Lot Essay
The numerous decorative schemes by Hubert Robert (1733-1808) play a major role in the renewal of the taste for nature in the second half of the 18th century in France. His paintings, often of a very large format, present to the viewer vistas of architectural ruins overrun with vegetation. The figures which animate the landscape, often washerwomen keeping a close eye on their children, as well as walkers accompanied by their dogs, contribute to the feeling of atemporal serenity. As can be seen in our pair, Robert plays with the contrast between the nobility of the classical architecture and the simplicity of the unpretentious lifestyle of its dwellers to achieve this effect; some of the characters can be seen drinking from the fountain on the occasion of a halt, whilst some are getting ready to work, such as the herder busying himself around a swarm of bees. These imaginary scenes are designed to rekindle, in the mind of their spectators, memories of walks and strolls, either in Rome during their Grand Tour or in the woods around Paris. In order to decorate the façade of the palace in Le palais à l’orée d’un bois the painter combines antique monuments such as obelisks with sculptural elements such as busts. This palace is a fantasy of the painter and is designed as a capriccio combining some of the monuments of the Campidoglio; the steps adorned by lions are reminiscent of the cordonata of the Piazza d’Aracoeli, whilst the pediment bay with circular niches and pilasters of the colossal order, spanning the two storeys of the palace, allude to the Pallazo dei Conservatori. These architectural allusions are somewhat overshadowed by an abundant vegetation, chiefly composed of poplar and oak trees, which bears a strong similarity to the forests between the Seine and the Oise rivers.
After having prepared his canvas, Robert draws the outline of the obelisk and the palace using black chalk, marks which he does not try to hide when he paints the composition using a palette dominated by light brown and dark green tones. The rendering is quick, which can be explained by Robert’s reliance on slightly altering his compositions to produce a large quantity of works. This notion of variation can also be seen in the characters, as they are drawn from sketchbook studies. For example, the man drinking from his hat can be seen in the painting L’Abreuvoir, a monumental canvas executed in 1770 (Avignon, musée Calvet, inv. no. 22363). The compositions of our pendants derive from the paintings La Fontaine and Les Musiciens ambulants, which feature among the eight paintings of the Folie du parc de Bagatelle, a series which was commissioned by the comte d’Artois in 1777 (1). The latter have been subject to several variations, such as the two paintings dated to 1801 and bought after 1815 by the prince Youssoupov for the Arkhangelskoïe palace (2). The two paintings under consideration, which can be dated to the end of the 18th or the beginning of the 19th century, are the link between the Bagatelle decorations and those of the Arkhangelskoïe. Until their sale in 1976, the pair were part of a broader set of four paintings, all of vertical format and representing landscapes inspired by the Alps as well as the waterfalls of Tivoli. We can find among the sales catalogues of the 18th and the beginning of the 19th century mentions of an ensemble of four paintings, of larger dimensions, but whose subjects correspond to the set from which our paintings issue. This related body of paintings is the most consequential lot from the sale of the collection of Joseph Florent le Norman de Mézière, which took place on the 21st and 22nd of December 1794 in Paris : ‘Quatre très grands tableaux, paysages & intérieurs de jardins, enrichis de ruines, rochers, cascades, & ornés sur les devants de figures & animaux (...) de 8 pieds 4 pouces de haut sur 4 pieds 8 pouces à 5 pieds 2 pouces de large (3)’ (Four very large paintings, landscapes and interiors of gardens, enlivened with ruins, rocks, waterfalls, and decorated in the foreground with figures and animals (…) of 8 feet 4 inches of height and from 4 feet 8 inches to 5 feet 2 inches of width). The description in the catalogue, as given here, is not sufficient to ascertain if our paintings derive from those in the Le Norman de Mézière’s collection, but the hypothesis remains plausible as Robert regularly produced smaller copies of prestigious compositions. Whilst the person behind the commission remains unknown, they certainly admired these grandiose and fabricated landscapes populated by these beautiful ruins.
We would like to thank Sarah Catala for writing the above catalogue entry.
