拍品专文
The Second Empire period in France saw a great resurgence of interest in China and specifically cloisonné enamel works, fuelled in large part by Napoleon III and Empress Eugénie. Following the 1860 French imperial campagne de Chine, immense caches of enamels were placed on public display at the Tuileries alongside Chinese porcelain, cloisonné enamel, jade, parade arms and armour and temple garnitures, all of which had been plundered from the Summer Palace (Yuanming Yuan), Beijing. In appreciate of Eugènie’s support of the French troops, a share of the collection had always been intended as a gift to the Empress and following the public exhibition works personally selected by Eugènie were subsequently housed in the 'Chinese Museum' at Fontainebleau. Shortly thereafter the Emperor and Empress remodelled Fontainebleau with furnishings in the Chinese taste supplied by French makers in order for the rooms to complement the exhibits.
Continuing in the tradition of the marchands merciers of the eighteenth-century, these French makers not only created works in the Chinese manner but also repurposed Chinese objects further adorning with bronze mounts of their own creation, as seen in the present lot.
France’s exposure to Chinese art coincided directly with opening of Japan’s ports to the West, ending nearly 250 years of the nation’s self-imposed isolation. Beginning in 1854 when American Commodore Matthew Perry’s imposing fleet sailed into the Tokyo harbour demanding a trade treaty, by 1868 the shōgun was overthrown, the Meiji Emperor restored, and Japan began to participate in the West’s International Exhibitions and promote its nation’s products. Fascinated by this influx of new aesthetic vocabulary of these Eastern cultures Western artisans began to study the forms and techniques of decoration, and began to produce cloisonné enamel, marquetry of shell and ivory, carved wood and patinated bronze using the stylised vocabulary and balanced asymmetry of the Far East. In doing so these designers created a constructed view of the East, an amalgamation of Eastern and Western influences, which anticipated the organic forms of Art Nouveau and Aestheticism. Preeminent among these designers was Édouard Lièvre.
The design for the base handles and stands may be attributed to Edouard Lièvre (d. 1886) based upon the distinctive bamboo-form supports flanked by dragons and terminating in elephant-head feet, which is nearly identical to a variant base for the exquisite aquarium seen in lot 24, conceived by Lièvre circa 1875 and similarly signed by Barbedienne (a patinated and gilt-bronze example is illustrated in Connaissance des Arts, No. 228, 'Edouard Lièvre', Paris, 2004, p. 31; a patinated bronze version was sold Sotheby’s, London, 27 September 1991, lot 23). These bejewelled and exotic elephant heads in particular are a recurring motif in Lièvre’s Japonisme oeuvre, as seen on a superb garniture de cheminée of the same date and signed by Barbedienne (op.cit., p. 26), as well as supports for a large 'Persian' vase (op.cit., pp. 6 and 26).
For further information on Édouard Lièvre please see lot 24.
Le Second Empire en France fut le théâtre d’un fort regain d’intérêt pour la Chine dans les arts décoratifs et en particulier pour les émaux cloisonnés, engouement que l’on doit notamment à Napoléon III et l’impératrice Eugénie. Après la campagne de Chine en 1860, des cloisonnés monumentaux furent montrés au Palais des Tuileries ainsi que des porcelaines, des jades, des armes, des armures, des garnitures de temple, l’ensemble provenant du Palais d’été (Yuanming yuan) de Pékin. Pour la remercier de son soutien aux troupes combattant en Chine l’impératrice Eugénie put choisir un certain nombre d’objets après l’exposition publique qu’elle installa à Fontainebleau où elle créa son « Musée chinois » demandant aux artisans français de s’inspirer de ces objets pour remeubler les salons du musée. Comme les marchands-merciers au XVIIIe siècle, ces derniers non seulement s’inspirèrent des œuvres d’art chinoise mais utilisèrent même des objets chinois sur lesquels ils adaptèrent leurs propres montures comme c’est le cas ici avec cette monumentale paire de vases. L’intérêt pour l’art chinois coïncide directement avec l’ouverture du Japon à l’Occident après près 250 ans d’isolement. En 1854 quand le commandant américain Matthew Perry mis le cap vers le port de Tokyo en négociant un traité commercial, le shogun fut destitué, l’empereur Meiji restauré sur son trône et le Japon commença alors à participer aux expositions universelles en Occident et à promouvoir ses produits à l’étranger.
Fascinés par l’afflux de nouveaux décors, formes et techniques venus d’Extrême-Orient, les artisans commencèrent à produire des émaux cloisonnés, des marqueteries d’ivoire et de navre, à sculpter le bois et patiner le bronze dans un goût extrême-oriental. Ainsi naquirent des créations faisant dialoguer Orient et Occident insufflant au monde occidental une vision rêvée et fantasmée d’un Orient lointain, prémices des recherches esthétiques naturalistes qui arriveraient plus tard avec l’art nouveau.
L’un des plus inspirés de ces artisans fut Edouard Lièvre (1828-1886) reconnaissable ici par les montants des vases en bronze patiné imitant le bambou, flanqués de deux dragons et terminés par un pied en tête d’éléphant. Ce décor se retrouve pratiquement à l’identique sur la base de l’aquarium (lot 24) (un exemple en bronze patiné et doré est illustré dans Connaissance des Arts, No 228, « Edouard Lièvre », Paris, 2004, p. 31 ; une version en bronze patiné fut vendue chez Sotheby’s Londres, 27 septembre 1991, lot 23.).
