拍品專文
« Mme Morisot ne s’est point contentée de voir avec des yeux de femme les choses qu’elle peignait : elle a su encore adapter à sa vision personnelle les plus parfaits moyens qui seyaient à la rendre ; de sorte qu’elle a créé un art très homogène, très complet, constitué de toutes les qualités qui doivent constituer un art, et, de plus, absolument exquis. Oui, les œuvres de Mme Morisot sont, dans leur genre particulier, la perfection même ; rien n’y détonne, rien n’y manque de ce qui peut revêtir de la plus noble valeur artistique les délicates sensations d’une femme […] son art, qui au mérite de l’originalité et à celui d’une extrême perfection technique, joint encore le rare mérite d’être un enchantement pour les yeux, cet art doux et fort, n’est toujours apprécié que d’un petit nombre de curieux […]».
T. de Wyzéwa, ‘Mme Berthe Morisot’, in L’Art dans les deux mondes, no. 19, 28 mars 1891, p. 223-224.
“Mrs Morisot was never content to look at the things she painted with the eyes of a woman: she was able to adapt to her personal vision the most perfect means with which to make it; such that she created a body of art that was very uniform, very complete and comprising all the qualities that art should possess. And above all, absolute exquisiteness. Yes, Mrs Morisot’s works are, in their particular genre, perfection itself; nothing is out of place in them, nothing is lacking in them that can give the most noble artistic value to the delicate sensations of a woman [...] her art, which, in addition to the merit of originality and of extreme technical perfection, also boast the rare merit of being an enchantment for the eyes, this gentle and strong art, is still appreciated only by a small number of inquisitive people [...]”.
T. de Wyzéwa, 'Mme Berthe Morisot', in L’Art dans les deux mondes, no. 19, 28 March 1891, p. 223-224.
Après la disparition d’Édouard Manet, Eugène et Berthe poursuivent, comme un hommage au maître trop tôt disparu, de recevoir les Jeudi ; dans l’immeuble du 40 de la rue de Villejust, construit sur un terrain acheté par les Manet en 1881, se côtoient régulièrement, Pissarro, Monet, Renoir, et Mallarmé. Véritable ruche que fréquente, des années 1900 aux années 1930, tout ce que Paris compte d’intelligence et de goût, de Mallarmé à Paul Valéry, cette demeure sera même le sujet d’un roman de Léon-Paul Fargue, Rue de Villejust. Suivi de Ernest Rouart (Paris, 1946). C’est précisément dans ce salon que Berthe Morisot situe son Autoportrait avec Julie (1887). Elle est assise sur le grand canapé, tenant un carnet de dessins, tandis que sa fille se tient debout devant la fenêtre. L’on connait l’existence d’une seconde étude, depuis longtemps disparue, mais d’aucune toile définitive, comme si Berthe avait voulu conserver la fraicheur des premières impressions ressenties. Comme Manet, elle brosse rapidement le décor mais s’attache, d’un pinceau appliqué, à bien rendre l’expression de son visage. Berthe transposera en 1889, à la pointe sèche et d’après un dessin sur le même sujet datant de 1887, le dialogue qui se noue ici entre la mère et sa fille, autour d’une œuvre en train de s’accomplir. Le titre que porta un temps la gravure, « La Leçon de dessin », nous renseigne peut-être sur le véritable sujet du tableau ; Julie, qui dessinait également et dont on connait des tableaux, est peut-être ici moins spectatrice qu’actrice, d’une leçon de sa mère qui, selon Arsène Houssaye, cumule « Le talent et la beauté » (L’Homme Libre, 12 avril 1877).
Double portrait remarquable et chef-d'œuvre de l'œuvre de Berthe Morisot, la présente œuvre est aussi un rare " instantané de famille ", un document visuel de la relation unissant Berthe Morisot à sa fille Julie Manet.
Gilles Genty, historien de l'art.
