拍品專文
« Si c’est « La part du vent » que vous trouvez intéressante sachez que c’est le seul dont il m’est désagréable d’entendre dire du mal.»
“If it’s “La part du vent” that you are interested in, please bear in mind that it’s the only one that I cannot bear to have criticised.”
Nicolas de Staël
« Ceux qui resteront le plus seront ceux que leur vision intérieure terrasse, et non ceux qui cherchent l’éblouissement de la couleur… » écrit la célèbre galeriste et figure incontournable de l’art au tournant de la seconde guerre mondiale Jeanne Bucher en 1945. Son regard et son sens de la peinture ne la trompent donc pas lorsque, quelques années plus tôt, elle découvre le travail de Nicolas de Staël à qui elle va offrir sa toute première exposition personnelle à Paris en février 1944. Staël s’est installé à Paris en 1943 quittant Nice où il vivait avec sa famille composée de Jeannine Guillou qu’il a rencontrée lors de ses années passées à voyager au Maroc, du fils de cette dernière Antek et de leur petite Anne. Jeanne Bucher qui les aide à s’installer dans un logis rue Nollet sert également d’atelier. Ce retour à Paris procure au peintre une énergie pour travailler qu’il ne parvenait pas à trouver dans le sud de la France. Il écrit d’ailleurs à Alberto Magnelli cette année-là : « il y a cette fièvre de travail qui vous saisit véritablement ». Le début des années 1940 a été une période de construction pour Staël. Les amitiés artistiques qu’il noue alors sont le reflet de ses préoccupations esthétiques. Ainsi, il fréquente Sonia Delaunay, Magnelli, Kandinsky et admire Braque. Mais surtout, en 1944, il fait la connaissance d’un autre artiste russe installé à Paris depuis 1921 : André Lanskoy. Les deux hommes se lient d’amitié et Lanskoy, qui a amorcé un virage abstrait dans sa peinture dès 1938, encourage Staël dans ses recherches et ses explorations. Leurs origines communes les rapprochent et ils partagent une même approche de la composition et de l’emploi de la couleur pour structurer les plans. Ils porteront d’ailleurs ensemble le cercueil de Kandinsky lors de son enterrement en décembre 1944, passage d’un relais entre deux générations d’artistes qui vont ouvrir la voie à une abstraction sensible, alliant une certaine rigueur à la modulation des tonalités.
La Part du vent, peint par Staël entre 1944 et 1945, appartient ainsi aux oeuvres les plus abouties de cette période charnière pour le peintre. Comme l’explique Anne de Staël : « On voit dans les toiles de cette époque 44, 45, 46, le dessin rentrer de plus en plus et la matière monter en épaisseur. Il peint La Part du vent, Composition en noir, Port Manech […]. La couleur va du noir au gris-vert, aux verts sombres, aux terres grises, aux noirs-verts, la lumière sort de la toile par couteaux. Un jaune, un bleu, un rouge qui sortent par le tesson d’un vitrail. Des feux de dessous font monter leurs braises autour des formes noires et déjà le poids des formes aiguise des arêtes de lumière. La matière est veloutée et riche comme la surface des hautes mers. » (cité in F. de Staël, Nicolas de Staël catalogue raisonné, Neuchâtel, 1997, p. 102). C’est également à cette époque que Staël fait la connaissance de l’industriel Jean Bauret, jeune collectionneur, qui repère son travail et devient rapidement un des soutiens les plus indéfectibles du peintre. Staël apprécie ce regard extérieur porté sur son oeuvre qui l’aide à progresser. Il écrit ainsi à ce dernier au sujet de La Part du vent : « Très cher Bauret, […] il s’agit dans tout cela non pas de structure, d’ossature, il s’agit de peau, d’étoffe, de qualité d’étoffe au toucher de chaque sens. Il m’est bien délicat d’en parler. Si c’est « La part du vent » que vous trouvez intéressante sachez que c’est le seul dont il m’est désagréable d’entendre dire du mal. ».
