JOAN MITCHELL (1925-1992)
Artist's Resale Right ("droit de Suite"). If the … 显示更多
JOAN MITCHELL (1925-1992)

Sans titre

细节
JOAN MITCHELL (1925-1992)
Sans titre
signé 'J. Mitchell' (en bas à droite); signé et dédicacé 'for Patricia Molloy with gratitude & love joan mitchell’ (sur le châssis)
huile sur toile; triptyque
ensemble: 18 x 40 cm.
Peint vers 1971-1973.

signed 'J. Mitchell' (lower right); signed and dedicated 'for Patricia Molloy with gratitude & love joan mitchell’ (on the stretcher)
oil on canvas; triptych
overall: 7 1/8 x 15 ¾ in.
Painted circa 1971-1973.
来源
Collection Patricia Molloy (don de l'artiste vers 1975)
Vente anonyme, Bonhams, Londres, 17 octobre 2014, lot 8
Acquis lors de cette vente par le propriétaire actuel
注意事项
Artist's Resale Right ("droit de Suite"). If the Artist's Resale Right Regulations 2006 apply to this lot, the buyer also agrees to pay us an amount equal to the resale royalty provided for in those Regulations, and we undertake to the buyer to pay such amount to the artist's collection agent. ƒ: In addition to the regular Buyer’s premium, a commission of 5.5% inclusive of VAT of the hammer price will be charged to the buyer. It will be refunded to the Buyer upon proof of export of the lot outside the European Union within the legal time limit. (Please refer to section VAT refunds)

拍品专文

"Je peins d’après des souvenirs de paysages que je porte en moi - et des sentiments que j’ai gardés d’eux, et qui bien sûr sont transformés. Je ne pourrais certainement jamais refléter la nature. Tout l’art est subjectif, n’est-ce pas ?"

"I paint from remembered landscapes that I carry with me – and remembered feelings of them, which of course become transformed. I could certainly never mirror nature. I would like more to paint what it leaves me with. All art is subjective, is it not?"

Joan Mitchell

« Mes paysages, je les porte partout avec moi », disait Mitchell en insistant sur le fait que son œuvre s’enracine, non pas dans l’artiste elle-même, mais dans la nature qui lui fournit son sujet (Patricia Albers, Joan Mitchell, Lady Painter, 2011, p. 252). Réalisée en 1971-1973, la toile Sans titre est caractéristique de ses inspirations aux abords de Vétheuil, le village où Mitchell s’était installée après son départ de Paris en 1968 pour y rester jusqu’à sa mort en 1992. La composition est structurée par trois blocs de couleurs évanescentes – vert onyx, eau-de-Nil cristalline et un bleu Madone chatoyant – autour desquels frémissent des tourbillons d’orange cinglant, de céladon, de moutarde et de blanc arctique. L’ensemble évoque spécifiquement les paysages de la campagne environnante : une mer de tournesols se découpant sur un arrière-plan verdoyant, la Seine au loin. Tout un panorama somptueux qui devait sans aucun doute entourer l’artiste et qui se trouve ici directement traduit en peinture.

L’emménagement à Vétheuil a constitué une étape charnière dans la pratique artistique de Mitchell : grâce à son nouvel atelier bien plus spacieux qu’à Paris, elle a pu se tourner vers le polyptyque, qui allait devenir le format typique de la seconde partie de sa carrière. À la fois structurée et articulée librement, joyeuse et solennelle, statique et vibrante, la composition de Sans titre fait écho au chef-d’œuvre de Mitchell, Field for Skies (1973), qui figure aujourd’hui dans la collection du Hirshhorn Museum & Sculpture Garden de Washington D.C. L’équilibre entre les zones géométriques vertes et les fragments d’empâtement jaune solaire et orange vif apporte une certaine chaleur au regard du spectateur, sur le plan technique comme sur le plan chromatique. La complexité des divers modes d’application de la peinture et l’attention réfléchie portée aux pigments révèle le processus pictural propre à Mitchell. Elle travaillait souvent tard, jusque dans la nuit, éclairée par un mélange de sources lumineuses fluorescentes et incandescentes, en écoutant du jazz ou de la musique classique.

