Édouard Vuillard (1868-1940)
Hommage à la famille Hessel: mécènes et modèles
Édouard Vuillard (1868-1940)

Jos Hessel devant la T.S.F, rue de Naples (recto); Étude pour Lucy dans son jardin (verso)

Details
Édouard Vuillard (1868-1940)
Jos Hessel devant la T.S.F, rue de Naples (recto); Étude pour Lucy dans son jardin (verso)
signé 'E Vuillard' (en bas à gauche)
huile (recto); pastel sur carton (verso)
53 x 51.5 cm.
Peint vers 1920-22

signed 'E Vuillard' (lower left)
oil (recto); pastel on board (verso)
20 7/8 x 21 ¼ in.
Painted circa 1920-22
Provenance
Jos et Lucy Hessel, Paris (acquis auprès de l'artiste, vers octobre 1925).
Lucie Grandjean-Hessel, Paris (par descendance).
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
T. Bernard, 'Jos Hessel' in La Renaissance de l'Art, XIIIe année, no. 1, Paris, janvier 1930, p. 27 (illustré).
J. Salomon, Vuillard admiré, Paris, 1961, p. 157 (illustré; daté 'vers 1924').
A. Salomon et G. Cogeval, Vuillard, Le regard innombrable, Catalogue critique des peintures et pastels, Paris, 2003, vol. III, p. 1343, no. XI-94 (illustré en couleurs).
Exhibited
Zurich, Kunsthaus, Pierre Bonnard, Édouard Vuillard, mai-juillet 1932, no. 176.
Londres, Arthur Tooth & Sons, Paintings and Pastels by E. Vuillard, juin 1934, no. 24.
Paris, Paul Rosenberg, Exposition d'œuvres de Bonnard et Vuillard provenant de collections particulières, décembre 1936, no. 37.
Londres, Rosenberg & Helft, Bonnard and Vuillard, septembre-octobre 1937, no. 16.
Further Details
Il émane de cette scène se déroulant dans le vaste appartement des Hessel situé au 33 rue de Naples à Paris un sentiment d’opulence, de culture et de modernité. Dans beaucoup de salons peints par Vuillard au premier quart du XXe siècle, l’artiste dépeint la haute société parisienne en donnant à voir les salons privés et les collections artistiques des Hessel à travers des «tableaux dans le tableau». Jos Hessel devant la T.S.F. rue de Naples, peint vers 1920-22, illustre à merveille ce type de composition, qui apparaît comme une éclatante mosaïque de couleurs chaudes, de motifs et de formes qui emplissent l’espace pictural. À l’image d’autres tableaux de ce type, Vuillard ne se contente pas d’inclure ses propres œuvres, comme le Portrait de Jos Hessel, également présenté dans cette collection (lot 6A). Il rend également hommage à ses pairs, notamment Bonnard, Maillol, Denis, de Segonzac et Roussel, dont les œuvres côtoient les siennes sur les murs, soulignant la richesse des Hessel, leur rôle déterminant en tant que mécènes et leur goût pour l’art d’avant-garde.
Dans cet intérieur fascinant, en plus de mettre en exergue la contribution du mécène Jos Hessel en faveur de la révolution artistique du début du XXe siècle, Vuillard célèbre plus largement l’avènement de la modernité. Fruit des avancées techniques de l’époque, la transition entre la photographie et le cinéma est suggérée dans cette œuvre, notamment à travers le plafonnier spectaculaire inondant la pièce de lumière artificielle et par l’effet «d’arrêt sur image» donné à la scène. Les grands changements apportés par la révolution industrielle, tels que l’invention de l’électricité qui remplace l’éclairage au gaz, ou l’introduction de nouveaux moyens de communication, en particulier la TSF - pour «télégraphie sans fil» - sont également évoqués dans ce tableau. Il semblerait que Jos essaie d’utiliser cet appareil révolutionnaire inventé il y a peu, capable de transmettre des messages par ondes électromagnétiques. Confortablement installé dans son fauteuil de style Empire, très en vogue à l’époque, Jos semble incarner la confrontation entre passé et modernité. Dans une certaine mesure, la modernité paraît prendre le dessus dans ce tableau de Vuillard, si l’on en croit la place importante, presque disproportionnée, accordée au halo de lumière rose émanant du grand luminaire majestueusement pendu au plafond. Pourtant, la lumière électrique, en éclairant les murs surchargés et le mobilier opulent, génère une certaine sensation de claustrophobie, comme pour interroger le spectateur sur les limites de la modernité et sur ses inévitables dangers pour la société.

Looking at this scene taking place in the Hessels’ grand apartment located 33 rue de Naples in Paris, opulence, culture and modernity spring to mind. As one of the key characteristics of the salon paintings executed by Vuillard in the first quarter of the 20th century, the artist depicts Parisian upper-class society by giving his viewer access to the Hessels’ private salons and art collections through his compositions of "paintings within a painting". Jos Hessel devant la T.S.F. rue de Naples of circa 1920-22 is an outstanding example of this type of painting, standing out like a vibrant mosaic of warm colours, patterns and shapes that define the pictorial space. As in other salon paintings, Vuillard not only includes his own works – such as his portrait of Jos Hessel, also presented in this collection (lot 6 A) - but he also pays tribute to his fellow artists, Bonnard, Maillol, Denis, de Segonzac, Roussel and others, by also featuring some of their creations alongside his, underscoring to the Hessels’ wealth, their seminal role as art patrons and highlighting their avant-garde taste.
In this mesmerizing interior, in addition to emphasising Jos Hessel’s contribution as a patron of the artistic revolution at the turn of the 20th century, Vuillard also celebrates more generally the achievements of modernity. Allusions to the transition from photography to cinematography, resulting from the revolution in technology, feature in the present work, particularly with the dramatic lighting flooding the room with artificial light and the snapshot view of the scene. The radical changes brought by the industrial revolution, such as the invention of electricity, replacing gas lighting, or the introduction of new means of communication, namely the "TSF", standing for "Télégraphie Sans Fil", are also referred to in this painting. Jos seems to be trying out this recently invented revolutionary machine, that could transmit messages via electromagnetic waves. Comfortably seated in his fashionable Empire-style chair, it seems that past is confronted with modernity. To some extent, modernity seems to dominate Vuillard’s painting, given the prominent place attributed to the large and almost disproportionate bright pink light majestically hanging from the ceiling. Yet the electric light coupled with the crowded walls and lavish furniture, also convey a certain sense of claustrophobia, as if warning the viewer about the limits of modernity and its inevitable threats to society.

Brought to you by

Adélaïde Quéau
Adélaïde Quéau

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