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La conquête de l'air, avec deux personnages
細節
Roger de La Fresnaye (1885-1925)
La conquête de l'air, avec deux personnages
huile sur toile
117 x 96.3 cm.
Peint en 1913
oil on canvas
46 ¼ x 37 7/8 in.
Painted in 1913
La conquête de l'air, avec deux personnages
huile sur toile
117 x 96.3 cm.
Peint en 1913
oil on canvas
46 ¼ x 37 7/8 in.
Painted in 1913
來源
Atelier de l’artiste.
Madame de La Fresnaye, Paris (par succession).
Constance Coline, Paris (avant 1940).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Madame de La Fresnaye, Paris (par succession).
Constance Coline, Paris (avant 1940).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
出版
R. Cogniat et W. George, Œuvre complète de Roger de La Fresnaye, Paris, 1950, vol. I, no. 31 (illustré en couleurs).
G. Seligman, Roger de La Fresnaye, avec un catalogue raisonné, Neuchâtel, 1969, p. 156, no. 136 (illustré).
G. Seligman, Roger de La Fresnaye, avec un catalogue raisonné, Neuchâtel, 1969, p. 156, no. 136 (illustré).
展覽
Paris, Petit-Palais, Les Maîtres de l’art indépendant, 1895-1937, juin-octobre 1937, p. 90, no. 33 (titré ‘Étude pour La conquête de l’air’).
Paris, Maison de la pensée française, Roger de La Fresnaye, février-mars 1949, p. 10, no. 37(illustré, p. 9).
Paris, Musée national d’art moderne, Roger de La Fresnaye, juillet-octobre 1950, p. 28, no. 58.
Lyon, Musée de Lyon, Roger de La Fresnaye, décembre 1951-février 1952, no. 23 (titré ‘La conquête de l’air, deuxième version’).
Paris, Musée national d’art moderne, Depuis Bonnard, mars 1957, no. 103.
Saint-Tropez, Musée de l’Annonciade, Le drapeau, juillet-septembre 1977, p. 47, no. 15 (illustré, p. 46).
Saint-Tropez, Musée de l’Annonciade et Troyes, Musée d’art moderne, Roger de La Fresnaye, juin-décembre 1983, no. 43 (illustré en couleurs).
Nantes, Musée des Beaux-Arts; Humlebaek, Louisiana Museum et Bruxelles, Palais des Beaux- Arts, Depuis Matisse...La couleur: une approche de la peinture française au XXè siècle, octobre 1985-avril 1986, p. 52 (illustré en couleurs).
Le Mans, Musée de Tessé et Barcelone, Musée Picasso, Roger de La Fresnaye, cubisme et tradition, novembre 2005-juin 2006, p. 76 et 196, no. 63 (illustré en couleurs, p. 77).
Paris, Maison de la pensée française, Roger de La Fresnaye, février-mars 1949, p. 10, no. 37(illustré, p. 9).
Paris, Musée national d’art moderne, Roger de La Fresnaye, juillet-octobre 1950, p. 28, no. 58.
Lyon, Musée de Lyon, Roger de La Fresnaye, décembre 1951-février 1952, no. 23 (titré ‘La conquête de l’air, deuxième version’).
Paris, Musée national d’art moderne, Depuis Bonnard, mars 1957, no. 103.
Saint-Tropez, Musée de l’Annonciade, Le drapeau, juillet-septembre 1977, p. 47, no. 15 (illustré, p. 46).
Saint-Tropez, Musée de l’Annonciade et Troyes, Musée d’art moderne, Roger de La Fresnaye, juin-décembre 1983, no. 43 (illustré en couleurs).
Nantes, Musée des Beaux-Arts; Humlebaek, Louisiana Museum et Bruxelles, Palais des Beaux- Arts, Depuis Matisse...La couleur: une approche de la peinture française au XXè siècle, octobre 1985-avril 1986, p. 52 (illustré en couleurs).
Le Mans, Musée de Tessé et Barcelone, Musée Picasso, Roger de La Fresnaye, cubisme et tradition, novembre 2005-juin 2006, p. 76 et 196, no. 63 (illustré en couleurs, p. 77).
