拍品专文
Le Comité Chagall a confirmé l'authenticité de cette œuvre.
Après ses premières expérimentations à Saint-Pétersbourg, Marc Chagall s’installe à Paris en 1910. Peu après son arrivée, il visite le Salon des indépendants, où sont exposées les oeuvres des peintres fauves Derain et Matisse, et où certains cubistes ont également été admis. Cette rencontre avec la palette lumineuse des fauves et l’espace fracturé des cubistes a un effet profondément libérateur sur Chagall. Dans ses mémoires, le peintre évoque ce souvenir marquant : «je pénétrais au coeur de la peinture française de 1910 […] Je pouvais certes m’exprimer dans ma ville lointaine, dans le cercle de mes amis. Mais j’aspirais à voir de mes propres yeux ce dont j’avais entendu parler de si loin : cette révolution de l’oeil, cette rotation de couleurs, lesquelles spontanément et savamment se fondent l’une dans l’autre dans un ruissellement de lignes pensées, comme le voulait Cézanne, ou librement dominantes comme l’a montré Matisse. Cela, on ne le voyait pas dans ma ville. Le soleil de l’art ne brillait alors qu’à Paris, et il me semblait, et il me semble jusqu’à présent, qu’il n’y a pas de plus grande révolution de l’oeil que celle que j’ai rencontrée en 1910, à mon arrivée à Paris. Les paysages, les figures de Cézanne, Manet, Monet, Seurat, Renoir, Van Gogh, le fauvisme de Matisse et tant d’autres me stupéfièrent. Ils m’attiraient comme un phénomène de la nature» (cité in F. Meyer, Marc Chagall, vie et oeuvre, Londres, 1964, p. 96-98). Mais Chagall est par-dessus tout impressionné par le vent de liberté qui souffle sur Paris, insufflant une vitalité incomparable à son travail. Il confie son amour pour «cette étonnante ‘lumière-liberté’ qu’il n’a jamais vue ailleurs : «cette lumière, facilement, passait sur les toiles des grands maîtres français et renaissait dans l’art. Je ne pouvais m’empêcher de penser : seule cette «lumière-liberté», plus lumineuse que toutes les sources de lumières artificielles, peut faire naître de telles toiles scintillantes, où les révolutions de la technique sont aussi naturelles que le langage, le geste, le travail des passants dans la rue» (cité in ibid., p. 98).
Le couple d’amants, de fiancés ou encore de jeunes mariés est le thème le plus récurrent dans l’œuvre de Chagall. Comme il convient aux mystères de l’amour, et de façon caractéristique du travail de l’artiste, la logique narrative de ses tableaux est rarement évidente. Le temps est comme comprimé et les événements semblent se dérouler dans les brumes du souvenir ou du rêve, baignés ici d’une éblouissante lumière solaire.
Following the development of Chagall’s first creative experiments in St. Petersburg, the artist moved to Paris in 1910. Shortly after his arrival, Chagall visited the Salon des Indépendants, which, as well as exhibiting works by the Fauve artists Derain and Matisse had also admitted the Cubists. This encounter with the iridescent palette of the Fauvists and the fractured space of the Cubists had a profound and liberating effect on Chagall. In his memoirs, the painter records that at the Salon he: “ went straight to the heart of French painting in 1910… Of course, I was able to express myself in my far distant native town, in the circle of my friends. But I longed to see with my own eyes what I have heard about from far away: this revolution of the eye, this circular motion of the colors which, as Cézanne desired, mingle at once spontaneously and consciously in a ripple of lines, or rule freely, as Matisse shows. One couldn’t see that in my town. At that time the sun of art shone in Paris alone and even today it seems to me that there is no greater revolution of the eye than that I came across on arriving in Paris in 1910. The landscapes, the figures of Cézanne, Manet, Seurat, Renoir, Van Gogh, the Fauvism of Matisse, and so many other things astounded me. They attracted me like a natural phenomenon” (cited in F. Meyer, Marc Chagall, Life and Work, London, 1964, pp. 97-98). Above all, Chagall was impressed by the air of freedom in Paris; this was the most important new source of vitality in his work. He records his love for the: “… amazing light that signifies liberty, a light I have never seen anywhere else. And light entered the pictures of the great French masters quite effortlessly and in art was born again. And so the thought forced itself upon my mind: This liberty, more luminous than any artificial source of light, can bring forth such dazzling pictures, in which all technical innovations seem as natural as the words, movements, the work of the people one meets in the street” (cited in ibid.).
The theme of young lovers, the bride and groom, or the newlyweds, is the most frequent subject in Chagall’s paintings. There are many variants on this theme, and as befitting the mysteries of human love, and so characteristic of Chagall’s work generally, there is rarely a straight-forward or clearly logical narrative behind these paintings. Time has been compressed, and events seem to take place in the haze of memories or dreams, a state whose presence Chagall often signals through the use of a pre-dominant tonality, as seen here, where everything is bathed in a radiant yellow light.
Citation : «Je suis venu de Russie avec mes objets. Paris y a apporté sa lumière.» (cité in F. Meyer, Marc Chagall, Life and Work, Londres, 1964, p. 100).
"I brought my objects with me from Russia. Paris shed its light on them" (cited in F. Meyer, Marc Chagall, Life and Work, London, 1964, p. 100).
(Fig. 1) Marc Chagall, Hommage à Paris: Notre Dame, 1953-54.
