拍品专文
"Je crois qu'une certaine quantité de couleur, pas seule mais à côté d'autres, s'illumine et brille comme si elle se brisait dans le sens divisionniste. Donc cette froideur qui pourrait apparaître, n'est valable que séparée, et disparaît chaque fois que l'on réussit à unir dans la rétine, c'est-à-dire dans le regard, toutes les couleurs de la peinture"
(Alberto Magnelli, lettre à Ardengo Soffici, 17 janvier 1917).
Peint en 1914, Donna alla poltrona verde est un rare et bel exemple des débuts de la recherche d’Alberto Magnelli sur l’abstraction par la couleur, entamée dès 1913 et aboutissant en 1919 aux célèbres Explosions lyriques.
En 1913, Magnelli visite à plusieurs reprises l’exposition Futuriste organisée à la bibliothèque Gonelli à Florence. L’aspect dynamique et facetté propre au mouvement avant-gardiste italien ouvre de nouvelles perspectives au peintre, et prépare son œil à la découverte du cubisme. La même année, il se procure Du Cubisme and Guillaume d’Albert Gleizes et Jean Metzinger, et Les peintres cubistes de Guillaume Apollinaire. Il fait également l’acquisition, pour la collection de son oncle, du plus cubiste des tableaux jamais peints par un membre de l’avant-garde italienne: La galleria di Milano de Carlo Carrà. Ainsi, dès 1913, Magnelli est au fait des conséquences radicales du cubisme et du futurisme sur l’art de son époque, et s’élance dans la quête d’un style nouveau et personnel.
Il découvre Paris en mars 1914, où il rejoint les peintres Soffici, Papini et Carrà. Il fait alors la rencontre de Pablo Picasso, Fernand Léger et Apollinaire, avec lequel il se lie d’amitié. Impressionné par l’audace avec laquelle Magnelli fait usage de la couleur pure, ce dernier encourage le peintre à en faire le centre de sa recherche artistique. A Paris, Magnelli fait également la connaissance d’Henri Matisse et visite son atelier, où se trouve encore L’atelier rouge, peint en 1911 (fig. 1). Dans ce chef-d’œuvre absolu, l’espace se dissout littéralement dans la couleur. Si le peintre italien partage avec Matisse son amour de la couleur pure, il cloisonne au contraire ses plans de façon systématique, dans un souci manifeste de simplification des formes. En divisant l’espace en une juxtaposition d’aplats géométriques contrastés, il semble ramener toute la composition sur un seul et même plan, comme dans le présent tableau.
Donna alla poltrona verde fait partie des premiers tableaux reflétant les nouvelles influences recueillies à Paris, tout en faisant montre de cette interprétation nouvelle et unique du cubisme née à son retour en Italie. Comme un clin d’œil à Picasso, le verre en premier plan rappelle le verre d’absinthe du maître espagnol (fig. 2), datant précisément du printemps 1914, alors que Magnelli se trouve à Paris. L’atelier rouge de Matisse partage quant à lui avec Donna alla poltrona verde la table et la chaise surgissant du bord inférieur de la toile, et projetant le spectateur, devenant dès lors acteur, dans la composition.
“I think that a certain amount of colour, not on its own but next to others, glows and shines as if it were breaking up in a divisionist sense. Therefore the coldness that can appear is only valuable if it is separated, and disappears whenever we manage to unite all the colours of painting in the retina, in other words, in the gaze” (Alberto Magnelli, letter to Ardengo Soffici, 17th of January 1917).
Painted in 1914, Donna alla poltrona verde is a rare and important example from the first period of Alberto Magnelli’s experimental quest for pure abstraction through colour, began 1913 and culminating in 1919 with the series of Explosions lyriques.
On several occasions in 1913 the artist visited the Futurist exhibition organised at the library Gonelli in Florence. The experience of viewing dynamic, complex Futurist painting may have led Magnelli towards Cubism; that same year the artist acquired Albert Gleizes and Jean Metzinger’s book Du Cubisme and Guillaume Apollinaire’s Les peintres cubistes. For the collection of his uncle Magnelli also purchased Carlo Carrà’s La galleria di Milano, one of the most advanced cubist works to have been produced by the Italian Avant-garde. By 1913, Magnelli was thus aware of the radical changes which Cubism and Futurism had brought to figurative paintings and he was eager to explore a new language himself.
Magnelli travelled to Paris for the first time in March 1914 to join his compatriot artists Soffici, Papini and Carrá. While in Paris Magnelli met Pablo Picasso, Fernand Léger and Guillaume Apollinaire, beginning a close friendship with the latter. Particularly impressed with Magnelli'’s bold use of colour, it was Apollinaire who encouraged the Italian to develop his art towards a pure form of painting.
Magnelli also had the chance to meet Henri Matisse and visit his studio, where the stunning Atelier rouge of 1911 was still hanging. In this supreme masterpiece, space dissolves into pure colour. In his adoption of the daring bright colours of Matisse, Magnelli developed the idea of closed areas of paint. By dividing space into colourful and contrasted geometrical forms, he brings the entire composition simultaneously to the foreground, as in the present work.
Donna alla poltrona verde is one of the first of Magnelli'’s works to reflect the new influences he had discovered in Paris and to demonstrate his assimilation of these ideas into a new and unique Cubistic style. A nod to Picasso, the glass in the foreground recalls the Spanish master’s glass of absinthe (fig. 2) dated precisely to spring 1914 when Magnelli himself was in Paris. Matisse’s L’atelier rouge, for its part, shares with Donna alla poltrona verde a table and the chair which rise up from the lower edge of the painting thus propelling the viewer, now activated by this device, into the composition.
Fig. 1 Henri Matisse, L’atelier rouge, 1911.
