拍品專文
« C’est en étudiant la sculpture que j’ai rencontré la danse […] J’ai admiré les sculpteurs, capables de résoudre l’équation : poids du matériau = légèreté du mouvement » Doina Lemny
Eliza (Lizica) Codréano, danseuse née à Bucarest en 1901, appartient à cette génération de jeunes talents roumains qui se rendirent à Paris au début du XXème siècle à la recherche de tendances novatrices. Elle arrive en 1919, accompagnée de sa sœur aînée, Irina Codréano, qui devient élève de Bourdelle à la Grande Chaumière, puis - et cela constitue un fait exceptionnel - apprentie chez Brancusi de 1924 à 1928. A Paris, elles habitent boulevard des Capucines et fréquentent assidûment l’atelier de Brancusi et les compositeurs Marcel Mihalovici et Erik Satie.
Une certaine intimité s’établit entre les sœurs Codréano et Brancusi, liés par leurs origines roumaines. L’atelier devient une seconde maison et le lieu de nombreux repas roumains et de joyeuses soirées. C’est aussi grâce aux synergies créées dans l’atelier et à son étroite relation avec Brancusi qu’entre 1921 et 1922, Lizica rencontre nombre de personnalités du milieu artistique et littéraire et se révèle dans une nouvelle esthétique du mouvement, privilégiant l’improvisation. Dans la danse, il s’agissait de dépasser le cadre strict des formations classiques pour ouvrir le pas à des collaborations entre danseurs - devenus leur propre chorégraphes - musiciens et sculpteurs, qui concevaient les costumes et les décors. Séduit par cette nouvelle esthétique, Brancusi, photographie Lizica le 16 juin 1922 dans son atelier alors qu’elle exécute une performance sur les Gymnopédies d’Erik Satie. Le sculpteur va jusqu’à composer pour la jeune danseuse un costume rythmé de jeux de lignes, à l’aide de morceaux de tissus rayés. Il crée pour Lizica les formes géométriques en écho à toute une esthétique revendiquée en ce début de siècle par des artistes comme Sonia et Robert Delaunay, Fernand Leger, les cubistes et les dadaïstes. L’œuvre photographique de Brancusi est étroitement liée à son activité de sculpteur. Plus qu’un outil de travail, elle devient le prolongement de sa pensée. A travers ce medium, l’artiste parvient à documenter, à vérifier mais surtout à matérialiser sa vision artistique. Les photographies de Lizica, reprennent un thème cher à sa recherche, à savoir la capacité de métamorphose des formes plastiques. Dans cette photographie, la pose ondoyante et sinueuse de Lizica s’apparente aux volumétries des sculptures du maître. Le chapeau qu’elle porte, formé par deux cônes pointus et volumineux, transforme son visage radicalement, et les lignes arrondies du corps sont sacrifiées en faveur de volumes plus rigides. Il s’opère donc une transfiguration de Lizica, qui, de femme danseuse devient sculpture dansante.
' It was by studying sculpture that I discovered dance […] I admired sculptors who were able to solve the equation: weight of material = lightness of movement'. Doina Lemny
Eliza (Lizica) Codreano, a dancer born in Bucharest in 1901, was part of a generation of talented young Romanians who made their way to Paris in the early 20th century in search of innovative trends. She arrived in 1919 along with her older sister, Irina Codreano, who became a student of Bourdelle at Académie de la Grande Chaumière, then ‒ in an extraordinary feat ‒ an apprentice under Brancusi from 1924 to 1928. In Paris they lived Boulevard des Capucines and regularly frequented Brancusi's studio and the composers Marcel Mihalovici and Erik Satie.
A special bond formed between Brancusi and the Codreano sisters, grounded in their Romanian origins. The studio became a second home and the site of many Romanian meals and joyful parties. Thanks to the synergies formed in the studio and her close relationship with Brancusi, between 1921 and 1922 Lizica met numerous artistic and literary celebrities and developed a new aesthetic of movement which relied heavily on improvisation. The aim in dance was to break out of the strictures of classical training to open the door to collaborations between dancers ‒ who had become their own choreographers ‒ and musicians and sculptors, who designed the sets and costumes. Seduced by this new aesthetic, Brancusi photographed Lizica on 16 June 1922 in his studio as she gave a performance set to 'Gymnopédies' by Erik Satie. The sculptor even concocted for the young dancer a costume pulsing with rhythmic lines by assembling scraps of striped fabric. For Lizica, he created geometric shapes which echoed an aesthetic made popular at the turn of the century by artists such as Sonia and Robert Delaunay, Fernand Leger, the Cubists and the Dadaists. Brancusi's photography is closely tied to his work as a sculptor. More than a working instrument, it became an enabling extension of his thoughts. Through this medium, the artist was able to document and verify, but above all it allowed him to manifest his artistic vision. The photographs of Lizica revisit a theme that was dear to his research: the capacity for metamorphosis of plastic shapes.
In this image, Lizica's undulating, sinuous pose evokes the volumes of the master's sculptures. She wears a hat composed of two voluminous pointed cones which radically transforms her face; meanwhile the rounded lines of her body are sacrificed in favour of more rigid forms. The result is the transfiguration of Lizica, who morphs from woman dancer to dancing sculpture.
