OETTINGEN, baronne Hélène d’ [sous le pseud. Léonard Pieux], et Léopold SURVAGE
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OETTINGEN, baronne Hélène d’ [sous le pseud. Léonard Pieux], et Léopold SURVAGE
Accordez-moi une audience
Paris, SIC, 1919

AU CŒUR DE L’AVANT-GARDE RUSSE : ENVOI DE LÉOPOLD SURVAGE À SERGE DE DIAGHILEV.

UN DES PLUS BEAUX LIVRES DU XXe SIÈCLE.

ÉDITION ORIGINALE, UN DES 10 EXEMPLAIRES DE TÊTE, SUR CHINE AVEC UN DEUXIÈME EXEMPLAIRE IMPRIMÉ EN NOIR, RELIÉ À LA SUITE

In-folio (356 x 330 mm). Ouvrage entièrement gravé sur bois. Renfort au verso de la marge inférieure de deux planches, sans manque
TIRAGE : un des 10 EXEMPLAIRES DE TÊTE imprimé sur chine, celui-ci numéroté F, signé par Léonard Pieux [la baronne d’Oettingen] et Léopold Survage. La justification mentionne un tirage total à 110 exemplaires sur chine. Seulement 28 exemplaires auraient en fait été imprimés, selon l’inscription de Léopold Survage au colophon de certains exemplaires. L'exemplaire en noir, relié à la suite, laisse supposer l'impression de quelques exemplaires supplémentaires
ILLUSTRATION : 13 gravures sur bois imprimées à pleine page, en couleurs, dont une dépliante
[RELIÉ À LA SUITE :] Deuxième exemplaire, entièrement imprimé en noir, numéroté 28, signé par l'auteur et l'artiste

ENVOI au crayon à papier :
À Monsieur Serge de Diaghileff
Léopold Survage
Paris, le 27 janvier 1920

RELIURE SIGNÉE DE MONIQUE MATHIEU, datée 1973. Composition abstraite, continue sur les deux plats, de diverses pièces de box rose, brun, à motif végétal et peau façon lézard rose, doublures et gardes de daim, couverture et dos conservés. Chemise, étui

“C’est l’un des livres majeurs de la première moitié du XXe siècle par la beauté de ses gravures en couleur et l’interaction si complètement réussie des poèmes et des images” (A. Coron).

Cet ouvrage est un hapax dans l’ensemble des livres illustrés par les peintres en France au XXe siècle. Avec La Prose du Transsibérien (1913), il est un des deux qui échappent alors au carcan rigide imposé par Vollard et Kahnweiler. Accordez-moi une audience est issu des liens très étroits qui unissaient alors Pierre Albert-Birot, directeur de la revue et maison d’édition SIC, la baronne d’Oettingen et Léopold Survage. Ils sont trois protagonistes actifs d’une avant-garde où littérature et peinture sont inséparables. Peu de livres de peintres émanent d’une communion artistique aussi intense.

La baronne d’Oettingen est une des figures féminines majeures de cette avant-garde. Pour que ses œuvres soient jugées sur leur mérite propre et aussi par un choix de vie fantasque, elle se dissimula derrière de multiples pseudonymes, notamment celui de Roch Grey pour la poésie et le roman. Elle tint un salon à Paris que fréquentèrent les peintres de Montparnasse promis à la célébrité. Quand le critique et marchand d’art Henri-Pierre Roché la croise chez Brancusi, il décrit une femme “si russe, si sensuelle, si directe, si énervante, indécente, pas jeune, libertine dans ses propos, coquette, provocante”. La baronne d’Oettingen fut associée à deux importants épisodes littéraires de l’époque : elle finança Les Soirées de Paris, à partir de 1913, et en confia la direction à Apollinaire. Elle soutint la fameuse représentation des Mamelles de Tirésias (1917) dont les répétitions eurent lieu dans sa résidence et dont les costumes et décors furent créés par son “frère” Serge Férat.