Si la plupart des tableaux peints à Vétheuil revendiquent leurs dimensions imposantes, voire leur monumentalité, Sans titre surprend par son échelle étonnamment intime. La raison s’en trouve peut-être dans la destination de la toile, conçue comme un cadeau de Mitchell à son amie Patricia Molloy avec qui elle partageait un brownstone de l’East Village dans les années 1950 et qui faisait toujours partie de son cercle d’intimes. Dans la correspondance soutenue entre les deux femmes, la lettre fervente accompagnant ce cadeau a été conservée par les héritiers de Molloy. Elle démontre l’importance de Molloy dans le processus créatif de l’artiste : « Tu es la raison pour laquelle j’ai peint, tu l’as toujours été, je suis bien claire ? Même si j’ai parfois pu te réduire au silence ou te malmener. Heureuse que tu sois là, J. »

Sans titre est à la fois un témoignage émouvant de l’amitié passionnée de Joan Mitchell et un tour de force de pure expressivité chromatique à l’apogée de sa carrière artistique. Mitchell achèvera sa toile juste après sa première exposition monographique d’envergure (« Mes Cinq Années à la campagne », Everson Museum of Art, Syracuse, New York, 1972) et peu avant une exposition éponyme moins importante au Whitney Museum en 1974. Ainsi, l’œuvre est saturée des traits emblématiques de l’art de Mitchell et rayonne de la confiance acquise à cette époque où elle est, déjà, une artiste amplement consacrée.


“I carry my landscapes around with me,” Mitchell used to say, insisting that her work came from and was about nature, not about herself (P. Albers, Joan Mitchell, Lady Painter, 2011, p. 252). Created in 1971-73, Untitled is archetypal of the inspiration Mitchell gleaned from her surroundings in Vétheuil, a village where she moved from Paris in 1968 and where would remain until her death in 1992. Anchored by three blocks of evanescent color: onyx-green, crystalline eau-de-nil and a shimmering Madonna-blue, around which flutter agitated flurries of bitter orange, celadon, mustard, and arctic white, Untitled seems to render specific features of her immediate countryside landscape. A sea of sunflowers set against a verdant backdrop, the Seine in the distance – this sumptuous panorama that undoubtedly surrounded the artist is directly translated here in paint.

For Mitchell, moving to Vétheuil became a turning point in her painterly practice: possessed of a far bigger studio than her previous one in Paris, she embraced the polyptych format that would become a signature of the second half of her career. At once structured and free-flowing, joyful and solemn, static and vibrant, Untitled’s composition echoes Mitchell's masterpiece Field for Skies, 1973, now in the collection of Hirshhorn Museum & Sculpture Garden, Washington, DC. The balance between the geometric patches of green and the speckles of sunny yellow and bright orange impastos relays warmth to the viewer, both by technique and colour. The complexity of Untitled's varied paint application and deliberate focus on pigment is indicative of Mitchell's painterly process. She usually listened to jazz or classical music while she worked, painting late into the night under a combination of fluorescent and incandescent lighting.

While most paintings from the Vétheuil period boast the sheer expansiveness and even monumentality, Untitled surprises the viewer with its uncharacteristically intimate scale. The reason for it might lie in the fact that Mitchell conceived the present canvas as a gift to her dear friend, Patricia Molloy, with whom she shared an East Village brownstone flat back in the 1950s and who had remained part of her inner circle since. Part of the intense correspondence between them, a fervently written letter, that accompanied the gift and was conserved by Molloy’s heirs, bears witness to Molloy's importance to Mitchell’s creative process: 'You made me paint, you always have, am I clear? Even if I shut you up and put you down. Glad you're here, J.'.

A touching testimony to Mitchell’s passionate nature as a friend, Untitled is also a high-wire act of pure chromatic expression created at the height of her career as an artist. Mitchell would finish this canvas immediately after her first major solo museum exhibition entitled My Five Years in the Country at the Everson Museum of Art, Syracuse, New York, in 1972 and shortly before a smaller eponymous show at the Whitney in 1974. Thus, the painting brims with signature traits of Mitchell’s oeuvre and shines with the confidence she acquired around those years, as an already widely celebrated artist.

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