Kees van Dongen (1877-1968)
Collection Alain Prost
Kees van Dongen (1877-1968)

Portrait du chanteur roumain Modjesko

细节
Kees van Dongen (1877-1968)
Portrait du chanteur roumain Modjesko
signé 'Van Dongen .' (en bas à droite)
huile et crayon gras sur papier marouflé sur toile
64 x 47.5 cm. (25¼ x 18¾ in.)
Exécuté en 1907
来源
Pierre Wicart, Paris (avant 1969).
Acquis auprès de celui-ci par le propriétaire actuel, le 19 janvier 1994.
展览
Paris, Galerie de Berri, Quelques fauves, octobre-novembre 1953.
Marseille, Musée Cantini, Hommage à van Dongen, juin-septembre 1969, no. 31.
Tokyo, Nihonbashi Mitsukoshi et Osaka, Mitsukoshi, Le Bateau-Lavoir, avril-mai 1977, no. 53 (illustré en couleurs).
Rotterdam, Museum Boijmans Van Beuningen; Lyon, Musée des Beaux-Arts et Paris, Institut Néerlandais, Van Dongen retrouvé. L'Oeuvre sur papier, 1895-1912, novembre 1996-juin 1997, p. 238, no. 124 (illustré en couleurs, p. 239).
Monaco, Salle d'exposition du Quai Antoine Ier; Montreal, Musée des Beaux Arts et Rotterdam, Museum Boijmans Van Beuningen, Kees Van Dongen, juin 2008-août 2009, p. 332, no. 95 (illustré en couleurs, p. 147).
更多详情
'Portrait du chanteur roumain Modjesko'; signed lower right; oil and wax crayon on paper laid down on canvas; executed in 1907.

拍品专文

Une attestation d'inclusion au catalogue raisonné de l'oeuvre de Kees van Dongen en préparation par Monsieur Jacques Chalom Descordes sous l'égide de l'Institut Wildenstein sera remise à l'acquéreur.

1907 : voilà dix ans que Kees van Dongen est installé à Paris. Hollandais proche des milieux anarchistes, prompt à la caricature et à la dénonciation sociale, il oeuvre d'abord comme illustrateur de revues telles que La revue Blanche, L'Assiette au beurre, La Caricature ou encore Gil Blas, où il représente le milieu de la rue, ses particularités et sa hiérarchie avec un sens aigu de l'observation.
L'année 1904 marque ses débuts de peintre à Paris. Participant au salon des indépendants, il présente ensuite sa première exposition personnelle à la galerie Vollard et installe son atelier au Bateau-Lavoir où il ne tarde pas à rencontrer Henri Matisse, Maurice de Vlaminck puis Pablo Picasso.
Artiste d'avant-garde, il est communément affilié au fauvisme bien qu'il soit paradoxalement considéré comme en marge des préoccupations des "vrais fauves". Par sa palette de couleurs pures et vibrantes, Van Dongen reste le meilleur artificier du mouvement. Il transpose les distorsions graphiques de ses illustrations dans le domaine de la couleur. C'est son audace formelle qui l'isole du fauvisme : fauve "urbain", il place le portrait au coeur de son oeuvre, se focalisant sur le corps féminin, assumant totalement vulgarité, transgression sexuelle et exotisme.
Ici, Van Dongen dépeint le chanteur travesti d'origine roumaine Modjesko. Ce dernier a travaillé à Rotterdam, où Van Dongen aurait pu le rencontrer entre 1905 et décembre 1907 (date à laquelle un portrait de Modjesko figure à la galerie Bernheim-Jeune dans l'exposition Portraits d'Hommes). Si plusieurs études du chanteur Modjesko sont répertoriées, notre portrait sur papier semble avoir précédé de peu le portrait éponyme peint sur toile (fig. 1) conservé au Musée d'Art Moderne de New York. Le chanteur se présente avec la même pose et la même expression. La touche est violente, immédiate, la palette électrique. Les rouge, vert et jaune vifs mettent le sujet sous le feu des projecteurs.
Pour Van Dongen, ce sujet physiquement provocant trouve dans le choc des couleurs fauves sa parfaite expression. Peintre de la vie moderne dans l'acception de Charles Baudelaire, il croque sur le vif des scènes de rue, des scènes de la vie nocturne, des portraits de proches ou de figures à la mode. Ce regard attentif et sans concession de Van Dongen rappelle Degas ou Toulouse-Lautrec, mais il évoque aussi les expressionnistes de Die Brücke, qui ne tarderont pas à l'inviter à exposer avec eux.
Poussé par un rêve moderniste, Van Dongen utilisa le style Fauve davantage comme un outil pictural pour "exagérer l'essentiel" (G. Duthuit, Les Fauves, Paris, 1949, p 80.) que comme une fin expressive en soi. Ce détournement des procédés formels du fauvisme au service de la vivacité de ses sujets saura séduire le beau monde des Années folles. Van Dongen s'imposera naturellement comme peintre mondain des années 1920, dont les célèbres portraits feront la renommée.

By 1907, Kees van Dongen had lived in Paris for 10 years. The Dutchman, who was close to anarchist circles and prone to caricature and social protest, initially worked as an illustrator for magazines including La Revue Blanche, L'Assiette au Beurre, La Caricature and Gil Blas, in which he depicted street life, its peculiarities and hierarchy with a keen sense of observation.
His breakthrough as a painter in Paris came in 1904. He took part in the Salon des Independants, before putting on his first personal exhibition at the Galerie Vollard and setting up a studio at the Bateau-Lavoir where he soon met Henri Matisse, Maurice de Vlaminck and Pablo Picasso.
An avant-garde artist, he is commonly associated with Fauvism, although paradoxically he is considered as being on the fringes of core Fauvists' concerns. Through his use of a palette of pure and vibrant colours, Van Dongen stands out as one of the most striking practitioners of the movement. The distortions of his graphic illustrations are in fact carried over into the realm of colour. His formal boldness, however, isolates him somewhat from Fauvism. As an "urban" Fauvist, he places portraiture at the centre of his work, focusing on the female body, embracing vulgarity, sexual transgression and exoticism.
In the present work, Van Dongen depicts the transvestite singer Modjesko. Van Dongen met the Romanian soprano while working in Rotterdam between 1905 and December 1907 (the latter date being when a portrait of Modjesko was exhibited at the Galerie Bernheim-Jeune for the exhibition
Portraits d'Hommes). While several studies exist of the singer Modjesko, our portrait on paper appears to slightly predate the eponymous portrait on canvas (Modjesko Soprano, 1908, housed in the Museum of Modern Art in New York). The singer is shown in the same pose and with the same expression. The strokes are violent, immediate, the palette electric. The vibrant reds, greens and yellows transport the subject into the glow of the spotlights.
For Van Dongen, this physically provocative subject finds its perfect expression in the impact of Fauvist colours. A painter of modern life following in the footsteps of Charles Baudelaire, he produced off-the-cuff sketches of street life, night life, as well as portraits of friends and fashionable figures. This attentive and unflinching perspective displayed by Van Dongen is reminiscent of Degas or Toulouse- Lautrec, but also evokes the Die Brücke Expressionists, who were quick to invite him to exhibit with them.
Driven by a modernist dream, Van Dongen used the Fauvist style more as a pictorial tool to "exaggerate the essential" (G. Duthuit,
Les Fauves, 1949, p 80.) than as an expressive end in itself. This subversion of formal Fauvist procedures for the purpose of adding vibrancy to
his subjects won over high society in the Roaring Twenties, when Van Dongen became the natural choice of painter for the smart set, whose famous portraits made his name.