(1) New York, The Metropolitan Museum of Art, respectively inv. no. 17.190.26 and 17.190.30
(2) Those are Musiciens ambulants and Pavillon d’Apollon et l’Obélisque, illustrated in the exhibition catalogue Hubert Robert (1733-1808) et Saint-Pétersbourg. Les commandes de la famille impériale et des princes russes entre 1773 et 1802, Valence Museum, 1999 (directed by Hélène Moulin Stanislas), p. 83.
(3) Lot 28.
Les nombreux décors d’Hubert Robert participent au renouveau du sentiment de la nature et au développement de l’histoire, durant la seconde moitié du XVIIIe siècle en France. En effet, ses toiles présentent à très grande échelle des vues d’architectures en ruine envahies de végétation. Les figures qui les animent, le plus souvent des lavandières surveillant leurs enfants et des promeneurs accompagnés de chiens, contribuent à une impression de sérénité qui échappe au temps présent. Pour cela, Robert joue avec les contrastes, comme sur Le palais à l’orée d’un bois et L’obélisque à la fontaine où la noblesse des architectures antiques et modernes est associée à la sobriété de vie des personnages. Certains profitent d’une halte pour se désaltérer quand d’autres s’apprêtent à travailler, notamment le berger s’affairant autour d’un essaim d’abeilles. Les scènes imaginées par Robert cherchent à raviver les souvenirs de promenades des spectateurs ayant réalisés leurs Grand Tour à Rome ou ceux habitués aux bois situés autour de Paris. Le peintre associe des monuments antiques comme l’obélisque et des sculptures tels les bustes ornant la façade du palais. Celui-ci est une fantaisie de Robert, conçu comme un caprice rassemblant les monuments du Capitole à Rome : les degrés décorés par les lions de la cordonata, des baies à fronton avec des niches circulaires et des pilastres d’ordre colossal comme on le voit au palais des conservateurs. Ces architectures sont néanmoins menacées par une végétation profuse, composée de peupliers et de chênes que l’on trouvait alors dans les forêts entre la Seine et l’Oise.
Après avoir préparé sa toile, Robert trace à la pierre noire les contours du palais et de l’obélisque, sans chercher à en masquer les lignes lorsqu’il détaille ensuite la composition avec sa brosse et sa palette dominée par les tons bruns clairs et verts foncés. L'exécution est rapide car le travail de Robert s'appuie sur des variations. Les personnages proviennent d’études conservées dans des carnets. Par exemple, le motif de l’homme buvant de l’eau dans son chapeau apparaît déjà dans L'Abreuvoir, immense toile exécutée en 1770 (Avignon, musée Calvet, no. inv. 22363). Les compositions des pendants dérivent de La Fontaine et Les Musiciens ambulants, comptant parmi les huit tableaux du décor peint pour la Folie du parc de Bagatelle commandé par le comte d’Artois en 1777 (1). Ces tableaux ont fait l’objet de plusieurs variations : deux toiles de l’ensemble daté de 1801 et acquis par le prince Youssoupov pour la palais d’Arkhangelskoïe, après 1815 (2). Les deux toiles de notre étude exécutées vers la fin du siècle ou au début du XIXe siècle, font le lien entre le décor de Bagatelle et celui d’Arkhangelskoïe. Jusqu’à leur passage en vente en 1976, les toiles étaient complétées par deux autres tableaux de format vertical, représentant des paysages inspirés par les Alpes et les cascatelles de Tivoli. Parmi les catalogues de vente du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, un ensemble de quatre tableaux correspond aux sujets, mais selon des dimensions encore plus grandes, à l’ensemble comprenant Le palais à l’orée d’un bois et L’obélisque à la fontaine. Ce décor est le lot le plus important de la vente de la collection Joseph Florent Le Normand de Mézières, les 21 et 22 décembre 1794, à Paris : ‘Quatre très grands tableaux, paysages & intérieurs de jardins, enrichis de ruines, rochers, cascades, & ornés sur les devants de figures & animaux (...) de 8 pieds 4 pouces de haut sur 4 pieds 8 pouces à 5 pieds 2 pouces de large (3)’. La description ne permet pas d’affirmer avec certitude que l’ensemble étudié ici est une variation d’après celui de Le Normand de Mézières, mais l’hypothèse reste plausible. En effet, Robert a régulièrement proposé des variations de format réduit d’après des compositions prestigieuses. Si le commanditaire de cet ensemble demeure inconnu, il pouvait contempler les paysages grandioses inventés par Robert et méditer sur la beauté des ruines.
