Peinture 65 x 50 cm, 1957
Details
Pierre Soulages (né en 1919)
Peinture 65 x 50 cm, 1957
signé 'SOULAGES' (au dos)
huile sur toile
65 x 50 cm.
Peint en 1957.
signed 'SOULAGES' (on the reverse)
oil on canvas
25 5/8 x 19 5/8 in.
Painted in 1957.
Peinture 65 x 50 cm, 1957
signé 'SOULAGES' (au dos)
huile sur toile
65 x 50 cm.
Peint en 1957.
signed 'SOULAGES' (on the reverse)
oil on canvas
25 5/8 x 19 5/8 in.
Painted in 1957.
Provenance
Collection privée, Paris
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel dans les années 1990
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel dans les années 1990
Literature
P. Encrevé, Soulages, l’œuvre complet, Peintures, Tome I. 1946-1959, Paris, 1994, No. 282 (illustré en couleurs p. 250).
Special Notice
Artist's Resale Right ("droit de Suite").
If the Artist's Resale Right Regulations 2006 apply to this lot, the buyer also agrees to pay us an amount equal to the resale royalty provided for in those Regulations, and we undertake to the buyer to pay such amount to the artist's collection agent.
Further Details
« Une peinture est un tout organisé, un ensemble de relations entre des formes (lignes, surfaces colorées...) sur lequel viennent se faire ou se défaire les sens qu’on lui prête. »
'“A painting is an organized entity, a set of relationships between shapes (lines, coloured surfaces, etc.), upon which the meaning we give are made and undone.”
Pierre Soulages
Lorsqu’il réalise Peinture 65 x 50 cm, 1957, Pierre Soulages traverse une période faste au cours de laquelle son œuvre accède à une large reconnaissance internationale. Ainsi, il obtient en juin le prix Windsor, créé à l’initiative du duc et de la duchesse de Windsor afin de favoriser la rencontre d’artistes américains et européens. En novembre, il se rend avec son épouse Colette aux États-Unis pour son exposition à la Kootz Gallery. Il fait à cette occasion la connaissance de nombreux peintres et sculpteurs américains de l’époque – Frankenthaler, Gottlieb, Guston, Tobey, entre autres – et visite les ateliers de Motherwell, De Kooning et Rothko, se liant d’une amitié durable avec ce dernier. Cette même année, il reçoit le prix de la Biennale de Tokyo et se rend au Japon pour le recevoir, en profitant pour parcourir d’abord le continent américain d’Est en Ouest, de Philadelphie jusqu’à Hawaï, en compagnie de Zao Wou-Ki. Enfin, c’est à la fin de cette année particulièrement fertile qu’il inaugure son nouvel atelier, rue Galande, marquant une étape décisive dans l’évolution de son travail, qui fera dire à Pierre Descargues que « quand on ira voir le nouvel atelier de Soulages, on pourrait enfin voir l’homme et son art dans un décor à leur mesure » (in « Soulages déménage », La Tribune de Lausanne, 18 août 1957, cité in P. Encrevé, Soulages, L’œuvre complet, Peintures I. 1946-1959, Paris, 1994, p. 165).
Dans ce contexte, son style poursuit son évolution et se déploie avec une liberté sans précédent. L’artiste abandonne ainsi les maillages parfois complexes de lignes étroites qui caractérisaient ses œuvres de la première partie de la décennie, pour des compositions où les aplats se font désormais plus larges, plus affirmés, plus charpentés, scandant la surface de toute leur noire autorité. Les outils qu’utilise alors le peintre sont la brosse et le couteau, lui permettant non seulement de déposer la peinture, mais aussi de la retirer, la gratter, la déplacer, et générer ainsi des jeux d’épaisseurs, de creux et de sillons dans la matière. Peinture 65 x 50 cm, 1957 offre un exemple éclatant de cette technique particulière : sur un fond acajou brossé dans l’huile épaisse, des grands signes noirs viennent barrer la surface en une série d’obliques. Là où la peinture a été grattée, les tonalités tantôt cuivrées, tantôt crémeuses de l’arrière-plan resurgissent par des effets de transparences qui rythment la toile de part en part. Evoquant cette série d’œuvres, Pierre Encrevé explique ainsi : « travaillant sur une ou plusieurs couches de peinture fraîchement étendues, Pierre Soulages, en appuyant obliquement la lame du couteau chargée de noir, creuse la couche fraîche sur le bord correspondant de la touche. […] Ou bien c’est avec un grattoir qu’il creuse en traits rectilignes la couche fraîche sous-jacente, allant parfois jusqu’à retrouver la toile : Peinture 65 x 50 cm, 1957 » (P. Encrevé, ibid., pp. 174-175). Avec Peinture 65 x 50 cm, 1957, Soulages affirme ainsi un langage plastique qui caractérisera ses toiles réalisées au cours de cette période charnière entre les années 1950 et 1960, consacrant aux yeux du monde sa pleine maturité stylistique.
