Lot Essay
SP85 (2009) est une œuvre monumentale appartenant à la série la plus célèbre de Sterling Ruby. « SP » est l’abréviation de « spray paint », le médium avec lequel il a réalisé cette peinture. Ruby a produit ces œuvres entre 2007 et 2014, inspiré par l’environnement immédiat de son atelier de Los Angeles. Les graffitis comme les ciels dramatiques qui dominent la ville ont eu une influence significative sur son travail. Dans SP85, les bandes chatoyantes roses et vertes évoquent un mur tagué, mais peuvent aussi faire penser à un lever ou un coucher de soleil.
L’œuvre a été réalisée en 2009, l’année qui a suivi la première exposition individuelle de Ruby au Museum of Contemporary Art de Los Angeles. Sa pratique se situe toutefois à une certaine distance du monde de l’art traditionnel. Ruby est né sur une base aérienne allemande et a passé son enfance dans une ferme de Pennsylvanie. La poterie locale « redware » et les quilts amish comptent parmi ses premières influences. Tout au long de sa carrière, il a exploré un large éventail de matériaux inhabituels, dont l’uréthane coulé, le vernis à ongles et les détritus urbains. Il a expérimenté les domaines de la vidéo, de la sculpture, du collage, de la céramique et du stylisme.
Son utilisation de la peinture aérosol est tout aussi peu conventionnelle. Ruby s’est installé dans un studio à Hazard Park après avoir obtenu sa maîtrise aux beaux-arts en 2005. Il y a observé les relations entre les graffeurs et les autorités locales. Les bandes rivales du quartier menaient bataille à la bombe de peinture sur les murs de la ville. La nuit, des équipes anti-graffiti s’empressaient de les recouvrir. Et, dès le lendemain, les artistes recommençaient. Dans ses propres peintures, Ruby a imité ce processus de destruction et de (re)création. Ainsi, ses œuvres commencent par des marques et des tags, qu’il recouvre ensuite avec des pans de couleur.
Les peintures de la série « SP » apparaissent comme des hymnes à la culture de la rue. Mais elles peuvent être aussi perçues comme des célébrations de la nature. SP85 anticipe la série des « Vivids » de Ruby, qui fait directement référence aux cieux majestueux qu’il observe lors de ses trajets en voiture pour se rendre à son atelier. Il se souvient avoir été témoin de « levers et de couchers de soleil extrêmement vifs et colorés, produisant des lignes d’horizon qui transforment l’étalement urbain en un plan céleste quasi-méditatif ». [1] Si le style brut de Ruby peut être comparé à celui d’Ed Ruscha ou de Christopher Wool, SP85 évoque également les sublimes champs de couleurs de Mark Rothko et de Barnett Newman. Ruby a déclaré : « J’ai toujours pensé que l’art était semblable à la poésie. Il ne peut être prouvé et pourtant, s’il est bien fait, il possède une aura incomparable ». [2]
[1] S. Ruby, cité dans le communiqué de presse pour l'exposition ''Sterling Ruby: Vivids'', Gagosian Gallery, Hong Kong, 2014.
[2] S. Ruby, cité dans J. Ribas, ‘’Sterling Ruby: Sincerely Hostile’’, dans Flash Art, Milan, No. 271, mars-avril 2010.
SP85 (2009) is a monumental work from Sterling Ruby’s best-known series. ‘’SP’’ stands for ''spray paint''—his chosen medium. Ruby made these works between 2007 and 2014, inspired by the surroundings of his studio in Los Angeles. Graffiti was an important influence. So too were the dramatic skies that hung over the city. In SP85, his shimmering pink and green bands resemble a tagged street wall, but also a sunrise or sunset.
The work was made in 2009: the year after Ruby’s first solo museum exhibition at the Museum of Contemporary Art, Los Angeles. His practice, however, sits at a distance from the traditional art world. Ruby was born on a German air base and spent his childhood on a farm in Pennsylvania. Local redware pottery and Amish quilts were among his earliest influences. Throughout his career he has explored a wide range of unusual materials, including poured urethane, nail polish and urban detritus. He has worked across video, sculpture, collage, ceramics and fashion design.
Ruby’s use of spray paint is similarly unconventional. The artist took a studio in Hazard Park after completing his MFA in 2005. There, he observed the relationship between graffiti artists and the authorities. Rival gangs in the neighbourhood would play out their disputes in spray paint upon the city walls. At night, anti-graffiti teams would be sent to cover them up. The following day, the artists would begin again. In his own paintings, Ruby mimicked this process of destruction and creation. His works start with marks and tags, which he then overwrites with swathes of colour.
The ‘’SP’’ works are hymns to street culture. Examples such as this, however, are also celebrations of nature. SP85 anticipates Ruby’s series of ''Vivids,'' which directly referenced the majestic skies he observed on his drives to and from the studio. He recalls witnessing “extremely vivid and colourful sunrises and sunsets, yielding horizon lines that transform the urban sprawl into a meditative celestial plane.’’ [1] While Ruby’s works invite comparison with the gritty styles of Ed Ruscha or Christopher Wool, SP85 also evokes the sublime colour fields of Mark Rothko and Barnett Newman. “ I have always thought of art as similar to poetry,” Ruby has said. “… It can’t be proven and yet, if done right, has a sense of unmistakable aura.” [2]
[1] S. Ruby, quoted in the press release for the exhibition ''Sterling Ruby: Vivids'', Gagosian Gallery, Hong Kong, 2014.