The Museum of Modern Art, New York.
Fig. 2 Pablo Picasso, Verre d’absinthe, printemps 1914.
The Museum of Modern Art, New York.
(Alberto Magnelli, lettre à Ardengo Soffici, 17 janvier 1917).
Peint en 1914, Donna alla poltrona verde est un rare et bel exemple des débuts de la recherche d’Alberto Magnelli sur l’abstraction par la couleur, entamée dès 1913 et aboutissant en 1919 aux célèbres Explosions lyriques.
En 1913, Magnelli visite à plusieurs reprises l’exposition Futuriste organisée à la bibliothèque Gonelli à Florence. L’aspect dynamique et facetté propre au mouvement avant-gardiste italien ouvre de nouvelles perspectives au peintre, et prépare son œil à la découverte du cubisme. La même année, il se procure Du Cubisme and Guillaume d’Albert Gleizes et Jean Metzinger, et Les peintres cubistes de Guillaume Apollinaire. Il fait également l’acquisition, pour la collection de son oncle, du plus cubiste des tableaux jamais peints par un membre de l’avant-garde italienne: La galleria di Milano de Carlo Carrà. Ainsi, dès 1913, Magnelli est au fait des conséquences radicales du cubisme et du futurisme sur l’art de son époque, et s’élance dans la quête d’un style nouveau et personnel.
Il découvre Paris en mars 1914, où il rejoint les peintres Soffici, Papini et Carrà. Il fait alors la rencontre de Pablo Picasso, Fernand Léger et Apollinaire, avec lequel il se lie d’amitié. Impressionné par l’audace avec laquelle Magnelli fait usage de la couleur pure, ce dernier encourage le peintre à en faire le centre de sa recherche artistique. A Paris, Magnelli fait également la connaissance d’Henri Matisse et visite son atelier, où se trouve encore L’atelier rouge, peint en 1911 (fig. 1). Dans ce chef-d’œuvre absolu, l’espace se dissout littéralement dans la couleur. Si le peintre italien partage avec Matisse son amour de la couleur pure, il cloisonne au contraire ses plans de façon systématique, dans un souci manifeste de simplification des formes. En divisant l’espace en une juxtaposition d’aplats géométriques contrastés, il semble ramener toute la composition sur un seul et même plan, comme dans le présent tableau.
Donna alla poltrona verde fait partie des premiers tableaux reflétant les nouvelles influences recueillies à Paris, tout en faisant montre de cette interprétation nouvelle et unique du cubisme née à son retour en Italie. Comme un clin d’œil à Picasso, le verre en premier plan rappelle le verre d’absinthe du maître espagnol (fig. 2), datant précisément du printemps 1914, alors que Magnelli se trouve à Paris. L’atelier rouge de Matisse partage quant à lui avec Donna alla poltrona verde la table et la chaise surgissant du bord inférieur de la toile, et projetant le spectateur, devenant dès lors acteur, dans la composition.
“I think that a certain amount of colour, not on its own but next to others, glows and shines as if it were breaking up in a divisionist sense. Therefore the coldness that can appear is only valuable if it is separated, and disappears whenever we manage to unite all the colours of painting in the retina, in other words, in the gaze” (Alberto Magnelli, letter to Ardengo Soffici, 17th of January 1917).
Painted in 1914, Donna alla poltrona verde is a rare and important example from the first period of Alberto Magnelli’s experimental quest for pure abstraction through colour, began 1913 and culminating in 1919 with the series of Explosions lyriques.
On several occasions in 1913 the artist visited the Futurist exhibition organised at the library Gonelli in Florence. The experience of viewing dynamic, complex Futurist painting may have led Magnelli towards Cubism; that same year the artist acquired Albert Gleizes and Jean Metzinger’s book Du Cubisme and Guillaume Apollinaire’s Les peintres cubistes. For the collection of his uncle Magnelli also purchased Carlo Carrà’s La galleria di Milano, one of the most advanced cubist works to have been produced by the Italian Avant-garde. By 1913, Magnelli was thus aware of the radical changes which Cubism and Futurism had brought to figurative paintings and he was eager to explore a new language himself.
Magnelli travelled to Paris for the first time in March 1914 to join his compatriot artists Soffici, Papini and Carrá. While in Paris Magnelli met Pablo Picasso, Fernand Léger and Guillaume Apollinaire, beginning a close friendship with the latter. Particularly impressed with Magnelli'’s bold use of colour, it was Apollinaire who encouraged the Italian to develop his art towards a pure form of painting.
Magnelli also had the chance to meet Henri Matisse and visit his studio, where the stunning Atelier rouge of 1911 was still hanging. In this supreme masterpiece, space dissolves into pure colour. In his adoption of the daring bright colours of Matisse, Magnelli developed the idea of closed areas of paint. By dividing space into colourful and contrasted geometrical forms, he brings the entire composition simultaneously to the foreground, as in the present work.
Donna alla poltrona verde is one of the first of Magnelli'’s works to reflect the new influences he had discovered in Paris and to demonstrate his assimilation of these ideas into a new and unique Cubistic style. A nod to Picasso, the glass in the foreground recalls the Spanish master’s glass of absinthe (fig. 2) dated precisely to spring 1914 when Magnelli himself was in Paris. Matisse’s L’atelier rouge, for its part, shares with Donna alla poltrona verde a table and the chair which rise up from the lower edge of the painting thus propelling the viewer, now activated by this device, into the composition.
Fig. 1 Henri Matisse, L’atelier rouge, 1911.
The Museum of Modern Art, New York.
Fig. 2 Pablo Picasso, Verre d’absinthe, printemps 1914.
The Museum of Modern Art, New York.