JEAN DUBUFFET (1901-1985)
ƒ: In addition to the regular Buyer’s premium, a c… 顯示更多 PROVENANT D'UNE IMPORTANTE COLLECTION PRIVEE AMERICAINE
JEAN DUBUFFET (1901-1985)

Nu chamarré

細節
JEAN DUBUFFET (1901-1985)
Nu chamarré
signé et daté 'J. Dubuffet février 43' (en haut à droite)
huile sur toile
81 x 60 cm. (31 7/8 x 23 5/8 in.)
Peint en février 1943.
來源
Collection Delattre, Bordeaux
Galerie di Meo, Paris
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel en 1977
出版
L. Parrot, Jean Dubuffet, Paris, 1944, No. 2 (illustré).
G. Limbour, Tableau bon levain à vous de cuire la pâte: l'art brut de Jean Dubuffet, Paris/New York, 1953 (illustré p. 20).
M. Loreau, Catalogues des travaux de Jean Dubuffet, Fascicule I: Marionnettes de la ville et de la campagne, Lausanne, 1966, p. 38, No. 24 (illustré).
Dubuffet, in Beaux-arts magazine, Paris, 1991 (illustré en couleurs p. 9).
M. Paquet, Dubuffet, Paris, 1993, No. 20 (illustré en couleurs p. 25).
V. Da Costa et F. Hergott, Jean Dubuffet: œuvres, écrits, entretiens, Barcelone/Paris, 2006 (illustré en couleurs p. 22).
Fondation Beyeler, Jean Dubuffet: Métamorphoses of Landscape, Riehen-Bâle, 2016, No. 2 (illustré en couleurs p. 68).
展覽
San Francisco, San Francisco Museum of Modern Art, The Human Condition, juin-août 1984.
Paris, Galerie René Drouin, Tableaux et dessins de Jean Dubuffet, octobre-novembre 1944, No. 4 (illustré au catalogue d'exposition).
Francfort-sur-le-Main, Schirn Kunsthalle, Jean Dubuffet: 1901-1985, décembre 1990-mars 1991, No. 14 (illustré en couleurs au catalogue d'exposition p. 15).
Madrid, Fundacion "la Caixa", Jean Dubuffet: del paisaje fisico al paisaje mental, mars-avril 1992, No. 24 (illustré en couleurs au catalogue d'exposition p. 37).
Paris, Musée National d'Art Moderne, Centre Pompidou, Jean Dubuffet (1901-1985) exposition centenaire, septembre-décembre 2001, (illustré en couleurs au catalogue d'exposition p. 32).
注意事項
ƒ: In addition to the regular Buyer’s premium, a commission of 5.5% inclusive of VAT of the hammer price will be charged to the buyer. It will be refunded to the Buyer upon proof of export of the lot outside the European Union within the legal time limit. (Please refer to section VAT refunds)
更多詳情
'NU CHAMARRÉ'; SIGNED AND DATED UPPER RIGHT; OIL ON CANVAS.

拍品專文

« On avait longtemps cherché un tableau qui vous amusât et qui fût pourtant de la grande peinture. Eh bien ! On l'a trouvé, ou plutôt Dubuffet l'a trouvé pour nous, avec tant d'évidence qu'il n'y a pas à hésiter. »

"For a long time, we had been looking for a painting that amused you, and that had yet been a great painting. Well! We have found it, or rather Dubuffet found it for us, with so much obviousness that there is no reason to question it."

