Après le bain, femme s'essuyant
Details
Edgar Degas (1834-1917)
Après le bain, femme s'essuyant
signé et inscrit 'Degas à J. Blanche' (en haut à gauche)
pastel et fusain sur papier
56.1 x 47.2 cm.
Exécuté vers 1892
signed and inscribed 'Degas à J. Blanche' (upper left)
pastel and charcoal on paper
22 1/8 x 18 5/8 in.
Executed circa 1892
Après le bain, femme s'essuyant
signé et inscrit 'Degas à J. Blanche' (en haut à gauche)
pastel et fusain sur papier
56.1 x 47.2 cm.
Exécuté vers 1892
signed and inscribed 'Degas à J. Blanche' (upper left)
pastel and charcoal on paper
22 1/8 x 18 5/8 in.
Executed circa 1892
Provenance
Jacques-Émile Blanche, Paris (don de l'artiste).
Edgar Degas, Paris (repris auprès de celui-ci en 1903).
Atelier de l'artiste; sa deuxième vente, Galerie Georges Petit, Me Lair-Dubreuil, Paris, 11-13 décembre 1918, lot 186.
René de Gas, Paris.
Roland Nepveu-de Gas, Paris (par descendance).
Collection particulière, Venezuela.
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Edgar Degas, Paris (repris auprès de celui-ci en 1903).
Atelier de l'artiste; sa deuxième vente, Galerie Georges Petit, Me Lair-Dubreuil, Paris, 11-13 décembre 1918, lot 186.
René de Gas, Paris.
Roland Nepveu-de Gas, Paris (par descendance).
Collection particulière, Venezuela.
Puis par descendance au propriétaire actuel.
Literature
P.-A. Lemoisne, Degas et son œuvre, New York et Londres, 1984, vol. III, p. 646, no. 1118 (illustré, p. 647).
Special Notice
Christie’s has direct financial interest in this lot.
Further Details
Les baigneuses sont l'un des sujets les plus prolifiques de Degas durant les vingt dernières années de sa carrière, devancés seulement par ses représentations de danseuses. Ces deux thèmes lui permettent d'évoquer le corps humain dans toute son expressivité : notamment la figure féminine, qu'il dépeint dans une multitude de postures et de contextes, tant sous le feu des rampes de l'opéra qu'à l'abri des regards, à la sortie du bain.
La pose étudiée dans ce dessin au fusain et au pastel revient fréquemment dans l'œuvre de Degas. Cette figure qui incline légèrement le dos pour se sécher les hanches apparaît dans plusieurs autres pastels et huiles de la même période, comme Après le bain, femme s’essuyant (Lemoisne 1117 ; précédemment collection Durand-Ruel, Paris), dont le présent dessin constitue peut-être une étude préparatoire, voire une version ultérieure. La première variation sur ce motif semble remonter à Femme se coiffant (Lemoisne 642 ; The Phillips Collection, Washington, D.C.), une huile exécutée trente ans plus tôt. On retrouve par ailleurs de nombreux éléments de la présente composition dans des monotypes de la fin des années 1870. Il s'agit d'un sujet dont Degas maîtrise donc parfaitement les ressorts à la fin du siècle, comme en témoignent ses lithographies des années 1890.
Ce nu féminin saisi de dos dérive à bien des égards d'une importante tradition picturale française qui ponctue l'art du XIXe siècle. Comme l'a fait remarquer Richard Thomson, ce thème atteste un regain d'intérêt de Degas pour l'art de ses aînés. Avec cette pose, l'artiste renoue notamment avec son professeur, Jean-Dominique Ingres, dont il admirait éperdument La Baigneuse Valpinçon (Musée du Louvre, Paris), tableau qu'il avait d'ailleurs copié dans sa jeunesse. Eugène Delacroix avait, lui aussi, précédemment traité ce motif dans des toiles comme L'Entrée des croisés à Constantinople (Musée du Louvre, Paris). Or le présent pastel témoigne également de la démarche innovante de Degas en matière de sujet et de style : avec une maîtrise remarquable du pastel, l'artiste dépouille le nu de toute référence exotique ou mythologique, pour le placer au contraire dans un cadre totalement moderne.
