拍品專文
Le raffinement du masque Baoulé, présenté ici, est transcendé par ses proportions harmonieuses et la délicatesse de ses traits. L’artiste a divisé horizontalement le visage en deux plans, souligné par des yeux en amande fendus et des scarifications, suivant ainsi la proportion dorée. Les paupières en croissant de lune s’encastrent sous des sourcils en arcs de voûte hachurés révélant un large front surmonté d’une coiffure en diadème. La longue arête médiane du nez forme un axe vertical qui confère un aspect symétrique au masque. Ces masques Baoulé étaient déjà présents sur le marché de l'art, à Paris, au début du XXe siècle. Ils ont sans doute inspiré Modigliani qui sculptait des visages en pierre, étirés, offrant la même stylisation, entre 1911 et 1913.
Une étude méticuleuse du corpus des masques Baoulé connus a révélé l’existence de deux autres masques du même artiste. Le premier fut vendu aux enchères à Paris, en 1994 (Maîtres Laurin – Guilloux – Buffetaud – Tailleur, Collection de M. F. Rambaud et à divers amateurs. Art Nègre, Océanie, 21 octobre 1994, lot 14). Bien qu’il soit surmonté de deux cornes, au lieu d'un récipient comme sur notre exemplaire, le masque présente les mêmes caractéristiques stylistiques (paupières en demi-sphères, double rangée de scarifications en motifs quadrillés sur les tempes, nez long et fin, de délicates narines, une petite bouche ovale et un menton quasi-inexistant). Un troisième exemplaire, du même sculpteur, se trouve dans la collection de la Fondation Dapper (inv. n° 0329). Les bords de ces trois masques sont auréolés de motifs en zig-zags avec un rétrécissement en direction du menton.
Les masques Baoulé étaient dansés à l’occasion de cérémonies et de festivités, tenant une fonction de divertissement. Ils interprétaient une variété de personnages en fonction des différents attributs de chacun. Le récipient qui se trouve sur notre exemplaire évoque certainement une femme qui tenait un rôle de soignante et de prodigueuse au sein de la communauté. Ce masque était dansé en la présence de cette femme, lui rendant ainsi hommage. Les traits délicats de l'exemplaire présenté ici traduit un idéal de beauté et de sérénité.
Le masque présenté ici a été acheté aux enchères le 31 mai 1930 (Léon Flagel - André Portier, Hôtel Drouot, Paris, Arts primitifs, lot 289) et entra dans la collection d’Helena Rubinstein (1872-1965), devenant ainsi l’une de ses premières acquisitions en art africain. Symbole d’une émancipation féminine et sociale réussie, cette grande dame de la cosmétique a bâti une collection importante d’art africain qui fût le prolongement d’elle-même : remarquable, sophistiquée, avant-garde et élégante. Soucieuse de gérer sa collection comme ses affaires, cette main de fer dans un gant de velours a érigé un empire de la beauté. Helena Rubinstein commença sa collection dans les années 1930 en compagnie d’amis éclairés, Jacob Epstein et la figure du marchand d’art africain, Charles Ratton. Les qualités esthétiques de cet exceptionnel masque ont de toute évidence séduit cette « impératrice de la beauté ». Sa célébrissime collection fut dispersée aux enchères en 1966. Cet événement est considéré comme historique pour la reconnaissance du marché des arts d’Afrique et d’Océanie et pour celle du goût d'Helena Rubinstein. Le Musée du quai Branly – Jacques Chirac mettra en avant une soixantaine de pièces issues de la collection d'art d'Helena Rubinstein, du 5 novembre 2019 au 28 juin 2020.
This exquisite Baule mask from Ivory Coast is rendered with great delicacy and skillfully proportioned. Unconsciously, the sculptor has divided the face in two with the lines of the slit eyes following the principles of the golden ratio. The arcs of the brow frame the moon-shaped upper eyelid, the whole mirroring the large forehead crowned by a diadem-shaped rounded coiffure. The elongated nose forms a central axis for the lower half of this perfectly symmetric mask. Such Ivory Coast masks, already present on the Parisian art market at the beginning of the 20th century, most likely inspired Amadeo Modigliani when he was sculpting his stone heads, sharing the same stylization and elongation, between 1911 and 1913.
