拍品專文
Cette œuvre est référencée dans les archives de la Fondation Zao Wou-Ki et sera incluse dans le catalogue raisonné de l’artiste en préparation par Françoise Marquet et Yann Hendgen (information fournie par la Fondation Zao Wou-Ki).
« Cézanne m’a ouvert la voie ; avec lui, j’ai vu mon propre regard »
"Cézanne opened the way; with him I saw my own eyes"
Zao Wou-Ki
En 1948, lorsque Zao Wou-Ki débarque au port de Marseille, il ressent alors un besoin non assouvi d’intégrer les mouvements artistiques qui parcourent l’Europe au début du XXe siècle.
S’entourant immédiatement d’amis artistes qui façonnent l’Avant-Garde parisienne, le peintre développe ainsi une nouvelle esthétique au fur et à mesure de ses rencontres, découvertes et voyages. Son éducation artistique formelle débute à l’école des beaux-arts de Hangzhou, où il découvre la peinture à l’huile et aiguise son regard et sa technique en reproduisant des artistes tels que Picasso, Matisse et Cézanne, à partir des diverses expositions et revues artistiques à sa disposition.
Il n’est donc pas surprenant d’observer dans Sans titre une digestion encore en action de l’Avant-Garde. Ici, Zao Wou-Ki s’approprie déjà un langage pictural qui lui est propre, en défiant les règles occidentales traditionnelles de l’espace. Une assiette, une théière, des raisins et deux citrons sont facilement identifiables – les notions de l’espace et de la dimensionalité se reflètent par la présence d’ombres et de délimitations d’une table. Cependant, chaque élément semble exister dans sa propre sphère, tout en étant défini que par son entourage.
Chaque objet est également représenté sur un plan différent, notamment l’assiette et les raisins vus de face. Cette représentation de plans distincts au sein d’une même composition est typique des peintures asiatiques de la dynastie Song, et va s’accentuer dans la peinture de Zao Wou-Ki jusqu’au milieu des années 1950 où il se plonge définitivement dans l’abstraction. Nous sommes alors à l’origine d’une longue série de natures mortes se métamorphosant graduellement : le fond contextuel disparaîtra définitivement, pour
faire place à des objets flottant dans un espace « vide » mais non dénudé d’une profonde émotion.
In 1948, when Zao Wou-Ki arrived at the port of Marseille, he then had an unmet need to integrate the artistic movements that roamed Europe in the early twentieth century. Immediately surrounding himself with artist friends who fashion the Avant-Garde in Paris, the painter develops a new aesthetic as he makes new encounters, discoveries, and travels. His formal art education began at the Hangzhou Fine Arts School, where he discovered oil painting and sharpened his eyes and technique by reproducing artists such as Picasso, Matisse and Cézanne, from various exhibitions and artistic magazines at his disposal.
It is therefore not surprising to observe in No title a digestion still in action of the Avant-Garde. Here, Zao Wou-Ki already appropriates a pictorial language of his own, defying the traditional Western rules of space. A plate, a teapot, grapes and two lemons are easily identifable - the notions of space and dimensionality are refected by the presence of shadows and delimitations of a table. However, each element seems to exist in its own sphere, while being defined only by its surroundings. Each object is also represented on a different level, including the plate and the grapes seen from the front.
This representation of distinct levels within the same composition is typical of Asian paintings of the Song Dynasty, and is to be accentuated in Zao Wou-Ki’s painting until the mid-1950s when he immersed himself in the abstraction. We are then at the origin of a long series of still lives metamorphosing gradually: the contextual background will disappear defnitively, to make room for objects foating in an “empty” space but not denuded of a deep emotion.
« Cézanne m’a ouvert la voie ; avec lui, j’ai vu mon propre regard »
"Cézanne opened the way; with him I saw my own eyes"
Zao Wou-Ki
En 1948, lorsque Zao Wou-Ki débarque au port de Marseille, il ressent alors un besoin non assouvi d’intégrer les mouvements artistiques qui parcourent l’Europe au début du XXe siècle.
S’entourant immédiatement d’amis artistes qui façonnent l’Avant-Garde parisienne, le peintre développe ainsi une nouvelle esthétique au fur et à mesure de ses rencontres, découvertes et voyages. Son éducation artistique formelle débute à l’école des beaux-arts de Hangzhou, où il découvre la peinture à l’huile et aiguise son regard et sa technique en reproduisant des artistes tels que Picasso, Matisse et Cézanne, à partir des diverses expositions et revues artistiques à sa disposition.
Il n’est donc pas surprenant d’observer dans Sans titre une digestion encore en action de l’Avant-Garde. Ici, Zao Wou-Ki s’approprie déjà un langage pictural qui lui est propre, en défiant les règles occidentales traditionnelles de l’espace. Une assiette, une théière, des raisins et deux citrons sont facilement identifiables – les notions de l’espace et de la dimensionalité se reflètent par la présence d’ombres et de délimitations d’une table. Cependant, chaque élément semble exister dans sa propre sphère, tout en étant défini que par son entourage.
Chaque objet est également représenté sur un plan différent, notamment l’assiette et les raisins vus de face. Cette représentation de plans distincts au sein d’une même composition est typique des peintures asiatiques de la dynastie Song, et va s’accentuer dans la peinture de Zao Wou-Ki jusqu’au milieu des années 1950 où il se plonge définitivement dans l’abstraction. Nous sommes alors à l’origine d’une longue série de natures mortes se métamorphosant graduellement : le fond contextuel disparaîtra définitivement, pour
faire place à des objets flottant dans un espace « vide » mais non dénudé d’une profonde émotion.
In 1948, when Zao Wou-Ki arrived at the port of Marseille, he then had an unmet need to integrate the artistic movements that roamed Europe in the early twentieth century. Immediately surrounding himself with artist friends who fashion the Avant-Garde in Paris, the painter develops a new aesthetic as he makes new encounters, discoveries, and travels. His formal art education began at the Hangzhou Fine Arts School, where he discovered oil painting and sharpened his eyes and technique by reproducing artists such as Picasso, Matisse and Cézanne, from various exhibitions and artistic magazines at his disposal.
It is therefore not surprising to observe in No title a digestion still in action of the Avant-Garde. Here, Zao Wou-Ki already appropriates a pictorial language of his own, defying the traditional Western rules of space. A plate, a teapot, grapes and two lemons are easily identifable - the notions of space and dimensionality are refected by the presence of shadows and delimitations of a table. However, each element seems to exist in its own sphere, while being defined only by its surroundings. Each object is also represented on a different level, including the plate and the grapes seen from the front.
This representation of distinct levels within the same composition is typical of Asian paintings of the Song Dynasty, and is to be accentuated in Zao Wou-Ki’s painting until the mid-1950s when he immersed himself in the abstraction. We are then at the origin of a long series of still lives metamorphosing gradually: the contextual background will disappear defnitively, to make room for objects foating in an “empty” space but not denuded of a deep emotion.