Nous remercions Sarah Catala d'avoir rédigé la notice ci-dessus.
(1) New York, The Metropolitan Museum of Art, respectivement no. inv. 17.190.26 et 17.190.30.
(2) Il s’agit des Musiciens ambulants et du Pavillon d'Apollon et l’Obélisque, ill. dans cat. exp. Hubert Robert (1733-1808) et Saint-Pétersbourg. Les commandes de la famille impériale et des princes russes entre 1773 et 1802, musée de Valence, 1999 (dir. Hélène Moulin Stanislas), p. 83.
(3) Il s’agit du lot 28.
After having prepared his canvas, Robert draws the outline of the obelisk and the palace using black chalk, marks which he does not try to hide when he paints the composition using a palette dominated by light brown and dark green tones. The rendering is quick, which can be explained by Robert’s reliance on slightly altering his compositions to produce a large quantity of works. This notion of variation can also be seen in the characters, as they are drawn from sketchbook studies. For example, the man drinking from his hat can be seen in the painting L’Abreuvoir, a monumental canvas executed in 1770 (Avignon, musée Calvet, inv. no. 22363). The compositions of our pendants derive from the paintings La Fontaine and Les Musiciens ambulants, which feature among the eight paintings of the Folie du parc de Bagatelle, a series which was commissioned by the comte d’Artois in 1777 (1). The latter have been subject to several variations, such as the two paintings dated to 1801 and bought after 1815 by the prince Youssoupov for the Arkhangelskoïe palace (2). The two paintings under consideration, which can be dated to the end of the 18th or the beginning of the 19th century, are the link between the Bagatelle decorations and those of the Arkhangelskoïe. Until their sale in 1976, the pair were part of a broader set of four paintings, all of vertical format and representing landscapes inspired by the Alps as well as the waterfalls of Tivoli. We can find among the sales catalogues of the 18th and the beginning of the 19th century mentions of an ensemble of four paintings, of larger dimensions, but whose subjects correspond to the set from which our paintings issue. This related body of paintings is the most consequential lot from the sale of the collection of Joseph Florent le Norman de Mézière, which took place on the 21st and 22nd of December 1794 in Paris : ‘Quatre très grands tableaux, paysages & intérieurs de jardins, enrichis de ruines, rochers, cascades, & ornés sur les devants de figures & animaux (...) de 8 pieds 4 pouces de haut sur 4 pieds 8 pouces à 5 pieds 2 pouces de large (3)’ (Four very large paintings, landscapes and interiors of gardens, enlivened with ruins, rocks, waterfalls, and decorated in the foreground with figures and animals (…) of 8 feet 4 inches of height and from 4 feet 8 inches to 5 feet 2 inches of width). The description in the catalogue, as given here, is not sufficient to ascertain if our paintings derive from those in the Le Norman de Mézière’s collection, but the hypothesis remains plausible as Robert regularly produced smaller copies of prestigious compositions. Whilst the person behind the commission remains unknown, they certainly admired these grandiose and fabricated landscapes populated by these beautiful ruins.
We would like to thank Sarah Catala for writing the above catalogue entry.
(1) New York, The Metropolitan Museum of Art, respectively inv. no. 17.190.26 and 17.190.30
(2) Those are Musiciens ambulants and Pavillon d’Apollon et l’Obélisque, illustrated in the exhibition catalogue Hubert Robert (1733-1808) et Saint-Pétersbourg. Les commandes de la famille impériale et des princes russes entre 1773 et 1802, Valence Museum, 1999 (directed by Hélène Moulin Stanislas), p. 83.
(3) Lot 28.
