Adrian Ghenie (né en 1977)
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The Flight into Egypt I

Details
Adrian Ghenie (né en 1977)
The Flight into Egypt I
signé et daté 'Ghenie 2008' (au dos)
huile et acrylique sur toile
200 x 320.5 cm.
Peint en 2008.

signed and dated 'Ghenie 2008' (on the reverse)
oil and acrylic on canvas
76 ¾ x 126 1⁄8 in.
Painted in 2008.
Provenance
Galerie Judin, Berlin
Acquis auprès de celle-ci en 2008
Literature
J. Judin, Adrian Ghenie, Ostfildern, 2009, p. 44 (illustré en couleurs pp. 45-47).
Exhibited
Berlin, Galerie Judin, Adrian Ghenie, The Flight into Egypt, novembre-décembre 2008.
Bucarest, Muzeul Național de Artă Contemporană al României, Adrian Ghenie, novembre 2009-février 2010.
Vienne, Winter Palace & 21er Haus des Belvedere, Love Story, Anne & Wolfgang Titze Collection, juin-octobre 2014 (illustré en couleurs au catalogue d'exposition pp. 108-109; une vue de l'exposition p. 379).
Belfast, The Metropolitan Arts Centre, I Will Go There, Take me Home, mai-juillet 2015.
Sale Room Notice
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Brought to you by

Paul Nyzam
Paul Nyzam Head of Department

Lot Essay

D’une largeur de plus de trois mètres, The Flight into Egypt I (2008) est une œuvre majeure, parmi les premières réalisées par Adrian Ghenie. L’artiste roumain, qui a grandi sous le régime de Ceaușescu, a toujours été fasciné par la noirceur de l’histoire européenne contemporaine. Travaillant à partir d’images anciennes, notamment de photographies et d’extraits de films, il intègre à ses peintures différentes strates de l’histoire de l’art. The Flight into Egypt I fait référence à l’épisode du Nouveau Testament dans lequel Joseph et Marie fuient Bethléem après qu’un ange les ait avertis du massacre des innocents par Hérode. Ghenie transforme le récit biblique en une scène représentant un campement ombragé, suggérant la fuite, le déplacement ou l’exil.

La fuite en Égypte constituait un sujet récurrent dans l’art de la Renaissance. Elle apparaît dans les œuvres de Poussin, du Caravage et du Tintoret. Ce dernier est une source d’inspiration particulière pour Ghenie. Ainsi, l’artiste roumain a décrit son propre travail comme étant « de cette espèce baroque... Un type de peinture qui transforme l’énergie et le mouvement du corps en image ». [1]

Le caractère dramatique, accentué par le clair-obscur de la présente œuvre, fait écho au travail des maîtres anciens. Pourtant, Ghenie ne représente pas ici la Sainte Famille. Il lui préfère une tente de fortune, l’arrière d’une voiture et un homme – veste en cuir et jeans – se présentant le dos tourné. Une tête de cerf évoque la décoration un peu surannée d’une chambre d’un autre temps. Ghenie conçoit souvent ses compositions à partir d’un collage d’images imprimées. Les objets sont traités comme les accessoires d’une scène de théâtre.

Ghenie utilise également des techniques abstraites. En faisant glisser la peinture sur la surface à l’aide d’un couteau, il crée des flous marbrés d’or et de turquoise qui rappellent la méthode de grattage de Gerhard Richter. L’artiste masque certaines zones pour former des arêtes vives de pigment. Ailleurs, la peinture liquide coule sur la toile. Associés aux éléments picturaux qui se bousculent, ces gestes rendent le décor à la fois instable et inquiétant.

Le travail de Francis Bacon a beaucoup influencé celui de Ghenie. Ce dernier admire le pinceau vif et épais du peintre anglais et partage son intérêt pour la photographie. Comme le cinéma et la télévision, les images photographiques font partie de l’expérience du XXe siècle. Ghenie les explore d’un point de vue culturel et autobiographique, en peignant ce qu’il appelle « la texture de l’histoire ». [2]

The Flight into Egypt I a été réalisé en 2008, année charnière pour Ghenie. Cette année-là en effet, l’espace d’exposition Galeria Plan B, qu’il a cofondé trois ans auparavant à Cluj, en Roumanie, ouvre une succursale à Berlin et le peintre commence à partager son temps entre ces deux villes. Ses peintures gagnent alors en ampleur, en complexité et en profondeur. Outre The Flight into Egypt I, il réalise aussi cette année là son quatuor historique « Collector », qui représente le dignitaire nazi Hermann Göring, ainsi que ses premières œuvres de la série « Pie Fight », qui s’inspirent du burlesque du cinéma muet.