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更多詳情
Incontestablement, La conquête de l’air constitue l’œuvre la plus ambitieuse de Roger de La Fresnaye, le chef-d’œuvre par lequel l’artiste entre dans l’Histoire de l’art si l’on en croit Alfred Barr, le mythique conservateur américain, ou Germain Seligman, biographe de l’artiste. Réalisé en 1912-13, alors que le peintre est à l’apogée de son art, notre tableau marque l’aboutissement des recherches cubistes que l’artiste entreprend dès 1910. Mais c’est le travail sur le chromatisme, reprenant le principe cher à Robert Delaunay de la simultanéité de la couleur qui est le plus remarquable dans ce tableau. Avec La conquête de l’air, la couleur acquiert une dimension constructive et spatiale presque absolue qui devient constitutive du sujet.
Présentée dans sa version définitive (conservée aujourd’hui au Museum of Modern Art de New York; fig. 3) au Salon d’Automne de 1913, la composition fut aussitôt saluée par la critique. Rendant compte de sa visite au Salon dans Les Soirées de Paris, Guillaume Apollinaire note: «Dans le très petit nombre de toiles intéressantes figure, dans le premier rang, la Conquête de l'air de Roger de La Fresnaye, lucidement composée et distinguée».
Depuis, l’œuvre n’a cessé de susciter la passion des amateurs et des critiques. Il faut dire qu’elle renferme bien des mystères. Si le titre de l’œuvre évoque clairement la naissance de l’aéronautique, la composition ne montre, et uniquement dans la version définitive, qu’une simple montgolfière perdue dans le ciel. Figure de style, cette œuvre se veut métaphorique. Trois des quatre éléments sont clairement signifiés ici: le ciel qui occupe largement la composition, l’eau à travers le fleuve sur lequel navigue le bateau, la terre où sont attablés les deux hommes. Le vent, élément vital de l’aviation, souffle dans le drapeau tricolore, les voiles du bateau et les nuages qui lasurent le ciel. Enfin, règne dans cette composition une impression d’apesanteur. Les deux personnages flottent littéralement autour de la table. Ni la maison en bas à droite, ni le village au centre de la composition, ni même le bateau ne semblent s’ancrer solidement dans l’espace.
Autre point de mystère dans cette toile: les deux personnages de la composition. Les premières études, principalement des aquarelles et des encres (fig. 1), font apparaître trois hommes que l’on retrouve dans la première étude provenant des collections de Pierre Lévy, aujourd’hui au Musée d’Art moderne de Troyes. Finalement Roger de La Fresnaye n’en retient que deux. L’identité de ces deux modèles a fait l’objet de nombreuses spéculations.
En novembre 1953, pour célébrer le cinquantième anniversaire des premiers vols à moteur par les frères Wright, le MoMA procède à un nouvel accrochage et il se laissa dire que l’œuvre représentait les frères Wright, pionniers de l’aviation américaine. Plus tard, Germain Seligman suggère qu’il s’agirait de l’artiste et de son frère Henri, ami proche de l’aviateur Edouard Nieuport dont il reprit plus tard l’usine spécialisée dans la construction de monoplans et de biplans. Lors de la rétrospective de l’artiste organisée au Musée de Tessé au Mans en 2005, l’historienne Laura Morowitz affirme qu’il s’agit sans doute des frères Marcel et Henri Kapferer, deux pionniers de l’aviation française, amis intimes de l’artiste qui allaient devenir ses mécènes. Tous les deux étaient amateurs d’art. Henri collectionnait les œuvres d’Utrillo et de Dufy. Marcel, portraituré à de nombreuses reprises par Édouard Vuillard (fig. 2), constitua l’une des plus importantes collections d’art moderne de l’époque.
Affichant fièrement les couleurs du drapeau tricolore, La Fresnaye donne à cette œuvre une dimension patriotique évidente qui laisse peu de doute sur la nationalité des modèles. Élément nouveau et qui semble accréditer la thèse de Laura Morowitz, notre tableau est entré dans les collections de Constance Coline, parente des frères Kapferer qui possédait en outre une vue de Meulan
(lot 306) et des natures mortes de l’artiste (lot 312).
La conquête de l’air is indisputably Roger de La Fresnaye’s most ambitious work, the masterpiece through which the artist entered the history of art, if we are to believe both Alfred Barr, the legendary American conservator, and Germain Seligman, the artist’s biographer. Created in 1912-13 when the artist was at the peak of his powers, this picture demonstrates the success of the cubist experiments he had been undertaking since 1910. However, it was his work with colour which adopted the principle so dear to Robert Delaunay, the simultaneous nature of colour, which is this picture’s most remarkable feature. With La conquête de l’air, colour acquires an almost absolute spatial dimension, becoming the substance of the subject.