Meticulous study of the known corpus of Baule mask revealed the existence of two other masks sculpted by the same master artist. A first was sold at auction in Paris in 1994 (Laurin - Guilloux - Buffetaud - Tailleur, Paris, Collection de Monsieur F. Rambaud, 21 October 1994, lot 14 – 23cm). Graced with two downward horns instead of a vessel, the mask displays identical facial features (half moon-shaped upper eyelids, a double row of scarifications on the temples, an elongated thin nose, soft nostrils and a small oval pouting mouth above an almost non-existent chin). A third mask by this talented artist is in the famed collection of the Dapper Foundation (inv. no. 0329 - 20,5 cm) in Paris. All three share a meticulously carved zigzag decoration, which frames the edge of the face narrowing down towards the chin.
At a wide range of Baule festivals and celebrations in central Ivory Coast, masks were danced to entertain. A variety of characters performed on these occasions, each with different attributes. A woman holding a recipient on top of her head was, and still is, a pretty common sight in Ivory Coast. The reduced vessel on top of this mask possibly referred to the woman this mask portrayed, evoking her position of caretaker and provider within her Baule community. The mask would dance in her presence and render homage to her during the closing of the ceremonies. Its delicate features were meant to exemplify an ideal of beauty and composure.
This mask was purchased at auction in Paris in May 1930 at Drouot, entering thus the collection of Helena Rubinstein (1872-1965) as one of her earliest acquisitions of african art. The name of Helena Rubinstein conjures up an empire of elegance, a realm of good taste: this grand dame of cosmetics was an insatiable collector and an inveterate aesthete. Rubinstein approached art with the same valence of rigor that made her a formidable entrepreneur. She began acquiring African art in the 1930s with the help of Jacob Epstein, a New York-born sculptor and Charles Ratton, the era’s African art dealer extraordinaire. Rubinstein was especially drawn to works with striking faces, a fitting fixation for a cosmetics magnate, so it can easily be understood why she was drawn to this exceptional mask. In 1966, the sale of her collection would become a decisive moment for the appreciation of African art and its market, and an acknowledgement of her great taste. Later this year, the Musée du quai Branly - Jacques Chirac will devote an exhibition to her taste-making art collection.
Une étude méticuleuse du corpus des masques Baoulé connus a révélé l’existence de deux autres masques du même artiste. Le premier fut vendu aux enchères à Paris, en 1994 (Maîtres Laurin – Guilloux – Buffetaud – Tailleur, Collection de M. F. Rambaud et à divers amateurs. Art Nègre, Océanie, 21 octobre 1994, lot 14). Bien qu’il soit surmonté de deux cornes, au lieu d'un récipient comme sur notre exemplaire, le masque présente les mêmes caractéristiques stylistiques (paupières en demi-sphères, double rangée de scarifications en motifs quadrillés sur les tempes, nez long et fin, de délicates narines, une petite bouche ovale et un menton quasi-inexistant). Un troisième exemplaire, du même sculpteur, se trouve dans la collection de la Fondation Dapper (inv. n° 0329). Les bords de ces trois masques sont auréolés de motifs en zig-zags avec un rétrécissement en direction du menton.
Les masques Baoulé étaient dansés à l’occasion de cérémonies et de festivités, tenant une fonction de divertissement. Ils interprétaient une variété de personnages en fonction des différents attributs de chacun. Le récipient qui se trouve sur notre exemplaire évoque certainement une femme qui tenait un rôle de soignante et de prodigueuse au sein de la communauté. Ce masque était dansé en la présence de cette femme, lui rendant ainsi hommage. Les traits délicats de l'exemplaire présenté ici traduit un idéal de beauté et de sérénité.
