Lot Essay
« Après quelques minutes de réflexion face à un petit autel, et après avoir déposé séparément différentes couleurs à l’huile sur une toile blanche posée sur le sol, le peintre japonais Shiraga, pieds nus, accroché à une corde suspendue au plafond, commence, sur la matière huileuse, une danse aux mouvements rapides, rythmés et précis. »
“After a few minutes of reflection in front of a small altar, and having separately deposited several oil colours on the white canvas on the floor, the Japanese painter Shiraga, in bare feet, attached to a rope hanging from the ceiling, began to dance on the oily material with rapid, rhythmic and precise movements.“
ANTONIO SAURA
Réalisé au tournant des années 1960, T39 témoigne d’une période clé pour la trajectoire artistique de Kazuo Shiraga : le galeriste Rodolphe Stadler l’expose alors pour la première fois hors du Japon, à Paris. C’est le début d’une collaboration pérenne ; T39, issue directement de la collection Stadler, en est le marqueur. Rien ne prédestinait pourtant l’artiste à voir sa démarche, mûrie en autarcie dans l’après-guerre, portée par-delà les limites de son pays natal. Influencée par les préceptes du groupe d’avant-garde Gutaï, elle doit sa postérité à une audace radicale : depuis 1954 Shiraga peint avec ses pieds, arrimé à une corde qui lui permet de se tenir dans le tableau posé à plat.
En résulte une danse endiablée dont T39 prend la mesure. La toile devient un champ de bataille où s’affrontent les teintes écarlates, du vermillon au pourpre, illuminées de quelques touches de bleu, vert et jaune. Les giclures, presque organiques, marquent la violence gestuelle. Portée par la communion de l’esprit et du corps, la démarche novatrice de Shiraga n’en demeure pas moins marquée d’une forte spiritualité. Peut être est-ce ce précisément ce mélange de tradition et modernité qui fera dire à Stadler que : « c'est précisément pourquoi nous sommes fascinés: nous sommes à la fois en pays de connaissance et déroutés » (catalogue d'exposition, 30 ans de rencontres, de recherches, de partis pris, 1955-1985, Paris, Galerie Stadler, 1985).
Produced at the start of the 1960s, T 39 represents a key stage in Kazuo Shiraga’s progress as an artist as it was at this point that the art dealer Rodolphe Stadler exhibited his work for the first time outside Japan - in Paris. It was the start of a lasting collaboration of which T 39, which comes straight from the Stadler collection, is emblematic. However, nothing could have predicted that the artist would see his approach, which became more independent in the post-war period, transcend the borders of his native Japan. Influenced by the doctrines of the avant-garde Gutai group, it owes its posterity to a radically bold style: from 1954, Shiraga painted with his feet whilst suspended by a rope. This enabled him to place himself in the painting, which was laid out flat.
The result was a frenzied dance which is fully brought to bear in T 39. The canvas becomes a battlefield in which scarlet shades from vermilion to crimson fight it out, illuminated by strokes of blue, green and yellow. The splatters, which are almost organic in nature, reveal the violence of the attack. Rooted in the union of body and mind, Shiraga’s innovative approach is nonetheless characterised by a strong spirituality. Perhaps it was precisely this mix of tradition and modernity that led Stadler to say: "This is exactly what fascinates us: we are on familiar ground yet thrown off course at the same time" (exhibition catalogue, 30 ans de rencontres, de recherches, de partis pris, 1955-1985, Paris, Galerie Stadler, 1985).
"Je parlerai de ce groupe de peintres japonais qui, avec la plus extrême ardeur [...] se transformaient en pinceaux vivants !"
"I would like to mention this group of Japanese artists, who most passionately [...] transformed themselves into living paintbrushes!"
YVES KLEIN
“After a few minutes of reflection in front of a small altar, and having separately deposited several oil colours on the white canvas on the floor, the Japanese painter Shiraga, in bare feet, attached to a rope hanging from the ceiling, began to dance on the oily material with rapid, rhythmic and precise movements.“
ANTONIO SAURA
Réalisé au tournant des années 1960, T39 témoigne d’une période clé pour la trajectoire artistique de Kazuo Shiraga : le galeriste Rodolphe Stadler l’expose alors pour la première fois hors du Japon, à Paris. C’est le début d’une collaboration pérenne ; T39, issue directement de la collection Stadler, en est le marqueur. Rien ne prédestinait pourtant l’artiste à voir sa démarche, mûrie en autarcie dans l’après-guerre, portée par-delà les limites de son pays natal. Influencée par les préceptes du groupe d’avant-garde Gutaï, elle doit sa postérité à une audace radicale : depuis 1954 Shiraga peint avec ses pieds, arrimé à une corde qui lui permet de se tenir dans le tableau posé à plat.
En résulte une danse endiablée dont T39 prend la mesure. La toile devient un champ de bataille où s’affrontent les teintes écarlates, du vermillon au pourpre, illuminées de quelques touches de bleu, vert et jaune. Les giclures, presque organiques, marquent la violence gestuelle. Portée par la communion de l’esprit et du corps, la démarche novatrice de Shiraga n’en demeure pas moins marquée d’une forte spiritualité. Peut être est-ce ce précisément ce mélange de tradition et modernité qui fera dire à Stadler que : « c'est précisément pourquoi nous sommes fascinés: nous sommes à la fois en pays de connaissance et déroutés » (catalogue d'exposition, 30 ans de rencontres, de recherches, de partis pris, 1955-1985, Paris, Galerie Stadler, 1985).
Produced at the start of the 1960s, T 39 represents a key stage in Kazuo Shiraga’s progress as an artist as it was at this point that the art dealer Rodolphe Stadler exhibited his work for the first time outside Japan - in Paris. It was the start of a lasting collaboration of which T 39, which comes straight from the Stadler collection, is emblematic. However, nothing could have predicted that the artist would see his approach, which became more independent in the post-war period, transcend the borders of his native Japan. Influenced by the doctrines of the avant-garde Gutai group, it owes its posterity to a radically bold style: from 1954, Shiraga painted with his feet whilst suspended by a rope. This enabled him to place himself in the painting, which was laid out flat.
The result was a frenzied dance which is fully brought to bear in T 39. The canvas becomes a battlefield in which scarlet shades from vermilion to crimson fight it out, illuminated by strokes of blue, green and yellow. The splatters, which are almost organic in nature, reveal the violence of the attack. Rooted in the union of body and mind, Shiraga’s innovative approach is nonetheless characterised by a strong spirituality. Perhaps it was precisely this mix of tradition and modernity that led Stadler to say: "This is exactly what fascinates us: we are on familiar ground yet thrown off course at the same time" (exhibition catalogue, 30 ans de rencontres, de recherches, de partis pris, 1955-1985, Paris, Galerie Stadler, 1985).
"Je parlerai de ce groupe de peintres japonais qui, avec la plus extrême ardeur [...] se transformaient en pinceaux vivants !"
"I would like to mention this group of Japanese artists, who most passionately [...] transformed themselves into living paintbrushes!"
YVES KLEIN