The composition was presented in its definitive version (now in the Museum of Modern Art, New York; fig. 3) at the 1913 Salon d’Automne and received immediate acclaim from the critics. Reporting on his visit to the exhibition in Les Soirées de Paris, Guillaume Apollinaire wrote: “Among the very few interesting canvases, La conquête de l’air by Roger de La Fresnaye, lucidly composed and distinguished, occupies first place”.
Since then, the work has continued to intrigue art lovers and critics – and it does indeed contain many mysteries. Although its title clearly refers to the birth of aviation, it is only in its final version that the composition shows a lone hot-air balloon lost in the sky. In its style, this work is intended as a metaphor. Three of the four elements are clearly depicted here: the sky which occupies much of the composition, water through the river on which the boat is sailing and earth where the two men sit at a table. The wind, the vital element of aviation, is blowing in the tricolour fag, the sails of the boat and the clouds which garnish the sky. Lastly, the composition is dominated by an impression of weightiness. The two characters literally float around the table. The house at the lower right, the village in the centre of the composition and even the boat seem not to be firmly fixed in space.
Another of the picture’s mysteries is the two characters depicted. The first studies, principally watercolours and ink drawings (fig. 1), show three men who reappear in the first study in oil originally in Pierre Lévy’s collection, now in the Museum of Modern Art, Troyes. In the end, Roger de La Fresnaye retained only two of them and their identity has aroused much speculation.
In November 1953, to celebrate the fiftieth anniversary of the first fights of motorised aircraft by the Wright brothers, MoMA re-hung the work and allowed it to be believed that it represented the Wright brothers, the American pioneers of aviation. Later, Germain Seligman suggested that the figures might be those of the artist and his brother Henri, a close friend of the aviator Edouard Nieuport whose monoplane and biplane factory he later took over. At the retrospective exhibition held at the Tessé Museum, Le Mans, in 2005, the historian Laura Morowitz affirmed that the figures were probably the brothers Marcel and Henri Kapferer, two French pioneer aviators who were close friends of the artist and later became his patrons. Both of them were art lovers: Henri collected works by Utrillo and Dufy; Marcel, whose portrait Édouard Vuillard painted many times (fig. 2), formed what was one of the most important modern art collections of its time.
Proudly displaying the colours of the tricolour fag, La Fresnaye gave this work an obviously patriotic dimension which leaves the nationality of the models in no doubt. A further point which seems to confirm Laura Morowitz’s theory is the fact that our picture entered the collections of Constance Coline, a relative of the Kapferer brothers, who also owned a view of Meulan (lot 306) together with several still lifes by the artist (including lot 312).
Présentée dans sa version définitive (conservée aujourd’hui au Museum of Modern Art de New York; fig. 3) au Salon d’Automne de 1913, la composition fut aussitôt saluée par la critique. Rendant compte de sa visite au Salon dans Les Soirées de Paris, Guillaume Apollinaire note: «Dans le très petit nombre de toiles intéressantes figure, dans le premier rang, la Conquête de l'air de Roger de La Fresnaye, lucidement composée et distinguée».
Depuis, l’œuvre n’a cessé de susciter la passion des amateurs et des critiques. Il faut dire qu’elle renferme bien des mystères. Si le titre de l’œuvre évoque clairement la naissance de l’aéronautique, la composition ne montre, et uniquement dans la version définitive, qu’une simple montgolfière perdue dans le ciel. Figure de style, cette œuvre se veut métaphorique. Trois des quatre éléments sont clairement signifiés ici: le ciel qui occupe largement la composition, l’eau à travers le fleuve sur lequel navigue le bateau, la terre où sont attablés les deux hommes. Le vent, élément vital de l’aviation, souffle dans le drapeau tricolore, les voiles du bateau et les nuages qui lasurent le ciel. Enfin, règne dans cette composition une impression d’apesanteur. Les deux personnages flottent littéralement autour de la table. Ni la maison en bas à droite, ni le village au centre de la composition, ni même le bateau ne semblent s’ancrer solidement dans l’espace.
Autre point de mystère dans cette toile: les deux personnages de la composition. Les premières études, principalement des aquarelles et des encres (fig. 1), font apparaître trois hommes que l’on retrouve dans la première étude provenant des collections de Pierre Lévy, aujourd’hui au Musée d’Art moderne de Troyes. Finalement Roger de La Fresnaye n’en retient que deux. L’identité de ces deux modèles a fait l’objet de nombreuses spéculations.