Peint en 1887, Berthe Morisot et sa fille devant une fenêtre, témoigne du lien fort unissant mère et fille ; lien qui les rendait inséparables. Leur proximité est transmise par les nombreuses peintures (dont celle-ci) mais également les journaux intimes de Morisot. Dans l'un d’eux, elle évoque un après-midi dans le parc avec Julie : "Je me promène avec Julie dans Paris. Nous nous asseyons, moi pensant à mon tableau de jardin, regardant les ombres qui jouent sur le sable et les toits du Louvre. Je cherche avec elle la relation des ombres et de la lumière du soleil. Elle voit du rose dans la lumière du soleil, du violet dans les ombres" (carnet de Berthe Morisot, 1885). Témoignage quasi anodin d’une après-midi au parc, ce récit ne fait qu’amplifier le lien et la passion commune pour la peinture et la nature, partagée par Berthe et sa fille Julie. Dans la présente œuvre, Julie est représentée esquissée, comme si elle n’avait posé que quelques instants. Cependant, on perçoit nettement l’attention et l’admiration qu’elle prête à sa mère. Le regard qu’elle porte sur celle-ci semble doux et bienveillant.
Davantage qu’un double portrait, ce tableau est aussi un autoportrait. Dépeinte comme une mère aimante et aimée, Morisot s’affiche ici aussi comme une artiste devenue l'une des femmes peintres les plus privilégiées de la société et de la haute bourgeoisie parisienne. Son mariage avec Eugène Manet, le frère d'Edouard, en 1874, renforça sa position au sein du cercle impressionniste. L'attention dont Berthe faisait l'objet suscitait d’ailleurs la jalousie de sa sœur Edma qui lui fit remarquer un jour : " Ta vie doit être charmante en ce moment, de parler avec M. Degas tout en le regardant dessiner, de rire avec Manet, de philosopher avec Puvis " (cité in C.F. Stuckey et W. P. Scott, Berthe Morisot, Impressionist, New York, 1987, p. 28). Au sein de ce cercle artistique, Julie Manet, née en 1878 de l’union entre Berthe Morisot et Eugène Manet, devient rapidement la fille de la communauté impressionniste et un symbole de l'époque. Dès son plus jeune âge, elle fut baignée dans cette communauté. Elle a d’ailleurs non seulement posé pour des portraits de la main de sa mère, mais a par exemple également été peinte par Pierre-Auguste Renoir à plusieurs reprises. Celui-ci deviendra même le tuteur de Julie, comme le voulait le testament de Berthe Morisot, décédée le 2 mars 1895.
En mars 1896, âgée à peine de 17 ans, Julie Manet organisa, en hommage à sa mère, une exposition de plus de trois cents de ses œuvres à la galerie Durand-Ruel à Paris. Très bien accueillie par la critique, cette exposition présentait notamment le double portrait Berthe Morisot et sa fille devant une fenêtre. Portrait de famille, témoin de l’amour unissant mère et fille, cette œuvre est un véritable héritage familial, resté dans la famille Rouart depuis 1887.
After the passing of Édouard Manet, Eugène and Berthe continued to host guests on Thursday evenings, as an homage to the master painter who died too young. In the home at 40 Rue de Villejust, which had been built on land bought by Manet in 1881, they regularly received Pissarro, Monet, Renoir and Mallarmé. It was a bustling destination where, from the 1900s to the 1930s, all of Paris’ finest minds and taste makers, from Mallarmé to Paul Valéry, convened. The home would even become the subject of a novel by Léon-Paul Fargue, Rue de Villejust. Suivi de Ernest Rouart (Paris, 1946). It was in that very parlour that Berthe Morisot located her Autoportrait avec Julie (1887). She is seated on the large sofa, holding a sketchbook, as her daughter stands before the window. There was also a second study that went missing many years ago, but there is no definitive canvas, as if Berthe had wanted to preserve the freshness of the first impressions she felt. Like Manet, she painted the background with quick strokes, but used a thoughtful brush to render the expression on her face. In 1889, Berthe would transpose the dialogue seen here between mother and daughter around a work in progress, in drypoint, modelled after a drawing of the same scene. The title given to the engraving for a time, “La Leçon de dessin” may tell us the real subject of the work. Julie, who also produced drawings and well-known paintings, may be less of a spectator here and more of an actor, following a lesson given by her mother, as in “Le talent et la beauté” (L’Homme Libre, 12 April 1877).
A remarkable double portrait and masterpiece among Berthe Morisot’s oeuvre, the present work is also a rare “family snapshot”, a visual record documenting Berthe Morisot’s relationship with her daughter Julie Manet.
