Sancta Martha
細節
Maurice Denis (1870-1943)
Sancta Martha
signé des initiales et daté 'MAD 93' (en bas à droite) et inscrit 'SCTA 'MARTHA'' (le long du bord supérieur)
huile sur toile
46.5 x 38.3 cm.
Peint en 1893
signed with the initials and dated 'MAD 93' (lower right) and inscribed 'SCTA 'MARTHA'' (along the upper edge)
oil on canvas
18 ¼ x 15 ¼ in.
Painted in 1893
Sancta Martha
signé des initiales et daté 'MAD 93' (en bas à droite) et inscrit 'SCTA 'MARTHA'' (le long du bord supérieur)
huile sur toile
46.5 x 38.3 cm.
Peint en 1893
signed with the initials and dated 'MAD 93' (lower right) and inscribed 'SCTA 'MARTHA'' (along the upper edge)
oil on canvas
18 ¼ x 15 ¼ in.
Painted in 1893
來源
Atelier de l’artiste.
Noële Boulet, Clermont-de-l’Oise (par descendance).
Jean-François Denis, Alençon (par succession).
Sam Josefowitz, Pully (acquis auprès de celui-ci le 19 juin 1984).
Puis par descendance aux propriétaires actuels.
Noële Boulet, Clermont-de-l’Oise (par descendance).
Jean-François Denis, Alençon (par succession).
Sam Josefowitz, Pully (acquis auprès de celui-ci le 19 juin 1984).
Puis par descendance aux propriétaires actuels.
出版
S. Barazzetti-Demoulin, Maurice Denis, Paris, 1945, p. 222 et 279 (illustré, p. 232).
Maurice Denis, Journal, 1884-1904, Paris, 1957, vol. I, p. 103, no. 5 (titré 'La Sainte').
J.-P. Bouillon, Maurice Denis, Le spirituel dans l’art, Paris, 2006, p. 31 (illustré en couleurs; titré 'Marthe à la cuisine').
J.-J. Lévêque, Maurice Denis, Le peintre de l’âme, Paris, 2006, p. 11 (illustré en couleurs; titré 'Sancta Martha ou Marthe au vaisselier').
Maurice Denis, Journal, 1884-1904, Paris, 1957, vol. I, p. 103, no. 5 (titré 'La Sainte').
J.-P. Bouillon, Maurice Denis, Le spirituel dans l’art, Paris, 2006, p. 31 (illustré en couleurs; titré 'Marthe à la cuisine').
J.-J. Lévêque, Maurice Denis, Le peintre de l’âme, Paris, 2006, p. 11 (illustré en couleurs; titré 'Sancta Martha ou Marthe au vaisselier').
展覽
Paris, Le Barc de Boutteville, Peintres Impressionistes et Symbolistes, mai 1893, no. I.
Toulouse, Hôtel de La Dépêche, Salon de la Dépêche de Toulouse, 15 mai 1894, no. 10 (titré 'Sainte Marthe').
Paris, Galeries de La Plume, Treizième exposition du Salon des Cent, juillet-août 1895, no. 70 (titré 'Sainte Marthe').
Paris, Pavillon de Marsan, Union Centrale des Arts Décoratifs, Exposition Maurice Denis, avril-mai 1924, p. 3, no. 37.
Paris, Palais des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Salon d'Automne, octobre-novembre 1944, p. 23, no. 420 (titré 'Sainte Marthe').
Paris, Musée d'Art Moderne, Exposition Maurice Denis, 1945, p. 24, no. 22 (illustré).
Paris, Musée National d'Art Moderne, Art Sacré, Œuvres françaises des XIXe et XXe siècles, novembre 1950-janvier 1951, p. 15, no. 11 (titré 'Sainte Marthe').
Paris, Musée National d'Art Moderne, Bonnard, Vuillard et les Nabis, 1888-1903, juin-octobre 1955, p. 54, no. 92.
Paris, Galerie des Beaux-Arts, Maurice Denis, avril-mai 1963, no. 50 (titré 'Marthe au vaisselier').