En novembre 1953, pour célébrer le cinquantième anniversaire des premiers vols à moteur par les frères Wright, le MoMA procède à un nouvel accrochage et il se laissa dire que l’œuvre représentait les frères Wright, pionniers de l’aviation américaine. Plus tard, Germain Seligman suggère qu’il s’agirait de l’artiste et de son frère Henri, ami proche de l’aviateur Edouard Nieuport dont il reprit plus tard l’usine spécialisée dans la construction de monoplans et de biplans. Lors de la rétrospective de l’artiste organisée au Musée de Tessé au Mans en 2005, l’historienne Laura Morowitz affirme qu’il s’agit sans doute des frères Marcel et Henri Kapferer, deux pionniers de l’aviation française, amis intimes de l’artiste qui allaient devenir ses mécènes. Tous les deux étaient amateurs d’art. Henri collectionnait les œuvres d’Utrillo et de Dufy. Marcel, portraituré à de nombreuses reprises par Édouard Vuillard (fig. 2), constitua l’une des plus importantes collections d’art moderne de l’époque.
Affichant fièrement les couleurs du drapeau tricolore, La Fresnaye donne à cette œuvre une dimension patriotique évidente qui laisse peu de doute sur la nationalité des modèles. Élément nouveau et qui semble accréditer la thèse de Laura Morowitz, notre tableau est entré dans les collections de Constance Coline, parente des frères Kapferer qui possédait en outre une vue de Meulan
(lot 306) et des natures mortes de l’artiste (lot 312).
La conquête de l’air is indisputably Roger de La Fresnaye’s most ambitious work, the masterpiece through which the artist entered the history of art, if we are to believe both Alfred Barr, the legendary American conservator, and Germain Seligman, the artist’s biographer. Created in 1912-13 when the artist was at the peak of his powers, this picture demonstrates the success of the cubist experiments he had been undertaking since 1910. However, it was his work with colour which adopted the principle so dear to Robert Delaunay, the simultaneous nature of colour, which is this picture’s most remarkable feature. With La conquête de l’air, colour acquires an almost absolute spatial dimension, becoming the substance of the subject.
The composition was presented in its definitive version (now in the Museum of Modern Art, New York; fig. 3) at the 1913 Salon d’Automne and received immediate acclaim from the critics. Reporting on his visit to the exhibition in Les Soirées de Paris, Guillaume Apollinaire wrote: “Among the very few interesting canvases, La conquête de l’air by Roger de La Fresnaye, lucidly composed and distinguished, occupies first place”.
Since then, the work has continued to intrigue art lovers and critics – and it does indeed contain many mysteries. Although its title clearly refers to the birth of aviation, it is only in its final version that the composition shows a lone hot-air balloon lost in the sky. In its style, this work is intended as a metaphor. Three of the four elements are clearly depicted here: the sky which occupies much of the composition, water through the river on which the boat is sailing and earth where the two men sit at a table. The wind, the vital element of aviation, is blowing in the tricolour fag, the sails of the boat and the clouds which garnish the sky. Lastly, the composition is dominated by an impression of weightiness. The two characters literally float around the table. The house at the lower right, the village in the centre of the composition and even the boat seem not to be firmly fixed in space.
Another of the picture’s mysteries is the two characters depicted. The first studies, principally watercolours and ink drawings (fig. 1), show three men who reappear in the first study in oil originally in Pierre Lévy’s collection, now in the Museum of Modern Art, Troyes. In the end, Roger de La Fresnaye retained only two of them and their identity has aroused much speculation.
In November 1953, to celebrate the fiftieth anniversary of the first fights of motorised aircraft by the Wright brothers, MoMA re-hung the work and allowed it to be believed that it represented the Wright brothers, the American pioneers of aviation. Later, Germain Seligman suggested that the figures might be those of the artist and his brother Henri, a close friend of the aviator Edouard Nieuport whose monoplane and biplane factory he later took over. At the retrospective exhibition held at the Tessé Museum, Le Mans, in 2005, the historian Laura Morowitz affirmed that the figures were probably the brothers Marcel and Henri Kapferer, two French pioneer aviators who were close friends of the artist and later became his patrons. Both of them were art lovers: Henri collected works by Utrillo and Dufy; Marcel, whose portrait Édouard Vuillard painted many times (fig. 2), formed what was one of the most important modern art collections of its time.
Proudly displaying the colours of the tricolour fag, La Fresnaye gave this work an obviously patriotic dimension which leaves the nationality of the models in no doubt. A further point which seems to confirm Laura Morowitz’s theory is the fact that our picture entered the collections of Constance Coline, a relative of the Kapferer brothers, who also owned a view of Meulan (lot 306) together with several still lifes by the artist (including lot 312).
榮譽呈獻
Valentine Legris