ALEXANDER CALDER (1898-1976)
ANCIENNE COLLECTION JACQUELINE & JEAN HELION
ALEXANDER CALDER (1898-1976)

Sans titre

細節
ALEXANDER CALDER (1898-1976)
Sans titre
signé du monogramme de l'artiste et daté 'CA 63’ (sur le plus grand élément noir)
mobile suspendu - feuilles de métal, fil de fer et peinture
59 x 101.6 cm. (23 ¼ x 40 in.)
Réalisé en 1963.
來源
Collection Jacqueline et Jean Hélion, Paris (cadeau de mariage de l'artiste en 1963)
Puis par descendance au propriétaire actuel
展覽
Saint-Paul-de-Vence, Fondation Maeght (avril-mai, No. 197 du catalogue d'exposition); Humlebaek, Louisiana Museum of Modern Art (juin-septembre, No. 160 du catalogue d'exposition); Amsterdam, Stedelijk Museum (octobre-novembre, No. 112 du catalogue d'exposition), Calder, 1969 (non paginé).
Donjon de Vez, Calder au Donjon de Vez, mai-septembre 1996, No. 32, p. 40 (une vue d'extérieur illustrée en couleurs au catalogue d'exposition).
更多詳情
'UNTITLED'; SIGNED WITH ARTIST’S MONOGRAM AND DATED ON THE LARGEST BLACK ELEMENT; HANGING MOBILE- SHEET METAL, WIRE AND PAINT

拍品專文

Cette œuvre est enregistrée dans les archives de la Fondation Calder, New York, sous le No. A04952.

« Calder ne suggère rien : il attrape de vrais mouvements vivants et les façonne. Ses mobiles ne signifient rien, ne renvoient à rien qu’à eux-mêmes : ils sont, voilà tout ; ce sont des absolus. »

“ Calder suggests nothing: he catches real, living movements and fashions them. His mobiles do not mean anything, do not refer to anything other than themselves: they just are, that is all; they are absolutes.“

-Jean-Paul Sartre

“ À Montparnasse il y avait aussi Alexander Calder, ce magicien du fil de fer qui s’en allait, avec un rouleau et des pinces, faire chez eux le portrait de ses amis et les suspendait ensuite à une corde pour qu’ils tournent au moindre souffle et fassent des ombres sur les murs. Il fut gagné par l’abstraction à peu près en même temps que moi, renonçant aux portraits de Léger, d’Ozenfant pour lesquels il était déjà connu. Il se mit à travailler des cosmogonies de cercles en fil de fer avec des vecteurs droits terminés par une petite sphère de bois. Le tout monté avec insolence sur un plateau comme un buste. Bien vite, il trouva que ces vecteurs pouvaient s’animer obliquement de long en large, de haut en bas et que quelques lignes courbes pouvaient bouger, présageant ces mobiles qui le firent illustre deux ou trois ans après. ”

“Also living in Montparnasse was Alexander Calder, that magician of the wire who, with a roll and some pincers would set off to the homes of friends to make portraits of them which he then hung from a string so they would turn in the slightest breeze and cast shadows on the walls. He was won over by abstraction at much the same time as I was, renouncing the portraits of Léger and Ozenfant for which he was already well known. He set to work on cosmogonies of wire circles with straight vectors ending in a little wooden sphere, the whole construction cheekily mounted on a base, like a bust. He quickly found that those vectors could be animated obliquely both lengthwise and width-wise and up and down and that a few curves could move, presaging the mobiles which were to make him famous two or three years later”.

-Jean Hélion

Un vol d’oiseaux rouges, noirs et blancs, en suspension dans l’espace. Douze taches de couleurs en mouvement, liées les unes aux autres par un simple fil de fer, abandonnées aux aléas des courants d’air. Réduisant les volatiles à leur expression la plus stylisée par des formes primitives et des couleurs élémentaires, Sans titre engendre un équilibre simple en même temps qu’un enchantement presque enfantin. Et c’est d’abord cette poésie qui touche immédiatement celui qui observe ce mobile, la poésie née de la rencontre de deux mondes opposés: celui, d’une part, de la pauvreté des matériaux – formes métalliques grossièrement découpées alliées à la rusticité du fil de fer – et celui, de l’autre, de la légèreté de l’air et de la délicatesse du mouvement ; deux univers distincts réconciliés le temps d’une oeuvre. Cette opposition n’est d’ailleurs pas sans en rappeler une autre : d’un côté l’allure massive de Calder, sa robustesse, sa taille immense ; de l’autre son art éthéré, l’élégance et la grâce de ses créations.