Gilles Genty, Art historian.
Painted in 1887, Berthe Morisot et sa fille devant une fenêtre, bears witness to the strong bond between mother and daughter, one that made them inseparable. Their closeness is conveyed by Morisot’s many paintings (including this one) but also her diaries. In one of them, she describes an afternoon in the park with Julie: “I’m walking with Julie in Paris. We sit down, I thinking about my garden painting, observing the shadows that play on the sand and the rooftops of the Louvre. I’m seeking the relationship between shadows and sunlight with her. She sees pink in the sunlight, purple in the shadows” (Berthe Morisot’s notebook, 1885). An almost trivial account of an afternoon in the park, this story only magnifies the bond and common passion for painting and nature that Berthe and her daughter Julie shared. In this work, Julie is portrayed sketched, as if she had posed only for a few brief moments. Yet we can clearly perceive the care and admiration she feels for her mother. The gaze she casts on her seems gentle and kind.
More than just a double portrait, the painting is also a self-portrait. Depicted as a mother who is both loving and loved, here Morisot is also represented as an artist—one who was to become one of the most prominent female painters in society and the Paris haute bourgeoisie. Her marriage to Eugène Manet, brother of Édouard Manet, in 1874, solidified her standing in the Impressionist circle. The attention lavished on Berthe aroused jealousy in her sister Edma, who once remarked to her: “Your life must be charming at this moment, to talk with M. Degas while watching him draw, to laugh with Manet, to philosophize with Puvis” (quoted in C. F. Stuckey and W. P. Scott, Berthe Morisot: Impressionist, New York, 1987, p. 28). Within this artistic circle, Julie Manet, born in 1878 to Berthe Morisot and Eugène Manet, quickly became the darling of the Impressionist community and a symbol of the age. She was immersed in this community from an early age. She not only posed for her mother’s portraits, but was also painted by Pierre-Auguste Renoir on several occasions. Renoir even became Julie’s guardian, as stipulated in Berthe Morisot’s will, upon her death on 2 March 1895.
In March 1896, at just 17 years old, Julie Manet paid tribute to her mother by organising an exhibition of over 300 of her works at the Durand-Ruel Gallery in Paris. The exhibition was critically acclaimed and notably included the double portrait Berthe Morisot et sa fille devant une fenêtre. A portrait of a family, a testament to the love uniting mother and daughter, this work of art is a true family heirloom as it has remained in the Rouart family since 1887.
T. de Wyzéwa, ‘Mme Berthe Morisot’, in L’Art dans les deux mondes, no. 19, 28 mars 1891, p. 223-224.
“Mrs Morisot was never content to look at the things she painted with the eyes of a woman: she was able to adapt to her personal vision the most perfect means with which to make it; such that she created a body of art that was very uniform, very complete and comprising all the qualities that art should possess. And above all, absolute exquisiteness. Yes, Mrs Morisot’s works are, in their particular genre, perfection itself; nothing is out of place in them, nothing is lacking in them that can give the most noble artistic value to the delicate sensations of a woman [...] her art, which, in addition to the merit of originality and of extreme technical perfection, also boast the rare merit of being an enchantment for the eyes, this gentle and strong art, is still appreciated only by a small number of inquisitive people [...]”.
