JEAN-HONORÉ FRAGONARD (GRASSE 1732-1806 PARIS)
JEAN-HONORÉ FRAGONARD (GRASSE 1732-1806 PARIS)

Le baiser à la fumée ou L'occasion

Details
JEAN-HONORÉ FRAGONARD (GRASSE 1732-1806 PARIS)
Le baiser à la fumée ou L'occasion
Pierre noire, lavis brun
25,7 x 36,4 cm.
Provenance
Alexandre Du Sommerard ; Hôtel Bullion, Paris, 3-4 avril 1826, lot 34 (‘Le Baiser à la fumée; sépia’).
Madame Du Sommerard, vers 1889 (selon Portalis).
Georges Dormeuil (L.1146a).
Marque d’un monteur non identifié (L. 3536).
Vente anonyme; Palais d’Orsay, Paris, 13 juin 1978, lot 7.
Galerie Cailleux, Paris.
Literature
P. de Chennevières, Les dessins de maîtres anciens exposés à l'Ecole des Beaux-Arts, Paris, 1880, p. 110.
E. de Goncourt, La maison d’un artiste, Paris, 1881, p. 91, note 1.
E. et J. Goncourt, L'art du XVIIIème siècle. Fragonard, Paris, 1882, III, p. 328.
R. Portalis, Fragonard, sa vie, son œuvre, Paris, 1889, pp. 196 et 308.
J. Villain, Fragonard, Paris, 1953, fig. 55.
L. Réau, Fragonard, Bruxelles, 1956, p. 197.
A. Ananoff, L' Œuvre dessiné de Fragonard, Paris, 1971, IV, no. 1984, fig. 539.
E. Launay, Les frères Goncourt collectionneurs de dessins, Paris, 1991, p. 332, sous no. 141.
Exhibited
Paris, Ecole des Beaux-Arts, Dessins de maîtres anciens, 1879, no. 578.
Paris, Pavillon de Marsan, Fragonard, 1921, no. 154.
Londres, Royal Academy, French Art 1200-1900, 1932, no. 685.
Paris, Galerie Paul Cailleux, Le dessin Français de Watteau à Prud'hon, 1951, no. 40.
Paris, Galerie Paul Cailleux, Aspects de Fragonard. Peintures, Dessins , Estampes, 1987, no. 61
Engraved
par Nicolas-François Regnault (1746-1810).

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Margaux Zoi
Margaux Zoi

Lot Essay

Une famille est réunie dans un intérieur. La mère ouvre le poêle placé au centre. D’un coup, une épaisse fumée s’en échappe, aveuglant la jeune femme et faisant fermer les yeux des enfants autour. Profitant de la fumée ‘qui les empêche d’être vus, deux amoureux se haussent vivement sur la pointe des pieds pour se donner un baiser à l’abri de ce rideau providentiel’ (L. Réau, 1956, op. cit., p. 197).
Cette scène amusante et enlevée donne l’occasion à Fragonard de faire montre de toute son habileté à grouper des sujets qui lui sont chers: vieillard endormi, enfance ‘répandue partout’, jeune garçon au chapeau caressant son chien et, bien sûr, un baiser (un thème que nul autre artiste semble avoir représenté autant et avec autant de grâce et de réussite que Fragonard). L’artiste utilise avec bonheur les différents tons du lavis afin d’isoler ses personnages du nuage de fumée.
Tout comme d’autres lavis à sujet familiaux, tels que ‘Demandez pardon au grand père’ ou ‘Le Petit prédicateur’, tous deux aujourd’hui à la National Gallery de Washington (cat. exp. Fragonard, Paris, Grand Palais et New York, The Metropolitan Museum of Art, 1987-88, nos. 224 et 227), le présent dessin doit dater d’après le second voyage de Fragonard en Italie, en 1773-74.
Le même sujet du Baiser à la fumée fut traité, également au lavis brun, par Jean-Baptiste Huet (1745-1811) dans un dessin, daté 1789, de l’ancienne collection Goncourt et récemment passé en vente (Christie’s, Paris, 10 avril 2013, lot 49). Philibert-Louis Debucourt en fit également une gouache titrée L’Heureux accident et autrefois dans la collection Paignon-Dijonval, pour laquelle il existe un dessin préparatoire à la plume et encre brune, lavis gris, qui appartint à Philippe de Chennevières (L.-A. Prat et L. Lhinares, La collection Chennevières. Quatre siècles de dessin français, Paris, 2007, p. 532, no. 246, ill.).
Le présent dessin fit partie de la collection formée par Alexandre du Sommerard (1779-1842), aujourd’hui surtout célèbre pour son cabinet d’objets d’art du Moyen-Age et de la Renaissance. Ce cabinet, tout comme l’Hôtel de Cluny à Paris qui l’abritait, fut acquis à la mort de Du Sommerard par l’Etat français et est à la base du Musée national du Moyen-Age, encore aujourd’hui installé dans l’Hôtel de Cluny. Bien que présenté à une vente Du Sommerard de 1826, le dessin de Fragonard appartenait encore à la famille à la fin du dix-neuvième siècle. Il fut ensuite acquis, avant 1921, par Georges Dormeuil (1856-1939) qui assembla une remarquable collection de dessins français du dix-huitième siècle. C’est probablement Dormeuil qui fit remonter le dessin. Le montage actuel porte, en effet, une marque à sec de monteur (L. 3536) qui se retrouve sur d’autres montages de dessins provenant de la collection Dormeuil. Cette marque est aujourd’hui attribuée à deux encadreurs et doreurs, Alexandre Jouanest et Maurice Hauët qui se succédèrent dans une boutique située place de La Borde (actuelle place Henri Bergson), près de l’église Saint-Augustin à Paris.

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