Albi, Musée Toulouse-Lautrec, Exposition Maurice Denis, juin-septembre 1963, p. 25, no. 28 (titré 'Marthe au vaisselier').
Paris, Orangerie des Tuileries, Maurice Denis, juin-août 1970, p. 35, no. 56 (titré 'Marthe au vaisselier-Sancta Martha').
Brême, Kunsthalle; Zurich, Kunsthaus et Copenhagen, Statens Museum for Kunst, Maurice Denis, Gemälde, Handzeichnungen, Druckgraphik, Meisterwerke des Nachimpressionismus aus der Sammlung Maurice Denis, octobre 1971-mai 1972, p. 40, no. 35 (titré 'Marthe au vaisselier-Sancta Martha').
Honfleur, Salles d'Exposition du Grenier à Sel, Exposition Maurice Denis, juillet-août 1975, no. 20 (illustré; titré 'Marthe au vaisselier, Sancta Martha').
Pont-Aven, Musée de l’Hôtel de Ville, Maurice Denis, été 1979, p. 36, no. 18 (illustré, p. 4; titré 'Sancta Martha ou Marthe au vaisselier breton').
Tokyo, Musée National d’Art Occidental et Kyoto, Musée National d’Art Moderne de Kyoto, Maurice Denis, septembre-décembre 1981, no. 24 (illustré en couleurs, pl. 24; titré 'Marthe au vaisselier, Sancta Martha').
Lyon, Musée des Beaux-Arts; Cologne, Wallraf-Richartz Museum; Liverpool, Walker Art Gallery et Amsterdam, Van Gogh Museum, Maurice Denis, septembre 1994-septembre 1995, p. 190, no. 62 (illustré en couleurs; titré 'Sancta Martha or Marthe at the Dresse').
Lausanne, Musée Cantonal des Beaux-Arts, De Vallotton à Dubuffet, Une collection en mouvement, Acquisitions, dons, prêts, décembre 2006-février 2007 (hors catalogue).
Pont-Aven, Musée de Pont-Aven, Maurice Denis et la Bretagne, juin-octobre 2009, p. 86 et 144, no. PA-23 (illustré en couleurs, p. 93; titré 'Sancta Martha ou Marthe au vaisselier').
Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Maurice Denis, Amour, 1888-1914, février-mai 2021, p. 114, no. 31 (illustré en couleurs, p. 115; titré 'Sancta Martha [Marthe au vaisselier]').
Toulouse, Hôtel de La Dépêche, Salon de la Dépêche de Toulouse, 15 mai 1894, no. 10 (titré 'Sainte Marthe').
Paris, Galeries de La Plume, Treizième exposition du Salon des Cent, juillet-août 1895, no. 70 (titré 'Sainte Marthe').
Paris, Pavillon de Marsan, Union Centrale des Arts Décoratifs, Exposition Maurice Denis, avril-mai 1924, p. 3, no. 37.
Paris, Palais des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Salon d'Automne, octobre-novembre 1944, p. 23, no. 420 (titré 'Sainte Marthe').
Paris, Musée d'Art Moderne, Exposition Maurice Denis, 1945, p. 24, no. 22 (illustré).
Paris, Musée National d'Art Moderne, Art Sacré, Œuvres françaises des XIXe et XXe siècles, novembre 1950-janvier 1951, p. 15, no. 11 (titré 'Sainte Marthe').
Paris, Musée National d'Art Moderne, Bonnard, Vuillard et les Nabis, 1888-1903, juin-octobre 1955, p. 54, no. 92.
Paris, Galerie des Beaux-Arts, Maurice Denis, avril-mai 1963, no. 50 (titré 'Marthe au vaisselier').
Albi, Musée Toulouse-Lautrec, Exposition Maurice Denis, juin-septembre 1963, p. 25, no. 28 (titré 'Marthe au vaisselier').
Paris, Orangerie des Tuileries, Maurice Denis, juin-août 1970, p. 35, no. 56 (titré 'Marthe au vaisselier-Sancta Martha').
