拍品专文
Cette oeuvre sera incluse au Catalogue Critique de l'Oeuvre Sculpté d'Auguste Rodin, actuellement en préparation à la galerie Brame & Lorenceau, sous la direction de Jérôme Le Blay, sous le no. 2010-3137B.
Dans la pensée d'Auguste Rodin, le groupe Le baiser devait faire partie de la Porte de l'enfer et y représenter l'épisode tragique de Paolo et Francesca décrit dans le Ve chant de l'Enfer de Dante. Francesca, fille de Guido da Polenta, avait été mariée à Gianciotto Malatesta, seigneur de Rimini, qui la confia à son frère, le jeune et beau Paolo. Francesca et Paolo s'éprirent l'un de l'autre en lisant des romans d'amour courtois, et alors qu'ils échangeaient un premier baiser, ils furent surpris par Gianciotto qui les poignarda.
Rodin choisit de représenter le couple au moment où ils prennent conscience de leurs sentiments. Nous sommes en 1882 lorsque Rodin imagine cette oeuvre et la conception de la porte prend tout juste forme. Visible dans la troisième maquette de La porte, le couple est placé au centre du vantail gauche. Finalement Rodin n'incorpora pas le groupe dans La porte, peut-être parce qu'il manquait du caractère dramatique qui est celui de l'ensemble ; peut-être aussi à cause d'une forme générale trop autonome pour fonctionner avec les autres personnages. "Sans doute l'enlacement du Baiser est très joli mais dans ce groupe je n'ai rien trouvé. C'est un thème traité souvent suivant la tradition scolaire, un sujet complet en lui-même et artificiellement isolé du monde qui l'entoure: c'est un grand bibelot sculpté suivant la formule habituelle et qui retient étroitement l'attention sur les deux personnages" déclare Rodin en parlant de l'une de ses plus célèbres sculptures (La Revue, 1er novembre 1907).
L'oeuvre fut exposée pour la première fois à Paris en 1887 et prit alors le titre de Baiser. Elle suscita un fort intérêt de la part de la critique qui s'étonna de l'absence de références historiques, d'éléments de décors ou de costumes. Le grand public fut entièrement conquis et la direction des Beaux-Arts commanda à l'artiste une épreuve, au double, en marbre (elle est aujourd'hui conservée au musée Rodin). Deux autres marbres seront par la suite commandés par l'anglais Edward Perry pour sa propre collection (aujourd'hui conservé à la Tate Gallery de Londres) et par Carl Jacobsen pour la glyptothèque qu'il constituait à Copenhague. Des épreuves exécutées à la dimension de la sculpture originelle - que l'on désigne comme taille de la porte - seront exécutées par Rudier à la demande de Rodin. Mais face à l'immense succès public, l'artiste choisit de céder les droits de reproduction de l'oeuvre à Leblanc-Barbedienne. Ayant signé un contrat exclusif de 20 ans, la fonderie exploitera le modèle jusqu'en 1918. Deux réductions de 72 et 27 cm seront commercialisées dès 1898. En 1901, une épreuve de 39 cm - la dimension de notre exemplaire - sera fondue pour répondre aux nombreuses demandes des collectionneurs.
Rodin lui-même eut beau souligner le côté très traditionnel du Baiser, celui-ci n'en demeure pas moins l'une de ses oeuvres emblématiques ayant connu une véritable postérité au XXe siècle, de La tendresse de Joseph Bernard, au Désir d'Aristide Maillol et aux Amants de Raymond Duchamp-Villon.
Auguste Rodin's initial idea was for the group The kiss to form part of The Gates of hell and to represent the tragic episode of the story of Paolo and Francesca described in the 5th canto of Dante's Inferno. Francesca, daughter of Guido da Polenta was married to Gianciotto Malatatesta, lord of Rimini, who entrusted her to his brother, the young and handsome Paolo. Francesca and Paolo fell in love while reading chivalrous love novels; as they were exchanging their first kiss, they were surprised by Gianciotto who stabbed them to death.
Rodin chose to represent the couple at the moment where they become aware of their feelings. Rodin concieved this work in 1882, just as the conception of the Gates of hell was taking shape. In the third model of the The Gates, the couple is placed at the centre of the left wing. In the end, Rodin did not incorporate the group in The Gates, perhaps because it lacked the dramatic character of the ensemble: perhaps also because of a general form that was too autonomous to work well with the other characters. "The embrace of The kiss is very nice, but in this group I have found nothing. This theme is traditionally often treated in art schools, it is a complete subject in itself, artificially separated from its surrounding world: it is a large object of decoration sculpted in the usual manner, drawing close attention to the two characters" commented Rodin (Rodin, La Revue, 1st November 1907).
The work was first shown in Paris in 1887 and was entitled The kiss. It attracted strong interest from critics, who expressed surprise at the lack of historical references, or of elements of décor or costume. The public was completely won over and the Beaux-Arts commissioned a marble, twice the size (now at the Musée Rodin). Two other marbles were then commissioned by the Englishman Edward Perry for his own collection (now at the Tate Gallery London) and by Carl Jacobsen for the sculpture collection he was creating in Copenhagen. Two casts of original size were made by Rudier at Rodin's request, they are designated as size of the door. In view of the immense public success, the artist chose to grant the reproduction rights of the work to Leblanc-Bardienne with an exclusive 20 years contract which the foundry exploited until 1918. Two reductions of 72 and 27 cm were commercialized from 1898. In 1901, a 39 cm version, the size of the present work, was founded in response to numerous requests from collectors.
