拍品专文
In-folio, en feuilles, couverture rempliée avec titre autographe lithographié, chemise et étui titré d’éditeur.
20 pochoirs originaux en couleurs « d’après les collages et sur les découpages d’Henri Matisse » : 5 à pleine page et 15 sur double page. Texte autographie lithographié par Draeger.
Édition limitée à 250 exemplaires, tous sur vélin d’Arches, signés par l’artiste, celui-ci n° 171.
En 1939, Matisse réalise sa première œuvre en collage pour la couverture du premier numéro de Verve. Il réitère cette nouvelle pratique pour un autre numéro de la revue en 1942 et Tériade lui suggère alors d’en faire un livre. Dès lors, Matisse travaille à Jazz dans sa villa de Vence où il commence par peindre de larges bandes de papier et les suspend aux murs de son atelier. Tériade se souvient que l’ensemble était si éclatant que le médecin de Matisse « avait interdit [à l’artiste] d’entrer dans la pièce sans porter de lunettes de soleil. »
Pour contrebalancer les couleurs vives du livre, « ces images aux timbres vifs et violents », Matisse utilise le texte. Il reprend « des remarques, des notes prises au cours de [son] existence de peintre » et les écrit lui-même, dans une écriture que Tériade qualifie de « magnificent and picturesque calligraphy of the Middle Ages ». Il crée ainsi un rapport entre le texte et l’image comparable à celui des manuscrits enluminés. « La dimension exceptionnelle de l’écriture me semble obligatoire pour être en rapport décoratif avec le caractère des planches de couleur. Ces pages ne servent donc que d’accompagnement à mes couleurs comme des asters aident dans la composition d’un bouquet de fleurs d’une plus grande importance. LEUR RÔLE EST DONC PUREMENT SPECTACULAIRE. » écrit-il dans le dernier chapitre, « Notes ». En jouant le rôle d’accompagnement des couleurs, le texte s’affirme comme un décor et va au-delà du contenu à illustrer. Matisse traite ainsi le texte en image.
On a associé le titre, Jazz, à l’improvisation propre au style musical que l’on retrouve dans la spontanéité avec laquelle Matisse a découpé les formes colorées des planches. Il semble que Jazz ait aussi beaucoup à voir avec l’équilibre musical recherché par l’artiste dans la composition de ce livre – le seul qu’il ait créé dans son entièreté. Dans le chapitre « Jazz » Matisse décrit ainsi sa conception du livre : « J’ai fait ces pages d’écritures pour apaiser les réactions simultanées de mes improvisations chromatiques et rythmées, pages formant comme un « fond sonore » qui les porte, les entoure et protège ainsi leurs particularités. »
Jazz, livre d’artiste refermant les « improvisations chromatiques » de Matisse et « leurs particularités » est souvent présenté comme l’ultime manifeste sur la couleur du peintre. Le texte invite à y voir aussi une réflexion sur la composition, et la réappropriation des médiums. A la manière des joueurs de jazz qui détournent leurs instruments dans les années 40 et 50 (washboard, orgue Hammond), Matisse dessine avec les ciseaux, découpe dans la couleur en sculpteur, écrit au propre son texte en le raturant.
Folio, loose as issued, with folded cover with autograph title lithographed and published slipcase.
20 original pochoirs in colors "after Henri Matisse collages and cut-outs" : 5 single pages and 15 double pages. Autograph text lithographed by Draeger
Edition limited to 250 copies on Arches signed by the artist, this copy n° 171
In 1939, Matisse created his first collage for the cover of the first issue of Verve. He makes use of this new practice once again for another issue of the review, and Tériade then suggests him to make a book out of it. Since then, Matisse works on Jazz in his villa in Vence, where he starts painting large sheets and fastened them to the wall of his studio. Tériade remembers that the works were so vivid that Matisse’s doctor “had ordered him not to enter the room without wearing sunglasses.” To counterbalance the intense colors of the book, “the images, in vivid and violent tones”, Matisse uses text. He takes “some remarks, notes made in the course of my lifetime as a painter” and writes the text himself, in a handwriting Tériade qualifies as « magnificent and picturesque calligraphy of the Middle Ages". In doing so, he creates then a connection between text and image, comparable to illuminated manuscripts. “The unusual size of this writing seemed to me compulsory to keep it in decorative proportion with the color plates. Thus these pages serve only as an accompaniment to my colors, as asters may be helpful in making up a bouquet of more important flowers. THUS THEIR FUNCTION IS PURELY VISUAL.” He wrote in the last chapter, “Notes”. In accompanying the colors, the text asserts itself as a decoration and goes beyond the content to illustrate. Matisse uses text as he uses images.
The title of the work, Jazz, has been associated to the improvisation specific to the musical style, that is found in the spontaneity with which Matisse cuts the colored forms for the plates. It seems that Jazz also deals with the musical balance sought by Matisse for the composition of the book – the only one he entirely created. In the chapter “Jazz” Matisse explains the conception of the book: “I have added these pages of text to appease the simultaneous reactions of my chromatic and rhythmic improvisations, which constitute a background of sound which carries them, surrounds them and thus protects them in their particularities.”
Jazz, livre d’artiste gathering Matisse’s “chromatic improvisations” and “their particularities” is often shown as the painter’s ultimate manifesto on color. The text also incites reflexion on composition on color, and the reappropriation of the mediums. In the style of jazz players distorting their instruments in the 1940s and 1950s (washboard, Hammond organ), Matisse draws with scissors, cuts right into color, finalizes his autographed text by crossing it out.