Brême, Kunsthalle; Zurich, Kunsthaus et Copenhagen, Statens Museum for Kunst, Maurice Denis, Gemälde, Handzeichnungen, Druckgraphik, Meisterwerke des Nachimpressionismus aus der Sammlung Maurice Denis, octobre 1971-mai 1972, p. 40, no. 35 (titré 'Marthe au vaisselier-Sancta Martha').
Honfleur, Salles d'Exposition du Grenier à Sel, Exposition Maurice Denis, juillet-août 1975, no. 20 (illustré; titré 'Marthe au vaisselier, Sancta Martha').
Pont-Aven, Musée de l’Hôtel de Ville, Maurice Denis, été 1979, p. 36, no. 18 (illustré, p. 4; titré 'Sancta Martha ou Marthe au vaisselier breton').
Tokyo, Musée National d’Art Occidental et Kyoto, Musée National d’Art Moderne de Kyoto, Maurice Denis, septembre-décembre 1981, no. 24 (illustré en couleurs, pl. 24; titré 'Marthe au vaisselier, Sancta Martha').
Lyon, Musée des Beaux-Arts; Cologne, Wallraf-Richartz Museum; Liverpool, Walker Art Gallery et Amsterdam, Van Gogh Museum, Maurice Denis, septembre 1994-septembre 1995, p. 190, no. 62 (illustré en couleurs; titré 'Sancta Martha or Marthe at the Dresse').
Lausanne, Musée Cantonal des Beaux-Arts, De Vallotton à Dubuffet, Une collection en mouvement, Acquisitions, dons, prêts, décembre 2006-février 2007 (hors catalogue).
Pont-Aven, Musée de Pont-Aven, Maurice Denis et la Bretagne, juin-octobre 2009, p. 86 et 144, no. PA-23 (illustré en couleurs, p. 93; titré 'Sancta Martha ou Marthe au vaisselier').
Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Maurice Denis, Amour, 1888-1914, février-mai 2021, p. 114, no. 31 (illustré en couleurs, p. 115; titré 'Sancta Martha [Marthe au vaisselier]').
更多詳情
Cette œuvre sera incluse au catalogue raisonné de l'œuvre de Maurice Denis actuellement en préparation par Claire Denis et Fabienne Stahl.
Maurice Denis découvre Perros-Guirec, sur la côte nord de la Bretagne, au gré des hasards de la vie professionnelle de son père. Il y reviendra pour des vacances en famille. Le souvenir est si fort qu’il décide d’y passer son voyage de noces en juin 1893.
Maurice Denis n’a alors que 23 ans et déjà une vie bien remplie depuis que son camarade Paul Sérusier a présenté à l’Académie Julian en septembre 1888 un petit paysage de Pont-Aven, - aujourd’hui Le Talisman (Paris, Musée d’Orsay) -, peint sous la dictée de Paul Gauguin. En quelques mois, tout s’enchaîne et s’accélère, telles les relations avec des camarades comme Édouard Vuillard, Pierre Bonnard ou Paul Ranson qui vont amener à la création du groupe des Nabis ou la visite de l’ «Exposition impressionniste et synthétiste» au Café des Arts de l’Exposition universelle en juin 1889 où il découvre les toiles de Paul Gauguin.
Par ailleurs le jeune homme a rencontré en 1891 Marthe Meurier, un an de moins que lui. Il en tombe amoureux puis se fiance. Les pages de son journal intime traduisent ses interrogations sur la vie à venir et sur la vie quotidienne à partager avec sa future épouse. Le prénom de sa fiancée l’incite à relire la parabole de Jésus-Christ dans la maison de Marthe et Marie à Béthanie (Luc 10, 38-42). Il peint alors en 1892 une Allégorie mystique (collection particulière) qui fait référence aux deux sœurs. La jeune fiancée y est représentée suivant un double portrait, les yeux baissés et occupée par les tâches ménagères pour l’un, et les yeux ouverts se livrant à la méditation pour l’autre.