Les nombreux décors d’Hubert Robert participent au renouveau du sentiment de la nature et au développement de l’histoire, durant la seconde moitié du XVIIIe siècle en France. En effet, ses toiles présentent à très grande échelle des vues d’architectures en ruine envahies de végétation. Les figures qui les animent, le plus souvent des lavandières surveillant leurs enfants et des promeneurs accompagnés de chiens, contribuent à une impression de sérénité qui échappe au temps présent. Pour cela, Robert joue avec les contrastes, comme sur Le palais à l’orée d’un bois et L’obélisque à la fontaine où la noblesse des architectures antiques et modernes est associée à la sobriété de vie des personnages. Certains profitent d’une halte pour se désaltérer quand d’autres s’apprêtent à travailler, notamment le berger s’affairant autour d’un essaim d’abeilles. Les scènes imaginées par Robert cherchent à raviver les souvenirs de promenades des spectateurs ayant réalisés leurs Grand Tour à Rome ou ceux habitués aux bois situés autour de Paris. Le peintre associe des monuments antiques comme l’obélisque et des sculptures tels les bustes ornant la façade du palais. Celui-ci est une fantaisie de Robert, conçu comme un caprice rassemblant les monuments du Capitole à Rome : les degrés décorés par les lions de la cordonata, des baies à fronton avec des niches circulaires et des pilastres d’ordre colossal comme on le voit au palais des conservateurs. Ces architectures sont néanmoins menacées par une végétation profuse, composée de peupliers et de chênes que l’on trouvait alors dans les forêts entre la Seine et l’Oise.
Après avoir préparé sa toile, Robert trace à la pierre noire les contours du palais et de l’obélisque, sans chercher à en masquer les lignes lorsqu’il détaille ensuite la composition avec sa brosse et sa palette dominée par les tons bruns clairs et verts foncés. L'exécution est rapide car le travail de Robert s'appuie sur des variations. Les personnages proviennent d’études conservées dans des carnets. Par exemple, le motif de l’homme buvant de l’eau dans son chapeau apparaît déjà dans L'Abreuvoir, immense toile exécutée en 1770 (Avignon, musée Calvet, no. inv. 22363). Les compositions des pendants dérivent de La Fontaine et Les Musiciens ambulants, comptant parmi les huit tableaux du décor peint pour la Folie du parc de Bagatelle commandé par le comte d’Artois en 1777 (1). Ces tableaux ont fait l’objet de plusieurs variations : deux toiles de l’ensemble daté de 1801 et acquis par le prince Youssoupov pour la palais d’Arkhangelskoïe, après 1815 (2). Les deux toiles de notre étude exécutées vers la fin du siècle ou au début du XIXe siècle, font le lien entre le décor de Bagatelle et celui d’Arkhangelskoïe. Jusqu’à leur passage en vente en 1976, les toiles étaient complétées par deux autres tableaux de format vertical, représentant des paysages inspirés par les Alpes et les cascatelles de Tivoli. Parmi les catalogues de vente du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, un ensemble de quatre tableaux correspond aux sujets, mais selon des dimensions encore plus grandes, à l’ensemble comprenant Le palais à l’orée d’un bois et L’obélisque à la fontaine. Ce décor est le lot le plus important de la vente de la collection Joseph Florent Le Normand de Mézières, les 21 et 22 décembre 1794, à Paris : ‘Quatre très grands tableaux, paysages & intérieurs de jardins, enrichis de ruines, rochers, cascades, & ornés sur les devants de figures & animaux (...) de 8 pieds 4 pouces de haut sur 4 pieds 8 pouces à 5 pieds 2 pouces de large (3)’. La description ne permet pas d’affirmer avec certitude que l’ensemble étudié ici est une variation d’après celui de Le Normand de Mézières, mais l’hypothèse reste plausible. En effet, Robert a régulièrement proposé des variations de format réduit d’après des compositions prestigieuses. Si le commanditaire de cet ensemble demeure inconnu, il pouvait contempler les paysages grandioses inventés par Robert et méditer sur la beauté des ruines.
Nous remercions Sarah Catala d'avoir rédigé la notice ci-dessus.
(1) New York, The Metropolitan Museum of Art, respectivement no. inv. 17.190.26 et 17.190.30.
(2) Il s’agit des Musiciens ambulants et du Pavillon d'Apollon et l’Obélisque, ill. dans cat. exp. Hubert Robert (1733-1808) et Saint-Pétersbourg. Les commandes de la famille impériale et des princes russes entre 1773 et 1802, musée de Valence, 1999 (dir. Hélène Moulin Stanislas), p. 83.
(3) Il s’agit du lot 28.