Le peintre Léopold Sturzvage quitta Moscou en 1908. Il francisa son nom à la suggestion d’Apollinaire. Tout en peignant, il gagnait sa vie comme accordeur de pianos. Son ami, le peintre Archipenko lui présenta la baronne d’Oettingen dont il devint l’amant. Des articles d’Apollinaire et de Blaise Cendrars contribuèrent au début de sa notoriété. En 1917 Apollinaire organise sa première exposition personnelle, puis Léonce Rosenberg en 1920, 1921 et 1922, l’accueille dans sa galerie. Son œuvre la plus célèbre avant la Première Guerre mondiale est la série des Rythmes colorés, un vaste projet de dessin filmique animé entrepris en 1912. La guerre en empêchera la réalisation mais il reste un événement majeur de l’histoire du cinématographe, comme il reste un épisode marquant de la protohistoire de la peinture abstraite en France. À la déclaration de guerre, la baronne d’Oettingen et Survage partent pour la région de Nice où ils resteront jusqu’en 1919.

À leur retour à Paris, ils achèvent le 5 janvier 1920 le tirage de la dernière planche de Accordez-moi une audience sous le patronage de SIC, la plus vivante des revues d’avant-garde après l’extinction des Soirées de Paris. Déjà, en 1918, le peintre s’était initié à une nouvelle technique en créant pour SIC trois gravures sur bois. Il avait appris dans sa jeunesse le métier d’ébéniste, avant même de suivre les cours de l’école des beaux-arts de Moscou. Mais le projet d’Accordez-moi une audience est nettement plus considérable. Il s’agit de dix-huit planches dont douze de grands formats et une dépliante, comportant treize textes poétiques gravés en négatifs, avec des compositions en plusieurs couleurs, et imprimés sur un précieux papier de Chine. Texte et création plastique sont en symbiose totale puisque gravés sur le même support.

Léopold Survage assura lui-même et seul l’exécution du livre très certainement grâce à une presse à pied, techniquement, “presse à pédale”. Survage appliqua les couleurs sur les bois gravés à l’aide de pochoirs découpés de fenêtres, correspondant aux diverses zones colorées. La fabrication artisanale de ce livre lui confère une charge émotive sensuellement palpable : le grain des gravures sur bois, celui du papier de Chine et la luminosité somptueuse des couleurs en font l’un des plus beaux livres illustrés jamais réalisés.

La justification prévoyait “100 exemplaires sur chine 1-100, 10 exemplaires sur chine A-J, 2 exemplaires à planches rayées I et II déposés à la Bibliothèque nationale”. Les tirages pour la B.N.F. ne furent sans doute pas exécutés car elle conserve seulement un exemplaire numéroté 18 acquis en 1966. Ce projet de 112 exemplaires était gigantesque, “un travail de forçat” (Jeanine Warnod, 1983). Il impliquait plus de 2000 encrages, compliqués pour les dix-huit planches en plusieurs couleurs- et plus de 2000 tirages. Il fut vite réduit à la capacité d’un homme seul. Sur certains exemplaires, le nombre 100 a été barré par la main de Survage lui-même avec le crayon bleu utilisé pour la signature de la justification et il a été remplacé par le nombre 28. Actuellement une dizaine d’exemplaires sont localisables dont un conservé à la B.N.F. et un à la Houghton Library à Harvard.

L’envoi de Léopold Survage à Serge de Diaghilev daté du 27 janvier 1920 est strictement contemporain du livre dont l’achevé d’imprimé indique le 9 janvier 1920. En 1922, Survage travaille pour les Ballets russes de Serge de Diaghilev et exécute les décors et les costumes de Mavra, opéra bouffe d'Igor Stravinsky.

RÉFÉRENCES : Antoine Coron, Jean de Gonet Artefacts, Exposition du 7 au 30 octobre 1987, n° 9 -- Daniel Abadie, Survage. Les Années héroïques, Montrouge, 1993
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Adrien Legendre
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