Maurice entraîne Marthe à Perros-Guirec après leur mariage, pour lui faire partager ses souvenirs d’enfance mais aussi comme un voyage initiatique. Ils s’installent dans la modeste maison Penven où la famille Denis logeait autrefois. Ils vivent ensemble pour la première fois et Maurice observe sa jeune épouse qui est sans doute troublée par le travail de la maison et veut faire au mieux. Il écrit dans son Journal (édition La Colombe, Paris, 1957, Vol. 1, p. 100): «elle se multiplie pour les premiers soins de notre ménage. Elle est parfaite». Dans la peinture Sancta Martha, Denis veut à la fois mettre en avant la beauté de son épouse, évoquer cette première vie commune et faire part de ses interrogations en s’aidant de l’Évangile. La scène paraît banale: dans un intérieur breton meublé d’un vaisselier, Marthe essuie et dresse des assiettes qu’une servante apporte à des convives attablés dans une pièce à l’arrière. Elle détourne la tête pour regarder son époux. Elle vient de disposer des poissons sur une assiette – symbole chrétien par excellence – qu’elle tient à la disposition de la servante vêtue d’une robe sombre et d’une coiffe blanche traditionnelle. Les trois convives correspondent à Marthe de Béthanie, debout, sa sœur Marie, assise et à droite le Christ. En haut de la toile, Maurice Denis peint un phylactère portant l’inscription «Scta Martha», pour Sancta Martha, sainte Marthe. La peinture est savamment construite, par espaces successifs, conduisant le regard vers les trois personnages en haut à droite qui conservent leur mystère dans cette pièce qui par sa fenêtre s’ouvre sur la lumière.
Maurice Denis fera une seconde version (La Cuisinière, collection particulière). Marthe est cette fois-ci devant les fourneaux. Le phylactère est absent, mais la figure du Christ est nimbée ce qui rend la scène plus explicite.
Maurice n’est âgé que de 23 ans lorsqu’il peint cette œuvre. Il fait preuve d’une étonnante maturité, comme en témoignent dans un autre genre ses premiers écrits théoriques.
André Cariou
Conservateur en chef du patrimoine honoraire
Maurice Denis randomly discovered Perros-Guirec, on the north coast of Brittany, through his father’s professional life. He would often return there for family holidays. It left such a strong impression on him that he decided to spend his honeymoon there, in June 1893.
Maurice Denis was only 23 years old, and already had a very full life, since his friend Paul Sérusier had presented at the Académie Julian in September 1888, a small landscape of Pont-Aven, today named Le Talisman (Paris, Musée d’Orsay), and painted under the direction of Paul Gauguin. Within a few months everything felt into place and even rapidlly excelled through his friendships Édouard Vuillard, Pierre Bonnard and Paul Ranson. This friendship and shared artistic values led to the creation of the Nabis group. Denis' visit to the Impressionist and Synthetist Exhibition, at the Café des Arts at the Universal Exhibition, in June 1889, where he discovered Paul Gauguin' paintings, was also transformative.
In 1891, the young man also met Marthe Meurier, aged a year younger than himself; he fell instantly in love with her and they were soon engaged. The pages of his diary relate his questions about the life awaiting him, and the daily life he would share with his future wife. The first name of his fiancée encouraged him to reread the parable of Jesus Christ in the house of Martha and Mary in Bethany, (Luc 10, 38-42). Then, in 1892 he painted Allégorie Mystique (private collection), which alludes to the two sisters. The young bride is represented in a double portrait, one with her eyes downcast and busy with household chores, and one with open eyes, devoting herself to meditation.
