Pierre Soulages (1919-2022)
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Provenant d'une collection privée française
Pierre Soulages (1919-2022)

Sans titre

Details
Pierre Soulages (1919-2022)
Sans titre
signé et daté 'soulages 52' (en bas à droite); dédicacé 'Pour Dominique et Guy avec l'amitié de Pierre et Colette' (au revers)
brou de noix sur papier
104.5 x 75.5 cm.
Exécuté en 1952

signed and dated 'soulages 52' (lower right); dedicated 'Pour Dominique et Guy avec l'amitié de Pierre et Colette' (on the reverse)
walnut stain on paper
41 1⁄8 x 29 ¾ in.
Executed in 1952
Provenance
Acquis auprès de l'artiste par la famille du propriétaire actuel.
Further Details
Cette œuvre est accompagnée d'un certificat d'authenticité de Colette Soulages daté du 5 octobre 2023.
Sale Room Notice
Cette œuvre est accompagnée d'un certificat d'authenticité de Colette Soulages daté du 5 octobre 2023.

This work is accompanied by a certificate of authenticity from Colette Soulages dated 5 October 2023.

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Lot Essay

« Le brou de noix possède un ton sombre et chaud, une sorte de puissance élémentaire qui me plaît. Il permet d’obtenir naturellement des transparences et des opacités d’une belle résonance ». - Pierre Soulages

Acquis directement auprès de l’artiste et conservé depuis dans la même collection familiale, Sans titre (1952) est une superbe œuvre sur papier qui témoigne de l’utilisation précoce du brou de noix par Pierre Soulages. À l’aide de larges traits quasi calligraphiques, l’artiste peint de riches bandes imbriquées les unes dans les autres, profitant de la riche gamme de tons et de textures de son médium. Soulages a commencé à utiliser le brou de noix – une teinture foncée fabriquée à partir de gangues de noix – en 1947. Ses nuances chaudes d’acajou, appliquées à larges traits à l’aide d’un pinceau utilisé habituellement par les peintres en bâtiment, lui permettaient « d’obtenir naturellement des transparences et des opacités d’une belle résonance ». (P. Soulages, cité dans Pierre Soulages : Outrenoir : Entretiens avec Françoise Jaunin, Lausanne 2014, p. 72). Cette qualité, mise en évidence dans la présente œuvre, a alimenté la fascination de Soulages pour le rapport entre l’obscurité et la lumière, le menant vers l’exploration rigoureuse du noir – couleur qui allait définir son œuvre.
Depuis ses années de jeunesse, Soulages est subjugué par la question du contraste. Originaire de Rodez, dans le sud de la France, il a très vite été séduit par la danse de l’ombre et de la lumière qu’il observe dans l’abbaye Sainte-Foy de Conques, datant du XIe siècle, ainsi que par l’art rupestre antique découvert à Lascaux en 1940. Avec ses teintes primaires et terreuses, le brou de noix offre à Soulages une porte d’entrée pour ces mondes. Habituellement utilisé pour teinter les meubles, le caractère ordinaire de ce medium le rend d’autant plus intéressant, son extraordinaire gamme d’effets de clair-obscur frémissant d’une « puissance élémentaire ».
« C’est avec les peintures au brou de noix que j’ai pu me ressaisir et obéir à une sorte d’impératif intérieur », explique Soulages. « La vérité, c’est que je me sentais limité par les huiles. Je les avais utilisées avant la guerre et j’en connaissais les contraintes. Un jour, dans un élan d’impatience et de mauvaise humeur, j’ai pris du brou de noix et des pinceaux de peintre en bâtiment et je me suis déchaîné sur le papier ». (P. Soulages en conversation avec P. Encrevé, 1992).