T. de Wyzéwa, 'Mme Berthe Morisot', in L’Art dans les deux mondes, no. 19, 28 March 1891, p. 223-224.
Après la disparition d’Édouard Manet, Eugène et Berthe poursuivent, comme un hommage au maître trop tôt disparu, de recevoir les Jeudi ; dans l’immeuble du 40 de la rue de Villejust, construit sur un terrain acheté par les Manet en 1881, se côtoient régulièrement, Pissarro, Monet, Renoir, et Mallarmé. Véritable ruche que fréquente, des années 1900 aux années 1930, tout ce que Paris compte d’intelligence et de goût, de Mallarmé à Paul Valéry, cette demeure sera même le sujet d’un roman de Léon-Paul Fargue, Rue de Villejust. Suivi de Ernest Rouart (Paris, 1946). C’est précisément dans ce salon que Berthe Morisot situe son Autoportrait avec Julie (1887). Elle est assise sur le grand canapé, tenant un carnet de dessins, tandis que sa fille se tient debout devant la fenêtre. L’on connait l’existence d’une seconde étude, depuis longtemps disparue, mais d’aucune toile définitive, comme si Berthe avait voulu conserver la fraicheur des premières impressions ressenties. Comme Manet, elle brosse rapidement le décor mais s’attache, d’un pinceau appliqué, à bien rendre l’expression de son visage. Berthe transposera en 1889, à la pointe sèche et d’après un dessin sur le même sujet datant de 1887, le dialogue qui se noue ici entre la mère et sa fille, autour d’une œuvre en train de s’accomplir. Le titre que porta un temps la gravure, « La Leçon de dessin », nous renseigne peut-être sur le véritable sujet du tableau ; Julie, qui dessinait également et dont on connait des tableaux, est peut-être ici moins spectatrice qu’actrice, d’une leçon de sa mère qui, selon Arsène Houssaye, cumule « Le talent et la beauté » (L’Homme Libre, 12 avril 1877).
Double portrait remarquable et chef-d'œuvre de l'œuvre de Berthe Morisot, la présente œuvre est aussi un rare " instantané de famille ", un document visuel de la relation unissant Berthe Morisot à sa fille Julie Manet.
Gilles Genty, historien de l'art.
Peint en 1887, Berthe Morisot et sa fille devant une fenêtre, témoigne du lien fort unissant mère et fille ; lien qui les rendait inséparables. Leur proximité est transmise par les nombreuses peintures (dont celle-ci) mais également les journaux intimes de Morisot. Dans l'un d’eux, elle évoque un après-midi dans le parc avec Julie : "Je me promène avec Julie dans Paris. Nous nous asseyons, moi pensant à mon tableau de jardin, regardant les ombres qui jouent sur le sable et les toits du Louvre. Je cherche avec elle la relation des ombres et de la lumière du soleil. Elle voit du rose dans la lumière du soleil, du violet dans les ombres" (carnet de Berthe Morisot, 1885). Témoignage quasi anodin d’une après-midi au parc, ce récit ne fait qu’amplifier le lien et la passion commune pour la peinture et la nature, partagée par Berthe et sa fille Julie. Dans la présente œuvre, Julie est représentée esquissée, comme si elle n’avait posé que quelques instants. Cependant, on perçoit nettement l’attention et l’admiration qu’elle prête à sa mère. Le regard qu’elle porte sur celle-ci semble doux et bienveillant.
Davantage qu’un double portrait, ce tableau est aussi un autoportrait. Dépeinte comme une mère aimante et aimée, Morisot s’affiche ici aussi comme une artiste devenue l'une des femmes peintres les plus privilégiées de la société et de la haute bourgeoisie parisienne. Son mariage avec Eugène Manet, le frère d'Edouard, en 1874, renforça sa position au sein du cercle impressionniste. L'attention dont Berthe faisait l'objet suscitait d’ailleurs la jalousie de sa sœur Edma qui lui fit remarquer un jour : " Ta vie doit être charmante en ce moment, de parler avec M. Degas tout en le regardant dessiner, de rire avec Manet, de philosopher avec Puvis " (cité in C.F. Stuckey et W. P. Scott, Berthe Morisot, Impressionist, New York, 1987, p. 28). Au sein de ce cercle artistique, Julie Manet, née en 1878 de l’union entre Berthe Morisot et Eugène Manet, devient rapidement la fille de la communauté impressionniste et un symbole de l'époque. Dès son plus jeune âge, elle fut baignée dans cette communauté. Elle a d’ailleurs non seulement posé pour des portraits de la main de sa mère, mais a par exemple également été peinte par Pierre-Auguste Renoir à plusieurs reprises. Celui-ci deviendra même le tuteur de Julie, comme le voulait le testament de Berthe Morisot, décédée le 2 mars 1895.
En mars 1896, âgée à peine de 17 ans, Julie Manet organisa, en hommage à sa mère, une exposition de plus de trois cents de ses œuvres à la galerie Durand-Ruel à Paris. Très bien accueillie par la critique, cette exposition présentait notamment le double portrait Berthe Morisot et sa fille devant une fenêtre. Portrait de famille, témoin de l’amour unissant mère et fille, cette œuvre est un véritable héritage familial, resté dans la famille Rouart depuis 1887.