In 1891, the young man also met Marthe Meurier, aged a year younger than himself; he fell instantly in love with her and they were soon engaged. The pages of his diary relate his questions about the life awaiting him, and the daily life he would share with his future wife. The first name of his fiancée encouraged him to reread the parable of Jesus Christ in the house of Martha and Mary in Bethany, (Luc 10, 38-42). Then, in 1892 he painted Allégorie Mystique (private collection), which alludes to the two sisters. The young bride is represented in a double portrait, one with her eyes downcast and busy with household chores, and one with open eyes, devoting herself to meditation.The scene appears banal: set in a Breton interior, furnished with a dresser, Marthe is seen wiping and setting the plates that a servant has brought to some guests seated in a room at the rear. She turns her head to look at her husband. She has just placed some fish on a plate - the Christian symbol par excellence, which she holds for the servant, dressed in a dark dress with a traditional white headdress. The three guests are Martha of Bethany, standing, her sister Mary, sitting, and Christ on the right. At the top of the canvas Maurice Denis painted a phylactery with the inscription “Scta Martha”, for Sancta Martha, Saint Martha. The painting is cleverly constructed of successive spaces, leading the eye towards the three characters at the top right, who retain their mystery in that room that opens onto the light through its window.
Maurice Denis painted a second version of the subject (La Cuisinière, private collection). In that version, Marthe is at the stove; the phylactery is absent, but the figure of Christ has a halo, making the scene all the more explicit.
Maurice was only 23 years old when he painted the present work. Allready back then, he showcases an astonishing maturity, that is also obvious under another form in his first theorical writings.
André Cariou
Honorary Chief Curator
Maurice Denis découvre Perros-Guirec, sur la côte nord de la Bretagne, au gré des hasards de la vie professionnelle de son père. Il y reviendra pour des vacances en famille. Le souvenir est si fort qu’il décide d’y passer son voyage de noces en juin 1893.
Maurice Denis n’a alors que 23 ans et déjà une vie bien remplie depuis que son camarade Paul Sérusier a présenté à l’Académie Julian en septembre 1888 un petit paysage de Pont-Aven, - aujourd’hui Le Talisman (Paris, Musée d’Orsay) -, peint sous la dictée de Paul Gauguin. En quelques mois, tout s’enchaîne et s’accélère, telles les relations avec des camarades comme Édouard Vuillard, Pierre Bonnard ou Paul Ranson qui vont amener à la création du groupe des Nabis ou la visite de l’ «Exposition impressionniste et synthétiste» au Café des Arts de l’Exposition universelle en juin 1889 où il découvre les toiles de Paul Gauguin.
Par ailleurs le jeune homme a rencontré en 1891 Marthe Meurier, un an de moins que lui. Il en tombe amoureux puis se fiance. Les pages de son journal intime traduisent ses interrogations sur la vie à venir et sur la vie quotidienne à partager avec sa future épouse. Le prénom de sa fiancée l’incite à relire la parabole de Jésus-Christ dans la maison de Marthe et Marie à Béthanie (Luc 10, 38-42). Il peint alors en 1892 une Allégorie mystique (collection particulière) qui fait référence aux deux sœurs. La jeune fiancée y est représentée suivant un double portrait, les yeux baissés et occupée par les tâches ménagères pour l’un, et les yeux ouverts se livrant à la méditation pour l’autre.
Maurice entraîne Marthe à Perros-Guirec après leur mariage, pour lui faire partager ses souvenirs d’enfance mais aussi comme un voyage initiatique. Ils s’installent dans la modeste maison Penven où la famille Denis logeait autrefois. Ils vivent ensemble pour la première fois et Maurice observe sa jeune épouse qui est sans doute troublée par le travail de la maison et veut faire au mieux. Il écrit dans son Journal (édition La Colombe, Paris, 1957, Vol. 1, p. 100): «elle se multiplie pour les premiers soins de notre ménage. Elle est parfaite». Dans la peinture Sancta Martha, Denis veut à la fois mettre en avant la beauté de son épouse, évoquer cette première vie commune et faire part de ses interrogations en s’aidant de l’Évangile. La scène paraît banale: dans un intérieur breton meublé d’un vaisselier, Marthe essuie et dresse des assiettes qu’une servante apporte à des convives attablés dans une pièce à l’arrière. Elle détourne la tête pour regarder son époux. Elle vient de disposer des poissons sur une assiette – symbole chrétien par excellence – qu’elle tient à la disposition de la servante vêtue d’une robe sombre et d’une coiffe blanche traditionnelle. Les trois convives correspondent à Marthe de Béthanie, debout, sa sœur Marie, assise et à droite le Christ. En haut de la toile, Maurice Denis peint un phylactère portant l’inscription «Scta Martha», pour Sancta Martha, sainte Marthe. La peinture est savamment construite, par espaces successifs, conduisant le regard vers les trois personnages en haut à droite qui conservent leur mystère dans cette pièce qui par sa fenêtre s’ouvre sur la lumière.
