Lot Essay
LES SAXE TESCHEN
Albert Casimir de Saxe (1738-1822) est le quatrième fils de Fréderic Auguste II, électeur de Saxe et roi de Pologne et de Marie-Josèphe d’Autriche. Il grandit à Dresde et fait carrière dans l’armée. Il se rend fréquemment à Vienne où il est très apprécié de sa grande cousine Marie-Thérèse d’Autriche, qui le nomme général avec une rente annuelle. Albert y rencontre l’archiduchesse Marie-Christine qu’il demande en mariage ; Marie-Christine est la préférée de sa mère qui autorise le mariage en 1765 malgré le fait que l’impératrice prévoyait un mariage à un souverain européen comme pour ses enfants dont Marie Antoinette avec le dauphin Louis en 1770.
Pour célébrer ce mariage d’amour, Marie-Thérèse offre une dot considérable qui permet au couple de conserver un train de vie royal mais surtout le duché de Teschen à son gendre, seule fois où une princesse d’Autriche reçoit un tel honneur.
Les préparatifs entre les fiançiailles et le mariage étant très courts, il est impossible de commander un service de table en argent. Le couple reçoit donc un service daté de 1748 et principalement exécuté par Franz Caspar Würth, communément appelé maintenant le Premier service de Saxe Teschen. Cependant alors que le couple retarde son départ à Bruxelles où ils doivent tenir le rôle de co-gouverneurs des Pays-Bas, un second service de Saxe Teschen est commandé en 1778 à Ignaz Joseph Würth, neveu de Franz Caspar, qui occupera l’atelier jusqu’en 1782 avec plus de trois cent cinquante pièces fabriquées et 680 kg d’argent.
Albert et Marie Christine utilisent le service à partir de 1781 dans leur nouveau palais de Laeken, résidence d’été à côté de Bruxelles, construit par l’architecte français Charles de Wailly entre 1782 et 1785. En 1792, suite à l’invasion des Pays-Bas, le couple repart à Vienne. Le service est transporté par voie maritime mais malheureusement une partie de la cargaison se perd en mer. Le reste du service est présenté dans le nouveau palais que fait construire Albert qui deviendra l’Alberta Museum. A la mort de son épouse en 1798, l’archiduc constitue une collection d’œuvres d’art très importante qu’il lègue à son neveu adopté, Charles d’Autriche, frère cadet de l’empereur François II, le couple n’ayant qu’une seule fille, morte peu après sa naissance.
UN ORFEVRE HERITIER DU ROCAILLE ET ENFANT DU NEOCLASSICISME
Ignaz Joseph Würth est issu d’une dynastie d’orfèvre viennois et reprend l’atelier paternel en 1760. Son oncle Franz Caspar a réalisé le premier service de Saxe Teschen. Elevé avec le rocaille mais également au fait de l’éclosion du néoclassicisme, Würth présente dans ce service une interprétation des deux styles. Nos cloches reprennent les formes et motifs de style Louis XVI de Robert-Joseph Auguste avec les canaux avec une touche de rocaille à la François-Thomas Germain qui avait fait un séjour à Vienne dans les années 1774 avec une imposante prise en fruits sur large terrasse feuillagée.
SERVICE A LA FRANCAISE
En 1910, le Dr Edmund Wilhelm Braun est le premier à cataloguer le service dans son ouvrage Das Tafelsilber de Herzogs Albert von Sachsen-Teschen. Il recense toutes les pièces du service dont notamment deux importantes terrines et deux pots à oille, des cloches rondes, triangulaires et carrées avec leur présentoir, quatre candélabres à trois lumières, huit à deux lumières et plus de deux centre quatre-vingts assiettes.
Au XVIIIème siècle, le service à la française est présent dans toutes les cours européennes. Ainsi, tous les plats sont présentés à table dans des récipients présentés en symétrie, il est donc important d’avoir assez de pièces pour les grandes réceptions. Plats et terrines se comptent en paire voire plus. Les cloches rondes, carrées ou triangulaires étaient utilisées pour le service des relevés et des entremets. Elles servent bien sûr à conserver la chaleur pendant le trajet entre les cuisines et la salle à manger mais également à masquer les odeurs, à éloigner les mouches et préserver de la cire des bougies et de la poudre des perruques portées par les serviteurs.
Lors de l’exécution du second service de Saxe Teschen, au moins vingt-quatre cloches circulaires, quatre triangulaires et quatre carrées ont été réalisées. Une cloche carrée a ainsi été présentée en vente à Genève chez Sotheby’s le 18 novembre 1996, lot 78.
Des pièces de cet important service sont régulièrement présentées en ventes aux enchères, notons par exemple une terrine vendue par l’étude Gros Dellettrez, collection Paul-Louis Weiller, Paris, 7 avril 2011, lot 432, et une soupière avec son présentoir suivie d’une paire de candélabres à deux lumières chez Christie’s Londres, les 1er et 2 décembre 2015, lots 650 et 651.
