bare canvas. Magenta, golden yellow, indigo, deep blue, bright green, ruby, orangey brown - like sparkles which seem to spring from the white background, like a swarm of multi-coloured shapes whose protruding edges are reminiscent of Matisse's cut-outs, to which the artist often alluded. While most of the series marking the successive stages in the development of Hantaï's work are characterised by their monochrome variations, the Blancs (Whites) are probably those which best reveal the artist's talent as a colourist. Scattered all over, without any identifiable centre or border to the canvas, the colours obey Hantaï's ambition to do away with the physical boundaries of the painting, following in this respect the 'all-over' paintings of Pollock, another mentor figure who helped the artist with his first pliages (foldings).
From Études (Studies) which he began in 1969, Hantaï appears to have adopted as a principle the strict equivalence between the painted and non-painted areas. Being the result of random folding and unfolding, the coloured areas are just as important as those left blank. The artist pushed this exploration to its limits with the Blancs series, so much so that the relationship between the two sometimes appears to be reversed: 'The splashes of colour become a tolerance of this unpainted white, almost a by-product, erratic and only there to provide contrast' (D. Fourcade, Hantaï, exhibition catalogue, Paris, Pompidou Centre, May-September 2013, p. 160). By reducing colour to the secondary role, the artist pursues his objective of effacing himself behind his work. His intervention is minimal in two ways, due to the method of pliage itself, which he had developed since the start of the 1960s (the artist acts without a defined goal, the work is simply the result of random folds in the canvas), but even more so in Blancs than in previous series, since here the application of colour is the most stripped back.
Automatism of method and maximum paucity of gesture - in this sense, the Blancs correspond most closely to the ambition expressed by Hantaï, a 'painter who didn't want to be an artist' (D. Fourcade, ibid.) 'It took me several years to assimilate 'tactility'. Now it is not what I paint that counts, but what I don't paint - the white,' he explained to Geneviève Bonnefoi (Hantaï, exhibition catalogue, Beaulieu-en-Rouergue, 1973, p. 24). In the same way, the almost systematic use of acrylic - much smoother and more matte than oil - starting with the Blancs series, marked another step towards the dematerialisation of the painting. There were now no thicknesses resulting from the pliage, no longer any impasto or glossy reflections as in the Mariales or Catamurons series, no more brushstrokes or drips as in Meuns: the Blancs appear perfectly flat with only pure colour standing out - a world from which the artist seems to have entirely withdrawn.
Depuis les Études qu'il entreprend à partir de 1969, Hantaï semble avoir posé comme principe la stricte équivalence entre le peint et le non-peint: fruits du hasard du pliage et du dépliage, les zones colorées revêtent une importance égale à celles restées en réserve. C'est avec la série des Blancs que l'artiste pousse cette exploration le plus loin, tant et si bien que le rapport entre les deux paraît parfois s'inverser : 'les éclats de couleur deviennent une tolérance de ce blanc non peint, quasiment un produit second, erratique et qui n'est là que pour faire le match' (D. Fourcade, Hantaï, catalogue d'exposition, Paris, Centre Pompidou, mai-septembre 2013, p. 160). En réduisant la couleur à la portion congrue, l'artiste poursuit son entreprise d'effacement derrière son oeuvre. Son intervention est minimale à un double égard: du fait de la méthode même du pliage qu'il a développée depuis le tournant des années 1960 (l'artiste agit sans but prédéfini, l'oeuvre ne résulte que des torsions aléatoires subie par la toile), mais, avec les Blancs plus encore que dans les séries précédentes, parce qu'ici l'application de la couleur atteint son plus haut degré de dépouillement.
Automatisme de la méthode et pauvreté maximale du geste: les Blancs sont en ce sens peut-être la série la plus en phase avec l'ambition de Hantaï, 'peintre qui ne voudrait pas être artiste.' (D. Fourcade, ibid.) 'Il m'a fallu plusieurs années pour digérer la 'tactilité'. Maintenant, ce n'est pas ce que je peins qui compte mais ce que je ne peins pas - c'est le blanc.' explique-t-il à Geneviève Bonnefoi (Hantaï, catalogue d'exposition, Beaulieu-en-Rouergue, 1973, p. 24). L'utilisation quasi systématique de l'acrylique - beaucoup plus lisse et mate que ne l'est l'huile - à partir de la série des Blancs marque en ce sens un pas de plus vers la dématérialisation du tableau. A présent, il n'y a plus d'épaisseurs liées au pliage, plus d'empâtements ni de reflets brillants comme ceux que l'on trouvait dans les Mariales ou les Catamurons, plus de coups de pinceau ni de coulures comme on les voyait dans les Meuns : les Blancs sont une aire parfaitement plane où seule scintille la couleur pure; un monde d'où l'artiste semble s'être entièrement retiré.
Produced in 1974, Blanc presents a constellation of vibrant colours leaping off the bare canvas. Magenta, golden yellow, indigo, deep blue, bright green, ruby, orangey brown - like sparkles which seem to spring from the white background, like a swarm of multi-coloured shapes whose protruding edges are reminiscent of Matisse's cut-outs, to which the artist often alluded. While most of the series marking the successive stages in the development of Hantaï's work are characterised by their monochrome variations, the Blancs (Whites) are probably those which best reveal the artist's talent as a colourist. Scattered all over, without any identifiable centre or border to the canvas, the colours obey Hantaï's ambition to do away with the physical boundaries of the painting, following in this respect the 'all-over' paintings of Pollock, another mentor figure who helped the artist with his first pliages (foldings).
From Études (Studies) which he began in 1969, Hantaï appears to have adopted as a principle the strict equivalence between the painted and non-painted areas. Being the result of random folding and unfolding, the coloured areas are just as important as those left blank. The artist pushed this exploration to its limits with the Blancs series, so much so that the relationship between the two sometimes appears to be reversed: 'The splashes of colour become a tolerance of this unpainted white, almost a by-product, erratic and only there to provide contrast' (D. Fourcade, Hantaï, exhibition catalogue, Paris, Pompidou Centre, May-September 2013, p. 160). By reducing colour to the secondary role, the artist pursues his objective of effacing himself behind his work. His intervention is minimal in two ways, due to the method of pliage itself, which he had developed since the start of the 1960s (the artist acts without a defined goal, the work is simply the result of random folds in the canvas), but even more so in Blancs than in previous series, since here the application of colour is the most stripped back.
Automatism of method and maximum paucity of gesture - in this sense, the Blancs correspond most closely to the ambition expressed by Hantaï, a 'painter who didn't want to be an artist' (D. Fourcade, ibid.) 'It took me several years to assimilate 'tactility'. Now it is not what I paint that counts, but what I don't paint - the white,' he explained to Geneviève Bonnefoi (Hantaï, exhibition catalogue, Beaulieu-en-Rouergue, 1973, p. 24). In the same way, the almost systematic use of acrylic - much smoother and more matte than oil - starting with the Blancs series, marked another step towards the dematerialisation of the painting. There were now no thicknesses resulting from the pliage, no longer any impasto or glossy reflections as in the Mariales or Catamurons series, no more brushstrokes or drips as in Meuns: the Blancs appear perfectly flat with only pure colour standing out - a world from which the artist seems to have entirely withdrawn.