Léonard-Tsuguharu Foujita (1886-1968)
Léonard-Tsuguharu Foujita (1886-1968)

Femme pensive (pour "La Fleur aux milles pétales d'or")

Details
Léonard-Tsuguharu Foujita (1886-1968)
Femme pensive (pour "La Fleur aux milles pétales d'or")
signé et signé de nouveau en japonais 'Foujita' (en bas à droite)
gouache, aquarelle, encre de Chine et lavis sur papier
32.6 x 24.4 cm.
(3)Exécuté en 1930

signed and signed again in Japanese 'Foujita' (lower right)
gouache, watercolour, India ink and wash on paper
12 7/8 x 9 5/8 in.
Executed in 1930
Provenance
Docteur Lucien Graux, Paris (commissionné auprès de l'artiste, le 20 juillet 1929).
Collection particulière, France (par descendance).
Collection particulière, Paris.
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel.
Literature
Dr. L. Graux, La Fleur aux milles pétales d'or, Paris, 1930 (la version à l'aquatinte et taille-douce illustrée).
Léonard Foujita, image et parole, cat. exp., Tokyo, 1988 (la version à l’aquatinte et taille-douce illustrée, p. 105).
S. Buisson, Léonard-Tsuguharu Foujita, sa vie, son œuvre, Paris, 2001, vol. II, p. 559 (la version à l'aquatinte et taille-douce illustrée).
Exhibited
Paris, Musée Maillol, Foujita, Peindre dans les années folles, mars-juillet 2018, p. 132, no. 93 (illustré en couleurs, p. 133).
Further Details
Tsuguharu Foujita débarque du Japon à Paris en 1913. Il rencontre Pablo Picasso le lendemain de son arrivée et fait très vite la connaissance de Guillaume Apollinaire, André Derain, Amedeo Modigliani, Moïse Kisling, Pinkus Pascin et Kees van Dongen. Il étudie et admire Paris, le Louvre et ses nouveaux amis; tout en se propulsant lui-même à l’avant-garde de l’art moderne, il retient du Japon et de sa formation à Tokyo des fondamentaux qui ne le quitteront jamais. Il devient le seul artiste moderne à incarner le Japon à Paris et la France au Japon. Dans un entre-deux guerre qui consacre Paris comme le centre mondial de tous les arts, Foujita remet à l’honneur le Japon.
L’intelligentsia internationale qui s’était passionnée pour le Japonisme dans les années 1885 avec Paul Gauguin, Edgar Degas, Édouard Manet ou Henri de Toulouse-Lautrec, s’empare de l’Œuvre si exotique de Tsuguharu Foujita et retrouve en lui, en plus du raffinement et de la subtilité du Japon traditionnel, le dépouillement et la modernité qu’elle vénère.
Avec l’arrivée de l’Art déco en 1925 qui, jusque dans les années trente, guide toutes les tendances à Paris, de la mode à l’architecture, du mobilier à la joaillerie, Foujita est d’autant plus sollicité par les décorateurs et les éditeurs que l’esprit littéraire, historique et lumineux des estampes, intact dans son art, s’allie parfaitement à la géométrie synthétique de ce nouveau style décoratif inspiré de Pablo Picasso et de l’Orphisme des Delaunay.
L’ouvrage d’art intitulé La fleur aux mille pétales d’or retrace l’histoire merveilleuse et métaphysique de la jeune et belle Tokiyama lancée dans un voyage initiatique et improbable à la recherche de son amour, le vaillant samouraï que la guerre lui a sans doute ravi. Le conte inspire à Foujita une douceur et des profils d’une langueur et d’une beauté qui tiennent autant à l’art du Japon qu’à celui de l’Occident. Pour dessiner l’héroïne de La fleur aux mille pétales d’or, Foujita se souvient des corps tant aimés de ses modèles favoris, Youki, Madeleine et Jacqueline. Il définit ainsi une série de gouaches d’une pureté immaculée où la splendeur du sexe féminin, tel qu’il le conçoit, resplendit dans son universalité.
La grâce de Madeleine se prête au mouvement sinueux d’un kimono largement ouvert que la bienséance prohiberait au Japon, le profil grec de Jacqueline se retrouve dans la femme au bâton de pèlerin et l’élégance de Youki, la main délicatement posée sur le visage, se reconnaît dans la Femme à l’épingle. Foujita pose délicatement sur les cheveux de ces deux dernières un petit voile tel celui des madones de la Renaissance ; il n’a rien à voir avec le costume japonais.
Ses lignes tracées délicatement à la pointe d’un pinceau fin trempé dans l’encre noire se déploient avec une sûreté unique ; elle s’enchaînent, se lâchent et se retrouvent. Le bleu, le rouge et le jaune, couleurs primaires teintées de la blancheur laiteuse d’une fine gouache, enchantent le dessin.