Il s’agit donc d’une période contrastée pour Staël. S’il connaît ses premières reconnaissances artistiques et parvient à réaliser quelques oeuvres déjà extrêmement puissantes, sa situation financière demeure cependant précaire et le quotidien difficile. Parmi les plus belles compositions de cette période à laquelle appartient La Part du vent, les titres sont souvent révélateurs de cette rudesse de l’existence : La vie dure (1946, collection du Centre Pompidou), Peinture (Vent de bourre ; Vent debout) (1947, collection du MoMA) ou encore Composition en noir (1946, collection de la Kunsthaus de Zürich). Néanmoins, l’attention de ses pairs se fait de plus en plus présente et les galeristes ne tardent pas non plus à s’intéresser à son travail. C’est ainsi que Louis Gabriel Clayeux, qui est alors l’assistant du célèbre marchand Louis Carré le fait entrer à la galerie. Clayeux fut parmi les premiers admirateurs de Staël et le propriétaire originel de La Part du vent qu’il conserva pendant près de quarante ans dans sa collection. Il se rappellera en effet « J’ai surtout connu Staël chez Jeanne Bucher à sa première exposition, et là je me suis vraiment intéressé à sa peinture. C’était à l’époque de la rue Nollet. D’ailleurs j’ai acheté à cette époque des tableaux que j’ai toujours. ».
Considérée par Staël comme une des oeuvres les plus importantes de ce cycle, La Part du vent est le fruit de près de dix années de gestation artistique. C’est l’une de ses premières oeuvres dans laquelle il atteint cette voie si particulière et singulière où il ne semble choisir ni la figuration ni l’abstraction. « L’instinct est de perfection inconsciente et mes tableaux vivent d’imperfection consciente. » écrit-il alors. Nul doute que La Part du vent s’est nourrie du bagage culturel et artistique de Staël. Il serait par conséquent tentant d’évoquer l’origine de cette expression, car la « part du vent » est aussi le terrible tribut payé par Agamemnon qui sacrifia sa fille Iphigénie afin que les Dieux finissent par faire souffler le vent qui emmènera sa flotte vers Troie. Staël, plus jeune, fut fasciné par les écrits de Virgile qui lui donnèrent ses premières visions artistiques. Ses quelques lignes écrites dans la revue de son collège semblent offrir un écho particulier à la vision de cette Part du vent : « Voici Troie dans la nuit qui s’allume. Le ciel est en feu, la terre en sang. L’air vibre et la chaleur brûle dans la nuit. Sur les flots où passe l’odeur des tamaris, les carènes d’or, voiles d’argent et câbles blancs, portent Enée et ses rudes compagnons. Que de tableaux grandioses, que de décors de rêves ! ». (cité in L. Greilsamer, Le Prince foudroyé, La vie de Nicolas de Staël, Paris, 1998, p. 65).
In 1945, the famous gallerist Jeanne Bucher, who was a prominent figure in art around the time of World War II, wrote: “Those who endure will be those whose inner vision overwhelms them, not those who seek the dazzle of colour…” So, her eye and her feel for painting didn’t fail her when she came across Nicolas de Staël’s work a few years later. She gave the artist his first personal exhibition in Paris in February 1944. In 1943, Staël moved to Paris from Nice, where he was living with his family - Jeannine Guillou, whom he met during his years travelling around Morocco, her son Antek and their little daughter Anne. Jeanne Bucher helped settle them in a house in rue Nollet, which also served as a studio. Returning to Paris filled the painter with an energy for his work which had eluded him in the south of France. That year, he wrote to Alberto Magnelli: “there’s this feverish desire to work, which really takes hold of you”. The early 1940s were formative years for Staël. The friendships that he established were a reflection of his aesthetic interests. As a consequence, he often saw Sonia Delaunay, Magnelli and Kandinsky, and was an admirer of Braque. However most notably, in 1944, he made the acquaintance of another Russian artist who had been living in Paris since 1921: André Lanskoy. The two men became friends and Lanskoy, who had begun a shift towards abstract painting in 1938, encouraged Staël to keep searching and exploring. Brought together by their common roots, they also shared a similar approach to composition and the use of colour to construct planes. The pair would also carry Kandinsky’s coffin together at his funeral in December 1944. The baton was being passed to the next generation of artists, who would usher in a sensitive form of abstraction which combined a certain rigour with modulation in tone.