« Les peintres de Lascaux ou de Chauvet ont porté l’art à son sommet dès le début. » - Pierre Soulages

Soulages a commencé à réaliser des compositions linéaires unifiées en utilisant du brou de noix à la fin des années 1940. Il y découvre alors le principe fondateur de son art. « La durée de la ligne ayant disparu, le temps était statique dans ces signes faits de coups de pinceau sommaires et directs », explique-t-il. « Le mouvement n’est plus décrit ; il devient tension, mouvement sous contrôle, c’est-à-dire dynamisme ». (P. Soulages, cité dans J. Johnson Sweeney, Soulages, New York 1972, p. 22).
À l’époque de l’œuvre présentée ici, Soulages commençait à être reconnu au plan international grâce notamment à cette approche novatrice. Ainsi, des institutions telles que la Phillips Collection à Washington D.C. et le Museum of Modern Art à New York ont commencé à acquérir certaines de ses œuvres. Et bien que ses barres abstraites de couleurs sombres aient souvent été comparées aux peintures de Franz Kline ou de Robert Motherwell, Soulages s’est finalement distancié de ces créateurs. Contrairement à ses contemporains de l’expressionnisme abstrait, ses gestes picturaux ne prétendent pas à une expression personnelle. Dans cette œuvre, les traces subtiles du mouvement, le frottement des textures et les variations vacillantes de l’opacité deviennent l’unique sujet de l’artiste.

''Walnut stain has a dark and warm tone, a kind of elementary power that pleases me. It allows to obtain naturally transparencies and opacities with a beautiful resonance.'' - Pierre Soulages

Acquired directly from the artist, and held in the same family collection ever since,
Sans titre (1952) is an exquisite work on paper that demonstrates Pierre Soulages’ early use of 'brou de noix'. With broad, near-calligraphic strokes, the artist paints rich interlocking bands, relishing the tonal and textural range of his medium. Soulages had first begun using 'brou de noix'—a dark stain brewed from walnut husks—in 1947. Its warm mahogany hues, applied in broad strokes with a house painter’s brush, allowed him to ''obtain naturally transparencies and opacities with a beautiful resonance'' (P. Soulages, quoted in Pierre Soulages: Outrenoir: Entretiens avec Françoise Jaunin, Lausanne 2014, p. 72). This quality, eloquently showcased in the present work, fuelled Soulages’ fascination with the relationship between darkness and light, ultimately inspiring the rigorous exploration of black that would come to define his oeuvre.

Soulages had been fascinated by questions of tonal contrast since his youth. Growing up in Rodez in the South of France, he was entranced by the dance of light and shadow he observed in the 11th-century abbey Sainte-Foy de Conques, as well as the ancient cave art discovered at Lascaux in 1940. 'Brou de noix', with its primal, earthen hues, offered Soulages a gateway to these worlds. Typically used for staining furniture, its quotidian origins made it all the more compelling, its extraordinary range of chiaroscuro effects simmering with 'elementary power.' ''It was with the walnut stain paintings that I was able to get myself together and obey a kind of inner imperative'', Soulages explained. ''The truth is that I felt restricted by oils. I’d used them before the war and I knew what the constraints were. One day, in a burst of impatience and bad temper, I grabbed some walnut stain and some housepainter’s brushes and unleashed myself on paper'' (
P. Soulages in conversation with P. Encrevé, 1992).

''The painters of Lascaux or Chauvet brought art to a summit from the very start.'' - Pierre Soulages

Soulages had first made unified linear compositions in 'brou de noix' during the late 1940s. In them, he discovered the foundational principle of his art. ''The duration of the line having disappeared, time was static in these signs made by summary and direct strokes of the brush'', he explained, ''movement is no longer described; it becomes tension, movement under control, that is to say dynamism'' (P. Soulages, quoted in J. Johnson Sweeney,
Soulages, New York 1972, p. 22). By the time of the present painting, Soulages was beginning to gain international recognition for this approach, with institutions including the Phillips Collection, Washington D. C. and the Museum of Modern Art, New York acquiring examples of his work. While his abstract bars of dark colour were frequently likened to the paintings of Franz Kline and Robert Motherwell, however, Soulages ultimately distanced himself from such comparisons. Unlike his Abstract Expressionist contemporaries, his painterly gestures made no claim to personal expression. In the present work, the subtle traces of movement, the friction between textures and the flickering variations in opacity become the artist’s sole subject.

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