SAM FRANCIS (1923-1994)
SAM FRANCIS (1923-1994)

Blue Balls-Blue I

Details
SAM FRANCIS (1923-1994)
Blue Balls-Blue I
signé et daté 'Sam Francis 1960' (au dos)
acrylique et huile sur toile
92 x 73 cm. (36¼ x 28¾ in.)
Peint en 1960.
Provenance
Collection Sonje Henie-Niels Onstad, Norvège
Collection privée, États-Unis
Collection privée, Genève
Galerie Beyeler, Suisse
Vente anonyme, Sotheby's New York, 21 mai 1983, lot 443
Waddington Galleries, Londres
Collection privée, Londres
Exhibited
Stockholm, Moderna Museet, Sam Francis: Sweet Bear, septembre-octobre 1960, No. 33.
Oslo, Kunstnernes Hus; Göteborg, Göteborgs Konstmuseum; Stockholm, Moderna Museet; Hambourg, Kunsthalle Hamburg; Essen, Museum Folkwang; Stuttgart, Kunstgebäude; Francfort, Haus des deutschen Kunsthandwerks; Bâle, Kunsthalle Basel; Londres, Tate Gallery; Paris, Musée National d'Art Moderne; Edimbourg, Royal Scottish Academy; Liverpool, Walker Art Gallery; La Haye, Haags Gemeentemuseum, Collection Sonja Henie-Niels Onstad, novembre 1960-janvier 1963 (Oslo, No. 97, illustré au catalogue d'exposition p. 117; Göteborg, illustré au catalogue d'exposition p. 63).
Londres, Waddington Galleries, Groups VII, janvier 1984, No. 40 (illustré au catalogue d'exposition p. 46).
Paris, Christie's France, Un art autre? Artistes autour de Michel Tapié, janvier-mars 2012 (illustré en couleurs au catalogue d'exposition p. 85).
Further Details
'BLUE BALLS-BLUE I'; SIGNED AND DATED ON THE REVERSE; ACRYLIC AND OIL ON CANVAS.

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Eloïse Peyre
Eloïse Peyre

Lot Essay

Parmi les séries considérées comme les plus importantes dans le parcours artistique de Sam Francis, la série dite des Blue Balls rassemble les oeuvres réalisées en 1960 et 1963.

Cette phase, capitale dans la vie de l'artiste, fait partie d'un des trois moments clé de sa carrière (les deux autres étant le début de son travail de peintre et la foisonnante période de création qui succède à l'annonce d'un cancer au début des années 1990).

C'est un épisode dramatique qui plonge Sam Francis dans l'art, alors que rien ne le déterminait à s'engager dans cette voie.
Pilote de formation, un accident d'avion en octobre 1943 fait basculer sa vie. Une blessure à la colonne vertébrale suivie de graves complications l'oblige à rester alité pendant de nombreux mois avec comme seul réconfort la découverte de la peinture.
Après une guérison aussi spectaculaire qu'inattendue, Sam Francis restera à jamais meurtri et affaibli et cherchera dans la frénésie de son travail, des voyages et des déménagements à faire un véritable pied de nez à la mort.
Mais en 1960, une grave rechute le plonge à nouveau dans l'inertie qu'il avait tenté de fuir pendant presque quinze ans.
C'est à l'occasion de cette pause douloureuse et brutale que commence le travail des Blue Balls.

L'année précédente, Sam Francis commence à introduire dans sa peinture un élément nouveau: la grande plage de couleur blanche dont les subtilités de tons animent désormais la surface de la toile et marquent un contrepoids aux explosions de couleurs de la composition.
Grâce à son ami Franz Meyer, il découvre, la même année, à la Kunsthalle de Bern, l'exposition des 'Grandes gouaches découpées' de Matisse et s'attaque pour la première fois de sa carrière à quelques nus bleus quasi figuratifs qui font écho à ces gouaches.

En 1960, quelques mois avant son hospitalisation, et au fur et à mesure des toiles, la forme bleue se distend et migre vers les bords de la toile. La couleur pure fait place à un travail sur les dégradés et les transparences.
A partir de là, chaque tableau sera comme le cliché d'un instant T, l'étape imagée d'une recherche quasi scientifique. La maladie qui attaque Sam Francis et qui le cloue dans la réalité, trouve sur la toile sa concrétisation, son expression. Les cellules bleues, comme autant de globules, bacilles flottant dans une lymphe azurée, sont une sorte d'automédication de l'artiste qui extériorise son humanité, sa fragilité mais aussi sa volonté et sa rage de vivre.

Cette série, qui marque 'le tournant stylistique le plus radical de sa carrière depuis les White Paintings de 1950' (Diane W. Upright, 'Sam Francis in the 1950s', Sam Francis: The Fifties, catalogue d'exposition, Washington, The Phillips Collection, mars-avril 1980), Sam Francis l'évoque dans une lettre écrite de Los Angeles à Yoshiaki Tono, en 1961: 'Je vis dans un paradis de boules bleues diaboliques - qui flottent, qui flottent, tout flotte - où je poursuis cette mathématique unique de mon imagination à travers la succession des jours vers un lendemain sans nom. Quel délice, comme si j'éclairais la voie devant moi avec mes propres yeux contre ma volonté et en sachant que je ferais mieux d'avoir des fenêtres pour yeux.' (Sam Francis, lettre à Yoshiaki Tono, 1961, extraite de la page de titre du livre de Yoshiaki Tono, Sam Francis, Tokyo, 1964).

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