So it is that La Part du vent, which Staël painted between 1944 and 1945, is one of the most accomplished works from this pivotal period for the artist. As Anne de Staël explains: “In the canvasses from this period, ‘44, ‘45, ‘46, we see the drawing becoming less and less prominent and the thickness of the paint increasing. He painted La Part du vent, Composition en noir, Port Manech […]. The colour goes from black to grey-green, dark greens, earthy greys and black greens, the light comes out of the canvas in blades. A yellow, a blue and a red emerge like a shard of stained glass. Fires down below send up their embers around the black forms and the weight of these forms alone hones the blades of light. The medium is velvety and rich, like the surface of the high seas.” (quote from F. de Staël, Nicolas de Staël catalogue raisonné, Neuchâtel, 1997, p.102). It was also during this period that Staël got to know the industrialist Jean Bauret, a young collector who saw something in his work and soon became one of the painter’s most tireless supporters. Staël appreciated this outside view of his work, which helped him progress. He wrote the following to his friend, on the subject of La Part du vent: “Dearest Bauret, […] it isn’t all about structure or bones, it’s about skin, about fabric, about how the fabric feels to every sense. I find it hard to talk about. If it’s “La part du vent” that you are interested in, please bear in mind that it’s the only one that I cannot bear to have criticised.”
This was a mixed period for Staël. Although he was beginning to be recognised for his work and already producing some extremely powerful pieces, his financial situation remained very precarious nonetheless, and daily life was still a struggle. Some of the titles of his best compositions from this period, which include La Part du vent, often hint at this harsh existence: La vie dure (Hard life) (1946, Centre Pompidou collection), Peinture (Vent de bourre; Vent debout) (Painting (Rushing wind; Headwind)) (1947, MoMA collection) and Composition en noir (Composition in black) (1946, Zürich Kunsthaus). However, he increasingly attracted the attention of his peers and it wasn’t long before gallerists were also showing an interest in his work. So it was that Louis Gabriel Clayeux, the assistant of the famous art dealer Louis Carré, brought him to the gallery. Clayeux was one of Staël’s first admirers and the original owner of La Part du vent, which he kept in his collection for almost forty years. Indeed, he recalled that “I knew Staël mainly from his first exhibition at Jeanne Bucher’s gallery, his painting really interested me then. This was during the rue Nollet period. That’s also when I bought the paintings that I still have.”
Regarded by Staël as one of his most important works of this cycle, La Part du vent is therefore the product of ten years of artistic gestation. It is one of the first works in which he achieves this very particular, unique approach in which he seemingly chooses neither figuration nor abstraction. At the time, he wrote: “Instinct is subconscious perfection and my paintings depend on conscious imperfection. There is no question that La Part du vent was influenced by Staël’s cultural and artistic background. In light of this, it is hard not to mention the origins of the expression “La part du vent”, meaning “A fair wind”, which also refers to the terrible tribute paid by Agamemnon, who sacrificed his daughter Iphigenia to appease the gods, so they would finally send the wind which would take his fleet to Troy. In his youth, Staël was fascinated by Virgil’s writings, which inspired his first artistic leanings. We should therefore read these lines written in his high school magazine, which seem to be somewhat reflected in his vision of this Part du vent: “Here is Troy in the lit-up night. The sky is on fire, the earth is bloody. The air is vibrating and the heat is burning in the night. On the waters with the passing smell of the tamarisks, the hulls of gold, sails of silver and white ropes, carrying Aeneas and his vulgar companions… what magnificent scenes, what splendid adornments!” (quote from L. Greilsamer, Le Prince foudroyé, La vie de Nicolas de Staël, Paris, 1998, p.65).
« J’ai besoin de sentir la vie devant moi et de la saisir tout entière, telle qu’elle m’entre dans la peau. »
“I need to feel life in front of me and grasp every part of it, so that it gets under my skin.”