After the passing of Édouard Manet, Eugène and Berthe continued to host guests on Thursday evenings, as an homage to the master painter who died too young. In the home at 40 Rue de Villejust, which had been built on land bought by Manet in 1881, they regularly received Pissarro, Monet, Renoir and Mallarmé. It was a bustling destination where, from the 1900s to the 1930s, all of Paris’ finest minds and taste makers, from Mallarmé to Paul Valéry, convened. The home would even become the subject of a novel by Léon-Paul Fargue, Rue de Villejust. Suivi de Ernest Rouart (Paris, 1946). It was in that very parlour that Berthe Morisot located her Autoportrait avec Julie (1887). She is seated on the large sofa, holding a sketchbook, as her daughter stands before the window. There was also a second study that went missing many years ago, but there is no definitive canvas, as if Berthe had wanted to preserve the freshness of the first impressions she felt. Like Manet, she painted the background with quick strokes, but used a thoughtful brush to render the expression on her face. In 1889, Berthe would transpose the dialogue seen here between mother and daughter around a work in progress, in drypoint, modelled after a drawing of the same scene. The title given to the engraving for a time, “La Leçon de dessin” may tell us the real subject of the work. Julie, who also produced drawings and well-known paintings, may be less of a spectator here and more of an actor, following a lesson given by her mother, as in “Le talent et la beauté” (L’Homme Libre, 12 April 1877).
A remarkable double portrait and masterpiece among Berthe Morisot’s oeuvre, the present work is also a rare “family snapshot”, a visual record documenting Berthe Morisot’s relationship with her daughter Julie Manet.
Gilles Genty, Art historian.
Painted in 1887, Berthe Morisot et sa fille devant une fenêtre, bears witness to the strong bond between mother and daughter, one that made them inseparable. Their closeness is conveyed by Morisot’s many paintings (including this one) but also her diaries. In one of them, she describes an afternoon in the park with Julie: “I’m walking with Julie in Paris. We sit down, I thinking about my garden painting, observing the shadows that play on the sand and the rooftops of the Louvre. I’m seeking the relationship between shadows and sunlight with her. She sees pink in the sunlight, purple in the shadows” (Berthe Morisot’s notebook, 1885). An almost trivial account of an afternoon in the park, this story only magnifies the bond and common passion for painting and nature that Berthe and her daughter Julie shared. In this work, Julie is portrayed sketched, as if she had posed only for a few brief moments. Yet we can clearly perceive the care and admiration she feels for her mother. The gaze she casts on her seems gentle and kind.
More than just a double portrait, the painting is also a self-portrait. Depicted as a mother who is both loving and loved, here Morisot is also represented as an artist—one who was to become one of the most prominent female painters in society and the Paris haute bourgeoisie. Her marriage to Eugène Manet, brother of Édouard Manet, in 1874, solidified her standing in the Impressionist circle. The attention lavished on Berthe aroused jealousy in her sister Edma, who once remarked to her: “Your life must be charming at this moment, to talk with M. Degas while watching him draw, to laugh with Manet, to philosophize with Puvis” (quoted in C. F. Stuckey and W. P. Scott, Berthe Morisot: Impressionist, New York, 1987, p. 28). Within this artistic circle, Julie Manet, born in 1878 to Berthe Morisot and Eugène Manet, quickly became the darling of the Impressionist community and a symbol of the age. She was immersed in this community from an early age. She not only posed for her mother’s portraits, but was also painted by Pierre-Auguste Renoir on several occasions. Renoir even became Julie’s guardian, as stipulated in Berthe Morisot’s will, upon her death on 2 March 1895.
In March 1896, at just 17 years old, Julie Manet paid tribute to her mother by organising an exhibition of over 300 of her works at the Durand-Ruel Gallery in Paris. The exhibition was critically acclaimed and notably included the double portrait Berthe Morisot et sa fille devant une fenêtre. A portrait of a family, a testament to the love uniting mother and daughter, this work of art is a true family heirloom as it has remained in the Rouart family since 1887.