GROUPE EN IVOIRE SCULPTE REPRESENTANT LA VIERGE A L'ENFANT TRONANT
Prospective purchasers are advised that several co… Read more
GROUPE EN IVOIRE SCULPTE REPRESENTANT LA VIERGE A L'ENFANT TRONANT

PARIS, VERS 1250-1280

Details
GROUPE EN IVOIRE SCULPTE REPRESENTANT LA VIERGE A L'ENFANT TRONANT
PARIS, VERS 1250-1280
Entièrement sculptée en ronde-bosse; le revers du trône décoré d'arcatures aveugles gothiques et de bandes de rosettes; importants restes de dorure et de polychromie; deux étiquettes en papier à l'intérieur, l'une imprimée d'une figure de Saint Martin sous une couronne et la seconde portant l'inscription 'E.U.1900 M Martin le Roy'; quelques restaurations, manques et accidents mineurs
Hauteur: 37.8 cm. (14 7/8 in.)
Ce lot est fourni avec un test au carbone 14 attestant la certitude à 95 pourcent d'une datation de cette ivoire entre 1020 et 1240.
Provenance
Provenant par tradition de l'abbaye Saint-Michel de Frigolet (Bouches- du-Rhône) durant la révolution française.
La tête de l'Enfant faisait partie de la Collection Carrand jusqu'en 1883, où elle fut réajustée.
Collection Bligny à partir de 1882.
Collection Victor Martin le Roy, Neuilly-sur-Seine avant 1900.
Collection Jean-Joseph Marquet de Vasselot, puis par descendence à ses héritiers.
Literature
BIBLIOGRAPHIE:
R. de Lasteyrie, 'Vierge en ivoire de la coll. Bligny', Gazette Archéologique, 1884, p. 300, pl. 40.
L. de Farcy, Une heure à l'Exposition rétrospective de Rouen, Rev. Art. Chrét., 1885, p. 72.
G. Migeon, 1900, l'Exposition rétrospective de l'Art français, Paris, 1900, in-4, liv. III.
G. Migeon, La Collection Martin Le Roy, les Arts, no. 10, nov. 1902, p. 3.
R. Koechlin, Catalogue Raisonné de la Collection Martin le Roy, II, Ivoires et Sculptures, Paris, 1906, no. 23, pp. 55-56, pl. XIII.
R. Koechlin, Les Ivoires Gothiques Français, Paris, 1924, I, pl. XXVIII, no. 83.
J. Natanson, Gothic Ivories of the 13th and 14th Centuries, London, 1951, no. 25, p. 35.
D. Gaborit-Chopin, Ivoires du Moyen-Age, Paris, 1978, no. 203, pp. 137-139, 205.
Paris, Galeries nationales du Grand Palais, L'Art au temps des rois maudits - Philippe le Bel et ses fils 1285-1328, 17 mar. - 29 juin 1998, no. 108, pp. 172-174.
Exhibited
Exposition retrospective de Rouen, 1884.
Exposition retrospective de l'Art Français, Paris, 1900, no. 84.
Special Notice
Prospective purchasers are advised that several countries prohibit the importation of property containing materials from endangered species, including but not limited to coral, ivory and tortoiseshell. Accordingly, prospective purchasers should familiarize themselves with relevant customs regulations prior to bidding if they intend to import this lot into another country.
Further Details
A CARVED IVORY GROUP OF THE VIRGIN AND CHILD ENTHRONED
PARIS, CIRCA 1250-1280

Fully carved in the round, the reverse of the throne with blind gothic tracery and band of rosettes, extensive traces of gilding and polychromy; two paper labels to the interior, one printed with St Martin below a crown and the other inscribed 'E.U. 1900 M Martin le Roy'; repairs, minor losses and damages

This lot is being sold with a radiocarbon dating measurement report stating there is a 95 percent certainty that the ivory dates between AD 1020 - 1240.