Ghenie reviendra au thème de la présente œuvre avec sa grande œuvre Rest During the Flight into Egypt (2016), qui fait désormais partie de la collection du Los Angeles County Museum of Art. Il a déclaré avoir été inspiré par des images actuelles de réfugiés, mais que le sujet était intemporel. « La peinture a toujours réagi aux grandes histoires épiques, qu’il s’agisse de batailles ou de récits bibliques », a-t-il observé. « Tout ce que vous voyez à la télévision, si vous faites abstraction des vêtements, c’est au final la même chose qu’une scène de la Renaissance – un homme suivi de sa femme tenant un enfant, avec un paysage en arrière-plan. La seule chose qui manque, c’est un âne ». [3]

[1] A. Ghenie, en conversation avec M. Peppiatt, dans J. Judin (ed.), Adrian Ghenie Paintings 2014-2019, Berlin, 2020, pp. 119-120.
[2] A. Ghenie, en conversation avec M. Radu, dans Adrian Ghenie: Darwin’s Room, catalogue d’exposition, Pavillon roumain, Venise, 2015, p. 29.
[3] A. Ghenie, cité dans A. Battaglia, ‘’Every Painting Is Abstract: Adrian Ghenie on His Recent Work and Evolving Sense of Self’’, dans ArtNews, New York, 17 février 2017.


Over three meters across, The Flight into Egypt I (2008) is an important early painting by Adrian Ghenie. The Romanian artist, who grew up under the Ceaușescu regime, is fascinated by the darkness of recent European history. He works from second-hand images, including photographs and film-stills, and builds layers of art history into his paintings. The Flight into Egypt I refers to the New Testament story in which Joseph and Mary flee Bethlehem after an angel warns them of Herod’s massacre of the innocents. Ghenie transforms the biblical narrative into a scene depicting a shadowy encampment, suggesting escape, displacement or exile.

The flight into Egypt was a common subject in Renaissance art. It appears in works by Poussin, Caravaggio and Tintoretto. The latter is a particular inspiration for Ghenie. He has described his own work as “from that kind of Baroque species … A type of painting which turns the energy and the movement of the body into the image.” [1]

The present work’s dramatic scale and chiaroscuro echo the work of these Old Masters. But Ghenie does not depict the Holy Family. Instead we see a makeshift tent, the rear end of a car, and a man—in leather jacket and jeans—with his back turned. A stag’s head evokes the decor of an old-fashioned room. Ghenie often designs his compositions with a collage of found and printed imagery. The objects are like props in a stage-set.

Ghenie also uses abstract techniques. By dragging paint across the surface with a palette knife, he creates marbled blurs of gold and turquoise that recall the scraping method of Gerhard Richter. He masks off some areas to form sharp edges of pigment. Elsewhere, liquid paint drips down the canvas. Together with the jarring pictorial elements, these gestures make the setting ominous and unstable.

Another influence for Ghenie is Francis Bacon. He admires Bacon’s vivid, fleshy brushwork, and shares his interest in the photograph. Like cinema and television, photographic images are part of twentieth-century experience. Ghenie explores them from a cultural and autobiographical viewpoint, painting what he calls “the texture of history.” [2]

The Flight into Egypt I dates from a pivotal year in Ghenie’s practice. The exhibition space Galeria Plan B, which he had co-founded in Cluj, Romania, in 2005, expanded to a second location in Berlin. Ghenie began to divide his time between the two cities. His paintings grew in scale, complexity and depth. Alongside The Flight into Egypt I, that year he made his landmark ‘‘Collector’’ quartet, which depicts the Nazi official Hermann Göring, and his first ‘’Pie Fight’’ works, which draw on the slapstick of silent cinema.

Ghenie returned to the present work’s theme with the major painting Rest During the The Flight into Egypt (2016), which is now in the collection of the Los Angeles County Museum of Art. He said he was informed by images of the contemporary refugee crisis, but that the subject was timeless. “Painting has always reacted to big, epic stories, whether battles or biblical stories,” he observed. “Art history is already full of this kind of depiction … Everything you see on TV, if you remove the clothes, it’s the same as a Renaissance scene—a man followed by his wife holding a child with a landscape in the background. The only thing that’s missing is a donkey.” [3]


[1] A. Ghenie, in conversation with M. Peppiatt, in J. Judin (ed.), in Adrian Ghenie Paintings 2014-2019, Berlin, 2020, pp. 119-120.
[2] A. Ghenie, in conversation with M. Radu, in Adrian Ghenie: Darwin’s Room, exhibition catalog, Romanian Pavilion, Venice, 2015, p. 29.
[3] A. Ghenie, quoted in A. Battaglia, ‘’Every Painting Is Abstract: Adrian Ghenie on His Recent Work and Evolving Sense of Self’’, in ArtNews, New York, 17 February 2017.

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