Rodin himself underlined the very traditional aspect of The kiss, it nevertheless remains one of his signature works, and possesses a true legacy in the 20th century, ranging from La tendresse (Tenderness) by Joseph Bernard or Désir (Desire) by Aristide Maillol to Amants (Lovers) by Raymond Duchamp-Villon.
Dans la pensée d'Auguste Rodin, le groupe Le baiser devait faire partie de la Porte de l'enfer et y représenter l'épisode tragique de Paolo et Francesca décrit dans le V
Rodin choisit de représenter le couple au moment où ils prennent conscience de leurs sentiments. Nous sommes en 1882 lorsque Rodin imagine cette oeuvre et la conception de la porte prend tout juste forme. Visible dans la troisième maquette de La porte, le couple est placé au centre du vantail gauche. Finalement Rodin n'incorpora pas le groupe dans La porte, peut-être parce qu'il manquait du caractère dramatique qui est celui de l'ensemble ; peut-être aussi à cause d'une forme générale trop autonome pour fonctionner avec les autres personnages. "Sans doute l'enlacement du Baiser est très joli mais dans ce groupe je n'ai rien trouvé. C'est un thème traité souvent suivant la tradition scolaire, un sujet complet en lui-même et artificiellement isolé du monde qui l'entoure: c'est un grand bibelot sculpté suivant la formule habituelle et qui retient étroitement l'attention sur les deux personnages" déclare Rodin en parlant de l'une de ses plus célèbres sculptures (La Revue, 1
L'oeuvre fut exposée pour la première fois à Paris en 1887 et prit alors le titre de Baiser. Elle suscita un fort intérêt de la part de la critique qui s'étonna de l'absence de références historiques, d'éléments de décors ou de costumes. Le grand public fut entièrement conquis et la direction des Beaux-Arts commanda à l'artiste une épreuve, au double, en marbre (elle est aujourd'hui conservée au musée Rodin). Deux autres marbres seront par la suite commandés par l'anglais Edward Perry pour sa propre collection (aujourd'hui conservé à la Tate Gallery de Londres) et par Carl Jacobsen pour la glyptothèque qu'il constituait à Copenhague. Des épreuves exécutées à la dimension de la sculpture originelle - que l'on désigne comme taille de la porte - seront exécutées par Rudier à la demande de Rodin. Mais face à l'immense succès public, l'artiste choisit de céder les droits de reproduction de l'oeuvre à Leblanc-Barbedienne. Ayant signé un contrat exclusif de 20 ans, la fonderie exploitera le modèle jusqu'en 1918. Deux réductions de 72 et 27 cm seront commercialisées dès 1898. En 1901, une épreuve de 39 cm - la dimension de notre exemplaire - sera fondue pour répondre aux nombreuses demandes des collectionneurs.
Rodin lui-même eut beau souligner le côté très traditionnel du Baiser, celui-ci n'en demeure pas moins l'une de ses oeuvres emblématiques ayant connu une véritable postérité au XX
Auguste Rodin's initial idea was for the group The kiss to form part of The Gates of hell and to represent the tragic episode of the story of Paolo and Francesca described in the 5th canto of Dante's Inferno. Francesca, daughter of Guido da Polenta was married to Gianciotto Malatatesta, lord of Rimini, who entrusted her to his brother, the young and handsome Paolo. Francesca and Paolo fell in love while reading chivalrous love novels; as they were exchanging their first kiss, they were surprised by Gianciotto who stabbed them to death.
Rodin chose to represent the couple at the moment where they become aware of their feelings. Rodin concieved this work in 1882, just as the conception of the Gates of hell was taking shape. In the third model of the The Gates, the couple is placed at the centre of the left wing. In the end, Rodin did not incorporate the group in The Gates, perhaps because it lacked the dramatic character of the ensemble: perhaps also because of a general form that was too autonomous to work well with the other characters. "The embrace of The kiss is very nice, but in this group I have found nothing. This theme is traditionally often treated in art schools, it is a complete subject in itself, artificially separated from its surrounding world: it is a large object of decoration sculpted in the usual manner, drawing close attention to the two characters" commented Rodin (Rodin, La Revue, 1st November 1907).
The work was first shown in Paris in 1887 and was entitled The kiss. It attracted strong interest from critics, who expressed surprise at the lack of historical references, or of elements of décor or costume. The public was completely won over and the Beaux-Arts commissioned a marble, twice the size (now at the Musée Rodin). Two other marbles were then commissioned by the Englishman Edward Perry for his own collection (now at the Tate Gallery London) and by Carl Jacobsen for the sculpture collection he was creating in Copenhagen. Two casts of original size were made by Rudier at Rodin's request, they are designated as size of the door. In view of the immense public success, the artist chose to grant the reproduction rights of the work to Leblanc-Bardienne with an exclusive 20 years contract which the foundry exploited until 1918. Two reductions of 72 and 27 cm were commercialized from 1898. In 1901, a 39 cm version, the size of the present work, was founded in response to numerous requests from collectors.
Rodin himself underlined the very traditional aspect of The kiss, it nevertheless remains one of his signature works, and possesses a true legacy in the 20th century, ranging from La tendresse (Tenderness) by Joseph Bernard or Désir (Desire) by Aristide Maillol to Amants (Lovers) by Raymond Duchamp-Villon.