Lot Essay

Parmi les oeuvres importantes de la collection Victor Martin Le Roy et Jean-Joseph Marquet de Vasselot, le groupe en ivoire ici présent représentant la Vierge à l'Enfant est à juste titre considéré comme étant l'apogée. Tant par sa dimension impressionnante que par la stupéfiante virtuosité technique qui le caractérise, ce groupe a été décrit par Gaborit-Chopin comme rival du célèbre groupe en ivoire représentant la Vierge à l'Enfant qui se trouve à la Sainte Chapelle à Paris.

Depuis l'Antiquité, l'ivoire est une matière convoité tant par le fait qu'elle peut être sculptée avec grande précision que parce qu'elle peut-être polie ce qui donne un aspect brillant à sa surface. Sa disponibilité limitée n'ayant pu qu'ajouter à son prestige. Pendant la période gothique, l'intérêt pour les objets de dévotion augmente incitant ainsi la prolifération d'objets en ivoire tels que des diptyques, triptyques, les figures en ronde-bosse et les groupes. Seul les plus riches institutions et clients privés pouvaient s'offrir une large pièce en ivoire et seuls les artistes les plus accomplis se voyaient confier cette matière de grande valeur.

La plupart des groupes en ivoire les plus importants aujourd'hui connus de nous faisaient l'objet de commandes royales ou nobles pour le bénéfice d'une Cathédrale, d'une abbaye ou encore d'une autre institution. La Vierge à l'Enfant de la Sainte Chapelle mentionnée au-dessus, en est l'exemple le plus représentatif. Celle-ci est citée dans un inventaire rédigé entre 1268 et 1279, du trésor de la chapelle royale sur l'île de la cité à Paris. (Gaborit-Chopin, op. cit., no. 100, p. 293). Le groupe en ivoire de Vasselot, selon la tradition, proviendrait de Frigolet, en Provence, qui fut un centre religieux important depuis le début du Christianisme et est connu pour son monastère de chanoines réguliers de Saint-Augustin depuis l'an 1133 ou plus tôt encore. Sous la Révolution Française, le groupe en ivoire fut acquis auprès de l'abbaye de Frigolet par une personne dont le nom ne nous est pas parvenu et dont le petit fils vendit la statue au collectionneur M. Bligny en 1882. Martin Le Roy acquit l'ivoire auprès de ce dernier, et le prêta peu de temps après, au profit de l'Exposition rétrospective de l'Art Français en 1900.

Lorsque l'expert Raymond Koechlin publia en 1924 son ouvrage déterminant les Ivoires Gothiques Française, il décrivit en détail le groupe en ivoire représentant la Vierge à l'Enfant. Il fait aussi référence au fait que lors de son exposition au Petit Palais en 1900, celle-ci fut 'de toutes les ivoires exposées, l'une des plus admirées'. Il énonce qu'il n'y avait 'Rien de plus aimable que cet Enfant assis sur les genoux de sa Mère et tendant les bras...elle-même se penche doucement vers lui, la tête inclinée et légèrement souriante, la régularité de l'ovale du visage un peu attenuée déjà, comme celle des plis du manteau qui tombe moins solennellement.' (Koechlin, op. cit., p. 102).

