拍品專文
« La perspective me passionne. Pas cette perspective scientifique, mais celle retrouvée, faite de rythme, d'une musique…Parvenir à suggérer un espace immense dans un petit morceau de toile ! »
"Perspective fascinates me. Not this scientific perspective, but the one I found, made of rhythm, of a music... To manage to suggest an immense space in a small piece of canvas! "
Maria-Helena Vieira da Silva
Dominé par les teintes ocres, rouges, blanches et grises, Échiquier rouge enferme le regard du spectateur dans un damier chromatique envoûtant. L’œil découvre les silhouettes de deux joueurs en plein duel figé et emmêlé dans une composition dont les damiers s’étirent à l’infini. L’espace imaginé par Vieira da Silva n’est pas tangible, il est surréaliste et hypnotisant, déployant un parallèle avec l’homme abandonné à son jeu.
Inspirée par le futurisme et le cubisme, notamment par Les joueurs d'échecs de Marcel Duchamp, Vieira da Silva redéfinit à son tour dans l’Échiquier rouge le sens de la perspective. Elle multiplie les points de fuite. Ainsi l'œil qui parcourt sans relâche chaque centimètre dynamique de la toile, et ne perçoit ni entrée ni sortie : le tableau est un dédale de labyrinthes irrésolubles et infiniment vastes. Pour Vieira da Silva, se perdre dans l'espace devient un moyen d'appréhender la fantastique complexité du monde. Vibrant et complexe, l’Échiquier rouge est une invitation irrésistible à entrer dans sa réalité.
Le contexte de création de l’Échiquier Rouge est particulier ; pendant la seconde guerre mondiale, en 1940, l’artiste portugaise s’exile d’Europe pour le Brésil. Sept années durant, elle singularise son sens de la perspective, et sa peinture se libère peu à peu des contraintes de la forme. Les lignes fuyantes du damier chromatique ont implosé et la couleur échappe désormais à toute matrice géométrique. L’Échiquier rouge traduit l’alliance d’une maîtrise aboutie de la perspective et de sensibilité de l’artiste relative aux jeux : « Si j’ai utilisé ces petits carreaux, cette perspective chancelante (c’est moi qui la qualifie ainsi), c’est parce que je ne voyais pas l’intérêt de poursuivre Mondrian ou un autre. Je voulais quelque chose d’autre. Je voulais que les gens ne soient pas passifs. Je voulais qu’ils viennent, je voulais qu’ils participent aux jeux, qu’ils se promènent, montent, descendent… » confie l’artiste en 1990 (Maria Helena Vieira da Silva, cité dans Vieira da Silva, Paris, 2006).
Dominated by ochre, red, white and grey tones, Échiquier rouge locks the viewer’s gaze in a captivating chromatic chequerboard. The eye discovers the silhouettes of two players locked in a duel, fixed and entangled in a composition in which the chequerboards stretch off into infinity. The space imagined by Vieira da Silva is not tangible; it is surrealistic and hypnotic, creating a parallel with the man engrossed in his game.
Inspired by Futurism and Cubism, especially by Marcel Duchamp’s Les joueurs d’échecs, Vieira da Silva embarks upon her own redefinition of perspective in Échiquier rouge. She creates multiple vanishing points. The eye thus relentlessly scours each and every dynamic centimetre of the painting, finding neither an entrance nor an exit: the painting is a maze of infinitely vast and unsolvable labyrinths. For Vieira da Silva, losing herself in space became a way of understanding the fantastic complexity of the world. The vibrant and complex Échiquier rouge is an irresistible invitation to enter her reality.
Échiquier Rouge was created in a very specific context: during the Second World War, in 1940, the Portuguese artist left Europe for Brazil. For seven years, she honed her own unique sense of perspective, and her painting gradually broke free of the constraints of form. The vanishing lines of the chromatic chequerboard imploded and colour now escaped any geometric matrix. Échiquier rouge is the fruit of the artist’s accomplished mastery of perspective, allied with her sensibility to games: “The reason why I used those little squares and that wobbly perspective (that’s how I describe it) was because I didn’t see the point in following Mondrian or anyone else. I wanted to do something different. I wanted people not to be passive. I wanted them to come and take part in the games, to walk, to move up and down,” the artist said in 1990 (Maria Helena Vieira da Silva, cited in Vieira da Silva, Paris, 2006).
