Lot Essay
Cette oeuvre sera incluse au catalogue raisonné en préparation et ces informations ont été confirmées par Madame Chu Ching-Chao de l'Atelier Chu Teh-Chun.
Chu Teh-Chun est arrivé depuis six ans à Paris lorsqu'il réalise Sans titre en 1961. Très impressionné par la rétrospective consacrée à Cézanne au Musée du Jeu de Paume en 1955, il commence à faire évoluer sa peinture, passant progressivement d'une figuration parfaitement maîtrisée à une abstraction débarrassée de toute convention.
Après une première exposition personnelle en 1958, c'est à partir de 1960 que ses oeuvres commencent à trouver une véritable audience, notamment grâce au soutien de la Galerie Henriette Legendre qui lui consacre plusieurs expositions successives, dont celle de 1962 où Sans titre est exposé. Il se noue d'amitié avec plusieurs artistes, parmi lesquels on compte Féraud, Arnal, Corneille, Bott ou encore Sugaï. En parallèle, il accède à une première reconnaissance internationale avec des expositions en Allemagne, en Suisse et aux Etats-Unis, notamment au Carnegie Art Museum de Pittsburgh.
Le passage à l'abstraction dans l'oeuvre de Chu Teh-Chun s'effectue autour des années 1955-1956, notamment au contact de la jeune scène artistique parisienne qu'il fréquente. S'il admire les peintures de Georges Mathieu, l'artiste qui le marque le plus profondément est déjà mort lorsqu'il arrive en France. En effet, la rencontre avec les toiles de Nicolas de Staël lui ouvre une perspective nouvelle, un champ infini d'exploration à travers l'abstraction. Véritablement émerveillé par l'exposition consacrée à ce dernier en 1956 au Musée d'Art Moderne de Paris, Chu Teh-Chun confie : 'Staël fut pour moi une révélation. Auparavant, j'étais un peintre objectif, mais à présent je ne m'intéresse plus à cette façon de peindre parce qu'après avoir commencé à étudier la peinture abstraite, j'ai ressenti profondément et avec évidence la liberté d'expression dont elle témoigne.' (cité in P.-J. Rémy, Chu Teh-Chun, Paris, 2006, p. 27).
La rupture causée par la découverte de Staël se retrouve, comme le remarque Pierre-Jean Rémy, dans la peinture de l'artiste chinois dès 1955 avec Vue sur la rue A. Cette oeuvre témoigne de la prise de conscience du potentiel de la peinture abstraite pour saisir une vue, en l'occurrence une rue qui disparaît au profit de la couleur et de la matière. Cependant, comme le montre Sans titre, Chu Teh-Chun parvient rapidement à s'approprier une liberté nouvelle issue de l'abstraction. Il est intéressant de voir comment le peintre, partant d'une même dynamique fondée sur de larges traces noires verticales qui structurent la composition, parvient à s'affranchir dans Sans titre de l'influence de Staël pour atteindre une expression picturale propre.
Sans titre révèle parfaitement la maitrise de l'artiste dans sa capacité à faire vibrer la couleur en adéquation avec la forme et le geste sur la toile. En effet, Chu Teh-Chun laisse son pinceau parcourir la surface en de larges mouvements sombres formant une calligraphie libre de tout référent autre que celui de son inspiration. Il parvient, par la confrontation entre le noir et les tonalités de bleu du fond de la toile, à créer une intense lumière qui éclaire la composition et semble s'infiltrer à travers les couches picturales. De plus, renforçant la dynamique de la composition par des touches de rouge, il réussit à conférer à sa peinture une forme de légèreté, une impression de flottement, comme si le temps semblait suspendu.
Avec cette oeuvre, Chu Teh-Chun retrouve une pratique du paysage qui renvoie à la peinture traditionnelle chinoise, mais il s'agit d'un paysage qui découle de sa recherche sur l'abstraction et non de la transcription d'une vue. A travers la liberté offerte par la peinture abstraite, le peintre fait surgir des réminiscences de montagnes et de lacs, évoquant peut-être les vues de son enfance passée dans le bas Yangzi, région baptisée 'pays de l'eau'. Face à cette synthèse entre l'évocation de la nature et la recherche constante d'une abstraction personnelle qui caractérise le style de Chu Teh-Chun, Pierre-Jean Rémy rappelle ces mots de Kandinsky: 'L'art abstrait ne saurait être séparé de la nature.'