Ces têtes d’éléphants luxueusement harnachées sont un motif particulièrement présent dans le travail japonisant de Lièvre comme sur une superbe garniture de cheminée et signée Barbedienne (op.cit., p. 26) ainsi que sur la base d’un vase « persan » (op.cit. pp.6 et 26).
Pour plus d’informations sur Edouard Lièvre, veuillez-vous référer au lot 24.
Continuing in the tradition of the marchands merciers of the eighteenth-century, these French makers not only created works in the Chinese manner but also repurposed Chinese objects further adorning with bronze mounts of their own creation, as seen in the present lot.
France’s exposure to Chinese art coincided directly with opening of Japan’s ports to the West, ending nearly 250 years of the nation’s self-imposed isolation. Beginning in 1854 when American Commodore Matthew Perry’s imposing fleet sailed into the Tokyo harbour demanding a trade treaty, by 1868 the shōgun was overthrown, the Meiji Emperor restored, and Japan began to participate in the West’s International Exhibitions and promote its nation’s products. Fascinated by this influx of new aesthetic vocabulary of these Eastern cultures Western artisans began to study the forms and techniques of decoration, and began to produce cloisonné enamel, marquetry of shell and ivory, carved wood and patinated bronze using the stylised vocabulary and balanced asymmetry of the Far East. In doing so these designers created a constructed view of the East, an amalgamation of Eastern and Western influences, which anticipated the organic forms of Art Nouveau and Aestheticism. Preeminent among these designers was Édouard Lièvre.
The design for the base handles and stands may be attributed to Edouard Lièvre (d. 1886) based upon the distinctive bamboo-form supports flanked by dragons and terminating in elephant-head feet, which is nearly identical to a variant base for the exquisite aquarium seen in lot 24, conceived by Lièvre circa 1875 and similarly signed by Barbedienne (a patinated and gilt-bronze example is illustrated in Connaissance des Arts, No. 228, 'Edouard Lièvre', Paris, 2004, p. 31; a patinated bronze version was sold Sotheby’s, London, 27 September 1991, lot 23). These bejewelled and exotic elephant heads in particular are a recurring motif in Lièvre’s Japonisme oeuvre, as seen on a superb garniture de cheminée of the same date and signed by Barbedienne (op.cit., p. 26), as well as supports for a large 'Persian' vase (op.cit., pp. 6 and 26).
For further information on Édouard Lièvre please see lot 24.
Le Second Empire en France fut le théâtre d’un fort regain d’intérêt pour la Chine dans les arts décoratifs et en particulier pour les émaux cloisonnés, engouement que l’on doit notamment à Napoléon III et l’impératrice Eugénie. Après la campagne de Chine en 1860, des cloisonnés monumentaux furent montrés au Palais des Tuileries ainsi que des porcelaines, des jades, des armes, des armures, des garnitures de temple, l’ensemble provenant du Palais d’été (Yuanming yuan) de Pékin. Pour la remercier de son soutien aux troupes combattant en Chine l’impératrice Eugénie put choisir un certain nombre d’objets après l’exposition publique qu’elle installa à Fontainebleau où elle créa son « Musée chinois » demandant aux artisans français de s’inspirer de ces objets pour remeubler les salons du musée. Comme les marchands-merciers au XVIIIe siècle, ces derniers non seulement s’inspirèrent des œuvres d’art chinoise mais utilisèrent même des objets chinois sur lesquels ils adaptèrent leurs propres montures comme c’est le cas ici avec cette monumentale paire de vases. L’intérêt pour l’art chinois coïncide directement avec l’ouverture du Japon à l’Occident après près 250 ans d’isolement. En 1854 quand le commandant américain Matthew Perry mis le cap vers le port de Tokyo en négociant un traité commercial, le shogun fut destitué, l’empereur Meiji restauré sur son trône et le Japon commença alors à participer aux expositions universelles en Occident et à promouvoir ses produits à l’étranger.
Fascinés par l’afflux de nouveaux décors, formes et techniques venus d’Extrême-Orient, les artisans commencèrent à produire des émaux cloisonnés, des marqueteries d’ivoire et de navre, à sculpter le bois et patiner le bronze dans un goût extrême-oriental. Ainsi naquirent des créations faisant dialoguer Orient et Occident insufflant au monde occidental une vision rêvée et fantasmée d’un Orient lointain, prémices des recherches esthétiques naturalistes qui arriveraient plus tard avec l’art nouveau.
L’un des plus inspirés de ces artisans fut Edouard Lièvre (1828-1886) reconnaissable ici par les montants des vases en bronze patiné imitant le bambou, flanqués de deux dragons et terminés par un pied en tête d’éléphant. Ce décor se retrouve pratiquement à l’identique sur la base de l’aquarium (lot 24) (un exemple en bronze patiné et doré est illustré dans Connaissance des Arts, No 228, « Edouard Lièvre », Paris, 2004, p. 31 ; une version en bronze patiné fut vendue chez Sotheby’s Londres, 27 septembre 1991, lot 23.).
Ces têtes d’éléphants luxueusement harnachées sont un motif particulièrement présent dans le travail japonisant de Lièvre comme sur une superbe garniture de cheminée et signée Barbedienne (op.cit., p. 26) ainsi que sur la base d’un vase « persan » (op.cit. pp.6 et 26).
Pour plus d’informations sur Edouard Lièvre, veuillez-vous référer au lot 24.