拍品專文
Fasciné par la mémoire collective, la mort et le passage du temps, Christian Boltanski appréhende ces thématiques au travers de sculptures, d’installations, d’archives et de photographies, dont beaucoup, depuis des 1985, font écho à l’histoire de l’Holocauste. En 1986, lorsqu’il réalise Monument, Christian Boltanski est invité à participer au Pavillon français de la Biennale de Venise et y présente les Enfants de Dijon dans les anciennes prisons du Palais Ducal, un lieu empreint d’histoire et de tragédie. L’année suivante, lors de la documenta de Kassel, il poursuit l’exploration de cette thématique avec une grande installation comprenant des dizaines de photographies d’enfants et d’adolescents éclairées par une ampoule.
S’inscrivant de la continuité de ces oeuvres magistrales, Monument donne à voir le visage en noir et blanc d’une fillette, semblant flotter au-dessus de photographies de papiers cadeaux. Le contraste entre la gravité du portrait et la légèreté du papier rouge engendre une tension, accentuée par les ampoules disposées en triangle, rappelant la trinité que l’artiste aime convoquer dans ses oeuvres et qui évoquent le principe catholique selon lequel tous les hommes peuvent être sauvés et devenir des saints. Cette oeuvre se révèle ainsi faite de plusieurs oppositions : la joie et la tristesse, l’ombre et la lumière, le morbide et le cérémonial, l’anonymat et la célébration de l’identité.
Les images utilisées dans la série des Monuments sont en réalité des photographies de photographies. En résulte une image floue, qui confère l’illusion d’une certaine monumentalité. En ressuscitant des photographies déjà utilisées dans des travaux précédents, Boltanski souligne le phénomène de reproductibilité ainsi que la fonction de déshumanisation de ce procédé. Dans Monument, l’artiste incite in fine le spectateur à se confronter au sujet de la photographie en se rapprochant au plus près des visages et en évacuant tout contexte extérieur.
Fascinated by collective memory, death and the passage of time, Christian Boltanski encompasses those subjects in sculptures, installations, archives and photographs, many of them, since 1985, reflecting the history of the Holocaust. When he created Monument in 1986, Christian Boltanski was invited to exhibit in the French Pavilion at the Venice Biennale and presented Les Enfants de Dijon [Children of Dijon] in the former prisons of the Ducal Palace, a place imbued with history and tragedy. The following year, at the Kassel Documenta, he continued to explore the subject with a large installation including dozens of photographs of children lit by a light bulb.
As a continuation of those masterly works, Monument shows the face of a little girl in black and white which seems to float above photographs of gift-wrapping paper. The contrast between the seriousness of the portrait and the lightness of the red paper creates a tension, accentuated by the light bulbs arranged in a triangle, reminiscent of the trinity which the artist likes to introduce into his works and invoking the Catholic principle that all of us can be saved and become saints. Thus, the work shows how it is formed of several contrasts: joy and sorrow, shadow and light, the morbid and the ceremonial, anonymity and the celebration of identity.
The images used in the Monuments series are in fact photographs of photographs, resulting in a fluid image and presenting the illusion of a certain monumentality. By resuscitating photographs already used in earlier works, Boltanski stresses the phenomenon of reproducibility and the dehumanising nature of that process. In Monument, ultimately the artist forces viewers to question themselves about photography by bringing them into close proximity with the faces and eliminating all external context.
S’inscrivant de la continuité de ces oeuvres magistrales, Monument donne à voir le visage en noir et blanc d’une fillette, semblant flotter au-dessus de photographies de papiers cadeaux. Le contraste entre la gravité du portrait et la légèreté du papier rouge engendre une tension, accentuée par les ampoules disposées en triangle, rappelant la trinité que l’artiste aime convoquer dans ses oeuvres et qui évoquent le principe catholique selon lequel tous les hommes peuvent être sauvés et devenir des saints. Cette oeuvre se révèle ainsi faite de plusieurs oppositions : la joie et la tristesse, l’ombre et la lumière, le morbide et le cérémonial, l’anonymat et la célébration de l’identité.
Les images utilisées dans la série des Monuments sont en réalité des photographies de photographies. En résulte une image floue, qui confère l’illusion d’une certaine monumentalité. En ressuscitant des photographies déjà utilisées dans des travaux précédents, Boltanski souligne le phénomène de reproductibilité ainsi que la fonction de déshumanisation de ce procédé. Dans Monument, l’artiste incite in fine le spectateur à se confronter au sujet de la photographie en se rapprochant au plus près des visages et en évacuant tout contexte extérieur.
Fascinated by collective memory, death and the passage of time, Christian Boltanski encompasses those subjects in sculptures, installations, archives and photographs, many of them, since 1985, reflecting the history of the Holocaust. When he created Monument in 1986, Christian Boltanski was invited to exhibit in the French Pavilion at the Venice Biennale and presented Les Enfants de Dijon [Children of Dijon] in the former prisons of the Ducal Palace, a place imbued with history and tragedy. The following year, at the Kassel Documenta, he continued to explore the subject with a large installation including dozens of photographs of children lit by a light bulb.
As a continuation of those masterly works, Monument shows the face of a little girl in black and white which seems to float above photographs of gift-wrapping paper. The contrast between the seriousness of the portrait and the lightness of the red paper creates a tension, accentuated by the light bulbs arranged in a triangle, reminiscent of the trinity which the artist likes to introduce into his works and invoking the Catholic principle that all of us can be saved and become saints. Thus, the work shows how it is formed of several contrasts: joy and sorrow, shadow and light, the morbid and the ceremonial, anonymity and the celebration of identity.
The images used in the Monuments series are in fact photographs of photographs, resulting in a fluid image and presenting the illusion of a certain monumentality. By resuscitating photographs already used in earlier works, Boltanski stresses the phenomenon of reproducibility and the dehumanising nature of that process. In Monument, ultimately the artist forces viewers to question themselves about photography by bringing them into close proximity with the faces and eliminating all external context.