Sans titre
Details
Jean Paul Riopelle (1923-2002)
Sans titre
signé et daté 'Riopelle 53' (en bas à droite)
huile sur toile
81 x 100 cm.
Peint en 1953.
signed and dated 'Riopelle 53' (lower right)
oil on canvas
31 7/8 x 39 3/8 in.
Painted in 1953.
Sans titre
signé et daté 'Riopelle 53' (en bas à droite)
huile sur toile
81 x 100 cm.
Peint en 1953.
signed and dated 'Riopelle 53' (lower right)
oil on canvas
31 7/8 x 39 3/8 in.
Painted in 1953.
Provenance
Collection privée, Lille
Puis par descendance au propriétaire actuel
Puis par descendance au propriétaire actuel
Literature
Y. Riopelle, Jean Paul Riopelle, Catalogue Raisonné 1939-1953, Tome I, Montréal, 1999, No. 1953.046H.1953 (illustré en couleurs p. 389).
Special Notice
Artist's Resale Right ("droit de Suite").
If the Artist's Resale Right Regulations 2006 apply to this lot, the buyer also agrees to pay us an amount equal to the resale royalty provided for in those Regulations, and we undertake to the buyer to pay such amount to the artist's collection agent.
Further Details
Une myriade de couleurs se presse sur la surface de Sans titre de Jean-Paul Riopelle. Les pâtes noires intenses donnent le la à une symphonie de bleus azurs, verts et blancs purs qui s’accordent aux notes chaudes de rouges carmins et jaunes ocres. Déposées par couches successives sur l’entière surface picturale, à la façon d’un all-over, elles s'unissent en d’épaisses stries bariolées. Par-dessus, Riopelle a apporté la touche finale à sa composition. De fines giclures de peinture, projetées sur la toile, épousent ainsi les sillons de matière dense et accentuent l’intensité chromatique de l’œuvre.
Le mouvement du corps de Riopelle qui se lit dans Sans titre force la comparaison de l’artiste avec le père de l’Expressionisme Abstrait, Jackson Pollock : aux moyens de brasiers gestuels de couleurs et de drippings, tous deux participent dans l’après-guerre à l’avènement d’une peinture expressive non-figurative. Débarqué à Paris en 1947, l’artiste canadien expose d’ailleurs dès 1951 aux côtés de l’américain, à l’occasion de Véhémences confrontées à la galerie Nina Dausset. Riopelle se défendra toutefois de cette parenté : à la toile posée au sol de Pollock, il préfère la rigueur du chevalet ; aux arabesques dansantes de l’américain, il répond par les aplats courts et épais de Sans titre, sculptés au couteau.
La démarche intellectuelle de Riopelle scelle par ailleurs son originalité. Car à une époque acquise à l’abstraction, il va en réfuter l’existence même : « mes tableaux considérés comme les plus abstraits auront été pour moi, les plus figuratifs au sens propre du terme […] À vrai dire, l'abstraction n'existe pas en peinture » (cité in G. Érouart, Entretiens avec Jean Paul Riopelle, Québec, 1993). Son expressivité est au contraire nourrie par une sensibilité accrue à la nature qui lui vient de son Canada natal, de ces forêts denses et ces étendues vertes infinies. À l’image de Sans titre, c’est ce lien originel qu’il projette sur ses toiles : « [elles] sont les effets, les contrecoups de mes rapports avec la réalité, avec la nature, avec ce que je vois, avec la vie » (cité in Riopelle, chasseur d’images, Montréal, Editions France-Amérique, 1981).
À mi-chemin entre une abstraction célébrée et une figuration en marge, Riopelle éveille, au tournant des années 1950, l’intérêt du marché et de la critique. L’année 1953 marque en particulier la reconnaissance de son œuvre Outre-Atlantique. À trente ans à peine, le célèbre marchand new-yorkais Pierre Matisse commence à le représenter. Cette même année, il participe à l’exposition itinérante des Young European Painters qui débute par le musée Solomon R. Guggenheim de New York. Peinte au cours de cette année foisonnante, Sans titre porte la marque de cette époque autant qu’elle est emblématique de l’œuvre singulière de Riopelle : un pied sur chaque continent et une peinture libre pour seul horizon.
A myriad of colours jostle on the surface of Untitled by Jean Paul Riopelle. Intense black sets the tone for a symphony of sky blue, green and flat white mingling merrily with fiery red, crimson and ochre. Applied in successive layers on the entire surface, like an all-over painting, they mix and match in coagulated streaks. The artist's finishing touches can be seen on top. Fine sprays of paint flicked on the canvas hug the clotted grooves and accentuate the work's colourful intensity.
Riopelle's gestures and movements, visible in Untitled, invite comparison with the father of abstract expressionism, Jackson Pollock. Via the fervent splashing and dripping of colour, both men helped shape expressive and non-figurative art in the postwar era. Riopelle came to Paris in 1947, and in 1951 his work was featured with Pollock's in the Véhémences confrontées exhibition at the Nina Dausset gallery. But the Canadian distanced himself from his American counterpart: where Pollock danced on the floor, Riopelle bound himself to the easel, and in contrast to the action painter's flowing, intertwined lines he preferred short and thick flats sculpted with a knife, as in Sans titre.