Maurice Denis fera une seconde version (La Cuisinière, collection particulière). Marthe est cette fois-ci devant les fourneaux. Le phylactère est absent, mais la figure du Christ est nimbée ce qui rend la scène plus explicite.
Maurice n’est âgé que de 23 ans lorsqu’il peint cette œuvre. Il fait preuve d’une étonnante maturité, comme en témoignent dans un autre genre ses premiers écrits théoriques.
André Cariou
Conservateur en chef du patrimoine honoraire
Maurice Denis randomly discovered Perros-Guirec, on the north coast of Brittany, through his father’s professional life. He would often return there for family holidays. It left such a strong impression on him that he decided to spend his honeymoon there, in June 1893.
Maurice Denis was only 23 years old, and already had a very full life, since his friend Paul Sérusier had presented at the Académie Julian in September 1888, a small landscape of Pont-Aven, today named Le Talisman (Paris, Musée d’Orsay), and painted under the direction of Paul Gauguin. Within a few months everything felt into place and even rapidlly excelled through his friendships Édouard Vuillard, Pierre Bonnard and Paul Ranson. This friendship and shared artistic values led to the creation of the Nabis group. Denis' visit to the Impressionist and Synthetist Exhibition, at the Café des Arts at the Universal Exhibition, in June 1889, where he discovered Paul Gauguin' paintings, was also transformative.
In 1891, the young man also met Marthe Meurier, aged a year younger than himself; he fell instantly in love with her and they were soon engaged. The pages of his diary relate his questions about the life awaiting him, and the daily life he would share with his future wife. The first name of his fiancée encouraged him to reread the parable of Jesus Christ in the house of Martha and Mary in Bethany, (Luc 10, 38-42). Then, in 1892 he painted Allégorie Mystique (private collection), which alludes to the two sisters. The young bride is represented in a double portrait, one with her eyes downcast and busy with household chores, and one with open eyes, devoting herself to meditation.
In 1891, the young man also met Marthe Meurier, aged a year younger than himself; he fell instantly in love with her and they were soon engaged. The pages of his diary relate his questions about the life awaiting him, and the daily life he would share with his future wife. The first name of his fiancée encouraged him to reread the parable of Jesus Christ in the house of Martha and Mary in Bethany, (Luc 10, 38-42). Then, in 1892 he painted Allégorie Mystique (private collection), which alludes to the two sisters. The young bride is represented in a double portrait, one with her eyes downcast and busy with household chores, and one with open eyes, devoting herself to meditation.The scene appears banal: set in a Breton interior, furnished with a dresser, Marthe is seen wiping and setting the plates that a servant has brought to some guests seated in a room at the rear. She turns her head to look at her husband. She has just placed some fish on a plate - the Christian symbol par excellence, which she holds for the servant, dressed in a dark dress with a traditional white headdress. The three guests are Martha of Bethany, standing, her sister Mary, sitting, and Christ on the right. At the top of the canvas Maurice Denis painted a phylactery with the inscription “Scta Martha”, for Sancta Martha, Saint Martha. The painting is cleverly constructed of successive spaces, leading the eye towards the three characters at the top right, who retain their mystery in that room that opens onto the light through its window.
Maurice Denis painted a second version of the subject (La Cuisinière, private collection). In that version, Marthe is at the stove; the phylactery is absent, but the figure of Christ has a halo, making the scene all the more explicit.
Maurice was only 23 years old when he painted the present work. Allready back then, he showcases an astonishing maturity, that is also obvious under another form in his first theorical writings.
André Cariou
Honorary Chief Curator