20 pochoirs originaux en couleurs « d’après les collages et sur les découpages d’Henri Matisse » : 5 à pleine page et 15 sur double page. Texte autographie lithographié par Draeger.
Édition limitée à 250 exemplaires, tous sur vélin d’Arches, signés par l’artiste, celui-ci n° 171.
En 1939, Matisse réalise sa première œuvre en collage pour la couverture du premier numéro de Verve. Il réitère cette nouvelle pratique pour un autre numéro de la revue en 1942 et Tériade lui suggère alors d’en faire un livre. Dès lors, Matisse travaille à Jazz dans sa villa de Vence où il commence par peindre de larges bandes de papier et les suspend aux murs de son atelier. Tériade se souvient que l’ensemble était si éclatant que le médecin de Matisse « avait interdit [à l’artiste] d’entrer dans la pièce sans porter de lunettes de soleil. »
Pour contrebalancer les couleurs vives du livre, « ces images aux timbres vifs et violents », Matisse utilise le texte. Il reprend « des remarques, des notes prises au cours de [son] existence de peintre » et les écrit lui-même, dans une écriture que Tériade qualifie de « magnificent and picturesque calligraphy of the Middle Ages ». Il crée ainsi un rapport entre le texte et l’image comparable à celui des manuscrits enluminés. « La dimension exceptionnelle de l’écriture me semble obligatoire pour être en rapport décoratif avec le caractère des planches de couleur. Ces pages ne servent donc que d’accompagnement à mes couleurs comme des asters aident dans la composition d’un bouquet de fleurs d’une plus grande importance. LEUR RÔLE EST DONC PUREMENT SPECTACULAIRE. » écrit-il dans le dernier chapitre, « Notes ». En jouant le rôle d’accompagnement des couleurs, le texte s’affirme comme un décor et va au-delà du contenu à illustrer. Matisse traite ainsi le texte en image.
On a associé le titre, Jazz, à l’improvisation propre au style musical que l’on retrouve dans la spontanéité avec laquelle Matisse a découpé les formes colorées des planches. Il semble que Jazz ait aussi beaucoup à voir avec l’équilibre musical recherché par l’artiste dans la composition de ce livre – le seul qu’il ait créé dans son entièreté. Dans le chapitre « Jazz » Matisse décrit ainsi sa conception du livre : « J’ai fait ces pages d’écritures pour apaiser les réactions simultanées de mes improvisations chromatiques et rythmées, pages formant comme un « fond sonore » qui les porte, les entoure et protège ainsi leurs particularités. »
Jazz, livre d’artiste refermant les « improvisations chromatiques » de Matisse et « leurs particularités » est souvent présenté comme l’ultime manifeste sur la couleur du peintre. Le texte invite à y voir aussi une réflexion sur la composition, et la réappropriation des médiums. A la manière des joueurs de jazz qui détournent leurs instruments dans les années 40 et 50 (washboard, orgue Hammond), Matisse dessine avec les ciseaux, découpe dans la couleur en sculpteur, écrit au propre son texte en le raturant.
Folio, loose as issued, with folded cover with autograph title lithographed and published slipcase.
20 original pochoirs in colors "after Henri Matisse collages and cut-outs" : 5 single pages and 15 double pages. Autograph text lithographed by Draeger
Edition limited to 250 copies on Arches signed by the artist, this copy n° 171
In 1939, Matisse created his first collage for the cover of the first issue of Verve. He makes use of this new practice once again for another issue of the review, and Tériade then suggests him to make a book out of it. Since then, Matisse works on Jazz in his villa in Vence, where he starts painting large sheets and fastened them to the wall of his studio. Tériade remembers that the works were so vivid that Matisse’s doctor “had ordered him not to enter the room without wearing sunglasses.” To counterbalance the intense colors of the book, “the images, in vivid and violent tones”, Matisse uses text. He takes “some remarks, notes made in the course of my lifetime as a painter” and writes the text himself, in a handwriting Tériade qualifies as « magnificent and picturesque calligraphy of the Middle Ages". In doing so, he creates then a connection between text and image, comparable to illuminated manuscripts. “The unusual size of this writing seemed to me compulsory to keep it in decorative proportion with the color plates. Thus these pages serve only as an accompaniment to my colors, as asters may be helpful in making up a bouquet of more important flowers. THUS THEIR FUNCTION IS PURELY VISUAL.” He wrote in the last chapter, “Notes”. In accompanying the colors, the text asserts itself as a decoration and goes beyond the content to illustrate. Matisse uses text as he uses images.
The title of the work, Jazz, has been associated to the improvisation specific to the musical style, that is found in the spontaneity with which Matisse cuts the colored forms for the plates. It seems that Jazz also deals with the musical balance sought by Matisse for the composition of the book – the only one he entirely created. In the chapter “Jazz” Matisse explains the conception of the book: “I have added these pages of text to appease the simultaneous reactions of my chromatic and rhythmic improvisations, which constitute a background of sound which carries them, surrounds them and thus protects them in their particularities.”
Jazz, livre d’artiste gathering Matisse’s “chromatic improvisations” and “their particularities” is often shown as the painter’s ultimate manifesto on color. The text also incites reflexion on composition on color, and the reappropriation of the mediums. In the style of jazz players distorting their instruments in the 1940s and 1950s (washboard, Hammond organ), Matisse draws with scissors, cuts right into color, finalizes his autographed text by crossing it out.