Nicolas de Staël
“If it’s “La part du vent” that you are interested in, please bear in mind that it’s the only one that I cannot bear to have criticised.”
Nicolas de Staël
« Ceux qui resteront le plus seront ceux que leur vision intérieure terrasse, et non ceux qui cherchent l’éblouissement de la couleur… » écrit la célèbre galeriste et figure incontournable de l’art au tournant de la seconde guerre mondiale Jeanne Bucher en 1945. Son regard et son sens de la peinture ne la trompent donc pas lorsque, quelques années plus tôt, elle découvre le travail de Nicolas de Staël à qui elle va offrir sa toute première exposition personnelle à Paris en février 1944. Staël s’est installé à Paris en 1943 quittant Nice où il vivait avec sa famille composée de Jeannine Guillou qu’il a rencontrée lors de ses années passées à voyager au Maroc, du fils de cette dernière Antek et de leur petite Anne. Jeanne Bucher qui les aide à s’installer dans un logis rue Nollet sert également d’atelier. Ce retour à Paris procure au peintre une énergie pour travailler qu’il ne parvenait pas à trouver dans le sud de la France. Il écrit d’ailleurs à Alberto Magnelli cette année-là : « il y a cette fièvre de travail qui vous saisit véritablement ». Le début des années 1940 a été une période de construction pour Staël. Les amitiés artistiques qu’il noue alors sont le reflet de ses préoccupations esthétiques. Ainsi, il fréquente Sonia Delaunay, Magnelli, Kandinsky et admire Braque. Mais surtout, en 1944, il fait la connaissance d’un autre artiste russe installé à Paris depuis 1921 : André Lanskoy. Les deux hommes se lient d’amitié et Lanskoy, qui a amorcé un virage abstrait dans sa peinture dès 1938, encourage Staël dans ses recherches et ses explorations. Leurs origines communes les rapprochent et ils partagent une même approche de la composition et de l’emploi de la couleur pour structurer les plans. Ils porteront d’ailleurs ensemble le cercueil de Kandinsky lors de son enterrement en décembre 1944, passage d’un relais entre deux générations d’artistes qui vont ouvrir la voie à une abstraction sensible, alliant une certaine rigueur à la modulation des tonalités.
La Part du vent, peint par Staël entre 1944 et 1945, appartient ainsi aux oeuvres les plus abouties de cette période charnière pour le peintre. Comme l’explique Anne de Staël : « On voit dans les toiles de cette époque 44, 45, 46, le dessin rentrer de plus en plus et la matière monter en épaisseur. Il peint La Part du vent, Composition en noir, Port Manech […]. La couleur va du noir au gris-vert, aux verts sombres, aux terres grises, aux noirs-verts, la lumière sort de la toile par couteaux. Un jaune, un bleu, un rouge qui sortent par le tesson d’un vitrail. Des feux de dessous font monter leurs braises autour des formes noires et déjà le poids des formes aiguise des arêtes de lumière. La matière est veloutée et riche comme la surface des hautes mers. » (cité in F. de Staël, Nicolas de Staël catalogue raisonné, Neuchâtel, 1997, p. 102). C’est également à cette époque que Staël fait la connaissance de l’industriel Jean Bauret, jeune collectionneur, qui repère son travail et devient rapidement un des soutiens les plus indéfectibles du peintre. Staël apprécie ce regard extérieur porté sur son oeuvre qui l’aide à progresser. Il écrit ainsi à ce dernier au sujet de La Part du vent : « Très cher Bauret, […] il s’agit dans tout cela non pas de structure, d’ossature, il s’agit de peau, d’étoffe, de qualité d’étoffe au toucher de chaque sens. Il m’est bien délicat d’en parler. Si c’est « La part du vent » que vous trouvez intéressante sachez que c’est le seul dont il m’est désagréable d’entendre dire du mal. ».
