拍品专文
"Au musée des Iles Canaries, j'ai découvert que l'Homme est avant tout la finitude de l'Homme. J'ai réalisé que ce que j'ai vu, l'extermination d'une race, était une injustice. Ce constat a été le point de départ de la réalisation de mes toiles de jute. C'est quelque chose qui appartient bien entendu au passé, mais qui me permet d'entrer dans le présent et d'en être conscient. " (Manolo Millares cité in J.-A. França, Millares, Barcelone, 1978, p. 94.) C'est ainsi que l'artiste raconte sa réaction à l'extinction des Guanches, les habitants originels des Iles Canaries, décimés à la suite des invasions espagnoles. Fasciné par l'anthropologie, Millares s'intéresse aux civilisations oubliées et crée des oeuvres à l'aspect fossile. Pour l'élaboration de ses peintures, il privilégie la toile de jute au caractère brut, qu'il n'hésite pas à tordre, nouer ou inciser. Cette violence infligée à la toile résulte du constat de la violence humaine, dont l'artiste a été le témoin, lors de la guerre civile espagnole et la Seconde Guerre mondiale.
Millares intègre par ailleurs souvent des objets trouvés dans ses compositions, comme des morceaux de vêtement, des fils ou des tuyaux. Dans Cuadro 196, l'artiste a incorporé une chaussure, pratique qui n'est pas sans rappeler celle de son compatriote Antoni Tàpies. Dès 1957, Millares nomme ascétiquement la plupart de ses oeuvres "Cuadro", "Peinture" en espagnol. Il crée ainsi un art engagé qui retranscrit la brutalité et la destruction du monde et témoigne d'une vision tragique de l'Humanité. "Nous essayons de réaliser une révolution plastique qui inclue notre tradition dramatique et notre expression directe, formant une réponse historique à l'activité universelle. Nous combattons pour un art qui mènera au salut de l'individu à l'intérieur de notre ère. Notre but est de transformer l'art plastique, d'où l'expression de Nouvelle réalité". (Manolo Millares cité in ibid., p. 64.)
Millares intègre par ailleurs souvent des objets trouvés dans ses compositions, comme des morceaux de vêtement, des fils ou des tuyaux. Dans Cuadro 196, l'artiste a incorporé une chaussure, pratique qui n'est pas sans rappeler celle de son compatriote Antoni Tàpies. Dès 1957, Millares nomme ascétiquement la plupart de ses oeuvres "Cuadro", "Peinture" en espagnol. Il crée ainsi un art engagé qui retranscrit la brutalité et la destruction du monde et témoigne d'une vision tragique de l'Humanité. "Nous essayons de réaliser une révolution plastique qui inclue notre tradition dramatique et notre expression directe, formant une réponse historique à l'activité universelle. Nous combattons pour un art qui mènera au salut de l'individu à l'intérieur de notre ère. Notre but est de transformer l'art plastique, d'où l'expression de Nouvelle réalité". (Manolo Millares cité in ibid., p. 64.)