- Jean Paulhan


Quand, en 1942, Jean Dubuffet décide de quitter son activité de négociant en vin au Havre pour s’adonner tout entier à la peinture, il a déjà plus de quarante ans. C’est que, jusqu’alors, il n’était pas parvenu à trouver la voie par laquelle pénétrer dans la création artistique. Sa vocation pourtant s’était annoncée bien plus tôt : adolescent, il avait commencé des études à l’école des Beaux- Arts du Havre, puis avait suivi les cours de l’académie Julian à Paris. Ses incursions répétées dans le monde de la peinture aboutissent toutefois systématiquement à des voies sans issue, dont attestent les œuvres réalisées dans les années 1920 et 1930 (une époque que l’artiste qualifiera de « préhistoire ») – paysages académiques, natures mortes, portraits, marionnettes – où Dubuffet semble hésiter sans jamais parvenir à révéler vraiment son propre style pictural.
Et ce n’est donc qu’au début des années 1940 qu’il trouve enfin la clef à ses interrogations : c’est par un désapprentissage des conceptions traditionnelles de la peinture qu’il arrivera à se réaliser en tant qu’artiste. « Je mettais maintenant toutes valeurs en doute et la création artistique ne me paraissait plus avoir besoin de ces savoir-faire que je m’étais tant efforcé naguère d’acquérir. […] Pour la première fois je me donnais tout à fait carte blanche pour peindre en toute liberté et rapidité sans m’embarrasser de jeter sur mon travail, en le faisant, un regard critique, mais faisant mon profit de ce qui vient, expérimentant dans tous les sens et même de préférence en dépit du bon sens. » (J. Dubuffet cité in « L’art à rebours », Dubuffet, Hors série Beaux-Arts, Paris, 1991, p. 6).

Nu chamarré est un exemple exceptionnel de ce moment décisif dans la trajectoire de Jean Dubuffet. Si le sujet du tableau (un nu masculin) le rattache à une longue tradition picturale classique, le traitement stylistique que l’artiste lui applique en fait une peinture radicalement moderne. Il faut dire qu’en ce début de l’année 1943, pour la première fois, Dubuffet ne peint pas d’après un modèle mais en suivant seulement les vues de son esprit. « Dès le Nu chamarré, Jean Dubuffet peint à la fantaisie, sans plus recourir à l’observation directe d’un sujet » (M. Loreau, Catalogue des travaux de Jean Dubuffet, Fascicule I : Marionnettes de la ville et de la campagne, Paris, 1993, p. 48). En résulte une œuvre qui s’éloigne enfin du champ de l’esthétique traditionnelle, ayant davantage à voir avec les dessins d’enfants qu’avec les maîtres de la peinture classique, une peinture authentique parce qu’ayant rompu avec tous les canons préétablis de la représentation : « c’est par la mise en œuvre délibérée d’une maladresse antiplastique qu’il a réussi à faire éclater la ressemblance avec un tableau » (M. Loreau, ibid., p. 15). Nu chamarré est à rapprocher de Gardes du corps et Petit sergent-major, réalisés à la même époque et procédant de la même approche. Tous trois relèvent du champ sémantique de la société militarisée au cœur de la France occupée : si l’allusion est évidente chez les Gardes du corps et le Petit sergent-major, elle se fait plus discrète avec Nu chamarré, Dubuffet s’amusant visiblement de la polysémie de l’adjectif « chamarré » : est chamarré ce qui est bigarré, bariolé, surchargé de couleurs ; mais l’est aussi le militaire couvert de décorations et de médailles.

Ces deux acceptions tendent au ridicule : il y a dans ces ornements criards quelque chose ayant à voir avec le mauvais goût. Et tout l’art de Dubuffet se trouve précisément dans ce jeu avec les conventions, cet humour et cette propension à bousculer les frontières entre bon et mauvais goût.

Montré lors de la toute première exposition personnelle de Jean Dubuffet à la galerie René Drouin en 1944 ainsi que dans l’importante rétrospective consacrée à l’artiste en 2001 par le Centre Pompidou à l’occasion du centenaire de sa naissance, Nu chamarré fait aujourd’hui sa première apparition en vente publique.
A plusieurs égards elle annonce le quasi demi-siècle de création artistique qui suivra. Ainsi, en abolissant toute notion de perspective et en ayant recours à une palette chromatique particulièrement vive et contrastée, l'œuvre anticipe les œuvres de séries ultérieures, des vues du métro parisien jusqu’aux peintures de Paris Circus au début des années soixante.
La posture frontale et hiératique du personnage trouvera quant à elle un écho dans les Corps de dame que réalisera le peintre quelque temps plus tard. Le traitement de la musculature masculine par un découpage du corps en cellules aux épais contours noirs donne enfin une indication de ce que sera l’approche de l’espace dans l'œuvre de Dubuffet : cette décomposition cellulaire sera notamment la clef de voûte du grand cycle de l’Hourloupe, qui occupera l’artiste une vingtaine d’années plus tard.