Il s’agit donc d’une période contrastée pour Staël. S’il connaît ses premières reconnaissances artistiques et parvient à réaliser quelques oeuvres déjà extrêmement puissantes, sa situation financière demeure cependant précaire et le quotidien difficile. Parmi les plus belles compositions de cette période à laquelle appartient La Part du vent, les titres sont souvent révélateurs de cette rudesse de l’existence : La vie dure (1946, collection du Centre Pompidou), Peinture (Vent de bourre ; Vent debout) (1947, collection du MoMA) ou encore Composition en noir (1946, collection de la Kunsthaus de Zürich). Néanmoins, l’attention de ses pairs se fait de plus en plus présente et les galeristes ne tardent pas non plus à s’intéresser à son travail. C’est ainsi que Louis Gabriel Clayeux, qui est alors l’assistant du célèbre marchand Louis Carré le fait entrer à la galerie. Clayeux fut parmi les premiers admirateurs de Staël et le propriétaire originel de La Part du vent qu’il conserva pendant près de quarante ans dans sa collection. Il se rappellera en effet « J’ai surtout connu Staël chez Jeanne Bucher à sa première exposition, et là je me suis vraiment intéressé à sa peinture. C’était à l’époque de la rue Nollet. D’ailleurs j’ai acheté à cette époque des tableaux que j’ai toujours. ».
Considérée par Staël comme une des oeuvres les plus importantes de ce cycle, La Part du vent est le fruit de près de dix années de gestation artistique. C’est l’une de ses premières oeuvres dans laquelle il atteint cette voie si particulière et singulière où il ne semble choisir ni la figuration ni l’abstraction. « L’instinct est de perfection inconsciente et mes tableaux vivent d’imperfection consciente. » écrit-il alors. Nul doute que La Part du vent s’est nourrie du bagage culturel et artistique de Staël. Il serait par conséquent tentant d’évoquer l’origine de cette expression, car la « part du vent » est aussi le terrible tribut payé par Agamemnon qui sacrifia sa fille Iphigénie afin que les Dieux finissent par faire souffler le vent qui emmènera sa flotte vers Troie. Staël, plus jeune, fut fasciné par les écrits de Virgile qui lui donnèrent ses premières visions artistiques. Ses quelques lignes écrites dans la revue de son collège semblent offrir un écho particulier à la vision de cette Part du vent : « Voici Troie dans la nuit qui s’allume. Le ciel est en feu, la terre en sang. L’air vibre et la chaleur brûle dans la nuit. Sur les flots où passe l’odeur des tamaris, les carènes d’or, voiles d’argent et câbles blancs, portent Enée et ses rudes compagnons. Que de tableaux grandioses, que de décors de rêves ! ». (cité in L. Greilsamer, Le Prince foudroyé, La vie de Nicolas de Staël, Paris, 1998, p. 65).
In 1945, the famous gallerist Jeanne Bucher, who was a prominent figure in art around the time of World War II, wrote: “Those who endure will be those whose inner vision overwhelms them, not those who seek the dazzle of colour…” So, her eye and her feel for painting didn’t fail her when she came across Nicolas de Staël’s work a few years later. She gave the artist his first personal exhibition in Paris in February 1944. In 1943, Staël moved to Paris from Nice, where he was living with his family - Jeannine Guillou, whom he met during his years travelling around Morocco, her son Antek and their little daughter Anne. Jeanne Bucher helped settle them in a house in rue Nollet, which also served as a studio. Returning to Paris filled the painter with an energy for his work which had eluded him in the south of France. That year, he wrote to Alberto Magnelli: “there’s this feverish desire to work, which really takes hold of you”. The early 1940s were formative years for Staël. The friendships that he established were a reflection of his aesthetic interests. As a consequence, he often saw Sonia Delaunay, Magnelli and Kandinsky, and was an admirer of Braque. However most notably, in 1944, he made the acquaintance of another Russian artist who had been living in Paris since 1921: André Lanskoy. The two men became friends and Lanskoy, who had begun a shift towards abstract painting in 1938, encouraged Staël to keep searching and exploring. Brought together by their common roots, they also shared a similar approach to composition and the use of colour to construct planes. The pair would also carry Kandinsky’s coffin together at his funeral in December 1944. The baton was being passed to the next generation of artists, who would usher in a sensitive form of abstraction which combined a certain rigour with modulation in tone.