"Perspective fascinates me. Not this scientific perspective, but the one I found, made of rhythm, of a music... To manage to suggest an immense space in a small piece of canvas! "
Maria-Helena Vieira da Silva
Dominé par les teintes ocres, rouges, blanches et grises, Échiquier rouge enferme le regard du spectateur dans un damier chromatique envoûtant. L’œil découvre les silhouettes de deux joueurs en plein duel figé et emmêlé dans une composition dont les damiers s’étirent à l’infini. L’espace imaginé par Vieira da Silva n’est pas tangible, il est surréaliste et hypnotisant, déployant un parallèle avec l’homme abandonné à son jeu.
Inspirée par le futurisme et le cubisme, notamment par Les joueurs d'échecs de Marcel Duchamp, Vieira da Silva redéfinit à son tour dans l’Échiquier rouge le sens de la perspective. Elle multiplie les points de fuite. Ainsi l'œil qui parcourt sans relâche chaque centimètre dynamique de la toile, et ne perçoit ni entrée ni sortie : le tableau est un dédale de labyrinthes irrésolubles et infiniment vastes. Pour Vieira da Silva, se perdre dans l'espace devient un moyen d'appréhender la fantastique complexité du monde. Vibrant et complexe, l’Échiquier rouge est une invitation irrésistible à entrer dans sa réalité.
Le contexte de création de l’Échiquier Rouge est particulier ; pendant la seconde guerre mondiale, en 1940, l’artiste portugaise s’exile d’Europe pour le Brésil. Sept années durant, elle singularise son sens de la perspective, et sa peinture se libère peu à peu des contraintes de la forme. Les lignes fuyantes du damier chromatique ont implosé et la couleur échappe désormais à toute matrice géométrique. L’Échiquier rouge traduit l’alliance d’une maîtrise aboutie de la perspective et de sensibilité de l’artiste relative aux jeux : « Si j’ai utilisé ces petits carreaux, cette perspective chancelante (c’est moi qui la qualifie ainsi), c’est parce que je ne voyais pas l’intérêt de poursuivre Mondrian ou un autre. Je voulais quelque chose d’autre. Je voulais que les gens ne soient pas passifs. Je voulais qu’ils viennent, je voulais qu’ils participent aux jeux, qu’ils se promènent, montent, descendent… » confie l’artiste en 1990 (Maria Helena Vieira da Silva, cité dans Vieira da Silva, Paris, 2006).
Dominated by ochre, red, white and grey tones, Échiquier rouge locks the viewer’s gaze in a captivating chromatic chequerboard. The eye discovers the silhouettes of two players locked in a duel, fixed and entangled in a composition in which the chequerboards stretch off into infinity. The space imagined by Vieira da Silva is not tangible; it is surrealistic and hypnotic, creating a parallel with the man engrossed in his game.
Inspired by Futurism and Cubism, especially by Marcel Duchamp’s Les joueurs d’échecs, Vieira da Silva embarks upon her own redefinition of perspective in Échiquier rouge. She creates multiple vanishing points. The eye thus relentlessly scours each and every dynamic centimetre of the painting, finding neither an entrance nor an exit: the painting is a maze of infinitely vast and unsolvable labyrinths. For Vieira da Silva, losing herself in space became a way of understanding the fantastic complexity of the world. The vibrant and complex Échiquier rouge is an irresistible invitation to enter her reality.
Échiquier Rouge was created in a very specific context: during the Second World War, in 1940, the Portuguese artist left Europe for Brazil. For seven years, she honed her own unique sense of perspective, and her painting gradually broke free of the constraints of form. The vanishing lines of the chromatic chequerboard imploded and colour now escaped any geometric matrix. Échiquier rouge is the fruit of the artist’s accomplished mastery of perspective, allied with her sensibility to games: “The reason why I used those little squares and that wobbly perspective (that’s how I describe it) was because I didn’t see the point in following Mondrian or anyone else. I wanted to do something different. I wanted people not to be passive. I wanted them to come and take part in the games, to walk, to move up and down,” the artist said in 1990 (Maria Helena Vieira da Silva, cited in Vieira da Silva, Paris, 2006).