When, in 1942, Jean Dubuffet decided to quit his activity of wine merchant in The Hague to devote himself entirely to painting, he was already more than forty years old. For, until then, he had not managed to find the path through which to penetrate into artistic creation. His vocation, however, had been announced much earlier: as a teenager, he had begun studies at the Ecole des Beaux-Arts in The Hague, then attended the courses of the Julian Academy in Paris. His repeated incursions into the world of painting always lead to dead ends though, as evidenced by the works made in the 1920s and 1930s (an era that the artist will call “prehistory”) - academic landscapes, still lives, portraits, puppets - where Dubuffet seems to hesitate without ever really revealing his own pictorial style. And so, it is only in the early 1940s that he finally finds the key to his questions: it is through a unlearning of traditional conceptions of painting that he will become an artist. “I now put all values in doubt and the artistic creation no longer seemed to me to need the know-how that I had tried so hard to acquire. [...] For the first time I gave myself completely carte blanche to paint freely and quickly without embarrassing myself to have a critical look on my work, while doing it, but taking advantage from what comes, experimenting in all directions and even preferably in spite of common sense.” (Dubuffet cited in “L’art à rebours”, Dubuffet, Special edition Beaux-Arts, Paris, 1991, p.6).

Nu chamarré is an exceptional example of this decisive moment in the trajectory of Jean Dubuffet. If the subject of the painting (a masculine nude) links it to a long tradition of pictorial painting, the stylistic treatment that the artist applies to it makes it a radically modern painting. It must be said that at the beginning of 1943, for the first time, Dubuffet did not paint according to a model but only following the views of his mind. “Since Nu chamarré, Jean Dubuffet paints with fantasy, without resorting to the direct observation of a subject” (M. Loreau, Catalogue des travaux de Jean Dubufet, Fascicule I : Marionnettes de la ville et de la campagne, Paris, 1993, p. 48). The result is a work that is finally moving away from the feld of traditional aesthetics, having more to do with the drawings of children than with the masters of classical painting, an authentic painting having broken with all the pre-established canons from the representation: “It is by the deliberate implementation of an antiplastic clumsiness that he has succeeded in showing the resemblance with a painting” (M. Loreau, ibid., 15). Nu chamarré is to be compared to Gardes du corps and Petit sergent-major, made at the same time and based on the same approach. All three are part of the semantic feld of the militarized society in the heart of occupied France: if the allusion is obvious in Gardes du corps and Petit sergent-major, it becomes more discreet with Nu chamarré, Dubuffet obviously having fun of the polysemy of the adjective “chamarré”: is entended as gaudy what is colorful, variegated, overloaded with colors; but so is the soldier covered with decorations and medals. These two meanings tend to ridicule: there is in these garish ornaments something having to do with bad taste. And all the art of Dubuffet precisely stands in this game with conventions, this humor and this propensity to move the boundaries between good and bad taste.

Shown at the very frst solo exhibition of Jean Dubuffet at the René Drouin gallery in 1944 as well as in the important retrospective devoted to the artist in 2001 by the Centre Pompidou on the occasion of the centenary of his birth, Nu chamarré is now his frst appearance in a public sale. In many ways it announces the almost half-century of artistic creation that will follow. Thus, by abolishing all notion of perspective and using a particularly bright and contrasting color palette, the work anticipates the works of later series, views of the Paris metro to the paintings of Paris Circus in the early sixties. The frontal and hieratic posture of the character will find an echo in Corps de Dames, realized by the painter some time later. The treatment of the male musculature by cutting the body into cells with thick black contours finally gives an indication of what will be the approach of space in the work of Dubuffet: this cellular decomposition will be the keystone of the great cycle Hourloupe, which will occupy the artist twenty years later.

更多來自 ART CONTEMPORAIN - VENTE DU SOIR

查看全部
查看全部