Le masque présenté ici a été acheté aux enchères le 31 mai 1930 (Léon Flagel - André Portier, Hôtel Drouot, Paris, Arts primitifs, lot 289) et entra dans la collection d’Helena Rubinstein (1872-1965), devenant ainsi l’une de ses premières acquisitions en art africain. Symbole d’une émancipation féminine et sociale réussie, cette grande dame de la cosmétique a bâti une collection importante d’art africain qui fût le prolongement d’elle-même : remarquable, sophistiquée, avant-garde et élégante. Soucieuse de gérer sa collection comme ses affaires, cette main de fer dans un gant de velours a érigé un empire de la beauté. Helena Rubinstein commença sa collection dans les années 1930 en compagnie d’amis éclairés, Jacob Epstein et la figure du marchand d’art africain, Charles Ratton. Les qualités esthétiques de cet exceptionnel masque ont de toute évidence séduit cette « impératrice de la beauté ». Sa célébrissime collection fut dispersée aux enchères en 1966. Cet événement est considéré comme historique pour la reconnaissance du marché des arts d’Afrique et d’Océanie et pour celle du goût d'Helena Rubinstein. Le Musée du quai Branly – Jacques Chirac mettra en avant une soixantaine de pièces issues de la collection d'art d'Helena Rubinstein, du 5 novembre 2019 au 28 juin 2020.
This exquisite Baule mask from Ivory Coast is rendered with great delicacy and skillfully proportioned. Unconsciously, the sculptor has divided the face in two with the lines of the slit eyes following the principles of the golden ratio. The arcs of the brow frame the moon-shaped upper eyelid, the whole mirroring the large forehead crowned by a diadem-shaped rounded coiffure. The elongated nose forms a central axis for the lower half of this perfectly symmetric mask. Such Ivory Coast masks, already present on the Parisian art market at the beginning of the 20th century, most likely inspired Amadeo Modigliani when he was sculpting his stone heads, sharing the same stylization and elongation, between 1911 and 1913.
Meticulous study of the known corpus of Baule mask revealed the existence of two other masks sculpted by the same master artist. A first was sold at auction in Paris in 1994 (Laurin - Guilloux - Buffetaud - Tailleur, Paris, Collection de Monsieur F. Rambaud, 21 October 1994, lot 14 – 23cm). Graced with two downward horns instead of a vessel, the mask displays identical facial features (half moon-shaped upper eyelids, a double row of scarifications on the temples, an elongated thin nose, soft nostrils and a small oval pouting mouth above an almost non-existent chin). A third mask by this talented artist is in the famed collection of the Dapper Foundation (inv. no. 0329 - 20,5 cm) in Paris. All three share a meticulously carved zigzag decoration, which frames the edge of the face narrowing down towards the chin.
At a wide range of Baule festivals and celebrations in central Ivory Coast, masks were danced to entertain. A variety of characters performed on these occasions, each with different attributes. A woman holding a recipient on top of her head was, and still is, a pretty common sight in Ivory Coast. The reduced vessel on top of this mask possibly referred to the woman this mask portrayed, evoking her position of caretaker and provider within her Baule community. The mask would dance in her presence and render homage to her during the closing of the ceremonies. Its delicate features were meant to exemplify an ideal of beauty and composure.
This mask was purchased at auction in Paris in May 1930 at Drouot, entering thus the collection of Helena Rubinstein (1872-1965) as one of her earliest acquisitions of african art. The name of Helena Rubinstein conjures up an empire of elegance, a realm of good taste: this grand dame of cosmetics was an insatiable collector and an inveterate aesthete. Rubinstein approached art with the same valence of rigor that made her a formidable entrepreneur. She began acquiring African art in the 1930s with the help of Jacob Epstein, a New York-born sculptor and Charles Ratton, the era’s African art dealer extraordinaire. Rubinstein was especially drawn to works with striking faces, a fitting fixation for a cosmetics magnate, so it can easily be understood why she was drawn to this exceptional mask. In 1966, the sale of her collection would become a decisive moment for the appreciation of African art and its market, and an acknowledgement of her great taste. Later this year, the Musée du quai Branly - Jacques Chirac will devote an exhibition to her taste-making art collection.