Les mobiles de Calder naissent au tournant des années 1930, alors que l’artiste travaille à Paris où il se lie d’amitié avec les artistes d’avant-garde, et notamment avec Jean Hélion. Comme ce dernier, Calder bascule vers l’abstraction au cours de cette période-charnière ; et comme lui, Calder reconnaît l’influence déterminante de Mondrian pour mieux s’en affranchir : « Je suis allé voir Mondrian. J’ai été bouleversé par son atelier, si grand, de toute beauté […] avec ses murs peints en blanc et divisés par des lignes noires et des rectangles de couleur vive, comme ses peintures. C’était très beau, avec une lumière croisée (il y avait des fenêtres sur les deux côtés) et j’ai pensé à ce moment-là : ‘Comme ce serait bien si tout cela bougeait.’ » (in Myfanwy Evans, The Painter’s Object, Londres, Gerald Howe, 1937, p. 62-67, traduit de l’américain par Arnauld Pierre, cité in Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Alexander Calder 1898-1976, Paris, 1996, p. 165). C’est ainsi qu’apparaissent les premiers mobiles, jouant des équilibres de masses, de formes et de couleurs, comme le font, à la même époque, les Équilibres d’Hélion.

Dès lors, Calder est le premier artiste qui parvient à créer le mouvement plutôt qu’à le suggérer. En cela, les assemblages et les constructions de Calder dépassent la notion même de sculpture, comme l’analyse très justement Jean-Paul Sartre : « S’il est vrai que la sculpture doit graver le mouvement dans l’immobile, ce serait une erreur d’apparenter l’art de Calder à celui du sculpteur. La sculpture suggère le mouvement, la peinture suggère la profondeur de la lumière. Calder ne suggère rien : il attrape de vrais mouvements vivants et les façonne. Ses mobiles ne signifient rien, ne renvoient à rien qu’à eux-mêmes : ils sont, voilà tout ; ce sont des absolus » (Jean-Paul Sartre, « Les mobiles de Calder » in Calder, Paris, 1969).
Réalisé en 1963 au faîte de la maturité stylistique de l’artiste, offert à l’occasion du mariage de Jacqueline et Jean Hélion, Sans titre est le témoin d’une amitié déjà vieille de trente ans et d’une complicité qui transparaît sur les photographies rieuses du vernissage à la galerie Louis Carré lors de l’été 1962. Déployant ses formes allongées dans l’espace, alternant entre inertie et mouvement, à mi-chemin entre la matière et la vie, Sans titre s’attèle in fine à résoudre une énigme fondamentale : « qu’est-ce que l’espace ? ». Et à la manière de Balzac, Calder pourrait répondre : « Le mouvement seul nous le révèle ; sans le mouvement, il n’est plus qu’un mot vide de sens » (Honoré de Balzac, La peau de chagrin).


A flight of red, black and white birds suspended in space. Twelve splashes of moving colours linked to one another by a simple wire, abandoned to chance draughts. Reducing the volatile creatures to their most stylised expression by primitive forms and elementary colours, Untitled engenders a simple balance and at the same time an almost childlike delight. And, first of all, it is that poetry which immediately touches the observer of this mobile, the poetry born of the meeting of two opposing worlds: the poverty of the materials – coarsely cut metallic shapes allied to the rusticity of wire – and secondly the lightness of the air and the delicacy of the movement; two distinct worlds reconciled in the time the creation takes to work. What is more, this opposition is reminiscent of another: on the one hand the massive sophistication of Calder’s work, its robustness and immense size; on the other his ethereal art, the grace and elegance of his creations.

Calder created his first mobiles at the turn of the 1930s when working in Paris where he made friends with avant-garde artists and Jean Hélion in particular. Like Hélion, Calder was veering towards abstraction during that crucial period and, like him, acknowledged the decisive influence of Mondrian so as to approach it better: “I went to see Mondrian. His studio bowled me over, so big, so beautiful with its walls painted white, divided by black lines and rectangles of vivid colours, like his paintings. It was very fine, with transverse light (there were windows on both sides) and I thought at that moment: ‘How wonderful it would be if all this could move’” (in Myfanwy Evans, The Painter’s Object, London, Gerald Howe, 1937, p. 62-67, translated into French by Arnauld Pierre, quoted in Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Alexander Calder 1898-1976, Paris, 1996, p. 165).Thus, the first mobiles appeared, playing with the balance of masses, shapes and colours just as Hélion’s Équilibres did during the same period.
Calder was the first artist to succeed in creating movement rather than simply suggesting it. In that way, Calder’s constructions went beyond the very notion of sculpture, as Jean-Paul Sartre so precisely defined it: “Although it is true that sculpture has to carve movement into what does not move, it would be a mistake to liken Calder’s work to that of a sculptor. Sculpture suggests movement, painting suggests the depth of the light. Calder suggests nothing: he catches real, living movements and fashions them. His mobiles do not mean anything, do not refer to anything other than themselves: they just are, that is all; they are absolutes” (Jean-Paul Sartre, “Les mobiles de Calder” in Calder, Paris, 1969).

Created in 1963 at the summit of the artist’s stylistic maturity and given to Jacqueline and Jean Hélion as a wedding present, Untitled bears witness to the thirty year friendship between Calder and Hélion and a complicity which shines out of the happy photographs taken at the private view at the Louis Carré gallery in the summer of 1962. Deploying its elongated shapes in space, alternating between stillness and movement, half way between the material and life, Untitled ultimately seeks to resolve a fundamental enigma: “What is space”? And, like Balzac, Calder might answer “Movement alone reveals it to us; without movement, space is no more than a meaningless word” (Honoré de Balzac, La peau de chagrin).

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