Riopelle's thought underlies his originality. For just when abstraction ruled supreme he denied its very existence, stating "Those of my paintings considered the most abstract were for me the most figurative in the proper sense of the word [...] In fact, abstraction doesn't exist in painting" (quoted in G. Érouart, Entretiens avec Jean Paul Riopelle, Québec, 1993). Instead his expressiveness came from a heightened sensitivity to nature, which he got from his native Canada with its dense forests and infinite green expanses. Untitled and other paintings reflect this original bond: "[They] are the after-effects, the repercussions of my relationship with reality, with nature, with what I see, with life" (quoted in Riopelle, chasseur d’images, Montréal, Editions France-Amérique, 1981).
Halfway between acclaimed abstraction and fringe figuration, in the early 1950s, Riopelle garnered the attention of the art world and critics. It was in 1953 that his work gained recognition on the other side of the Atlantic. Barely 30, he began exhibiting at the famous Pierre Matisse Gallery in New York. That same year, he took part in the Younger European Painters travelling exhibition, which kicked off at The Guggenheim. Painted that eventful year, Sans titre is a product of its time as much as it typifies Riopelle's singular mind straddling two continents with only freedom for a horizon.
Le mouvement du corps de Riopelle qui se lit dans Sans titre force la comparaison de l’artiste avec le père de l’Expressionisme Abstrait, Jackson Pollock : aux moyens de brasiers gestuels de couleurs et de drippings, tous deux participent dans l’après-guerre à l’avènement d’une peinture expressive non-figurative. Débarqué à Paris en 1947, l’artiste canadien expose d’ailleurs dès 1951 aux côtés de l’américain, à l’occasion de Véhémences confrontées à la galerie Nina Dausset. Riopelle se défendra toutefois de cette parenté : à la toile posée au sol de Pollock, il préfère la rigueur du chevalet ; aux arabesques dansantes de l’américain, il répond par les aplats courts et épais de Sans titre, sculptés au couteau.
La démarche intellectuelle de Riopelle scelle par ailleurs son originalité. Car à une époque acquise à l’abstraction, il va en réfuter l’existence même : « mes tableaux considérés comme les plus abstraits auront été pour moi, les plus figuratifs au sens propre du terme […] À vrai dire, l'abstraction n'existe pas en peinture » (cité in G. Érouart, Entretiens avec Jean Paul Riopelle, Québec, 1993). Son expressivité est au contraire nourrie par une sensibilité accrue à la nature qui lui vient de son Canada natal, de ces forêts denses et ces étendues vertes infinies. À l’image de Sans titre, c’est ce lien originel qu’il projette sur ses toiles : « [elles] sont les effets, les contrecoups de mes rapports avec la réalité, avec la nature, avec ce que je vois, avec la vie » (cité in Riopelle, chasseur d’images, Montréal, Editions France-Amérique, 1981).
À mi-chemin entre une abstraction célébrée et une figuration en marge, Riopelle éveille, au tournant des années 1950, l’intérêt du marché et de la critique. L’année 1953 marque en particulier la reconnaissance de son œuvre Outre-Atlantique. À trente ans à peine, le célèbre marchand new-yorkais Pierre Matisse commence à le représenter. Cette même année, il participe à l’exposition itinérante des Young European Painters qui débute par le musée Solomon R. Guggenheim de New York. Peinte au cours de cette année foisonnante, Sans titre porte la marque de cette époque autant qu’elle est emblématique de l’œuvre singulière de Riopelle : un pied sur chaque continent et une peinture libre pour seul horizon.
A myriad of colours jostle on the surface of Untitled by Jean Paul Riopelle. Intense black sets the tone for a symphony of sky blue, green and flat white mingling merrily with fiery red, crimson and ochre. Applied in successive layers on the entire surface, like an all-over painting, they mix and match in coagulated streaks. The artist's finishing touches can be seen on top. Fine sprays of paint flicked on the canvas hug the clotted grooves and accentuate the work's colourful intensity.
Riopelle's gestures and movements, visible in Untitled, invite comparison with the father of abstract expressionism, Jackson Pollock. Via the fervent splashing and dripping of colour, both men helped shape expressive and non-figurative art in the postwar era. Riopelle came to Paris in 1947, and in 1951 his work was featured with Pollock's in the Véhémences confrontées exhibition at the Nina Dausset gallery. But the Canadian distanced himself from his American counterpart: where Pollock danced on the floor, Riopelle bound himself to the easel, and in contrast to the action painter's flowing, intertwined lines he preferred short and thick flats sculpted with a knife, as in Sans titre.
Riopelle's thought underlies his originality. For just when abstraction ruled supreme he denied its very existence, stating "Those of my paintings considered the most abstract were for me the most figurative in the proper sense of the word [...] In fact, abstraction doesn't exist in painting" (quoted in G. Érouart, Entretiens avec Jean Paul Riopelle, Québec, 1993). Instead his expressiveness came from a heightened sensitivity to nature, which he got from his native Canada with its dense forests and infinite green expanses. Untitled and other paintings reflect this original bond: "[They] are the after-effects, the repercussions of my relationship with reality, with nature, with what I see, with life" (quoted in Riopelle, chasseur d’images, Montréal, Editions France-Amérique, 1981).
Halfway between acclaimed abstraction and fringe figuration, in the early 1950s, Riopelle garnered the attention of the art world and critics. It was in 1953 that his work gained recognition on the other side of the Atlantic. Barely 30, he began exhibiting at the famous Pierre Matisse Gallery in New York. That same year, he took part in the Younger European Painters travelling exhibition, which kicked off at The Guggenheim. Painted that eventful year, Sans titre is a product of its time as much as it typifies Riopelle's singular mind straddling two continents with only freedom for a horizon.
Brought to you by
Paul Nyzam