拍品专文
« Un soir, je travaillais dans cet escalier – j’ai toujours vécu dans les escaliers – et je m’étais endormi. Il faisait nuit. Et j’ai eu un cauchemar. Je me suis réveillé. C’était la pleine lune, et il y avait une ombre portée de la fenêtre sur les marches de l’escalier. J’ai vu d’un seul coup. J’étais passé mille fois sans la voir, et subitement, je l’ai vue. Alors j’ai décidé de la dessiner. Mais ça bougeait toutes les trois minutes… La Terre tourne…
Il y avait la lumière, ici, découpée, et tout le reste était dans le noir. Je dessinais jusqu’à ce que tout tombe dans le noir, en m’aidant d’une lampe de poche. A un moment donné, tout ce qui était sombre devenait clair et tout ce qui était très clair devenait très sombre. Alors pour pouvoir faire l’ensemble, je me suis mis à bouger. J’étais obligé de m’identifier à une araignée, qui monte et descend au bout de son fil, dans la cage de l’escalier, qui peut voir par-dessous et par-dessus ». - Sam Szafran
Tirée d’un entretien avec Jean Clair dans le cadre d’une rétrospective sur l’artiste en 2000 à la Fondation Pierre Gianadda, cette citation résume l’œuvre de Sam Szafran, et plus particulièrement le thème récurrent des escaliers, décliné dans d’étourdissantes variations de points de vue.
La singulière approche figurative de Szafran défie les règles de l’abstraction des années 1960. Les rampes en serpentines, les volées de marches s’enroulant sur elles-mêmes, les paliers en contre-plongée et les balustrades en spirales révèlent un travail optique vertigineux. Le peintre transforme ainsi son univers personnel en d’hypnotisantes visions et ses illusions dans le goût du graveur et dessinateur Escher.
Dans cette descente en ascension progressive, Sam Szafran défie les règles de la perspective et l’étend dans l’au-delà. Le vide est dense. Les escaliers commencent nulle part et finissent partout en profusion. L’infini se perd dans ses peintures, comme il se perdait autrefois en point de fuite chez Filippo Lippi, en reflets arrondis de miroirs chez Van Eyck ou encore en fenêtres ouvertes chez Dürer.
“One evening I was working in this staircase – I've always lived in stairwells – and I fell asleep. It was night and I had a nightmare. I woke up and it was a full moon. There was a shadow falling from the window onto the steps of the staircase. I immediately saw it. I had passed by a thousand times without seeing it and suddenly, there it was. So, I decided to draw it… but it was moving every three minutes…The Earth rotates…
There was light here, cut out, and everything else was in the dark. I drew until it all went dark, using a flashlight. At one point, everything that was dark was turning light and everything that was very light was turning very dark. So, in order to be able to create an ensemble, I started moving. I had to identify with a spider, which moves up and down on the end of its thread, in the stairwell, which can see from under and from above."- Sam Szafran
Taken from an interview with Jean Clair as part of a retrospective dedicated to the artist in 2000 at the Pierre Gianadda Foundation, this quote summarizes the work of Sam Szafran, and more particularly the recurring theme of stairs, set forth in stunning variations of points of view.
Szafran's singular figurative approach defies the 1960s rules of abstraction. The serpentine ramps, the flights of steps winding around themselves, the low-plunged landings and the spiral balustrades reveal a dizzying optical work. The painter thus transforms his personal universe into mesmerizing visions and illusions in the same vein as the engraver and draftsman Escher.
In this gradual ascending descent, Sam Szafran defies the rules of perspective and expands it beyond. The void is dense. The stairs start nowhere and end in profusion everywhere. Infinity is lost in his paintings, as it once was lost in a vanishing point in Filippo Lippi, in the rounded reflections of mirrors in Van Eyck or in open windows in Dürer.
Il y avait la lumière, ici, découpée, et tout le reste était dans le noir. Je dessinais jusqu’à ce que tout tombe dans le noir, en m’aidant d’une lampe de poche. A un moment donné, tout ce qui était sombre devenait clair et tout ce qui était très clair devenait très sombre. Alors pour pouvoir faire l’ensemble, je me suis mis à bouger. J’étais obligé de m’identifier à une araignée, qui monte et descend au bout de son fil, dans la cage de l’escalier, qui peut voir par-dessous et par-dessus ». - Sam Szafran
Tirée d’un entretien avec Jean Clair dans le cadre d’une rétrospective sur l’artiste en 2000 à la Fondation Pierre Gianadda, cette citation résume l’œuvre de Sam Szafran, et plus particulièrement le thème récurrent des escaliers, décliné dans d’étourdissantes variations de points de vue.
La singulière approche figurative de Szafran défie les règles de l’abstraction des années 1960. Les rampes en serpentines, les volées de marches s’enroulant sur elles-mêmes, les paliers en contre-plongée et les balustrades en spirales révèlent un travail optique vertigineux. Le peintre transforme ainsi son univers personnel en d’hypnotisantes visions et ses illusions dans le goût du graveur et dessinateur Escher.
Dans cette descente en ascension progressive, Sam Szafran défie les règles de la perspective et l’étend dans l’au-delà. Le vide est dense. Les escaliers commencent nulle part et finissent partout en profusion. L’infini se perd dans ses peintures, comme il se perdait autrefois en point de fuite chez Filippo Lippi, en reflets arrondis de miroirs chez Van Eyck ou encore en fenêtres ouvertes chez Dürer.
“One evening I was working in this staircase – I've always lived in stairwells – and I fell asleep. It was night and I had a nightmare. I woke up and it was a full moon. There was a shadow falling from the window onto the steps of the staircase. I immediately saw it. I had passed by a thousand times without seeing it and suddenly, there it was. So, I decided to draw it… but it was moving every three minutes…The Earth rotates…
There was light here, cut out, and everything else was in the dark. I drew until it all went dark, using a flashlight. At one point, everything that was dark was turning light and everything that was very light was turning very dark. So, in order to be able to create an ensemble, I started moving. I had to identify with a spider, which moves up and down on the end of its thread, in the stairwell, which can see from under and from above."- Sam Szafran
Taken from an interview with Jean Clair as part of a retrospective dedicated to the artist in 2000 at the Pierre Gianadda Foundation, this quote summarizes the work of Sam Szafran, and more particularly the recurring theme of stairs, set forth in stunning variations of points of view.
Szafran's singular figurative approach defies the 1960s rules of abstraction. The serpentine ramps, the flights of steps winding around themselves, the low-plunged landings and the spiral balustrades reveal a dizzying optical work. The painter thus transforms his personal universe into mesmerizing visions and illusions in the same vein as the engraver and draftsman Escher.
In this gradual ascending descent, Sam Szafran defies the rules of perspective and expands it beyond. The void is dense. The stairs start nowhere and end in profusion everywhere. Infinity is lost in his paintings, as it once was lost in a vanishing point in Filippo Lippi, in the rounded reflections of mirrors in Van Eyck or in open windows in Dürer.