拍品專文
C’est à partir de 1980 que Bertrand Lavier débute son travail sur les premiers « objets peints ». Dans une démarche volontairement radicale, l’artiste place au coeur de son travail des objets courants, usuels, qu’il extraie de leur contexte en les recouvrant d’une couche de peinture qui reproduit à l’identique leur aspect. pour lui, il s’agit d’ « une peinture qui recouvre exactement ce dont elle parle ».
A la différence des artistes du pop art tels que Claes Oldenburg ou Jasper Johns, les objets qu’il travaille sont réels, conservent leur rôle fonctionnel. Il souhaite conserver cette attache dans une réalité objective, ce ne sont pas des sculptures. Toutefois, en leur appliquant une épaisse couche de peinture, il en modifie la perception et ainsi leur donne une nouvelle dimension. Il brouille par conséquent volontairement la frontière entre oeuvre d’art et objet usuel. Sa volonté est de situer son travail « à égale distance de la cuisine et de la galerie d’art, ou du supermarché et du musée. »
Si le geste initiatique d’extraire l’objet usuel de son contexte pour le placer sous le prisme du questionnement artistique rappelle évidemment l’acte fondateur du ready-made de Duchamp, Lavier – par l’introduction de la surface peinte – initie cependant sa propre voie. Plus précisément, en ajoutant cette matière picturale épaisse, il semble brouiller son sujet et son support, en donnant une version volontairement floue. L’objet se débarrasse de la rigueur matérielle propre à sa conception pour entrer pleinement dans l’univers pictural. Cette large touche qui révèle le geste de l’artiste tend donc à individualiser l’objet, à le départir de son origine sérielle.
En prenant, comme c’est le cas avec le Témoin, pour objet de travail le miroir, Lavier entend également évidemment jouer sur la symbolique qui accompagne ce dernier. En effet, en enduisant la surface réfléchissante de peinture, il annihile sa fonction première. Le spectateur s’il se contemple à travers cette oeuvre ne perçoit qu’un vague reflet, une image déformée, distordue et fugace qui immédiatement le questionne sur sa propre identité, sa vision de lui-même telle qu’elle était attendue et telle qu’elle lui est en réalité renvoyée.
It was in 1980 that Bertrand Lavier started work on his first “painted objects”. In a deliberately radical approach, the artist placed everyday, commonplace objects at the heart of his work, taking them out of their context by covering them with a layer of paint that reproduced their dimensions exactly. For him, this was “a painting that covers exactly what it speaks of”.
Unlike Pop Art artists such as Claes Oldenburg or Jasper Johns, the objects he worked with are real and retain their functional role. He wanted to conserve this attachment to an objective reality: these are not sculptures. However, by applying a thick layer of paint to them, he changed the perception of them and thus gave them a new dimension. As a consequence he deliberately blurred the boundary between a work of art and a commonplace object. His wish was to locate his work “at an equal distance from the kitchen and the art gallery, or from the supermarket and the museum.”
Although the initiatory act of taking an ordinary object out of its context to put it under the prism of artistic questioning is clearly a reminder of Duchamp’s seminal ready-made, Lavier – by introducing a painted surface – set out on his own path. More precisely by adding this thick painting material, he seems to cloud his subject and its support, producing a deliberately blurred version of it. The object is to get rid of the material rigour of its design to fully enter the pictorial world. So this broad stroke that reveals the artist’s hand tends to individualise the object, to move it away from its mass produced origin.
By taking, as is the case with Le Témoin [The Witness], a mirror as a work object, Lavier clearly also intended to play with the symbolism that accompanying it. Indeed, by coating the reflective surface in paint, he annihilates its primary function. The viewer contemplating themselves through this work sees only a vague reflection, a misshapen, distorted and fleeting image that immediately questions the viewer’s own identity, the way they see themselves as they expected to and what is in reality sent back to them.
A la différence des artistes du pop art tels que Claes Oldenburg ou Jasper Johns, les objets qu’il travaille sont réels, conservent leur rôle fonctionnel. Il souhaite conserver cette attache dans une réalité objective, ce ne sont pas des sculptures. Toutefois, en leur appliquant une épaisse couche de peinture, il en modifie la perception et ainsi leur donne une nouvelle dimension. Il brouille par conséquent volontairement la frontière entre oeuvre d’art et objet usuel. Sa volonté est de situer son travail « à égale distance de la cuisine et de la galerie d’art, ou du supermarché et du musée. »
Si le geste initiatique d’extraire l’objet usuel de son contexte pour le placer sous le prisme du questionnement artistique rappelle évidemment l’acte fondateur du ready-made de Duchamp, Lavier – par l’introduction de la surface peinte – initie cependant sa propre voie. Plus précisément, en ajoutant cette matière picturale épaisse, il semble brouiller son sujet et son support, en donnant une version volontairement floue. L’objet se débarrasse de la rigueur matérielle propre à sa conception pour entrer pleinement dans l’univers pictural. Cette large touche qui révèle le geste de l’artiste tend donc à individualiser l’objet, à le départir de son origine sérielle.
En prenant, comme c’est le cas avec le Témoin, pour objet de travail le miroir, Lavier entend également évidemment jouer sur la symbolique qui accompagne ce dernier. En effet, en enduisant la surface réfléchissante de peinture, il annihile sa fonction première. Le spectateur s’il se contemple à travers cette oeuvre ne perçoit qu’un vague reflet, une image déformée, distordue et fugace qui immédiatement le questionne sur sa propre identité, sa vision de lui-même telle qu’elle était attendue et telle qu’elle lui est en réalité renvoyée.
It was in 1980 that Bertrand Lavier started work on his first “painted objects”. In a deliberately radical approach, the artist placed everyday, commonplace objects at the heart of his work, taking them out of their context by covering them with a layer of paint that reproduced their dimensions exactly. For him, this was “a painting that covers exactly what it speaks of”.
Unlike Pop Art artists such as Claes Oldenburg or Jasper Johns, the objects he worked with are real and retain their functional role. He wanted to conserve this attachment to an objective reality: these are not sculptures. However, by applying a thick layer of paint to them, he changed the perception of them and thus gave them a new dimension. As a consequence he deliberately blurred the boundary between a work of art and a commonplace object. His wish was to locate his work “at an equal distance from the kitchen and the art gallery, or from the supermarket and the museum.”
Although the initiatory act of taking an ordinary object out of its context to put it under the prism of artistic questioning is clearly a reminder of Duchamp’s seminal ready-made, Lavier – by introducing a painted surface – set out on his own path. More precisely by adding this thick painting material, he seems to cloud his subject and its support, producing a deliberately blurred version of it. The object is to get rid of the material rigour of its design to fully enter the pictorial world. So this broad stroke that reveals the artist’s hand tends to individualise the object, to move it away from its mass produced origin.
By taking, as is the case with Le Témoin [The Witness], a mirror as a work object, Lavier clearly also intended to play with the symbolism that accompanying it. Indeed, by coating the reflective surface in paint, he annihilates its primary function. The viewer contemplating themselves through this work sees only a vague reflection, a misshapen, distorted and fleeting image that immediately questions the viewer’s own identity, the way they see themselves as they expected to and what is in reality sent back to them.