拍品专文
Grand passionné d'opéra classique, de cirque, de spectacle de variétés et de toutes formes d'illusion et de fantaisie théâtrales, Klee peuple son univers plastique de pantins, de grotesques, de marionnettes et de masques. Comédiens, danseurs, musiciens, acrobates et autres artistes de la scène et du cirque habitent également ses toiles. « Tout ce qui évoque les planches et les décors de théâtre nous touche au plus profond de l'âme », affirmait-il (cité in The Klee Universe, cat. exp., Neue Nationalgalerie, Berlin, 2008, p. 164). Dans la présente gouache, Erd Teufel (« Démon de Terre »), la figure masquée montre les crocs en signe de menace ou de fureur dionysiaque, tout en esquissant un geste dont la théâtralité inspire autant l'effroi que la confusion. Le mode de représentation extrêmement schématique et les touches fantaisistes évoquent le monde imaginaire des contes de fée, là où les désirs inavoués et les peurs primaires des enfants trouvent leur terrain d'expression.
Klee écrit en 1930 : « La mort n'a rien de terrible ; il y a longtemps que je me suis réconcilié avec ce fait. Sait-on vraiment ce qui importe le plus, la vie d'ici et de maintenant ou celle d'après ? » (cité in H. Suter, Paul Klee und seine Krankheit. Vom Schiksal geschlagen, vom Leiden gezeichnet – und dennoch, Berne, 2006, p. 187).
La mort, et plus particulièrement le potentiel illimité de la mort, s'impose comme l'une des préoccupations majeures de l'artiste dès ses vingt ans. Selon Anke Daemgen, « Les œuvres des cinq à sept dernières années de Klee sont loin de se résumer à des sujets oppressants ou des visions macabres, sans oublier le fait que les thèmes de la douleur et de la mort étaient déjà apparus dans ses œuvres antérieures, aussi bien sous forme illustrée qu'écrite. Du reste, la représentation de polarités, de dualités, et du cycle perpétuel de la vie – la décrépitude en synonyme du devenir – constituait depuis longtemps l'une des idées fondamentales de son art en général » (The Klee Universe, cat. exp., Neue Nationalgalerie, Berlin, 2008, p. 325).
With his lifelong passion for all forms of theatrical illusion and fantasy, from classical opera to circus and cabaret-style varieté, Klee populated his visual worlds with puppets, grotesques, marionettes, and masks, and with actors, musicians, dancers, acrobats, and other artists of the stage and circus ring. “Everything that reminds us of stage and scenery reaches deep into our souls,” he declared (quoted in The Klee Universe, exh. cat., Neue Nationalgalerie, Berlin, 2008, p. 164).
In the present gouache, Erd Teufel (Earth Devil), the mask bares its teeth in menace or Dionysian abandon in a histrionic gesture of confusion or terror. The powerfully reductive, graphic mode of representation and the various whimsical touches evoke the imaginative realm of fairytales, in which the secret wishes and primordial fears of children find expression.
In 1930 Klee had written, “Death is nothing terrible; I have long since come to terms with that fact. Do we really know which is more important, life now or the one to come?” (quoted in H. Suter, Paul Klee und seine Krankheit. Vom Schiksal geschlagen, vom Leiden gezeichnet – und dennoch, Bern, 2006, p. 187).
Death, and specifically the unlimited potential of death, had been a preoccupation of Klee’s since his early twenties. Anke Daemgen has noted that, “Klee’s works from the last five to seven years of his life by no means consist only of oppressive subjects or representations of death, to say nothing of the fact that themes of pain and death had already appeared in his work in previous years, both visually and in writing. Furthermore, the representation of polarities, dualities, and the unending cycle of life—decay as the counterpart to becoming—had long constituted one of the fundamental ideas of his art in general” (The Klee Universe, exh. cat., Neue Nationalgalerie, Berlin, 2008, p. 325).
Klee écrit en 1930 : « La mort n'a rien de terrible ; il y a longtemps que je me suis réconcilié avec ce fait. Sait-on vraiment ce qui importe le plus, la vie d'ici et de maintenant ou celle d'après ? » (cité in H. Suter, Paul Klee und seine Krankheit. Vom Schiksal geschlagen, vom Leiden gezeichnet – und dennoch, Berne, 2006, p. 187).
La mort, et plus particulièrement le potentiel illimité de la mort, s'impose comme l'une des préoccupations majeures de l'artiste dès ses vingt ans. Selon Anke Daemgen, « Les œuvres des cinq à sept dernières années de Klee sont loin de se résumer à des sujets oppressants ou des visions macabres, sans oublier le fait que les thèmes de la douleur et de la mort étaient déjà apparus dans ses œuvres antérieures, aussi bien sous forme illustrée qu'écrite. Du reste, la représentation de polarités, de dualités, et du cycle perpétuel de la vie – la décrépitude en synonyme du devenir – constituait depuis longtemps l'une des idées fondamentales de son art en général » (The Klee Universe, cat. exp., Neue Nationalgalerie, Berlin, 2008, p. 325).
With his lifelong passion for all forms of theatrical illusion and fantasy, from classical opera to circus and cabaret-style varieté, Klee populated his visual worlds with puppets, grotesques, marionettes, and masks, and with actors, musicians, dancers, acrobats, and other artists of the stage and circus ring. “Everything that reminds us of stage and scenery reaches deep into our souls,” he declared (quoted in The Klee Universe, exh. cat., Neue Nationalgalerie, Berlin, 2008, p. 164).
In the present gouache, Erd Teufel (Earth Devil), the mask bares its teeth in menace or Dionysian abandon in a histrionic gesture of confusion or terror. The powerfully reductive, graphic mode of representation and the various whimsical touches evoke the imaginative realm of fairytales, in which the secret wishes and primordial fears of children find expression.
In 1930 Klee had written, “Death is nothing terrible; I have long since come to terms with that fact. Do we really know which is more important, life now or the one to come?” (quoted in H. Suter, Paul Klee und seine Krankheit. Vom Schiksal geschlagen, vom Leiden gezeichnet – und dennoch, Bern, 2006, p. 187).
Death, and specifically the unlimited potential of death, had been a preoccupation of Klee’s since his early twenties. Anke Daemgen has noted that, “Klee’s works from the last five to seven years of his life by no means consist only of oppressive subjects or representations of death, to say nothing of the fact that themes of pain and death had already appeared in his work in previous years, both visually and in writing. Furthermore, the representation of polarities, dualities, and the unending cycle of life—decay as the counterpart to becoming—had long constituted one of the fundamental ideas of his art in general” (The Klee Universe, exh. cat., Neue Nationalgalerie, Berlin, 2008, p. 325).