CHAÏM SOUTINE (1894-1943)
CHAÏM SOUTINE (1894-1943)

L'Arbre de Vence

Details
CHAÏM SOUTINE (1894-1943)
L'Arbre de Vence
huile sur toile
74.8 x 52.3 cm. (29½ x 20 5/8 in.)
Peint vers 1929
Provenance
Collection particulière, Europe (acquis dans les années 1950); vente, Christie's, Londres, 2 février 2004, lot 22.
Acquis au cours de cette vente par le propriétaire actuel.
Literature
M. Tuchman, E. Dunow et K. Perls, Chaïm Soutine (1893-1943), Catalogue raisonné, Cologne, 1993, Vol. I, p. 278, no. 147 (illustré en couleurs, p. 279; dimensions erronées).
Further Details
'TREE IN VENCE'; OIL ON BOARD LAID DOWN ON CANVAS.

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Anika Guntrum
Anika Guntrum

Lot Essay

"Cet arbre, il est comme une cathédrale" (l'artiste cité dans Soutine, catalogue d'exposition, Chartres, 1989, p. 250).
Ce tableau fait partie d'une petite série que Soutine réalisa à Vence en 1929. Il représente la place centrale du village sur laquelle trône un superbe frêne dont l'origine remonte au XVIème siècle. Une légende locale raconte que François Ier en personne l'aurait planté en 1538 lors de son passage à Vence en route pour signer la Trêve de Nice avec l'empereur Charles Quint.
Léopold Zborowski, ami et marchand de Soutine, mit son chauffeur personnel, André Daneyrolles, à la disposition de l'artiste pendant cette période. Il se souvient que le peintre se tenait toujours à la même place pour peindre l'arbre parce que, entre autres raisons, il n'aimait pas être observé pendant qu'il travaillait. Il préférait se tenir discrètement à l'écart et rester parfaitement invisible. Lorsqu'un passant finit par s'introduire dans son repaire, Soutine détruisit la toile. A partir de ce moment, Daneyrolles garda le lieu et en bloqua même l'accès avec son automobile.
Hommage à l'énergie et à la passion du peintre, les oeuvres de cette petite série, toutes différentes les unes des autres, fixent en général l'attention du spectateur sur un élément spécifique de la scène. Dans le présent tableau, l'arbre est une présence menaçante, formant une masse sombre en haut du tableau. Les maisons voisines sont d'importance variée dans la série. Ici, la rue en bas à gauche s'étend au loin. Cette petite partie de rue rappelle certains des paysages plus aérés de Soutine, tels que les vues de Cagnes qu'il réalisa en 1924 lorsque, après des années de misère, il put enfin, et pour la première fois, goûter au succès public et financier. Succès qui allait durer, pendant tout le reste de sa vie grâce au soutien de mécènes et de collectionneurs.
L'année 1929 marque l'apogée de la carrière de Soutine. Au cours des années précédentes les toiles de l'artiste avaient été exposées ici ou là, mais de façon intermittente malgré l'engagement du célèbre collectionneur Albert C. Barnes. En 1929 tout changea. Soutine fit l'objet de nombreuses expositions en France et à l'étranger. Alors que ses premiers succès avaient révélés des oeuvres aux tonalités plus claires réalisées au milieu des années 20, ce dernier succès, ou quelque autre évènement, semble avoir poussé Soutine à redécouvrir et explorer la palette plus sombre qu'il avait d'abord privilégiée. Ainsi, tandis que la rue bouillonne de vie et de lumière, l'arbre lui-même affiche une présence sévère et imperturbable, plus enraciné et robuste qu'il n'était apparu dans d'autres peintures.
Le traitement singulier de la perspective et de la distorsion dans la représentation de la rue poussa Modigliani, grand ami de Soutine, à s'exclamer après qu'il eut trop bu de vin, " Tout danse devant moi comme dans un paysage de Soutine " (cité dans A. Werner, Chaïm Soutine, London, 1991, p. 38). Dans l'Arbre de Vence, la rue illustre un condensé du style si personnel de Soutine avec un traitement ondulant, quasi vacillant de la perspective. Soutine révèle sa vision de la rue, une vision enivrante, intense, presque violente. Dans l'Arbre de Vence, Soutine donne plus qu'une simple représentation de la rue ; il délivre une vision concentrée, une réaction émotionnelle qui se transmet au spectateur.


"This tree is like a cathedral" (C.Soutine quoted in, Soutine, exhibition catalogue, Chartres, 1989, p.250) Painted circa 1929, this picture is one of a small series that Soutine created in Vence that year, depicting the village's central square dominated by a majestic ash tree whose history dates back to the 16th century. Local legend states that the tree was planted personally by François I in 1538 during his official visit to Vence to sign the Treaty of Nice.
Soutine's friend and dealer, Leopold Zborowski, put his own chauffeur, André Daneyrolles, at the artist's disposal during this period, who recalled that the tree was painted from the same spot partly because Soutine did not like to be seen painting. Instead, he would sit in a discreet spot where he was all but invisible. When this spot was once invaded by a passer-by, Soutine destroyed the canvas he was painting, and from then on had Daneyrolles guard the spot and even block access with the car.

It is a tribute to the energy and passion of the painter that the various pictures in this small group are all different from each other, usually focusing on one explicit characteristic of the scene. Here, the tree is a large and looming presence, forming a dark canopy at the top of the work. The nearby buildings take on a varying degree of importance within the series. In the present work, the street at lower left stretches into the distance. This small section of streetscape is reminiscent of some of Soutine's lightest and most open landscapes, for instance the views of Cagnes he painted in 1924 when the shadow of poverty was finally receding and he was enjoying both public and financial success for the first time. This success was to last, one way or another, for the rest of his life as he found himself a string of sponsors and patrons.
It was in 1929 that this success truly reached its apogee. In the previous years his pictures had hung here and there intermittently in exhibitions, even after the involvement of the prominent collector Albert C. Barnes. However, in 1929 he was exhibited in many exhibitions both in France and abroad. While his first brush with success had brought about the lighter paintings of the mid-1920s, this later success, or some other event, appeared to push Soutine to rediscovering and exploring the darker palette he had formerly favored. Thus, while the street bubbles with life and light, the tree itself is a stern and stolid presence, something more earthed and robust than had appeared in some other paintings.

It was the distinctive sense of perspective and distortion that is especially visible in the street section that prompted Soutine's great friend Modigliani to exclaim that after having indulged into much wine, 'Everything is dancing before my eyes as in a landscape by Soutine' (A. Werner,
Cham Soutine, London, 1991, p.38). The street area condenses Soutine's idiosyncratic style, wobbling its way into the distance. There is an intense, almost violent subjectivity to this view. At the same time, Soutine's vision of the street is intoxicating. It dances with life and character, and in this way fills the viewer with thoughts and emotion. Soutine has given us something more than a mere representation of the street, but has instead provided a concentrated vision, an emotional reaction which itself translates to the viewer.

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