When he created Peinture 65 x 50 cm, 1957, Pierre Soulages was going through a fortuitous period with his work achieving international recognition. In June, he was awarded the Windsor Prize, created by the Duke and Duchess of Windsor, to promote meeting opportunities between American and European artists. In November, he went to the United States with his wife Colette for his exhibition at the Kootz Gallery. He met many American sculptors and painters of the time - Frankenthaler, Gottlieb, Guston, Tobey, among others – and visited Motherwell, De Kooning, and Rothko’s studios and struck up a lasting friendship with the latter. The same year, he received the Tokyo Biennale prize and went to Japan for the award, first travelling across the American continent, from east to west, from Philadelphia to Hawaii, with Zao Wou-ki. Finally, at the end of this remarkably fertile year, he inaugurated his new studio, rue Galande, marking a decisive step in the evolution of his work, which would lead the art writer Pierre Descargues to say: “when we visit Soulages’s new studio, we can finally see the man and his art in a setting worthy of them” (in “Soulages déménage”, La Tribune de Lausanne, 18 August 1957, quoted in P. Encrevé, Soulages, L’œuvre complet, Peintures I. 1946-1959, Paris, 1994, p. 165).
In this context, his style continues to evolve and flourish with unprecedented freedom. The artist abandons the sometimes complex mesh of narrow lines that characterises his works earlier in the decade, for compositions with now wider, more asserted, more robust black areas powerfully marking the surface. The tools selected by the artist, brush and knife, enable him not only to apply the paint, but also to remove, scrape, and displace it and to create layers, hollows and furrows in the medium. Peinture 65 x 50 cm, 1957 offers a striking example of this specific technique: against a mahogany background brushed in thick oil, large black signs come to bar the surface in a series of diagonals. Where the painting has been scraped, the sometimes copper, sometimes cream tones of the background reappear in transparency and rhythmically mark the canvas from side to side. About this series, Pierre Encrevé explains: “working on one or several layers of freshly applied paint, Pierre Soulages, pressing obliquely the knife blade loaded with black paint, hollows the fresh layer on the corresponding side of the stroke[…] Or with a scraper, he hollows the fresh sub-layer with rectilinear lines, sometimes down to the canvas: Peinture 65 x 50 cm, 1957 » (P. Encrevé, ibid., pp. 174-175). In Peinture 65 x 50 cm, 1957, Soulages affirms a visual language that characterises his canvases of this defining decade in his career, from 1950 to 1960, confirming his artistic maturity in the eyes of the world.
'“A painting is an organized entity, a set of relationships between shapes (lines, coloured surfaces, etc.), upon which the meaning we give are made and undone.”
Pierre Soulages
Lorsqu’il réalise Peinture 65 x 50 cm, 1957, Pierre Soulages traverse une période faste au cours de laquelle son œuvre accède à une large reconnaissance internationale. Ainsi, il obtient en juin le prix Windsor, créé à l’initiative du duc et de la duchesse de Windsor afin de favoriser la rencontre d’artistes américains et européens. En novembre, il se rend avec son épouse Colette aux États-Unis pour son exposition à la Kootz Gallery. Il fait à cette occasion la connaissance de nombreux peintres et sculpteurs américains de l’époque – Frankenthaler, Gottlieb, Guston, Tobey, entre autres – et visite les ateliers de Motherwell, De Kooning et Rothko, se liant d’une amitié durable avec ce dernier. Cette même année, il reçoit le prix de la Biennale de Tokyo et se rend au Japon pour le recevoir, en profitant pour parcourir d’abord le continent américain d’Est en Ouest, de Philadelphie jusqu’à Hawaï, en compagnie de Zao Wou-Ki. Enfin, c’est à la fin de cette année particulièrement fertile qu’il inaugure son nouvel atelier, rue Galande, marquant une étape décisive dans l’évolution de son travail, qui fera dire à Pierre Descargues que « quand on ira voir le nouvel atelier de Soulages, on pourrait enfin voir l’homme et son art dans un décor à leur mesure » (in « Soulages déménage », La Tribune de Lausanne, 18 août 1957, cité in P. Encrevé, Soulages, L’œuvre complet, Peintures I. 1946-1959, Paris, 1994, p. 165).
