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Afin de mettre en lumière l'œuvre de Louis Valtat et de mieux l'inscrire dans la perspective de l'histoire de l'art, le musée de Lodève avait organisé en 2011 une exposition intitulée « à l’aube du fauvisme » (Lodève, Musée de Lodève, Louis Valtat : à l’aube du fauvisme, juin-octobre 2011). Exécuté en 1902, ce paysage scintillant de Méditerranée incarne parfaitement le titre de cette rétrospective, en soulignant le rôle de précurseur que joua Valtat, non seulement du fauvisme, mais aussi de l’art moderne du XXe siècle au sens large - un rôle trop souvent négligé, malgré la reconnaissance que ce peintre post-impressionniste reçut des artistes et des critiques de son temps. Affilié à plusieurs mouvements d’avant-garde au fil des années, Valtat n’adhéra jamais à un courant en particulier. Il les aborda plutôt comme autant de tremplins pour formuler son propre vocabulaire pictural et sa propre version du post- impressionnisme.
Accroché au mur d’une même famille depuis une cinquantaine d’année, cette grande et ravissante marine se distingue par ses riches jeux de texture, sa palette voluptueuse, son intimité et ses contrastes, entre modernité et romantisme. Une figure féminine vêtue de manière élégante et coiffée d’un chapeau vert, probablement Suzanne Noël (1879-1976) - que le peintre avait épousée en 1900 à Versailles et qui fut l’un de ses modèles de prédilection - contemple une mer tachetée des reflets argentés du soleil couchant. Cette lumière dramatique est accentuée par l’arbre tortueux, d’un vert obscur, qui surplombe la scène depuis le coin supérieur gauche, et par les touches flamboyantes de pigments rouges-orangés qui constellent la zone ombragée du coin inférieur gauche. La figure rayonne au milieu de ce décor quasi- cinématographique, émergeant parmi les épais coups de pinceau avec lesquels Valtat sculpte son personnage et obtient ce ciel, cette mer et cette végétation aux textures vivantes et emphatiques.
Dans son ouvrage sur le fauvisme, Sarah Whitfield note que « Louis Valtat […] appartenait à la génération de peintres qui concevaient avant tout la surface picturale comme une plate étendue de toile recouverte de zones de peinture » (S. Whitfield, Fauvism, Londres, 1991, p. 28). C’est exactement ce que fait Valtat dans la présente œuvre, qui vibre déjà à la manière des tableaux
« fauves » révélés, trois ans plus tard, au Salon d’Automne de 1905. Valtat y exposera aux côtés des grands noms du fauvisme, parmi lesquels Derain, Matisse, van Dongen ou Vlaminck.
When the Museum in Lodève held an exhibition in 2011 in attempt to shed light on Louis Valtat’s œuvre and situate him within the context of art history, the exhibition’s subtitle was ‘on the dawn of Fauvism’ (Lodéve, Musée de Lodéve, Louis Valtat : à l’aube du fauvisme, June-October 2011). This shimmering Mediterranean landscape executed in 1902 perfectly embodies this subtitle, pinpointing to Valtat’s lead role as Fauvism’s precursor, and more generally as a Post-Impressionist forerunner of 20th century modern art, a role that has too often been neglected despite having been praised by fellow artists and art critics in his time. Being affiliated to many art trends throughout his œuvre, Valtat never adhered to one but instead used them as stepping stones to formulate his own pictorial vocabulary and his own version of Post-Impressionism.
Hanging on the same family’s wall for the past fifty years years this charming large seascape stands out in Valtat’s œuvre because of its textural richness, its voluptuous palette, its intimacy and its contrast between modernity and romanticism. A female figure elegantly dressed and wearing a green hat, possibly Suzanne Noël (1879-1967), the artist’s wife - whom he had married in Versailles in 1900 and who was one of his regular models – gazes out to the sea, covered by the silver flecks of the sunset’s blinding light. This dramatic light is further emphasized by the dark green tortuous tree towering the scene from the upper left corner and by the fiery touches of orange-red pigments scattered in the shaded area of the lower left corner. The figure seems to glow within this almost cinematographic scenery, emerging from Valtat’s thick application of paint, with which he models the figure and achieves a dynamic textural rendering of the sky, sea and surrounding nature.
In Sarah Whitfield’s book on Fauvism, the author notes that "Louis Valtat […] belonged to the generation of painters who understood the picture surface to be primarily a flat piece of canvas covered with areas of paint" (S. Whitfield, Fauvism, London, 1991, p. 28). This is precisely what Valtat does in the present work, the vibrancy of which announces the ‘wild beasts’ approach, which would be showcased at the Salon d’Automne three years later in 1905, during which Valtat exhibited alongside the most significant names of Fauvism the likes of Derain, Matisse, van Dongen, Marquet, Vlaminck and others.