[2] S. Ruby, quoted in J. Ribas, ‘’Sterling Ruby: Sincerely Hostile’’, in Flash Art, Milan, No. 271, March-April 2010.
L’œuvre a été réalisée en 2009, l’année qui a suivi la première exposition individuelle de Ruby au Museum of Contemporary Art de Los Angeles. Sa pratique se situe toutefois à une certaine distance du monde de l’art traditionnel. Ruby est né sur une base aérienne allemande et a passé son enfance dans une ferme de Pennsylvanie. La poterie locale « redware » et les quilts amish comptent parmi ses premières influences. Tout au long de sa carrière, il a exploré un large éventail de matériaux inhabituels, dont l’uréthane coulé, le vernis à ongles et les détritus urbains. Il a expérimenté les domaines de la vidéo, de la sculpture, du collage, de la céramique et du stylisme.
Son utilisation de la peinture aérosol est tout aussi peu conventionnelle. Ruby s’est installé dans un studio à Hazard Park après avoir obtenu sa maîtrise aux beaux-arts en 2005. Il y a observé les relations entre les graffeurs et les autorités locales. Les bandes rivales du quartier menaient bataille à la bombe de peinture sur les murs de la ville. La nuit, des équipes anti-graffiti s’empressaient de les recouvrir. Et, dès le lendemain, les artistes recommençaient. Dans ses propres peintures, Ruby a imité ce processus de destruction et de (re)création. Ainsi, ses œuvres commencent par des marques et des tags, qu’il recouvre ensuite avec des pans de couleur.
Les peintures de la série « SP » apparaissent comme des hymnes à la culture de la rue. Mais elles peuvent être aussi perçues comme des célébrations de la nature. SP85 anticipe la série des « Vivids » de Ruby, qui fait directement référence aux cieux majestueux qu’il observe lors de ses trajets en voiture pour se rendre à son atelier. Il se souvient avoir été témoin de « levers et de couchers de soleil extrêmement vifs et colorés, produisant des lignes d’horizon qui transforment l’étalement urbain en un plan céleste quasi-méditatif ». [1] Si le style brut de Ruby peut être comparé à celui d’Ed Ruscha ou de Christopher Wool, SP85 évoque également les sublimes champs de couleurs de Mark Rothko et de Barnett Newman. Ruby a déclaré : « J’ai toujours pensé que l’art était semblable à la poésie. Il ne peut être prouvé et pourtant, s’il est bien fait, il possède une aura incomparable ». [2]
[1] S. Ruby, cité dans le communiqué de presse pour l'exposition ''Sterling Ruby: Vivids'', Gagosian Gallery, Hong Kong, 2014.
[2] S. Ruby, cité dans J. Ribas, ‘’Sterling Ruby: Sincerely Hostile’’, dans Flash Art, Milan, No. 271, mars-avril 2010.
SP85 (2009) is a monumental work from Sterling Ruby’s best-known series. ‘’SP’’ stands for ''spray paint''—his chosen medium. Ruby made these works between 2007 and 2014, inspired by the surroundings of his studio in Los Angeles. Graffiti was an important influence. So too were the dramatic skies that hung over the city. In SP85, his shimmering pink and green bands resemble a tagged street wall, but also a sunrise or sunset.
The work was made in 2009: the year after Ruby’s first solo museum exhibition at the Museum of Contemporary Art, Los Angeles. His practice, however, sits at a distance from the traditional art world. Ruby was born on a German air base and spent his childhood on a farm in Pennsylvania. Local redware pottery and Amish quilts were among his earliest influences. Throughout his career he has explored a wide range of unusual materials, including poured urethane, nail polish and urban detritus. He has worked across video, sculpture, collage, ceramics and fashion design.
Ruby’s use of spray paint is similarly unconventional. The artist took a studio in Hazard Park after completing his MFA in 2005. There, he observed the relationship between graffiti artists and the authorities. Rival gangs in the neighbourhood would play out their disputes in spray paint upon the city walls. At night, anti-graffiti teams would be sent to cover them up. The following day, the artists would begin again. In his own paintings, Ruby mimicked this process of destruction and creation. His works start with marks and tags, which he then overwrites with swathes of colour.
The ‘’SP’’ works are hymns to street culture. Examples such as this, however, are also celebrations of nature. SP85 anticipates Ruby’s series of ''Vivids,'' which directly referenced the majestic skies he observed on his drives to and from the studio. He recalls witnessing “extremely vivid and colourful sunrises and sunsets, yielding horizon lines that transform the urban sprawl into a meditative celestial plane.’’ [1] While Ruby’s works invite comparison with the gritty styles of Ed Ruscha or Christopher Wool, SP85 also evokes the sublime colour fields of Mark Rothko and Barnett Newman. “ I have always thought of art as similar to poetry,” Ruby has said. “… It can’t be proven and yet, if done right, has a sense of unmistakable aura.” [2]
[1] S. Ruby, quoted in the press release for the exhibition ''Sterling Ruby: Vivids'', Gagosian Gallery, Hong Kong, 2014.
[2] S. Ruby, quoted in J. Ribas, ‘’Sterling Ruby: Sincerely Hostile’’, in Flash Art, Milan, No. 271, March-April 2010.