C'est ce tendre échange entre la Vierge et l'Enfant sur lequel se prononcent de nombreux écrivains qui suggèrant qu'en dépit de sa datation du début du XIIème siècle, le groupe ici présent s'apparente déjà aux ivoires du XIVème siècle tant par l'aspect humain des sujets. Gaborit-Chopin inclut l'ivoire de Vasselot dans son chapitre sur le 'style monumental', qui comprend par ailleurs le groupe représentant la Vierge à l'Enfant de la Sainte Chapelle et celui de Saint-Denis, ainsi que le célèbre groupe de la Descente de croix conservé au Louvre (op. cit., pp. 136-145). Elle soutient que ces groupes sont intimement liés aux réalisations les plus aboutis en termes de sculpture architecturale telle que celles des Cathédrales Notre Dame de Paris et d'Amiens. Cependant, elle ajoute que ces groupes de par leur originalité, raffinement et nouveauté surpassent le travail des sculpteurs sur marbre ou pierre. Elle date le groupe de Vasselot aux alentours de 1250, laquelle date correspond à la période la plus récente du Spectrum defini par le test carbone 14 ici fourni qui suggère une datation entre 1020-1240.
Le rapprochement entre la Vierge de Vasselot et une autre Vierge à l'Enfant assise conservée au musée Pierre de Luxembourg à Villeneuve-les Avignon est apparent (discuté dans L'Art au temps des rois maudits, loc. cit.) et nous permet d'avancer l'hypothèse d'une datation légèrement plus tardive aux alentours de 1280. Tout comme l'ivoire de Vasselot, le groupe de Villeneuve est sculpté dans une dimension particulièrement large, et la Vierge est assise sur un trône décoré d'arcatures avec des roses et des quadrilobes dans les gorges. Bien que présentant des proportions plus allongées, le groupe de Villeneuve présente les mêmes plis dans le drapé au niveau des jambes de la Vierge, et les mêmes petits plis angulaires si particuliers au niveau de ses genoux. Si l'on parvient à imaginer le groupe de Villeneuve dénué de polychromie, l'on remarque que les visages des deux vierges deviennent alors analogue, tant par leurs yeux étirés, leur nez fin, l'arcature de leur sourcils et leur menton pointu. Le visage, et plus particulièrement les cheveux bouclés des deux figures du Christ sont très similaires, et il est intéressant de noter la présence d'une même décoration au niveau de l'orfroi de la chemise du Christ et celui de la robe de la Vierge de Vasselot. Sur la base de la proximité entre les deux villes de Frigolet et Villeneuve, celles-ci se trouvant à 15 km l'une de l'autre dans le sud de la France, serait-il trop audacieux de supputer qu'il existe en effet des relations plus anciennes entre ces deux groupes? Est-il concevable que l'ivoire de Vasselot soit la source d'inspiration pour la commande du groupe de Villeneuve, celui étant considéré comme datant du début du XIVème siècle?

Que l'on accepte la datation de Gaborit-Chopin aux alentours de 1250 ou que l'on croit à une réalisation plus tardive dans le siècle, il n'y a pas de doute que ce groupe en ivoire est un chef d'oeuvre de la sculpture Gothique sur ivoire. Tous les historiens, dans leurs nombreuses publications depuis le XIXème siècle, s'accordent sur le caractère exceptionnel de cette Vierge à l'Enfant, bien que celle-ci leur fut non disponible pendant plus d'un siècle. Celle-ci représente l'apogée des arts de la période gothique et sa réapparition parmi les possessions des héritiers de Marquet de Vasselot est un évènement exceptionnel tant pour les amateurs, les experts que pour les collectionneurs.

Pour une discussion sur l'etiquette Stern voir la notice sure lot 5.


Among the numerous important works of art in the collection of Victor Martin Le Roy and Jean-Joseph Marquet de Vasselot, the present ivory group of the Virgin and Child was justifiably considered to be the apogee. Carved on an impressive scale and displaying an astounding technical virtuosity, it has been described by Danielle Gaborit-Chopin as a rival to the celebrated ivory Virgin and Child group from the Saint-Chapelle in Paris.

Since antiquity, ivory has been a coveted material due to the fact that it can be carved with great precision and polished to give it a lustrous surface. The fact that it was also often difficult to obtain merely added to its prestige. In the gothic period, the rise in popularity of devotional objects prompted a huge proliferation of carved ivory items including diptychs, triptychs and free-standing figures and groups. The range of size and quality among the objects produced was, however, substantial, as the modesty of many extant ivory panels attests. Only the wealthiest institutions and individuals could afford a large piece of ivory and only the most accomplished artists would be entrusted with such a valuable commodity.

Most of the important ivory groups that are known to us today were originally commissioned for a cathedral, abbey or other institution which enjoyed royal or noble patronage. The Virgin and Child from the Sainte-Chapelle, mentioned above, is a perfect example; it appears in an inventory compiled between 1268 and 1279 of the treasury of the royal chapel on the Ile de la Cité in Paris (Gaborit-Chopin, op. cit., no. 100, p. 293). The Vasselot ivory group was traditionally said to have come from Frigolet, in Provence, which has been an important religious site since early Christian times and which is known to have had an Augustinian monastery from at least 1133. During the French Revolution the ivory group was acquired from the abbaye de Frigolet by an unnamed individual whose grandson sold it to the collector M. Bligny in 1882. It was from Bligny that Martin Le Roy purchased the ivory sometime before he loaned it to the Exposition retrospective de l'Art français, in 1900.