So it is that La Part du vent, which Staël painted between 1944 and 1945, is one of the most accomplished works from this pivotal period for the artist. As Anne de Staël explains: “In the canvasses from this period, ‘44, ‘45, ‘46, we see the drawing becoming less and less prominent and the thickness of the paint increasing. He painted La Part du vent, Composition en noir, Port Manech […]. The colour goes from black to grey-green, dark greens, earthy greys and black greens, the light comes out of the canvas in blades. A yellow, a blue and a red emerge like a shard of stained glass. Fires down below send up their embers around the black forms and the weight of these forms alone hones the blades of light. The medium is velvety and rich, like the surface of the high seas.” (quote from F. de Staël, Nicolas de Staël catalogue raisonné, Neuchâtel, 1997, p.102). It was also during this period that Staël got to know the industrialist Jean Bauret, a young collector who saw something in his work and soon became one of the painter’s most tireless supporters. Staël appreciated this outside view of his work, which helped him progress. He wrote the following to his friend, on the subject of La Part du vent: “Dearest Bauret, […] it isn’t all about structure or bones, it’s about skin, about fabric, about how the fabric feels to every sense. I find it hard to talk about. If it’s “La part du vent” that you are interested in, please bear in mind that it’s the only one that I cannot bear to have criticised.”
This was a mixed period for Staël. Although he was beginning to be recognised for his work and already producing some extremely powerful pieces, his financial situation remained very precarious nonetheless, and daily life was still a struggle. Some of the titles of his best compositions from this period, which include La Part du vent, often hint at this harsh existence: La vie dure (Hard life) (1946, Centre Pompidou collection), Peinture (Vent de bourre; Vent debout) (Painting (Rushing wind; Headwind)) (1947, MoMA collection) and Composition en noir (Composition in black) (1946, Zürich Kunsthaus). However, he increasingly attracted the attention of his peers and it wasn’t long before gallerists were also showing an interest in his work. So it was that Louis Gabriel Clayeux, the assistant of the famous art dealer Louis Carré, brought him to the gallery. Clayeux was one of Staël’s first admirers and the original owner of La Part du vent, which he kept in his collection for almost forty years. Indeed, he recalled that “I knew Staël mainly from his first exhibition at Jeanne Bucher’s gallery, his painting really interested me then. This was during the rue Nollet period. That’s also when I bought the paintings that I still have.”
Regarded by Staël as one of his most important works of this cycle, La Part du vent is therefore the product of ten years of artistic gestation. It is one of the first works in which he achieves this very particular, unique approach in which he seemingly chooses neither figuration nor abstraction. At the time, he wrote: “Instinct is subconscious perfection and my paintings depend on conscious imperfection. There is no question that La Part du vent was influenced by Staël’s cultural and artistic background. In light of this, it is hard not to mention the origins of the expression “La part du vent”, meaning “A fair wind”, which also refers to the terrible tribute paid by Agamemnon, who sacrificed his daughter Iphigenia to appease the gods, so they would finally send the wind which would take his fleet to Troy. In his youth, Staël was fascinated by Virgil’s writings, which inspired his first artistic leanings. We should therefore read these lines written in his high school magazine, which seem to be somewhat reflected in his vision of this Part du vent: “Here is Troy in the lit-up night. The sky is on fire, the earth is bloody. The air is vibrating and the heat is burning in the night. On the waters with the passing smell of the tamarisks, the hulls of gold, sails of silver and white ropes, carrying Aeneas and his vulgar companions… what magnificent scenes, what splendid adornments!” (quote from L. Greilsamer, Le Prince foudroyé, La vie de Nicolas de Staël, Paris, 1998, p.65).
« J’ai besoin de sentir la vie devant moi et de la saisir tout entière, telle qu’elle m’entre dans la peau. »
“I need to feel life in front of me and grasp every part of it, so that it gets under my skin.”
Nicolas de Staël