Vendu le 12 novembre 1990, lot 33 pour $ 3,190,000 (SNY)
Après ses premières expérimentations à Saint-Pétersbourg, Marc Chagall s’installe à Paris en 1910. Peu après son arrivée, il visite le Salon des indépendants, où sont exposées les oeuvres des peintres fauves Derain et Matisse, et où certains cubistes ont également été admis. Cette rencontre avec la palette lumineuse des fauves et l’espace fracturé des cubistes a un effet profondément libérateur sur Chagall. Dans ses mémoires, le peintre évoque ce souvenir marquant : «je pénétrais au coeur de la peinture française de 1910 […] Je pouvais certes m’exprimer dans ma ville lointaine, dans le cercle de mes amis. Mais j’aspirais à voir de mes propres yeux ce dont j’avais entendu parler de si loin : cette révolution de l’oeil, cette rotation de couleurs, lesquelles spontanément et savamment se fondent l’une dans l’autre dans un ruissellement de lignes pensées, comme le voulait Cézanne, ou librement dominantes comme l’a montré Matisse. Cela, on ne le voyait pas dans ma ville. Le soleil de l’art ne brillait alors qu’à Paris, et il me semblait, et il me semble jusqu’à présent, qu’il n’y a pas de plus grande révolution de l’oeil que celle que j’ai rencontrée en 1910, à mon arrivée à Paris. Les paysages, les figures de Cézanne, Manet, Monet, Seurat, Renoir, Van Gogh, le fauvisme de Matisse et tant d’autres me stupéfièrent. Ils m’attiraient comme un phénomène de la nature» (cité in F. Meyer, Marc Chagall, vie et oeuvre, Londres, 1964, p. 96-98). Mais Chagall est par-dessus tout impressionné par le vent de liberté qui souffle sur Paris, insufflant une vitalité incomparable à son travail. Il confie son amour pour «cette étonnante ‘lumière-liberté’ qu’il n’a jamais vue ailleurs : «cette lumière, facilement, passait sur les toiles des grands maîtres français et renaissait dans l’art. Je ne pouvais m’empêcher de penser : seule cette «lumière-liberté», plus lumineuse que toutes les sources de lumières artificielles, peut faire naître de telles toiles scintillantes, où les révolutions de la technique sont aussi naturelles que le langage, le geste, le travail des passants dans la rue» (cité in ibid., p. 98).
Le couple d’amants, de fiancés ou encore de jeunes mariés est le thème le plus récurrent dans l’œuvre de Chagall. Comme il convient aux mystères de l’amour, et de façon caractéristique du travail de l’artiste, la logique narrative de ses tableaux est rarement évidente. Le temps est comme comprimé et les événements semblent se dérouler dans les brumes du souvenir ou du rêve, baignés ici d’une éblouissante lumière solaire.
Following the development of Chagall’s first creative experiments in St. Petersburg, the artist moved to Paris in 1910. Shortly after his arrival, Chagall visited the Salon des Indépendants, which, as well as exhibiting works by the Fauve artists Derain and Matisse had also admitted the Cubists. This encounter with the iridescent palette of the Fauvists and the fractured space of the Cubists had a profound and liberating effect on Chagall. In his memoirs, the painter records that at the Salon he: “ went straight to the heart of French painting in 1910… Of course, I was able to express myself in my far distant native town, in the circle of my friends. But I longed to see with my own eyes what I have heard about from far away: this revolution of the eye, this circular motion of the colors which, as Cézanne desired, mingle at once spontaneously and consciously in a ripple of lines, or rule freely, as Matisse shows. One couldn’t see that in my town. At that time the sun of art shone in Paris alone and even today it seems to me that there is no greater revolution of the eye than that I came across on arriving in Paris in 1910. The landscapes, the figures of Cézanne, Manet, Seurat, Renoir, Van Gogh, the Fauvism of Matisse, and so many other things astounded me. They attracted me like a natural phenomenon” (cited in F. Meyer, Marc Chagall, Life and Work, London, 1964, pp. 97-98). Above all, Chagall was impressed by the air of freedom in Paris; this was the most important new source of vitality in his work. He records his love for the: “… amazing light that signifies liberty, a light I have never seen anywhere else. And light entered the pictures of the great French masters quite effortlessly and in art was born again. And so the thought forced itself upon my mind: This liberty, more luminous than any artificial source of light, can bring forth such dazzling pictures, in which all technical innovations seem as natural as the words, movements, the work of the people one meets in the street” (cited in ibid.).
The theme of young lovers, the bride and groom, or the newlyweds, is the most frequent subject in Chagall’s paintings. There are many variants on this theme, and as befitting the mysteries of human love, and so characteristic of Chagall’s work generally, there is rarely a straight-forward or clearly logical narrative behind these paintings. Time has been compressed, and events seem to take place in the haze of memories or dreams, a state whose presence Chagall often signals through the use of a pre-dominant tonality, as seen here, where everything is bathed in a radiant yellow light.
Citation : «Je suis venu de Russie avec mes objets. Paris y a apporté sa lumière.» (cité in F. Meyer, Marc Chagall, Life and Work, Londres, 1964, p. 100).
"I brought my objects with me from Russia. Paris shed its light on them" (cited in F. Meyer, Marc Chagall, Life and Work, London, 1964, p. 100).
(Fig. 1) Marc Chagall, Hommage à Paris: Notre Dame, 1953-54.
Vendu le 12 novembre 1990, lot 33 pour $ 3,190,000 (SNY)