When the scholar Raymond Koechlin published his seminal work, Les Ivoires Gothiques Français in 1924, he described the ivory group extensively. He refers to the fact that when it was exhibited at the Petit-Palais in 1900, it was 'of all the ivories exhibited, one of the most admired' He commented that there was 'Nothing more pleasant than this Child, seated on the lap of his Mother and reaching out his arms...she leans gently toward him, her head tilted and smiling gently, the regularity of the oval face already a little attenuated, like the folds of the cloak which fall less solemnly' ('Rien de plus aimable que cet Enfant assis sur les genoux de sa Mère et tendant les bras...elle-même se penche doucement vers lui, la tête inclinée et légèrement souriante, la régularité de l'ovale du visage un peu attenuée déjà, comme celle des plis du manteau qui tombe moins solennellement'; Koechlin, op. cit., p. 102).

It is this gentle interaction between mother and child which is commented upon by a number of writers, suggesting that, despite its relatively early dating to the 13th century, the present group already foreshadows ivories of the 14th century with their greater emphasis on the humanity of their subjects. Gaborit-Chopin includes the Vasselot ivory in her chapter on the 'style monumental', which also includes the Virgin and Child groups from the Sainte-Chapelle and Saint-Denis, as well as the famous Deposition group now in the Louvre (op. cit., pp. 136-145). These groups, she argues, are intimately related to architectural sculpture from some of the most advanced buildings of the day such as the cathedrals of Notre Dame in Paris and Amiens. However they still retain an originality and freshness which is entirely independent of the sculptors working in stone or marble. She dates the Vasselot group to circa 1250, which corresponds perfectly with the most 'modern' end of the spectrum provided by radio-carbon dating, which suggested a date between 1020 and 1240 AD.

In favour of a slightly later dating - to circa 1280 - is the apparent connection of the Vasselot ivory group to another seated ivory Virgin and Child in the musée Pierre de Luxembourg in Villeneuve-lès-Avignon (discussed in L'Art au temps des rois maudits, loc. cit.). Like the Vasselot ivory, the Villeneuve group is carved on an unusually large scale, and the Virgin is seated on a throne decorated with a trilobe-arch arcade beneath two rows of rosettes and pierced quadrilobes. Although more elongated in its proportions, the Villeneuve group displays the same heavy folds of drapery between the Virgin's legs, and the same idiosyncratic small, angular folds across the tops of her knees. If one can imagine the Villeneuve group without its polychromy, the faces of the two Virgins are extremely close, with the very narrow eyes, thin nose, arched brows and pointed chin. The face, and especially the curly hair of the two figures of Christ are also closely related, and it is interesting to note that the pattern of the gilded border on Christ's tunic in the Villeneuve group is identical to the border on the Virgin's gown of the Vasselot ivory. Considering that Frigolet and Villeneuve are approximately 15 km apart in the south of France, is it too much to suggest that there is some early connection between the two groups? Could the Vasselot ivory have provided the inspiration for the commission of the Villeneuve group, which has generally been dated to the early years of the 14th century?

Whether one accepts Gaborit-Chopin's dating to circa 1250 or one believes it could have been created slightly later in the century, there is no question that the present ivory group is a masterpiece of gothic ivory carving. It has been singled out as an exceptional work of art by every art historian who has published it since the 19th century, although it has more recently been lost to the world of modern scholarship. Unseen by the public for almost a century, it represents a high point in the fine arts of the gothic era, and its re-appearance among the possessions of Marquet de Vasselot's heirs is a remarkable event for amateurs, scholars and collectors.

For a discussion on the Stern paper label please see note to lot 5.

More from Oeuvres Médiévales provenant de la Collection Marquet de Vasselot

View All
View All