Dans ce contexte, son style poursuit son évolution et se déploie avec une liberté sans précédent. L’artiste abandonne ainsi les maillages parfois complexes de lignes étroites qui caractérisaient ses œuvres de la première partie de la décennie, pour des compositions où les aplats se font désormais plus larges, plus affirmés, plus charpentés, scandant la surface de toute leur noire autorité. Les outils qu’utilise alors le peintre sont la brosse et le couteau, lui permettant non seulement de déposer la peinture, mais aussi de la retirer, la gratter, la déplacer, et générer ainsi des jeux d’épaisseurs, de creux et de sillons dans la matière. Peinture 65 x 50 cm, 1957 offre un exemple éclatant de cette technique particulière : sur un fond acajou brossé dans l’huile épaisse, des grands signes noirs viennent barrer la surface en une série d’obliques. Là où la peinture a été grattée, les tonalités tantôt cuivrées, tantôt crémeuses de l’arrière-plan resurgissent par des effets de transparences qui rythment la toile de part en part. Evoquant cette série d’œuvres, Pierre Encrevé explique ainsi : « travaillant sur une ou plusieurs couches de peinture fraîchement étendues, Pierre Soulages, en appuyant obliquement la lame du couteau chargée de noir, creuse la couche fraîche sur le bord correspondant de la touche. […] Ou bien c’est avec un grattoir qu’il creuse en traits rectilignes la couche fraîche sous-jacente, allant parfois jusqu’à retrouver la toile : Peinture 65 x 50 cm, 1957 » (P. Encrevé, ibid., pp. 174-175). Avec Peinture 65 x 50 cm, 1957, Soulages affirme ainsi un langage plastique qui caractérisera ses toiles réalisées au cours de cette période charnière entre les années 1950 et 1960, consacrant aux yeux du monde sa pleine maturité stylistique.
When he created Peinture 65 x 50 cm, 1957, Pierre Soulages was going through a fortuitous period with his work achieving international recognition. In June, he was awarded the Windsor Prize, created by the Duke and Duchess of Windsor, to promote meeting opportunities between American and European artists. In November, he went to the United States with his wife Colette for his exhibition at the Kootz Gallery. He met many American sculptors and painters of the time - Frankenthaler, Gottlieb, Guston, Tobey, among others – and visited Motherwell, De Kooning, and Rothko’s studios and struck up a lasting friendship with the latter. The same year, he received the Tokyo Biennale prize and went to Japan for the award, first travelling across the American continent, from east to west, from Philadelphia to Hawaii, with Zao Wou-ki. Finally, at the end of this remarkably fertile year, he inaugurated his new studio, rue Galande, marking a decisive step in the evolution of his work, which would lead the art writer Pierre Descargues to say: “when we visit Soulages’s new studio, we can finally see the man and his art in a setting worthy of them” (in “Soulages déménage”, La Tribune de Lausanne, 18 August 1957, quoted in P. Encrevé, Soulages, L’œuvre complet, Peintures I. 1946-1959, Paris, 1994, p. 165).
In this context, his style continues to evolve and flourish with unprecedented freedom. The artist abandons the sometimes complex mesh of narrow lines that characterises his works earlier in the decade, for compositions with now wider, more asserted, more robust black areas powerfully marking the surface. The tools selected by the artist, brush and knife, enable him not only to apply the paint, but also to remove, scrape, and displace it and to create layers, hollows and furrows in the medium. Peinture 65 x 50 cm, 1957 offers a striking example of this specific technique: against a mahogany background brushed in thick oil, large black signs come to bar the surface in a series of diagonals. Where the painting has been scraped, the sometimes copper, sometimes cream tones of the background reappear in transparency and rhythmically mark the canvas from side to side. About this series, Pierre Encrevé explains: “working on one or several layers of freshly applied paint, Pierre Soulages, pressing obliquely the knife blade loaded with black paint, hollows the fresh layer on the corresponding side of the stroke[…] Or with a scraper, he hollows the fresh sub-layer with rectilinear lines, sometimes down to the canvas: Peinture 65 x 50 cm, 1957 » (P. Encrevé, ibid., pp. 174-175). In Peinture 65 x 50 cm, 1957, Soulages affirms a visual language that characterises his canvases of this defining decade in his career, from 1950 to 1960, confirming his artistic maturity in the eyes of the world.
Brought to you by
Paul Nyzam