L'univers de la toilette s'avère donc non seulement prétexte à l'étude méthodique d'un sujet isolé, mais aussi à la représentation de personnages contemporains au sein d'intérieurs domestiques. Degas conçoit la plupart de ces pastels dans son atelier, où il installe des baignoires et des bassines pour ses modèles. Les plus réussis, comme celui-ci, font toutefois preuve d'une spontanéité frappante qui ne passera guère inaperçue des critiques, prompts à saluer sa capacité à dépeindre la femme moderne jusque dans sa plus grande intimité. L'artiste décrit lui-même cette volonté de nous plonger au cœur du foyer : « Jusqu'à présent, le nu avait toujours été présenté dans des poses qui supposent un public, mais mes femmes sont des gens simples. Je les montre sans coquetterie... C'est comme si l'on les observait par le trou de la serrure » (G. Adriani, Degas: Pastels, Oil Sketches, Drawings, London, 1985, p. 86).
L'artiste, qui a dédicacé la présente œuvre à l'artiste Jacques-Émile Blanche, fit très probablement don de ce pastel à son ami. À la suite d'une dispute qui mit fin à leur relation, Degas récupéra toutefois l'ensemble des œuvres qu'il lui avait offertes à partir de 1903.
In the last two decades of Edgar Degas' career, his depictions of bathers were among his favorite subjects, second only in frequency to his studies of dancers. Both series enabled the artist to evoke the expressiveness of the human figure and specifically to render the female body in a variety of poses and environments, from public performances on stage to private moments after the bath. The present
charcoal and pastel drawing portrays a pose that is frequently seen in Degas' oeuvre. The woman arches her back as she bends to dry the hips. This figure appears in several pastels or oil of this period, including Après le bain, femme s’essuyant (Lemoisne 1117) Formerly Collection Durand-Ruel, Paris), for which the present work might be a study or even a later version. Degas seems to have originated this pose thirty years earlier in the oil painting Femme se coiffant (Lemoisne 642); The Phillips Collection, Washington, D.C.), and several elements of the composition appear in the artist's monotypes of the late 1870s. This motif was well established by the 1890s, as is evident in Degas' lithographs.
In an important sense, Degas' images like Après le bain evolved from one of the most established themes in the nineteenth century. The motif of the nude female depicted from behind has an extended and significant lineage in nineteenth-century French art. As Richard Thomson has asserted, this pose shows clear evidence of Degas' revived historicism, linking him both to his teacher Jean-Dominique Ingres, whose paradigmatic image of the La baigneuse Valpinçon (Musée du Louvre, Paris) he copied in his youth and praised throughout his career, to Ingres' predecessor Eugène Delacroix, who featured the motif in paintings like L'entrée des croisés à Constantinople (Musée du Louvre, Paris). In many ways, however, the present pastel reveals Degas' innovations in both subject matter and style: Degas removed the nude from the rarified realm of exoticism and myth and placed her in a clearly modern setting at the same time that he demonstrated his ingenious manipulation of the pastel medium. The theme of the woman at her bath appealed to the artist as both an opportunity to engage in methodical studies of an individual subject and an occasion to present distinctly modern women in domestic environments. The majority of these studies were done in the studio where the artist installed baths and basins with which his models would pose, but the best of the pastels, such as the present work, have an extraordinary sense of spontaneity, a quality that was immediately singled out by contemporary critics who praised the artist's representations of the modern woman, even in such intimate environments. Even a celebrated statement by the artist insinuates the modern viewer, quite literally, into the modern domestic interior. As Degas once told a visitor, "Until now the nude has always been presented in poses which assume the presence of an audience, but these women of mine are decent, simple human beings who have no other concern than that of their physical condition
…it is as though one were watching them through a keyhole" (G. Adriani, Degas: Pastels, Oil Sketches, Drawings, London, 1985, p. 86).
Our pastel, dedicated to Jacques-Émile Blanche, was most certainly offered by the artist to his friend Blanche. However, following an argument which ended their friendship, Degas took back all his works that he had gifted to Blanche from 1903 onwards.
Ce nu féminin saisi de dos dérive à bien des égards d'une importante tradition picturale française qui ponctue l'art du XIXe siècle. Comme l'a fait remarquer Richard Thomson, ce thème atteste un regain d'intérêt de Degas pour l'art de ses aînés. Avec cette pose, l'artiste renoue notamment avec son professeur, Jean-Dominique Ingres, dont il admirait éperdument La Baigneuse Valpinçon (Musée du Louvre, Paris), tableau qu'il avait d'ailleurs copié dans sa jeunesse. Eugène Delacroix avait, lui aussi, précédemment traité ce motif dans des toiles comme L'Entrée des croisés à Constantinople (Musée du Louvre, Paris). Or le présent pastel témoigne également de la démarche innovante de Degas en matière de sujet et de style : avec une maîtrise remarquable du pastel, l'artiste dépouille le nu de toute référence exotique ou mythologique, pour le placer au contraire dans un cadre totalement moderne.