Chu Teh-Chun est arrivé depuis six ans à Paris lorsqu'il réalise Sans titre en 1961. Très impressionné par la rétrospective consacrée à Cézanne au Musée du Jeu de Paume en 1955, il commence à faire évoluer sa peinture, passant progressivement d'une figuration parfaitement maîtrisée à une abstraction débarrassée de toute convention.
Après une première exposition personnelle en 1958, c'est à partir de 1960 que ses oeuvres commencent à trouver une véritable audience, notamment grâce au soutien de la Galerie Henriette Legendre qui lui consacre plusieurs expositions successives, dont celle de 1962 où Sans titre est exposé. Il se noue d'amitié avec plusieurs artistes, parmi lesquels on compte Féraud, Arnal, Corneille, Bott ou encore Sugaï. En parallèle, il accède à une première reconnaissance internationale avec des expositions en Allemagne, en Suisse et aux Etats-Unis, notamment au Carnegie Art Museum de Pittsburgh.
Le passage à l'abstraction dans l'oeuvre de Chu Teh-Chun s'effectue autour des années 1955-1956, notamment au contact de la jeune scène artistique parisienne qu'il fréquente. S'il admire les peintures de Georges Mathieu, l'artiste qui le marque le plus profondément est déjà mort lorsqu'il arrive en France. En effet, la rencontre avec les toiles de Nicolas de Staël lui ouvre une perspective nouvelle, un champ infini d'exploration à travers l'abstraction. Véritablement émerveillé par l'exposition consacrée à ce dernier en 1956 au Musée d'Art Moderne de Paris, Chu Teh-Chun confie : 'Staël fut pour moi une révélation. Auparavant, j'étais un peintre objectif, mais à présent je ne m'intéresse plus à cette façon de peindre parce qu'après avoir commencé à étudier la peinture abstraite, j'ai ressenti profondément et avec évidence la liberté d'expression dont elle témoigne.' (cité in P.-J. Rémy, Chu Teh-Chun, Paris, 2006, p. 27).
La rupture causée par la découverte de Staël se retrouve, comme le remarque Pierre-Jean Rémy, dans la peinture de l'artiste chinois dès 1955 avec Vue sur la rue A. Cette oeuvre témoigne de la prise de conscience du potentiel de la peinture abstraite pour saisir une vue, en l'occurrence une rue qui disparaît au profit de la couleur et de la matière. Cependant, comme le montre Sans titre, Chu Teh-Chun parvient rapidement à s'approprier une liberté nouvelle issue de l'abstraction. Il est intéressant de voir comment le peintre, partant d'une même dynamique fondée sur de larges traces noires verticales qui structurent la composition, parvient à s'affranchir dans Sans titre de l'influence de Staël pour atteindre une expression picturale propre.
Sans titre révèle parfaitement la maitrise de l'artiste dans sa capacité à faire vibrer la couleur en adéquation avec la forme et le geste sur la toile. En effet, Chu Teh-Chun laisse son pinceau parcourir la surface en de larges mouvements sombres formant une calligraphie libre de tout référent autre que celui de son inspiration. Il parvient, par la confrontation entre le noir et les tonalités de bleu du fond de la toile, à créer une intense lumière qui éclaire la composition et semble s'infiltrer à travers les couches picturales. De plus, renforçant la dynamique de la composition par des touches de rouge, il réussit à conférer à sa peinture une forme de légèreté, une impression de flottement, comme si le temps semblait suspendu.
Avec cette oeuvre, Chu Teh-Chun retrouve une pratique du paysage qui renvoie à la peinture traditionnelle chinoise, mais il s'agit d'un paysage qui découle de sa recherche sur l'abstraction et non de la transcription d'une vue. A travers la liberté offerte par la peinture abstraite, le peintre fait surgir des réminiscences de montagnes et de lacs, évoquant peut-être les vues de son enfance passée dans le bas Yangzi, région baptisée 'pays de l'eau'. Face à cette synthèse entre l'évocation de la nature et la recherche constante d'une abstraction personnelle qui caractérise le style de Chu Teh-Chun, Pierre-Jean Rémy rappelle ces mots de Kandinsky: 'L'art abstrait ne saurait être séparé de la nature.'