Eliza (Lizica) Codréano, danseuse née à Bucarest en 1901, appartient à cette génération de jeunes talents roumains qui se rendirent à Paris au début du XXème siècle à la recherche de tendances novatrices. Elle arrive en 1919, accompagnée de sa sœur aînée, Irina Codréano, qui devient élève de Bourdelle à la Grande Chaumière, puis - et cela constitue un fait exceptionnel - apprentie chez Brancusi de 1924 à 1928. A Paris, elles habitent boulevard des Capucines et fréquentent assidûment l’atelier de Brancusi et les compositeurs Marcel Mihalovici et Erik Satie.
Une certaine intimité s’établit entre les sœurs Codréano et Brancusi, liés par leurs origines roumaines. L’atelier devient une seconde maison et le lieu de nombreux repas roumains et de joyeuses soirées. C’est aussi grâce aux synergies créées dans l’atelier et à son étroite relation avec Brancusi qu’entre 1921 et 1922, Lizica rencontre nombre de personnalités du milieu artistique et littéraire et se révèle dans une nouvelle esthétique du mouvement, privilégiant l’improvisation. Dans la danse, il s’agissait de dépasser le cadre strict des formations classiques pour ouvrir le pas à des collaborations entre danseurs - devenus leur propre chorégraphes - musiciens et sculpteurs, qui concevaient les costumes et les décors. Séduit par cette nouvelle esthétique, Brancusi, photographie Lizica le 16 juin 1922 dans son atelier alors qu’elle exécute une performance sur les Gymnopédies d’Erik Satie. Le sculpteur va jusqu’à composer pour la jeune danseuse un costume rythmé de jeux de lignes, à l’aide de morceaux de tissus rayés. Il crée pour Lizica les formes géométriques en écho à toute une esthétique revendiquée en ce début de siècle par des artistes comme Sonia et Robert Delaunay, Fernand Leger, les cubistes et les dadaïstes. L’œuvre photographique de Brancusi est étroitement liée à son activité de sculpteur. Plus qu’un outil de travail, elle devient le prolongement de sa pensée. A travers ce medium, l’artiste parvient à documenter, à vérifier mais surtout à matérialiser sa vision artistique. Les photographies de Lizica, reprennent un thème cher à sa recherche, à savoir la capacité de métamorphose des formes plastiques. Dans cette photographie, la pose ondoyante et sinueuse de Lizica s’apparente aux volumétries des sculptures du maître. Le chapeau qu’elle porte, formé par deux cônes pointus et volumineux, transforme son visage radicalement, et les lignes arrondies du corps sont sacrifiées en faveur de volumes plus rigides. Il s’opère donc une transfiguration de Lizica, qui, de femme danseuse devient sculpture dansante.
' It was by studying sculpture that I discovered dance […] I admired sculptors who were able to solve the equation: weight of material = lightness of movement'. Doina Lemny
Eliza (Lizica) Codreano, a dancer born in Bucharest in 1901, was part of a generation of talented young Romanians who made their way to Paris in the early 20th century in search of innovative trends. She arrived in 1919 along with her older sister, Irina Codreano, who became a student of Bourdelle at Académie de la Grande Chaumière, then ‒ in an extraordinary feat ‒ an apprentice under Brancusi from 1924 to 1928. In Paris they lived Boulevard des Capucines and regularly frequented Brancusi's studio and the composers Marcel Mihalovici and Erik Satie.
A special bond formed between Brancusi and the Codreano sisters, grounded in their Romanian origins. The studio became a second home and the site of many Romanian meals and joyful parties. Thanks to the synergies formed in the studio and her close relationship with Brancusi, between 1921 and 1922 Lizica met numerous artistic and literary celebrities and developed a new aesthetic of movement which relied heavily on improvisation. The aim in dance was to break out of the strictures of classical training to open the door to collaborations between dancers ‒ who had become their own choreographers ‒ and musicians and sculptors, who designed the sets and costumes. Seduced by this new aesthetic, Brancusi photographed Lizica on 16 June 1922 in his studio as she gave a performance set to 'Gymnopédies' by Erik Satie. The sculptor even concocted for the young dancer a costume pulsing with rhythmic lines by assembling scraps of striped fabric. For Lizica, he created geometric shapes which echoed an aesthetic made popular at the turn of the century by artists such as Sonia and Robert Delaunay, Fernand Leger, the Cubists and the Dadaists. Brancusi's photography is closely tied to his work as a sculptor. More than a working instrument, it became an enabling extension of his thoughts. Through this medium, the artist was able to document and verify, but above all it allowed him to manifest his artistic vision. The photographs of Lizica revisit a theme that was dear to his research: the capacity for metamorphosis of plastic shapes.
In this image, Lizica's undulating, sinuous pose evokes the volumes of the master's sculptures. She wears a hat composed of two voluminous pointed cones which radically transforms her face; meanwhile the rounded lines of her body are sacrificed in favour of more rigid forms. The result is the transfiguration of Lizica, who morphs from woman dancer to dancing sculpture.