Lot Essay
Cette étude d'enfant à la fois touchante et remarquable nous offre un témoignage inédit du travail d'atelier à son plus haut niveau et auprès du plus grand maître du XVIIe siècle flamand, Pierre Paul Rubens. Après une formation à Anvers et un séjour de plusieurs années en Italie, Rubens retourne en Flandre en 1608 et installe l’année suivante un atelier dans sa ville natale. Quelques années plus tard, sa réputation n'est plus à faire et il mène une vie prospère, à la tête d'un grand atelier composé d'apprentis prometteurs, comme Antoine van Dyck ou encore Jacob Jordaens, et de peintres confirmés qui ne possédaient pas d'atelier propre. C'est alors que Rubens commence à peindre des études de têtes à conserver dans l'atelier pour servir de modèles à des compositions plus ambitieuses. Ces têtes permettaient à l’artiste de maintenir un certain contrôle sur la qualité du travail de ses assistants qui pouvaient eux-mêmes proposer de nouveaux types de figures. Beaucoup de ces études étaient certainement préparées pour des peintures spécifiques, mais ont été conservées dans l'atelier où elles pouvaient continuer à être utilisées et adaptées par le maître et ses élèves (J. Held, The Oil Sketches of Peter Paul Rubens: A Critical Catalog, Princeton-Londres, 1980, vol. I, p. 597).
A la mort de Rubens en 1640, le contenu de l'atelier est dispersé, y compris « une quantité des visages au vif, sur toile, et fonds de bois, tant de Mons. Rubens » (J. Held, idem). L'œuvre que nous présentons, datée vers 1615, a très vraisemblablement été réalisée par une main déjà expérimentée qui travaillait dans l’atelier de Rubens, ayant appris les techniques picturales du maître et parvenant à les appliquer à sa manière avec talent, faisant de notre tableau la meilleure version aujourd’hui connue de cette tête de petit garçon. On y observe notamment les subtils rehauts de blancs hachurés dans les mèches de cheveux ainsi que les ombres portées sur le haut du nez et la joue, typiques de l’artiste. La touche est libre et assurée mais la matière est cependant plus lisse et moins généreuse que Rubens lorsqu’on le compare au tableau autographe de Berlin, Garçon avec son oiseau, où il se différencie dans le rendu et la transparence des carnations, donnant au tableau une autre dynamique (inv. no. 763, Berlin, Gemäldegalerie).
Nous retrouvons cette tête de jeune garçon dans un grand panneau de moindre qualité attribué à l'entourage de Rubens, comprenant douze autres études (Christie's, Londres, 9 décembre 2016, lot 116; ill 1). Le même visage poupon à la chevelure dorée bouclée prend place aux côtés d’une fillette portant un chignon, parmi d'autres profils divers et variés, allant de l'homme barbu d'âge mur à la vieille femme dont la peau ridée laisse entrevoir le poids des années. Il n’est pas avéré qu’une planche aussi complète ait jamais existé mais elle donne un aperçu concret de la production des dessins et des types de figures initiés par Rubens et son atelier. Une autre étude, également de l'entourage, présente uniquement la partie avec notre garçon et la même petite fille (Sotheby's, Londres (Olympia), 8 juillet 2003, lot 332).
Un modèle comme le nôtre, issu de l'atelier de Rubens et à ce niveau de qualité, est extrêmement rare. Il atteste de la réelle importance des esquisses à l’huile en vue de l’exécution de commandes plus conséquentes, nous permettant de mieux comprendre et appréhender la diffusion de ces créations et l’outil indispensable qu’elles devaient représenter parmi les compagnons du peintre. On ne rencontre aucune similitude exacte de cette charmante tête de petit garçon, de même que la fillette, dans les peintures de Rubens mais nous pouvons néanmoins soulever une ressemblance frappante avec la composition du Christ et saint Jean-Baptiste enfants avec deux anges conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne (inv. no. GG-680, ill. 2). Il est possible d’imaginer que le maître ait pris pour modèle son neveu, Philip Rubens, dont on retrouve le visage dans d'autres esquisses (voir Held, op. cit, vol. II, pp. 603-606, cat. no. 439).
Nous remercions le Rubenianum à Anvers d'avoir confirmé l'attribution de notre tableau à l'atelier de Pierre Paul Rubens sur la base d'un examen direct. Il sera inclus dans le Corpus Rubenianum Ludwig Burchard, vol XX (2), "Head Studies", actuellement en préparation.
A la mort de Rubens en 1640, le contenu de l'atelier est dispersé, y compris « une quantité des visages au vif, sur toile, et fonds de bois, tant de Mons. Rubens » (J. Held, idem). L'œuvre que nous présentons, datée vers 1615, a très vraisemblablement été réalisée par une main déjà expérimentée qui travaillait dans l’atelier de Rubens, ayant appris les techniques picturales du maître et parvenant à les appliquer à sa manière avec talent, faisant de notre tableau la meilleure version aujourd’hui connue de cette tête de petit garçon. On y observe notamment les subtils rehauts de blancs hachurés dans les mèches de cheveux ainsi que les ombres portées sur le haut du nez et la joue, typiques de l’artiste. La touche est libre et assurée mais la matière est cependant plus lisse et moins généreuse que Rubens lorsqu’on le compare au tableau autographe de Berlin, Garçon avec son oiseau, où il se différencie dans le rendu et la transparence des carnations, donnant au tableau une autre dynamique (inv. no. 763, Berlin, Gemäldegalerie).
Nous retrouvons cette tête de jeune garçon dans un grand panneau de moindre qualité attribué à l'entourage de Rubens, comprenant douze autres études (Christie's, Londres, 9 décembre 2016, lot 116; ill 1). Le même visage poupon à la chevelure dorée bouclée prend place aux côtés d’une fillette portant un chignon, parmi d'autres profils divers et variés, allant de l'homme barbu d'âge mur à la vieille femme dont la peau ridée laisse entrevoir le poids des années. Il n’est pas avéré qu’une planche aussi complète ait jamais existé mais elle donne un aperçu concret de la production des dessins et des types de figures initiés par Rubens et son atelier. Une autre étude, également de l'entourage, présente uniquement la partie avec notre garçon et la même petite fille (Sotheby's, Londres (Olympia), 8 juillet 2003, lot 332).
Un modèle comme le nôtre, issu de l'atelier de Rubens et à ce niveau de qualité, est extrêmement rare. Il atteste de la réelle importance des esquisses à l’huile en vue de l’exécution de commandes plus conséquentes, nous permettant de mieux comprendre et appréhender la diffusion de ces créations et l’outil indispensable qu’elles devaient représenter parmi les compagnons du peintre. On ne rencontre aucune similitude exacte de cette charmante tête de petit garçon, de même que la fillette, dans les peintures de Rubens mais nous pouvons néanmoins soulever une ressemblance frappante avec la composition du Christ et saint Jean-Baptiste enfants avec deux anges conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne (inv. no. GG-680, ill. 2). Il est possible d’imaginer que le maître ait pris pour modèle son neveu, Philip Rubens, dont on retrouve le visage dans d'autres esquisses (voir Held, op. cit, vol. II, pp. 603-606, cat. no. 439).
Nous remercions le Rubenianum à Anvers d'avoir confirmé l'attribution de notre tableau à l'atelier de Pierre Paul Rubens sur la base d'un examen direct. Il sera inclus dans le Corpus Rubenianum Ludwig Burchard, vol XX (2), "Head Studies", actuellement en préparation.