拍品專文
Exposée lors de la rétrospective consacrée à Joseph Beuys par la Fondation Cini de Venise en 2022, cette œuvre est un exemple saisissant des premiers dessins de l’artiste. Elle témoigne notamment de sa fascination pour la forme féminine en tant que source d’énergie spirituelle. Le chlorure de fer utilisé ici donne à l’œuvre sa couleur rouille caractéristique.
Beuys a réalisé ce dessin en 1961. Il fait suite à une période durant laquelle l’artiste a consacré toute son énergie à ce médium : tout en se remettant du traumatisme de la Seconde Guerre mondiale – son avion a été abattu sur le front de Crimée –, Beuys a beaucoup dessiné durant les années 1950. Pour lui, le dessin est le creuset de toute sa pratique. C’est aussi en 1961 que Beuys est nommé professeur de sculpture monumentale à l’Académie des beaux-arts de Düsseldorf. Il s’associe de plus en plus au groupe Fluxus, qui lui ouvre la voie à l’exploration de l’art de la performance au cours des années 1960.
Les figures féminines et les animaux sont les sujets récurrents des dessins de Beuys. Il s’intéresse ainsi à la nature, au folklore, au chamanisme et à l’anthropologie. Pour lui, le corps féminin représente une source de savoir, d’énergie et de pouvoir ancestraux. Ici, le cadre diagrammatique dans lequel le corps est suspendu évoque L’homme de Vitruve de Léonard de Vinci (vers 1490). Les triangles récurrents, contenus dans des cercles, font écho au symbole alchimique du XVIIe siècle associé à la mythique « pierre philosophale ».
Par ailleurs, Beuys était profondément intéressé par les propriétés à la fois scientifiques et métaphysiques des matériaux. Le chlorure de fer est un produit chimique industriel utilisé pour clarifier l’eau. Il prend différentes couleurs en fonction de l’éclairage. Mélangé à l’eau, il produit une réaction chimique qui dégage de la chaleur et lui confère des tons chauds et roux. Plus tard, Beuys utilisera du sang de lièvre et de la peinture à l’huile « Braunkreuz » – propre à l’artiste – afin d’élargir cette palette terreuse et rudimentaire.
Included in Joseph Beuys’ retrospective at the Cini Foundation, Venice in 2022, this work is a vivid example of the artist’s early drawings. It captures his fascination with the female form as a source of spiritual energy. It also demonstrates his use of iron chloride, which gives the work its distinctive rust colour.
Beuys made this work in 1961. It follows a period of intense focus on drawing. While recovering from the trauma of the Second World War—during which his plane was shot down on the Crimean Front—Beuys had poured his energies into the medium during the 1950s. He would later acknowledge drawing as the crucible of his entire practice. That year Beuys was appointed Professor of Monumental Sculpture at the Düsseldorf Academy of Art. He also became increasingly affiliated with the Fluxus Group, setting the stage for his exploration of performance art during the 1960s.
Female figures, along with animals, dominated Beuys’ drawings. He was interested in nature, folklore, shamanism and anthropology. For him, the female body was a source of ancient knowledge, energy and power. Here, the diagrammatic framework in which the body is suspended is evocative of Leonardo da Vinci’s The Vitruvian Man (circa 1490). The recurring triangles, contained within circles, also conjure the seventeenth-century alchemical symbol associated with the mythical “philosopher’s stone”.
Beuys’ use of iron chloride plays into these ideas. He was deeply interested in both the scientific and metaphysical properties of his materials. Iron chloride is an industrial chemical used for clarifying water. It appears different colours in different lights. When mixed with water it produces a chemical reaction that gives off heat, resulting in a warm russet tone. Elsewhere, Beuys’ use of hare’s blood and his distinctive “Braunkreuz” oil paint would extend his explorations of this rudimentary, earthen palette.
Beuys a réalisé ce dessin en 1961. Il fait suite à une période durant laquelle l’artiste a consacré toute son énergie à ce médium : tout en se remettant du traumatisme de la Seconde Guerre mondiale – son avion a été abattu sur le front de Crimée –, Beuys a beaucoup dessiné durant les années 1950. Pour lui, le dessin est le creuset de toute sa pratique. C’est aussi en 1961 que Beuys est nommé professeur de sculpture monumentale à l’Académie des beaux-arts de Düsseldorf. Il s’associe de plus en plus au groupe Fluxus, qui lui ouvre la voie à l’exploration de l’art de la performance au cours des années 1960.
Les figures féminines et les animaux sont les sujets récurrents des dessins de Beuys. Il s’intéresse ainsi à la nature, au folklore, au chamanisme et à l’anthropologie. Pour lui, le corps féminin représente une source de savoir, d’énergie et de pouvoir ancestraux. Ici, le cadre diagrammatique dans lequel le corps est suspendu évoque L’homme de Vitruve de Léonard de Vinci (vers 1490). Les triangles récurrents, contenus dans des cercles, font écho au symbole alchimique du XVIIe siècle associé à la mythique « pierre philosophale ».
Par ailleurs, Beuys était profondément intéressé par les propriétés à la fois scientifiques et métaphysiques des matériaux. Le chlorure de fer est un produit chimique industriel utilisé pour clarifier l’eau. Il prend différentes couleurs en fonction de l’éclairage. Mélangé à l’eau, il produit une réaction chimique qui dégage de la chaleur et lui confère des tons chauds et roux. Plus tard, Beuys utilisera du sang de lièvre et de la peinture à l’huile « Braunkreuz » – propre à l’artiste – afin d’élargir cette palette terreuse et rudimentaire.
Included in Joseph Beuys’ retrospective at the Cini Foundation, Venice in 2022, this work is a vivid example of the artist’s early drawings. It captures his fascination with the female form as a source of spiritual energy. It also demonstrates his use of iron chloride, which gives the work its distinctive rust colour.
Beuys made this work in 1961. It follows a period of intense focus on drawing. While recovering from the trauma of the Second World War—during which his plane was shot down on the Crimean Front—Beuys had poured his energies into the medium during the 1950s. He would later acknowledge drawing as the crucible of his entire practice. That year Beuys was appointed Professor of Monumental Sculpture at the Düsseldorf Academy of Art. He also became increasingly affiliated with the Fluxus Group, setting the stage for his exploration of performance art during the 1960s.
Female figures, along with animals, dominated Beuys’ drawings. He was interested in nature, folklore, shamanism and anthropology. For him, the female body was a source of ancient knowledge, energy and power. Here, the diagrammatic framework in which the body is suspended is evocative of Leonardo da Vinci’s The Vitruvian Man (circa 1490). The recurring triangles, contained within circles, also conjure the seventeenth-century alchemical symbol associated with the mythical “philosopher’s stone”.
Beuys’ use of iron chloride plays into these ideas. He was deeply interested in both the scientific and metaphysical properties of his materials. Iron chloride is an industrial chemical used for clarifying water. It appears different colours in different lights. When mixed with water it produces a chemical reaction that gives off heat, resulting in a warm russet tone. Elsewhere, Beuys’ use of hare’s blood and his distinctive “Braunkreuz” oil paint would extend his explorations of this rudimentary, earthen palette.