Albert Casimir de Saxe (1738-1822) est le quatrième fils de Fréderic Auguste II, électeur de Saxe et roi de Pologne et de Marie-Josèphe d’Autriche. Il grandit à Dresde et fait carrière dans l’armée. Il se rend fréquemment à Vienne où il est très apprécié de sa grande cousine Marie-Thérèse d’Autriche, qui le nomme général avec une rente annuelle. Albert y rencontre l’archiduchesse Marie-Christine qu’il demande en mariage ; Marie-Christine est la préférée de sa mère qui autorise le mariage en 1765 malgré le fait que l’impératrice prévoyait un mariage à un souverain européen comme pour ses enfants dont Marie Antoinette avec le dauphin Louis en 1770.
Pour célébrer ce mariage d’amour, Marie-Thérèse offre une dot considérable qui permet au couple de conserver un train de vie royal mais surtout le duché de Teschen à son gendre, seule fois où une princesse d’Autriche reçoit un tel honneur.
Les préparatifs entre les fiançiailles et le mariage étant très courts, il est impossible de commander un service de table en argent. Le couple reçoit donc un service daté de 1748 et principalement exécuté par Franz Caspar Würth, communément appelé maintenant le Premier service de Saxe Teschen. Cependant alors que le couple retarde son départ à Bruxelles où ils doivent tenir le rôle de co-gouverneurs des Pays-Bas, un second service de Saxe Teschen est commandé en 1778 à Ignaz Joseph Würth, neveu de Franz Caspar, qui occupera l’atelier jusqu’en 1782 avec plus de trois cent cinquante pièces fabriquées et 680 kg d’argent.
Albert et Marie Christine utilisent le service à partir de 1781 dans leur nouveau palais de Laeken, résidence d’été à côté de Bruxelles, construit par l’architecte français Charles de Wailly entre 1782 et 1785. En 1792, suite à l’invasion des Pays-Bas, le couple repart à Vienne. Le service est transporté par voie maritime mais malheureusement une partie de la cargaison se perd en mer. Le reste du service est présenté dans le nouveau palais que fait construire Albert qui deviendra l’Alberta Museum. A la mort de son épouse en 1798, l’archiduc constitue une collection d’œuvres d’art très importante qu’il lègue à son neveu adopté, Charles d’Autriche, frère cadet de l’empereur François II, le couple n’ayant qu’une seule fille, morte peu après sa naissance.
UN ORFEVRE HERITIER DU ROCAILLE ET ENFANT DU NEOCLASSICISME
Ignaz Joseph Würth est issu d’une dynastie d’orfèvre viennois et reprend l’atelier paternel en 1760. Son oncle Franz Caspar a réalisé le premier service de Saxe Teschen. Elevé avec le rocaille mais également au fait de l’éclosion du néoclassicisme, Würth présente dans ce service une interprétation des deux styles. Nos cloches reprennent les formes et motifs de style Louis XVI de Robert-Joseph Auguste avec les canaux avec une touche de rocaille à la François-Thomas Germain qui avait fait un séjour à Vienne dans les années 1774 avec une imposante prise en fruits sur large terrasse feuillagée.
SERVICE A LA FRANCAISE
En 1910, le Dr Edmund Wilhelm Braun est le premier à cataloguer le service dans son ouvrage Das Tafelsilber de Herzogs Albert von Sachsen-Teschen. Il recense toutes les pièces du service dont notamment deux importantes terrines et deux pots à oille, des cloches rondes, triangulaires et carrées avec leur présentoir, quatre candélabres à trois lumières, huit à deux lumières et plus de deux centre quatre-vingts assiettes.
Au XVIIIème siècle, le service à la française est présent dans toutes les cours européennes. Ainsi, tous les plats sont présentés à table dans des récipients présentés en symétrie, il est donc important d’avoir assez de pièces pour les grandes réceptions. Plats et terrines se comptent en paire voire plus. Les cloches rondes, carrées ou triangulaires étaient utilisées pour le service des relevés et des entremets. Elles servent bien sûr à conserver la chaleur pendant le trajet entre les cuisines et la salle à manger mais également à masquer les odeurs, à éloigner les mouches et préserver de la cire des bougies et de la poudre des perruques portées par les serviteurs.
Lors de l’exécution du second service de Saxe Teschen, au moins vingt-quatre cloches circulaires, quatre triangulaires et quatre carrées ont été réalisées. Une cloche carrée a ainsi été présentée en vente à Genève chez Sotheby’s le 18 novembre 1996, lot 78.
Des pièces de cet important service sont régulièrement présentées en ventes aux enchères, notons par exemple une terrine vendue par l’étude Gros Dellettrez, collection Paul-Louis Weiller, Paris, 7 avril 2011, lot 432, et une soupière avec son présentoir suivie d’une paire de candélabres à deux lumières chez Christie’s Londres, les 1er et 2 décembre 2015, lots 650 et 651.