L'univers de la toilette s'avère donc non seulement prétexte à l'étude méthodique d'un sujet isolé, mais aussi à la représentation de personnages contemporains au sein d'intérieurs domestiques. Degas conçoit la plupart de ces pastels dans son atelier, où il installe des baignoires et des bassines pour ses modèles. Les plus réussis, comme celui-ci, font toutefois preuve d'une spontanéité frappante qui ne passera guère inaperçue des critiques, prompts à saluer sa capacité à dépeindre la femme moderne jusque dans sa plus grande intimité. L'artiste décrit lui-même cette volonté de nous plonger au cœur du foyer : « Jusqu'à présent, le nu avait toujours été présenté dans des poses qui supposent un public, mais mes femmes sont des gens simples. Je les montre sans coquetterie... C'est comme si l'on les observait par le trou de la serrure » (G. Adriani, Degas: Pastels, Oil Sketches, Drawings, London, 1985, p. 86).
L'artiste, qui a dédicacé la présente œuvre à l'artiste Jacques-Émile Blanche, fit très probablement don de ce pastel à son ami. À la suite d'une dispute qui mit fin à leur relation, Degas récupéra toutefois l'ensemble des œuvres qu'il lui avait offertes à partir de 1903.
In the last two decades of Edgar Degas' career, his depictions of bathers were among his favorite subjects, second only in frequency to his studies of dancers. Both series enabled the artist to evoke the expressiveness of the human figure and specifically to render the female body in a variety of poses and environments, from public performances on stage to private moments after the bath. The present
charcoal and pastel drawing portrays a pose that is frequently seen in Degas' oeuvre. The woman arches her back as she bends to dry the hips. This figure appears in several pastels or oil of this period, including Après le bain, femme s’essuyant (Lemoisne 1117) Formerly Collection Durand-Ruel, Paris), for which the present work might be a study or even a later version. Degas seems to have originated this pose thirty years earlier in the oil painting Femme se coiffant (Lemoisne 642); The Phillips Collection, Washington, D.C.), and several elements of the composition appear in the artist's monotypes of the late 1870s. This motif was well established by the 1890s, as is evident in Degas' lithographs.
In an important sense, Degas' images like Après le bain evolved from one of the most established themes in the nineteenth century. The motif of the nude female depicted from behind has an extended and significant lineage in nineteenth-century French art. As Richard Thomson has asserted, this pose shows clear evidence of Degas' revived historicism, linking him both to his teacher Jean-Dominique Ingres, whose paradigmatic image of the La baigneuse Valpinçon (Musée du Louvre, Paris) he copied in his youth and praised throughout his career, to Ingres' predecessor Eugène Delacroix, who featured the motif in paintings like L'entrée des croisés à Constantinople (Musée du Louvre, Paris). In many ways, however, the present pastel reveals Degas' innovations in both subject matter and style: Degas removed the nude from the rarified realm of exoticism and myth and placed her in a clearly modern setting at the same time that he demonstrated his ingenious manipulation of the pastel medium. The theme of the woman at her bath appealed to the artist as both an opportunity to engage in methodical studies of an individual subject and an occasion to present distinctly modern women in domestic environments. The majority of these studies were done in the studio where the artist installed baths and basins with which his models would pose, but the best of the pastels, such as the present work, have an extraordinary sense of spontaneity, a quality that was immediately singled out by contemporary critics who praised the artist's representations of the modern woman, even in such intimate environments. Even a celebrated statement by the artist insinuates the modern viewer, quite literally, into the modern domestic interior. As Degas once told a visitor, "Until now the nude has always been presented in poses which assume the presence of an audience, but these women of mine are decent, simple human beings who have no other concern than that of their physical condition
…it is as though one were watching them through a keyhole" (G. Adriani, Degas: Pastels, Oil Sketches, Drawings, London, 1985, p. 86).
Our pastel, dedicated to Jacques-Émile Blanche, was most certainly offered by the artist to his friend Blanche. However, following an argument which ended their friendship, Degas took back all his works that he had gifted to Blanche from 1903 onwards.
Sale Room Notice
Christie's a un intérêt financier direct sur ce lot.
Christie’s has direct financial interest in this lot.
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Brought to you by
Antoine Lebouteiller
Head of Department