Tsuguharu Foujita came to Paris from Japan in 1913. The day after he arrived, he met Pablo Picasso, closely followed by Guillaume Apollinaire, André Derain, Amedeo Modigliani, Moïse Kisling, Pinkus Pascin and Kees van Dongen. He studied and admired Paris, the Louvre and his new friends, and he propelled himself to the forefront of modern art while retaining the fundamentals that he would never forget from his life in Japan and his training in Tokyo. He became the only modern artist to embody both Japan in Paris and France in Japan.
During the interwar period that crowned Paris as the world centre of every art form, Foujita brought Japan to the fore.
The international intelligentsia — which became enamoured with Japonism around 1885 through the work of Paul Gauguin, Edgar Degas, Édouard Manet and Henri de Toulouse-Lautrec — laid claim to the exotic works of Tsuguharu Foujita, finding reflected in him not only the refinement and subtlety of traditional Japan, but also the minimalism and modernity that it so venerated.
When Art déco emerged in 1925 to influence all Parisian trends from fashion to architecture and from furniture to jewellery until the 1930s, Foujita was even more sought out by decorators and publishers because the literary, historical and luminous spirit of printing in his art perfectly complemented the synthetic geometry of this new decorative style, inspired by Pablo Picasso and the Orphisme of the Delaunays.
The art book entitled La fleur aux mille pétales d’or retraces the marvellous, metaphysical story of the beautiful young Tokiyama, who embarks on an improbable voyage in search of her lover, a valiant samurai who has most likely been killed in the war. The tale inspired softness in Foujita’s style, and he conceived profiles of a languor and beauty that reflect Japanese art and Western art in equal measure. To draw the heroine of La fleur aux mille pétales d’or, Foujita remembered the beloved bodies of his favourite models, Youki, Madeleine and Jacqueline. He designed a series of gouache paintings of an immaculate purity, where the splendour of the female sex, as he saw it, shone resplendent in its universality.
The grace of Madeleine lends itself to the sinuous movement of the wide-open kimono, which decorum would have prohibited in Japan; the Greek profile of Jacqueline resonates in the woman with the pilgrim’s staff; and the elegance of Youki, one hand delicately placed on her face, is recognisable in Femme à l’épingle. Atop the hair of the last two, Foujita places a small veil reminiscent of the Madonnas of the Renaissance, which has nothing to do with traditional Japanese dress.
The lines, delicately traced with the tip of a very fine brush dipped in black ink, unfurl with singular steadiness; they flow from each other, break and join up again. Blue, red and yellow, primary colours tinted with the milky whiteness of a fine gouache, add a hint of enchantment to the drawings.

Sylvie Buisson
Auteur du Catalogue Raisonné de L. Foujita, expert de cet artiste près l’Union française des experts.

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Anika Guntrum
Anika Guntrum

Lot Essay

Sylvie Buisson a confirmé l'authenticité de cette œuvre.

Ce lot est vendu avec une lettre tapuscrite et manuscrite de l'artiste à l'attention du Docteur Graux datée du 20 juillet 1929 et est accompagné d'un chèque relatif à cette même transaction.

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